Artisanat Pyrénéen - Les activités d'appoint - L'artisanat textile
Fabricante de paniers
Les Nouous à Luchon
C’est l'hiver que, dans les fermes pyrénéennes, on carde et on file : occupation surtout féminine, les femmes achetant le lin ou le chanvre dans la plaine et profitant du moindre instant de libre pour prendre la quenouille ou les aiguilles. C'est l'artisanat familial montagnard à caractère saisonnier.
Ainsi les Pyrénéens parviennent-ils à fabriquer une bonne partie de leurs vêtements. Il leur arrive même d'aller vendre le surplus de la production familiale. En Cerdagne, les femmes tricotent des bas que les maris vont vendre dans la plaine.
Des vanniers
Outre le travail du bois, on trouve u$ peu partout dans les Pyrénées un petit artisanat de vannerie. À Céret, dans les Pyrénées-Orientales, on prend soin de couper les osiers aux périodes de l'année où les brins offrent à la fois une bonne résistance et la meilleure flexibilité. Il faut tremper les brins et laisser l'osier boire son eau avant de le travailler. L'Ariège compte aussi quelques vanniers spécialisés dans le « raccommodage » des paniers. Mais la vannerie comme la chaudronnerie est une des principales activités de ces familles nomades de bohémiens que l'on rencontre, campées un peu partout près des grand-routes. Ils fabriquent des paniers, des corbeilles à ouvrage, des hottes, ainsi que tous les objets de fantaisie réalisés avec des brins ou des tiges d'osier, de jonc, de rotin, de roseau, d'aloès ou de bambou. On distingue parmi eux les mandeliers qui confectionnent les corbeilles, les closiers qui font les hottes et les vanniers-faisiers qui réalisent des paniers ajourés.
Les migrants saisonniers
Dans de nombreuses communes pyrénéennes, une bonne partie de la population active émigré pour exercer temporairement ailleurs une activité lucrative, appoint indispensable dans l'économie domestique.
Ainsi les chevriers du canton d'Aucun, dans les Hautes-Pyrénées, s'en vont de mars à septembre ramasser quelque argent de la Guyenne à la Provence, tandis que les bergers conduisent leurs brebis en Aquitaine et jusqu'en Charente. Les habitants d'Arudy passent de longs mois en Espagne comme ouvriers agricoles dans la plaine de l'Ebre, imités par les paysans d’Auren du Louron et d’Argelès
Le travail étant relativement bien payé par les Espagnols, de nombreux habitants des vallées de Barousse, de Campan et de Barèges vont, au début de l'hiver, exercer leurs talents de « presseurs d'huile » dans les fabriques d'Aragon et de Catalogne. Des muletiers marchands d'huile d'olive viendront jusqu'à Viella au val d'Aran. L'huile contenue dans des outres parviendra ensuite en Ariège jusqu'à Vicdessos, Aulus, Massât, Oust, Seix et Castillon où elle sera enfin prise en charge par des charretiers. Vers la même époque, partent vers l'Espagne les bûcherons et les charbonniers du pays de Foix ainsi que les tuiliers et les briquetiers du Pays basque.
Les montagnards des vallées béarnaises ayant acquis une grande réputation dans l'art de châtrer le bétail, s'en vont au printemps, avec leur mule et leurs instruments, jusqu'en Navarre et en Galice. Leur tour de main et leur compétence leur font réaliser des profits substantiels qui leur permettent d'enrichir le patrimoine familial par l'achat de quelques terres.
Être nourrice peut être considéré comme un véritable métier saisonnier et parfois même définitif. La jeune mère quitte son village, abandonnant son enfant qu'elle voue au lait de vache pour aller allaiter un petit citadin. Elle ne reviendra chez elle que pour avoir un autre enfant et repartir à nouveau, renonçant à la vie familiale car même « devenue sèche », elle est parfois gardée par la famille d'accueil pour s'occuper de l'enfant sevré. Les nourrices ariégeoises, celles de Bethmale surtout, jouissent d'une bonne réputation et viendront à Paris concurrencer les Bretonnes. Il est vrai qu'un ministre du second Empire, M. Billaud, député de Saint-Girons, s'est fait leur ambassadeur dans la capitale, les recommandant aux familles de la meilleure société.
