Zalla
Prosper coupe du bois dans les forêts d’Ariège
Où la jolie Zalla cherche des champignons.
Brusquement le brouillard l’attrape dans son piège
Et la belle apeurée perd le Septentrion.
Elle tourne, affolée et quitte le sentier
Elle se heurte aux arbres, s’accroche dans les ronces,
S’étale lourdement, en oublie son panier,
Ses appels au secours demeurent sans réponse.
Soudain elle se sent accrochée par le bras,
Paralysée d’effroi, bien près de défaillir,
Elle voit, tout contre elle, Prosper, l’homme des bois.
Éclatant en sanglot elle va se blottir
Sur le poitrail velu de son rude sauveur
Puis, très reconnaissante, lui offre ses faveurs…
- Pour ton coupeur de bois embaumant la résine
Zalla eût plus d’attraits que la fée Mélusine !
Pour le remercier de sa protection
Elle lui a donné bien des satisfactions !
Mais pour Zalla aussi, perdue et paniquée
La force rassurante d’un homme baraqué
Etait un beau cadeau, un don de la nature
Au parfum de sous bois et au goût d’aventure.
La belle a découvert au fond de la forêt
Que le brouillard sournois a parfois des attraits.
- Plus tard, dans la cabane de rondins équarris
Prosper et sa Zalla se sont aimés, ont ri,
Puis ils ont eu besoin de quelques nourritures,
Alors le bûcheron prépara la Garbure.
Ce plat emblématique des rudes Pyrénées,
Des rochers ariégeois aux terroirs béarnais,
Fabrique des géants, bouscatiers, rugbymans,
Joyeux et forts en gueules, tous solides amants.
Pour faire la garbure, petit, d’abord tu dois
Avoir du vrai confit de canard ou bien d’oie.
Retires-en la graisse ou tu feras blondir
Deux oignons émincés sans les faire roussir.
Au fond d’une casserole, met confit et oignons,
Puis deux litres d’eau froide, monte à ébullition,
Quand ça bout tu rajoutes un chou coupé en quatre
Dont tu retires les feuilles dures, jaunâtres.
Tu couvres et fais cuire pour une heure et demi.
Pendant ce temps tu coupes du pain complet rassis,
Tu râpes deux hectos de tome de Bethmale,
Sec, ancien, parfumé, aux saveurs animales.
Dans un tian à hauts bords, tu disposes le pain,
Puis les feuilles de choux hachées pas trop rupin,
Le confit désossé coupé en filets minces,
Le fromage râpé de nos belles provinces,
Et puis tu recommences jusques à demi pot,
Et enfin tu arroses avec le bouillon chaud,
Tu saupoudres au dessus le reste du fromage
Et tu fais gratiner, à four chaud, sans brûlage.
A nous, belles conquêtes ! Le vin vous embellit.
Continuons la fête, ouvrez-nous votre lit.
Chantons, rions, mangeons, et trinquons nuit et jour
A la beauté des femmes, au vin et à l’amour !
Source Anonyme
Le Pèlerin