L’élection présidentielle en France révèle des signes qui ne trompent pas.
La conscience politique des Français est en déclin autant que leur conscience morale. Les valeurs qui étaient, il n’y a pas très longtemps, celles des Français et qui se révélaient à chaque fois déterminantes pour choisir l’homme ou les hommes qui devaient présider aux destinées de la République, semblent avoir perdu leur place au sein de la société française.
Une société où la majorité a redéfini, sur fond de crises multiples dont les tenants sont souvent mal perçus, voire même identifiés à travers le prisme déformant de la politique politicienne, son système de valeurs. Cette crise de la conscience, ainsi définie, est plus grave quand on voit qu’elle est accompagnée d’une absence de rationalisation de l’acte de voter, puisque les faits qui sont là montrent qu’une star de l’audimat politicien, comme Sarkozy, a réussi à passer au second tour de la présidentielle et pourrait même devenir le président de la République française.
Sarkozy, dont le programme politique se confond singulièrement et paradoxalement avec ses erreurs en tant que ministre de l’Intérieur, a nourri ce programme de tous les symptômes des crises sociales qu’il a lui-même causées.
Que dire, par ailleurs, de la comparaison entre Sarkozy et Royale, sinon qu’elle ne peut se faire que sur le plan de la différenciation ? Une différence sur deux plans : celui de l’envergure morale et politique. Sur ce registre, cette grande dame est imbattable et, en tant que candidate qui envisage un destin national, elle a su être proche de toutes les tendances politiques sans se compromettre avec les «idéaux extremistes».
Sur le second plan : elle est une femme. Et c’est sur ce registre qu’elle perd de la vitesse, étant encore, en l’an 2007, à l’avant-garde de ce qui peut arriver en France :
qu’une femme devienne présidente de la République.
En fait, la France profonde, y compris ses femmes, est foncièrement misogyne, à défaut de clairvoyance, pour percevoir plutôt son salut dans la nécessité d’être absolument «sarkophobe».
Le Pèlerin