Le code de la famille sous estime la femme en Algérie
C’est ce qui ressort de la conférence-débat tenue au forum d’El Moudjahid avec la participation de femmes magistrates et d’avocates. Mme Kedache, présidente de la cour de Blida a fait une rétrospective des luttes féminines. "En 1970, il y avait un rassemblement de associations féminines. Ce rassemblement avait proposé 22 mesures pour le changement du code de la famille. Cela n’a été rendu possible qu’en 2005 en raison de l’absence d’une volonté politique", relate-t-elle et d’ajouter que grâce au combat de la commission des femmes travailleuses au sein de l’UGTA, un texte législatif a été instauré pour déclencher des poursuites contre le harcèlement sexuel.
Pour sa part, Sihem Bachiri, magistrate au tribunal de Bir Mourad Rais a soutenu que beaucoup de mesures, notamment celles apportés sur le code de la famille, ont été freinés par le comportement de l’administration, laquelle interprète de manière restrictive, certains textes de lois. Elle cite le cas du certificat de virginité. Intervenant, au sujet du code de la famille, maître Ait Zai, défenseur des droits de la femme et enseignante à l’université de droit, a souligné qu’il y a une "dichotomie de statut." "Dans la réalité, les femmes sont confrontées à la discrimination en termes de travail. Notre législateur doit s’aligner sur les conventions internationales de défense des femmes mais nos textes ne jouent pas le jeu. Le code de la famille minorise la femme. Les 16 amendements ont améliorés la vie de l’épouse.", explique-t-elle.
De son avis, la légalité n’est pas encore consacrée. Afin d’aller de l’avant, Me Nait Zai estime qu’il faut du courage et de la volonté politiques. Nostalgique à une certaine période, elle regrette que des textes établis bien avant étaient bien meilleurs. "Les textes de 1962 et 1984 étaient en avance sur les mœurs et les amendements du code de la famille de 1984. Le code de la santé sur les mères célibataires a été abrogé et remplacé. Il y a un net recul. On a consacré une mentalité conservatrice", déplore-t-elle.
Par ailleurs, l’avocate Ben Brahem n’a pas été avec le dos de la cuillère pour dénoncer les amendements saupoudrés sur le code de la famille. "On met une virgule et on ajoute 1" et "C’est ça un amendement ?", ironise-t-elle. Selon l’avocate, la femme est victime de l’article 8 du code de la famille. Elle émet le souhait de voir le législateur imposer à l’homme qui désire épouser une seconde femme, d’assurer un logement décent aux deux épouses. "Cela fera l’homme réfléchir longtemps avant de franchir le pas", préconise-t-elle.
Même l’article 65 concernant l’octroi de la pension alimentaire de 6000 DA, jugée dérisoire, pour la femme répudiée n’a pas échappée aux critiques acerbes de l’avocate. "Il faut l’intervention de l’Etat pour sauver la femme", insiste-t-elle.
Par La Dépêche de Kabylie