Ferveur et hérésies de l’an 1000
Au début de l’an 1000, un fort mysticisme populaire soutient le développement des grands ordres religieux. Simultanément, dès le début du XIIe siècle, l’Ariège est une terre d’accueil pour les hérétiques cathares, accueillis et protégés dans leurs châteaux par les Comtes de Toulouse et de Foix, qui voyaient dans cet nouvelle spiritualité un formidable contre-pouvoir au Roi de France et à l’Eglise Catholique.
Mercus, Arnave, Axiat, Mérens, Miglos, Daumazan, Saint Lizier, Vic D’oust, Unac, etc., l’Ariège est une véritable mine d’églises romanes ! Elles témoignent de la ferveur à cette époque et d’un art roman particulier à cette région, marqué d’influences occitanes, catalanes, mudejares, ou lombardes. Ces dernières furent construites par des maçons venus d'Italie et voyageant vers la Catalogne, ou inversement. Très simples, elles ont un charme rustique tout à fait particulier.
Témoignages des doutes et des espoirs des hommes de l’époque, ces églises et ces châteaux racontent une histoire émouvante. Sauvés de la destruction par l’oubli et la méconnaissance de cette région lointaine, ces lieux ne sont pas encore surexploités par le tourisme. Montaillou, rendu célèbre par le beau livre d’Emmanuel Leroy Ladurie, en est l’un des exemples les plus émouvants.
Une bonne raison pour se lancer sur le chemin des églises et des châteaux d’Ariège !
Vals, église inspirée
Fécondité et éternité sont deux thèmes récurrents en Ariège, particulièrement présents dans les grottes et les sources. L’église de Vals, une merveilleuse petite église rupestre creusée dans le rocher, est l’expression même de ces thèmes.
D’abord grotte consacrée à Marie, l’église finit citadelle et lumière consacrée à Saint-Michel, dominant et éclairant le village qu’elle protège, ainsi que tout le paysage alentour. Trois étages de spiritualité : des Celtes au XVIIIe siècle en passant par les doutes de l’an 1000.
On y pénètre par une entaille profonde, ouverture dans le corps de la montagne et, immédiatement, on sent le chuintement de l’eau. Il faut monter de nombreuses marches pour arriver à la porte de l’église, la première taillée dans le roc.
La première église rupestre de Vals est pré-romane. Au XIe siècle, on ajoute un deuxième bâtiment, dont l’abside est ornée de fresques de style byzantin proche de celles de la cathédrale de Saint-Lizier. Des personnages raides et majestueux racontent la vie de Jésus, mais la Vierge, elle, alanguie sur sa couche, se montre comme une vraie femme.
Mirepoix, cité médiévale
Avec ses maisons à colombages aux façades multicolores, ce petit village médiéval fortifié est construit selon l’architecture typique des bastides du XIIe siècle : une place entourée de couverts soutenus par des poutres en cœur de chêne (d’origine) et des rues étroites à angle droit autour de la place centrale carrée. Quelques maisons, dont celle des Consuls à droite de la librairie, gardent leurs encorbellements avec d’extraordinaires corbeaux sculptés.
La première église rupestre de Vals est pré-romane. Au XIe siècle, on ajoute un deuxième bâtiment, dont l’abside est ornée de fresques de style byzantin proche de celles de la cathédrale de Saint-Lizier. Des personnages raides et majestueux racontent la vie de Jésus, mais la Vierge, elle, alanguie sur sa couche, se montre comme une vraie femme.
Saint Lizier en Couserans
Pendant la guerre de cent ans, la ville se protège derrière des remparts. On peut en percevoir le tracé en suivant les boulevards extérieurs et en découvrant la belle porte d’Aval, la seule des quatre portes de la ville qui existe encore. Il faut entrer dans la cathédrale Saint-Maurice dont la nef, incroyablement vaste (22 m de largeur), est la seconde plus large d’Europe, et admirer l’orgue majestueux.
Tous les lundis, le marché réunit les différents habitants du coin : paysans autochtones en béret, bourgeoises récemment installées dans les quelques maisons de maîtres (dont les prix ne cessent d’augmenter). De nombreux "baba cools", réfugiés dans des bergeries, viennent vendre les fruits de leur travail : poteries, tissages, pots de miel, ou fromages.
Chaque deuxième samedi du mois, de 8 heures à 17 heures, sous les couverts aussi, une foire aux antiquités et à la brocante.
Montségur, Montaillou, perchés sur leur pog (haute colline), ils semblent planer… Et leurs pierres murmurent, racontent la vie des hommes et des femmes qui ont vécu dans ces châteaux et dans les villages qui en dépendaient.
Du premier, il ne reste rien. Les murailles sont celles du nouveau château reconstruit par le Roi de France sur les ruines du vrai Montségur abattu. Du second, rien non plus puisque la tour n’est pas d’époque. Pourtant, l’énergie des lieux subsiste, une force qui semble sortir directement de la terre. Celle de la résistance à l’Inquisition.
On sait tout sur la vie quotidienne à Montaillou, grâce à Emmanuel Leroy Ladurie qui a étudié les registres de l'Inquisition. Et il n’est d’ailleurs jamais trop tard pour lire son livre passionnant : "Montaillou, village occitan".
Perché à 1 207 mètres sur son pog, Montségur se voit de très loin, en avant poste de la ligne neigeuse des hautes montagnes pyrénéennes. On y découvre avec émotion les ruines des maisons villageoises, collées aux murailles du château, preuve tangible de la présence ici des insurgés Cathares qui vécurent dans le château sous la protection du Comte de Foix de 1204 à 1244.
Quarante ans de tranquillité jusqu’à l’assassinat, en 1242, du Grand Inquisiteur par des Chevaliers qui vinrent se réfugier à Montségur. La couronne de France et la papauté décident alors d’en finir et de prendre le château. Mais, il faudra onze mois aux 4 000 mercenaires du Roi pour triompher des 150 hommes d’armes du château qui sera finalement pris par trahison pendant la nuit de Noël 1243 !
En janvier 1244, un gigantesque bûcher dévorera les 230 parfaits qui refusèrent de se convertir…
Infos pratiques
Balades de quelques heures d’un village à l’autre, randonnées de plusieurs jours en haute montagne, promenades dans les réserves naturelles, l’Ariège offre de multiples possibilités aux randonneurs de tous niveaux.
La Dent d'Orlu (en face de chez moi)
Le Quié (derrière chez moi)
Le Chemin des Bonshommes (sur le GR 107), qui commence au pied du château de Montségur, est assez sportif avec pas mal de dénivelé. On peut marcher deux à sept jours. Il existe un Topo guide de la FFRP.
Plus calme, la réserve nationale d’Orlu est peuplée de marmottes, d’hermines, d’isards (une sorte de chamois), et même d’aigles royaux qui se laissent parfois apercevoir. On peut dormir dans les gîtes d’étapes qui sont en périphérie de la réserve où se trouve également un refuge gardé.
Renseignements : www.parc-pyrenees.com
A l’entrée de la réserve (à la Ferme aux ânes), on peut même louer des ânes pour porter les bagages : www.la-ferme-aux-anes.com
On peut aussi parcourir ces vastes espaces sauvages en compagnie du Mérens. Ce petit cheval à robe noire est typiquement ariégeois, et son endurance, sa sûreté de pied et sa douceur en font un parfait cheval de randonnée. 1 200 kilomètres de sentiers et 20 centres équestres vous attendent. Les passionnés iront au Centre national du cheval de Mérens pour tout apprendre sur ce bel animal.
Pour en savoir plus : www.pyrenees-randonnees.com
Le Pèlerin