Les Harragas en Algérie, l’autre tragédie nationale (2/2)
Même s’ils dépassent cette étape, les harragas sont, dans la plupart des cas, interceptés par les gardes-côtes avant même qu’ils quittent les eaux territoriales nationales.
Les forces navales ont multiplié ces derniers temps leurs patrouilles tout au long de nos 1 200 km de côtes dans l’objectif d’enrayer ce phénomène. Les 3 937 interceptions effectuées ces quatre dernières années en sont la preuve. Ceux qui échappent à ces filets tendus par les gardes-côtes n’arrivent pas forcément à bon port en raison d’autres impondérables liés aux aléas de la météo et parfois à l’état de l’embarcation.
De nombreux harragas ont été, en effet, portés disparus en mer avant que leurs cadavres ne soient rejetés par les vagues sur différentes plages. Selon l’association caritative italienne Fortress, au moins 1 502 personnes sont mortes en 2008 en tentant de rejoindre les côtes européennes dans le détroit de Gibraltar, au large des îles Canaries, en mer Egée, mais aussi dans les déserts d’Afrique. Pour ceux qui échappent à ce terrible sort, les malheurs ne sont pas pour autant finis. Ils ne font parfois que commencer. Comment vivre, en effet, sans papiers, sans ressources et sans travail dans des pays qui déploient de plus en plus de moyens pour lutter contre l’émigration clandestine. Quoi qu’il en soit, les jours d’une personne vivant en « cavale » sont comptés et son expulsion n’est qu’une question de temps. Ainsi, le rêve se transforme vite en cauchemar et l’envie du retour au pays sonne alors comme une délivrance.
Le tour de vis de l’UE
La lutte contre l’immigration clandestine est devenue, au fil des années, la préoccupation majeure des Etats européens, destination prisée de tous les harragas de la rive sud de la Méditerranée. Outre le durcissement des conditions d’obtention du visa et le renforcement des procédures d’expulsion, l’UE déploie d’énormes moyens pour enrayer l’immigration clandestine.
Le 15 janvier dernier, quatre pays de l’Union européenne, l’Italie, la Grèce, Chypre et Malte, ont demandé à leurs partenaires des actions concrètes et communes contre l’immigration clandestine, lors d’une réunion à Prague. « Nous demandons un renforcement de Frontex (agence européenne chargée de la gestion de la coopération aux frontières de l’UE), et la conclusion d’accords bilatéraux européens avec les pays d’origine des clandestins sans lesquels il est très difficile pour chaque Etat membre de procéder aux expulsions », a expliqué le ministre italien de l’Intérieur. « Il s’agit du début d’un processus. La constitution de notre groupe est importante car nous représentons les pays qui subissent le plus la pression de l’immigration clandestine en Méditerranée orientale », a-t-il insisté.
Plus de 67 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour demander l’asile en Europe en 2008, dont plus de la moitié est arrivée en Italie et à Malte, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’Italie, à elle seule, a vu débarquer sur ses côtes 36 900 immigrés durant l’année écoulée, un chiffre en hausse de 75% par rapport à 2007. Pour la même période, 2 770 immigrés, dont plus de 1 400 Somaliens, sont arrivés à Malte, le plus petit Etat de l’Union européenne. La Grèce et Chypre constituent pour les clandestins des points de transit pour rallier les pays de l’Europe de l’Ouest. Toujours dans le cadre du renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine, le Parlement européen a prévu, dans une loi soumise à approbation, des sanctions pénales pour les employeurs de sans-papiers, afin de sensibiliser les entreprises et les particuliers à la lutte contre ce phénomène.
Le texte devait être approuvé en session plénière le 19 février . Entre 4 et 8 millions de sans-papiers travaillent en toute illégalité dans le bâtiment, l’hôtellerie et l’agriculture dans l’UE, précise le rapport du Parlement.
Source Infosoir
Le Pèlerin