«Nous savons que les Algériens qui honorent notre histoire et qui assument le devoir citoyen se mobiliseront avec nous le 17 mai pour faire reculer les détrousseurs de la nation», tonnent Saïd Sadi et le RCD, en colère face à «des manipulations qui attentent à la dignité d’un homme et aux appels au rassemblement des patriotes républicains». Des «manipulations» poussant le RCD «encore plus à l’investissement de l’espace institutionnel dont il faut protéger la stabilité et la crédibilité».
Inscrit en troisième position sur la liste des candidats RCD de la wilaya d’Alger, derrière Saïd Sadi et Hamid Lounaouci, le syndicaliste Madjid Azzi se voit contraint -par l’administration- d’être remplacé -décision du parti- par un autre syndicaliste, le docteur Tahar Besbes en l’occurrence, connu notamment pour être le président du Comité national des libertés syndicales (CNLS) qui regroupe des syndicats autonomes.
Dans sa dénonciation du rejet de la candidature du syndicaliste Azzi, le RCD précise qu’il ne laissera pas faire ce genre de dépassement politico-administratif : «Nous nous battrons avec Abdelmadjid Azzi jusqu’à ce qu’il soit réhabilité dans ses droits» et «nous provoquerons les conditions d’une élection partielle» permettant à ce «patriote de siéger à l’Assemblée».
Le RCD note que «la loyauté, l’intégrité, la compétence et la crédibilité du syndicaliste rencontrent un écho immédiat chez les deux cent mille retraités à Alger» et de «millions d’Algériens laissés pour compte». Tout en relevant que ce «gisement électoral» pouvait «donner au RCD un score inacceptable dans une capitale déjà acquise au projet démocratique», le RCD a rappelé qu’en 1997, le parti «avait enlevé 15 sièges sur les 24 mis en jeu dans la capitale, [et] le pouvoir lui en laissa 4».
«La wilaya d’Alger prend attache avec le RCD pour lui demander de retirer le dossier de M. Azzi pour ‘‘motif administratif’’» et le RCD déclare avoir refusé «une explication aussi vague» et a décidé d’introduire «un recours». Mais, «une autre correspondance de la wilaya» parvient «en retard» au RCD et ce, «avec des allusions sur le passé révolutionnaire de M. Azzi».
Pourtant, résume le communiqué du RCD parvenu hier à la Tribune, «M. Azzi était monté au maquis en 1956; blessé en 1959, il sera fait prisonnier par l’armée française avant d’être expédié en Allemagne où il sera gardé jusqu’en janvier 1962. Son père, arrêté et torturé, sera exécuté par les forces coloniales au stade d’Akbou parce qu’il refusait de désigner la zone où se battait son fils Madjid. Sitôt libéré, Abdelmadjid Azzi rejoint les rangs de l’ALN. Les officiers de la Wilaya III, le défunt colonel Mohand Ouelhadj y compris, ont attesté de ce parcours et le ministère de la Défense nationale en a paraphé le dossier lors de sa démobilisation en 1964. En 1974, M. Azzi est élu SG adjoint de l’UGTA avant de faire un mandat de député, en 1977 sans que cela pose problème. En 1992, il est élu secrétaire général de la Fédération des retraités avant d’être, à nouveau, élu secrétaire général des Fédérations arabes des retraités en 2002». Et, ajoute le RCD qui met en avant le parcours irréprochable de l’homme, le syndicaliste Azzi interviendra, du 5 au 9 mai prochain, dans un colloque international organisé par l’Union européenne sur «les retraités et les personnes âgées».
En plus, explique le RCD, c’est sur «l’intervention personnelle» de ce syndicaliste que «huit milliards de dinars de la Caisse des retraités ont été miraculeusement récupérés alors qu’ils avaient été placés dans la banque Khalifa à son insu, lui, le secrétaire général de la fédération» des retraités. «Comme par hasard, c’est à peu près à la même époque que commencèrent ses ennuis avec ses tutelles», relève le RCD qui ajoutera, avec ironie, qu’«un syndicaliste qui veut demeurer intègre n’a pas à postuler à un mandat parlementaire, surtout sur une liste de l’opposition démocratique». Et au parti présidé par Saïd Sadi de conclure : «Nous irons, malgré tout, à ces élections pour porter la parole de tous les exclus, notamment les retraités.»