La méthode Dati bouscule les magistrats
« Moi, je ne perds pas mon temps, je ne fais pas les choses les unes après les autres. » Sur ce point au moins, personne ne contredira Rachida Dati. Depuis quatre mois qu'elle dirige le ministère de la Justice, la garde des Sceaux a créé « une situation inédite », de l'aveu de Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats.
D'un côté, des réformes lancées au pas de charge : loi sur la récidive, réforme de la carte judiciaire, création d'un juge des victimes, réflexion sur l'irresponsabilité pénale ou sur la dépénalisation du droit des affaires... De l'autre, un bras de fer tendu avec le vieux corps constitué de la magistrature. Et pour cause : un vice-procureur convoqué Place Vendôme pour avoir critiqué les peines planchers, des syndicats de magistrats rouges de colère, au point que le Conseil supérieur de la magistrature a demandé à être reçu par la ministre - l'entrevue a lieu demain. Si l'on ajoute le départ de sept membres du cabinet ministériel depuis sa formation, les débuts de la justice selon Dati sont impressionnants.
Pour les syndicats, la méthode inquiète plus que la personne. « Nous ne nous interrogeons pas sur Mme Dati, mais sur sa politique et son style faits d'intimidation », explique Hélène Franco, du Syndicat de la magistrature. La garde des Sceaux prend exemple sur son mentor et protecteur, Nicolas Sarkozy, et c'est bien là le problème, selon Bruno Thouzellier. « Les grands chantiers disparaissent derrière une hypermédiatisation de la ministre, doublée d'une hyperprésence du Président sur les questions judiciaires. » Une manière comme une autre de ne pas perdre son temps.
Source 20minutes.fr
Le Pèlerin