L’ETA je m’en souviens
par Ségurel*, l’Africain
Je me souviens de mes premiers pas dans Toulouse
Il était 18h00 un samedi de septembre à Matabiau
Moi, d’un pays ou tout me paraissait blanc et beau
Rose ma nouvelle ville qu’il fallait que j’épouse
Je n’avais jamais mis les pieds hors de chez moi,
Rue Mondran, je risquais un pas vers l’ETA à pied
19 heures, c’était l’heure du repas, rangés vous étiez,
Tous vêtus de gris, la couleur du temps quel émoi…!
J’étais camouflé derrière les grilles de l’atelier voisin
Je vous apercevais, tous en rang, fort disciplinés
Tous ainsi vêtus, moi dehors, moi l’indiscipliné
Le Méditerranéen, le rebelle, le coquin
Moi qui avais pris soin d’acheter une blouse blanche ….!!!
Le gris me semblait pareil au ciel
Moi un adepte du bleu eternel
Chez qui le blanc était de rigueur…au gris j’étais étanche... !!!
Je pris peur; la grisaille n’était pas mon affaire
Je filais en ville et réservais l’hôtel pour deux jours
Bien décidé en m’en retourner à Alger pour toujours
Car l’ETA me semblait une prison où je n’avais rien à faire
Le Dimanche toutefois fort tôt fut mon éveil
Réveillé il est vrai par les bruits du marché
Je décidais de sortir; le soleil n’était enfin plus caché
Je décidais de retourner voir l’école au soleil
A neuf heures du matin à l’ETA j’arrivais
Devant la porte de la prison
Une tête je risquais…Osons…!!!
Planqué derrière elle, quelqu’un il y avait
Excusez-moi du peu, Rahia je crois qu’était son nom
Mais de son visage, je m’en souviens toujours
«Monsieur vous désirez?» sans même me dire bonjour
«Nous vous attendions» dit-il lorsque je déclinais mon nom
Il me fit visiter l’internat «Vous êtes ici chez vous » me dit-il
Moi qui avais encore mes valises à l’hôtel… !!!
Moi qui étais alors prêt à faire la belle
Prêt à retourner chez moi le savait-il?
Je retournais en ville et presqu’à contre cœur
Je pris mes affaires, mes souvenirs d’Afrique
Pour deux ans il fallait que je pique
Dans mon être, ce n’était ni la joie ni la chaleur
Le lundi je courrais acheter une blouse grise
Et me fondais dans l’anonymat des lieux
Toulouse capitale des cieux
L’Aéronautique tel était ma seule mise
J’en prenais pour deux ans
Pour le reste vous savez
Faire l’idiot aussi je savais
Et je le fis souvent… !!!
De tout cela que me reste-t-il ?
Des tonnes de souvenirs
J’en eus des peines et des rires
Mais des souvenirs de vous c’est encore facile
Des tonnes d’anecdotes je conserve
Les derniers repas j’ai loupés**
De combien de souvenirs puis je me draper
Au fait le repas, quand est ce que l’on réserve
Amicalement,
Le Pèlerin
* Le surnom que l'on m'avait alors donné
** J'étais en Algérie