L’argan, succès en cosmétique mondiale, les industriels se ruent au Maroc…
L’huile d’argan, fierté des habitants du Sud du Maroc, permet de faire vivre de nombreux paysans et leur famille. Ce sont les femmes qui, traditionnellement, concassaient les noix entre deux pierres pour en extraire des amandes, permettant de faire la fameuse huile d’argan. Cette huile a de nombreuses vertus alimentaires et cosmétiques.
Ce sont évidemment les cosmétiques mêlées à une touche de marketing qui vont attirer rapidement les européens. C’est alors qu’une nuée d’industriels occidentaux (voire exclusivement européens) tenta de s’emparer du monopole de cette nouvelle culture. Tient ! Stupeur ! Ces entreprises vendent le produit plus de 10fois plus cher en Europe que les coopératives locales le vendent au Maroc.
Ces coopératives, formées uniquement de femmes berbères, se battent contre ces industriels qui vendent déjà l’huile aux trésors dans les supermarchés sous la marque de grands laboratoires : « Pour vous, L’Oréal invente le nouveau shampooing Elsève Liss- Intense Extra-Riche à la Protéine de Soie et à l’Huile d’Argan. » : Nom compliqué à souhait, un beau petit flacon qui fera le bonheur des yeux du consommateur, et l’introduction de la fameuse « huile d’argan » …Des consommateurs comblés ! Une entreprise qui ajoute une réussite de plus à « son actif » ! Et des coopératives marocaines, auxquelles peu de monde prête attention, ne pouvant profiter des richesses de leurs propres terres ! Une nouvelle prouesse du Marketing !
Mais, n’oublions pas de préciser que les laboratoires, fiers d’avoir découvert des arbres poussant depuis 80 millions d’années au Maroc et exploités par des paysans (depuis une plombe aussi), ont eu la bonté de communiquer l’image de la femme berbère dans toute sa dignité et sa persévérance, au monde occidental, se déculpabilisant ainsi de tout tort qui pourrait lui être infligé. Que de mieux que de partir de l’image de cette femme pour arriver au produit en lui-même ; un p’tit coup de marketing et l’Europe entière connaissait par cœur les bienfaits de l’huile d’argan : riche en oméga 6, ralentit le vieillissement de la peau, etc
Puis, la suite logique : un p’tit coup de bluff et on parle d’huile d’argan espagnole, grecque, marseillaise (? au pied du stade vélodrome sans doute). Précisons tout de même que l’arganier ne pousse qu’au Maroc. Cependant, le principal problème reste le fait que des industriels étrangers viennent impunément piller les ressources jusqu’à lors essentielles pour quelque 4000 paysannes berbères. Schéma classique dira-t-on, hé non ! Schéma néo-classique : des coopératives avaient organisé la production et la vente pour permettre aux membres de profiter de cours d’alphabétisation et de créer des crèches, véritable révolution pour cette région du Maroc !
La demande d’argan avait alors explosé et les industriels regorgeant d’avidité délaissèrent totalement l’aspect social du site, ne pensant qu’à faire le bonheur de la peau de nos chers compatriotes européens. On peut se poser la question de l’intérêt du capitalisme libéral de nos jours pour les occidentaux qui ne manquent de rien, mettant sur une balance la survie d’une population pauvre et le ralentissement du vieillissement de la peau d’européens. Par ailleurs, à côté des arganiers, une agriculture maraîchère intensive pompe la majorité de l’eau de la région, laissant mourir les arganiers : une perte d’environ 600hectares par an, mais ce n’est pas grave, les arbres de Sologne sont bien soignés.
Et les produits de cette agriculture maraîchère sont destinés à qui ? « Naaan » Hé si, une fois de plus aux européens qui auront ici la chance de manger des fraises avant la saison ! « La mondialisation nous enlève tout repère des saisons ! » polémiquait certains clients de méga U… Quelle importance, encore, lorsqu’on sait que si l’on peut manger tels fruits à une saison qui n’est pas de coutume, sans payer quinze fois le prix du produit, c’est que des gens sont exploités quelque part dans le Monde, loin de nos yeux…
Source Algérie – Dz.com
Le Pèlerin