Les cloutiers de la vallée de la Barguillère sont plus de 700, en 1885, à travailler dans une centaine d'ateliers. Les conditions de travail fixées par les « maîtres cloutiers » sont draconiennes. La journée de travail est longue et « le soir, écrit Raymonde Tricoire, chaque ouvrier emporte ses clous « guinhassons » (clous à souliers), « berlandas », « ferradons » (clous à ferrer), « gabarras » (clous à planches), de 1 000 à 1 200, dans un panier d'osier qu'il a dû fabriquer lui-même. Le samedi, il quitte le travail à midi, il rapporte à l'atelier tous les clous qu'il a fabriqués dans la semaine. Le patron les pèse, les compte et paie les ouvriers de deux à cinq francs vers la fin du siècle. Le dimanche matin, le « claveton » part, un sac de clous sur l'épaule et la houssine à la main, à Vernajoul, Montoulieu, il va de porte en porte vendre 50 ou 100 clous pour ferrer les sabots ou les bêfes de ferme. »
Mais la fabrication de clous n'est qu'un travail complémentaire, occupant une. main-d’œuvre hivernale. Au printemps, les cloutiers redeviennent cultivateurs.
« La neige des Pyrénées »
C'est vers 1860 que l'on commence à s'intéresser dans les Pyrénées au commerce de la glace.
Il existe deux façons de procéder en matière de transport : le portage sur le dos, appelé coltinage, utilisé exceptionnellement, et le transport sur les chariots, beaucoup plus courant. Dans le premier cas, les blocs de glace sont descendus de la montagne à dos d'homme avec une simple peau de mouton pour protéger du froid la tête et les épaules du porteur. C'est dans la région d'Aulus que cette méthode est utilisée par certains hôteliers qui engagent de robustes montagnards pour aller chercher la glace. Ces hommes s'en vont, le soir venu, découper des blocs de plus de 60 kg qu'ils chargent sur leurs épaules. Ils ne reviennent qu'à l'aube, après une nuit de marche, pour débiter et livrer les immenses pains de glqce.
La méthode la plus utilisée consiste à construire de vastes glacières dans lesquelles les paysans déversent la neige transportée sur des charrettes, neige qu'ils tassent puis recouvrent de feuilles $e hêtre pour en faciliter la conservation. Ils confectionnent ensuite des blocs de glace à l'aide démoules et les chargent sur des chariots que des routiers achemineront la nuit vers la plaine. Toutes les principales villes sont ainsi desservies. Vers 1870 à Rabat, dans le canton de Tarascon, on allait recueillir la glace au massif des Trois-Seigneurs : « Six tonnes de glace étaient expédiées quotidiennement sur Toulouse. Il fallait deux jours et une nuit aux routiers pour faire ce transport qui se soldait par un tiers de perte en chemin », signale Michel Chevalier.
Les métiers ambulants
Outre les colporteurs, les mendiants et les chiffonniers, on rencontre d'un bout à l'autre de la chaîne des chaudronniers, des étameurs et des rémouleurs. Ces derniers, appelés aussi aiguiseurs ou repasseurs de couteaux, portent un tablier de cuir et vont de village en village, poussant leur chariot à bras sur lequel est fixée une meule. Ils affûtent, moyennant quelques sous, les couteaux, ciseaux, rasoirs, couperets et autres objets tranchants apportés par une clientèle toujours émerveillée de voir la gerbe d'étincelles qui jaillit de la meule qui tourne, entraînée par la grande roue qu'ils actionnent en appuyant vigoureusement sur la pédale. Ces ambulants viennent souvent de haute Bellongue ou du haut Comminges et croisent dans leur périple leurs collègues d'Auvergne.
Mais ce sont les bouilleurs de cru, originaires d'Ariège, qui sont les plus attendus dans le Midi vinicole. C'est en automne qu'ils s'annoncent au cri de « Brulha bi ! Brulha bi », pour exercer leur activité. Munis d'un permis de circulation et d'un cahier journal fourni par la régie, ils inscriront tous les détails de leurs opérations et feront une déclaration de chacun de leurs déplacements.
Source autrefois Les Pyrénées
A suivre
Le Pèlerin