Varsovie a retenu le Caracal EC725 d'Airbus Helicopters, au détriment de l'américain Sikorsky
Varsovie a retenu le Caracal EC725 d'Airbus Helicopters, au détriment de l'américain Sikorsky, pour équiper l'armée polonaise de 70 hélicoptères multirôles. Il s'agit d'une victoire majeure pour l'industriel et un tournant décisif pour Varsovie.
L'EC725 Caracal d'Airbus Helicopters Airbus Helicopters
Airbus Helicopters décroche un contrat de 2,5 milliards d'euros
Airbus Helicopters en rêvait, son patron Guillaume Faury et le ministre de la défense Jean-Yves le Drian l’ont fait. La Pologne devrait annoncer mardi 21 avril, vers 17h, la sélection de l’EC725 Caracal du fabricant européen pour un méga-contrat de 50 hélicoptères de transport, au nez et à la barbe de l’américain Sikorsky et de l’italien AgustaWestland. L’appareil, un des bestsellers de la gamme militaire d’Airbus Helicopters, sera testé ces prochains mois, avant une signature définitive du contrat, estimé entre 2 et 3 milliards d’euros, prévue en fin d’année. Un nouveau coup fumant pour le constructeur de Marignane (Bouches-du-Rhône), un mois seulement après la méga-commande de 314 hélicoptères civils et militaires décrochée en Corée du Sud.
Plus qu’une simple commande, cette sélection par Varsovie est un tournant. Pour la Pologne, d’abord : Varsovie montre enfin, après des années à privilégier les achats de matériels militaires américains comme le chasseur F-16, que son rapprochement avec l’Europe sur les sujets de défense n’est pas une simple posture rhétorique. Le pays revient de loin : son atlantisme historique avait même été résumé en une phrase par l’ancien président Aleksander Kwasniewski, qui jurait sans rire que "si c’est la vision du président Bush, c’est aussi la mienne". Si les groupes allemands s’en sortaient honorablement, avec notamment une grosse commande de chars Leopard 2, les prises de commandes de l’industrie de défense française en Pologne plafonnaient même à 53,6 millions d’euros, soit une demi-Rafale, depuis 2009. Un chiffre identique à celui des commandes du Gabon…
La sélection du Caracal est aussi un tournant majeur pour Airbus. Le groupe bat ainsi deux concurrents redoutables, l’AW149 de l’italien AgustaWestland et surtout le légendaire Black Hawk de l’américain Sikorsky. Les deux concurrents avaient l’avantage d’être bien plus présents sur place qu’Airbus : UTC, la maison-mère de Sikorsky, affiche une présence impressionnante dans le pays, avec 10.000 salariés et une ligne d'assemblage de la version export du Black Hawk. Quant AgustaWestland, il avait mis la main en 2010 sur un champion local, le fabricant polonais d'hélicoptères PZL-Swidnik, et s'appuyait sur ses 3.500 salariés locaux pour emporter la décision.
"Un catalyseur pour notre déploiement en Pologne"
De cette faiblesse, Airbus Helicopters a fait un argument de vente, en promettant de lourds investissements sur place s’il était sélectionné. "Ces appels d'offres peuvent être un catalyseur pour accélérer notre déploiement en Pologne, même si nous investirons de toute façon", pointait ainsi Marwan Lahoud, numéro deux d'Airbus Group, au salon polonais de la défense MSPO en août 2014.
L’heure semble donc donc venue. L’ex-Eurocopter avait déjà ouvert un centre de R&D à Lodz en février, qui va employer, à terme, une centaine d’ingénieurs. Suite au contrat Caracal, une ligne d’assemblage devrait aussi être installée sur place, Airbus emportant dans son sillage le motoriste français Turbomeca, filiale de Safran, qui va aussi développer sa présence sur le sol polonais. Airbus pourrait même doubler la mise, en installant un second site d’assemblage en Pologne s’il remporte aussi l’appel d’offres pour 20 à 30 hélicoptères de combat, dont le lancement est prévu d’ici à la fin de l’année.
La sélection du Caracal est enfin un vrai soulagement pour Paris, dont les relations avec la Pologne pâtissent de la possible livraison des navires Mistral à la Russie, à laquelle Varsovie s’est toujours fermement opposée. Jean-Yves Le Drian n’a pas ménagé ses efforts pour rassurer son homologue polonais Tomasz Siemoniak, qu’il a rencontré une quinzaine de fois depuis sa prise de fonction. L’armée française, dans le cadre de des mesures dites de "réassurance" face à la Russie, vient même d’envoyer 15 chars Leclerc et 4 VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie) pour des manœuvres en Pologne. La France avait aussi déployé des chasseurs Rafale et Mirage 2000 en 2014 pour des missions de police du ciel.
Source Challenges.fr Vincent Lamigeon
Le Pèlerin