Henry Dunant l'Algérien
Henry Dunant est né le 8 mai 1828 à Genève. Il est issu d'une vieille famille bourgeoise calviniste, pieuse pratiquant la charité.
A l'école : un cancre
Printemps 1842. Nous sommes dans le bureau du directeur du collège Calvin, à Genève. L'atmosphère est pesante car les autorités scolaires ont convoqué un honorable citoyen, Jean-Jacques Dunant, et son fils pour leur dire de tristes vérités. Le directeur ouvre les feux :
– Monsieur Dunant, j'ai le regret de vous apprendre que votre fils Henry[1] est en situation d'échec, de grave échec. Jugez plutôt. Cette année, il refait sa quatrième latine et malgré cela il reçoit les plus mauvaises notes de toute sa classe (39 élèves) : 2 (sur 8) au premier semestre, 2 au second. Son maître, M. Bonifas ici présent, ne sait plus que faire de lui.
– M. le directeur, ma femme et moi-même, nous sommes consternés. Malgré des leçons privées, lesquelles nous coûtent fort cher, Henry n'a pas progressé. Comment l'aider ?
– Hélas, le collège ne peut plus le garder. Surtout après deux échecs si marqués, et deux années de suite.
– Mais, plaide le malheureux garçon, j'ai remporté plusieurs fois le prix de piété !
– Ça ne suffit pas, Henry, réplique le directeur. Même pour devenir pasteur, il faut le latin, le grec, l'hébreu ! Et si tu veux te faire une bonne place dans le commerce, comme ton père, tu dois maîtriser le latin, le français et le calcul.
Ainsi, Henry Dunant quitte le collège Calvin sur un terrible échec. Il a 14 ans. Lui, l'aîné de cinq enfants, il vient de décevoir cruellement ses parents. Que va-t-il faire ? Une école privée semble exclue parce que sa famille a des soucis d'argent, bien qu'elle appartienne à la bonne société par sa mère Nancy, née Colladon.
Heureusement, l'école n'est pas tout. L'adolescent met ses forces dans l'instruction religieuse. On le voit souvent aux sermons du pasteur Louis Gaussen, à la chapelle de l'Oratoire, où il se nourrit littéralement du «Réveil» de l'église protestante.[2] Il s'initie aux mystères des Prophéties et de l'Apocalypse. Il apprend à consulter la Bible à chaque instant. Et, c'est le plus important, il prend l'habitude de mettre en pratique, dans sa vie quotidienne, les commandements de charité et d'amour chrétiens : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même».
D'ailleurs, ses parents lui montrent l'exemple. Sa mère en recevant des orphelines dans leur propriété de La Monnaie, à Montbrillant. Son père en consacrant de son temps au Bureau de bienfaisance où l'on aide les pauvres à trouver nourriture et logement. En effet, dans la Genève des années 1840, la misère, la famine sévissent encore.
Ses prix de piété ne sont pas que des mots creux ; en digne fils, Henry s'engage aussi dans la philanthropie. Lui, il se propose de visiter les plus misérables des misérables : les prisonniers. Probablement à la prison de l'Evêché (entre le collège et la cathédrale Saint-Pierre), il leur lit la Bible, le dimanche, ainsi que des récits de voyage. Peut-être pour leur permettre de s'évader par le rêve… A cette époque, la vie des prisonniers est très dure. Ni journaux, ni – bien sûr – radio ou télévision. Cellules non chauffées, même en hiver. Coupés du monde, les détenus ressemblent trop souvent à des enterrés vivants. Quel réconfort ont dû leur apporter les visites de ce jeune homme bien mis, enthousiaste et chaleureux ! Quel courage, mais aussi quelle expérience enrichissante pour ce fils de bonne famille.
Sa vie en Algérie
Il entre en apprentissage dans une banque genevoise. Plus tard à l'âge de 25 ans, il part en Algérie pour y prendre la direction de la colonie suisse de Sétif (ville algérienne). Il se lance dans la construction d'un moulin à blé, mais n'obtient pas la concession de territoire indispensable pour le faire fonctionner.
Il décide alors de rencontrer Napoléon III pour acquérir les documents nécessaires à ses affaires. Pour cela il doit se rendre au nord de l'Italie dans la ville de Solferino où l'empereur est à la tête des armées franco-sardes qui se battent contre les forces autrichiennes.
C'est une bataille extrêmement meurtrière. Des milliers de blessés agonisent faute de soins. Des appels aux secours restent sans réponse. C'est la vue de cette bataille, qui de retour à Genève, lui fera écrire " Un souvenir de Solferino" où il formule un double vœu : d'une part que se constitue en temps de paix des sociétés de secours formées par des volontaires qui en cas de conflits, donneraient soins aux blessés ; d'autre part que ces volontaires chargés d'assister les services sanitaires des armées, soient reconnus et neutralisés par un accord international. Les deux années qui suivent la sortie de son livre voient la concrétisation des projets de Dunant. En 1863, le comité des cinq est créé, il deviendra plus tard : le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Il meurt dans la chambre d'un hospice de Heiden, où il passe dans l'oubli et l'indifférence les 18 dernières années de sa vie.
Le Prix Nobel de la Paix
Le 10 décembre 1901 Henry Dunant se voit décerner le premier prix Nobel de la paix, fondateur de la Croix-Rouge, il voit ainsi ses efforts récompensés.
Son livre,"Souvenir de Solférino" trouve un écho partout, dans les cours européennes, dans les ministères et les rédactions : les félicitations pleuvent sur Henry Dunant. Cependant seul un homme saura véritablement entendre l'appel de Dunant, c'est Gustave Moynier, président de la Société genevoise d'utilité publique. Grâce à son soutien, le "Comité international et permanent de secours aux miliaires blessés en temps de guerre", composé du Général Dufour comme président, du Dr. Louis Appia, du Dr. Théodore Maunoir, de Gustave Moynier et de Henry Dunant comme secrétaire, voit le jour en février 1863. Ce Comité deviendra en 1875 le fameux "Comité International de la Croix-Rouge" (CICR).
Sources diverses Internet
Le Pèlerin