Timide réaction de l’opposition et silence de l’alliance présidentielle
Situation à Bab El Oued
Les premières réactions de certains partis politiques ont commencé à tomber hier, alors que les partis de l’alliance présidentielle qui forment également la coalition gouvernementale restent totalement muets, cinq jours après le déclenchement, dans les quatre coins du pays, de violentes émeutes populaires contre la cherté de la vie.
Estimant que le temps a fini par leur donner raison, les partis de gauche ont été les premiers à réagir face à ces protestations sociales. Dans un communiqué au titre révélateur «Non au libéralisme ! Non au libre marché !», signé de son secrétaire général, Salhi Chawki, le Parti socialiste des travailleurs (PST) estime que «les émeutes […] soulignent l’échec de la politique suivie depuis plusieurs décennies et confirment que le choix du libéralisme contredit la prise en charge des besoins élémentaires des masses populaires». Enumérant un chapelet de raisons (logement, cherté des produits de base, corruption, nouveaux possédants…) qui ont poussé, d’après lui, les jeunes à renouer avec les émeutes, Chawki Salhi relève que «les augmentations de salaires obtenues dans le secteur public, après des années de luttes, de grèves, de répression, sont dérisoires pour les petites catégories, c’est-à-dire pour la majorité». «Ces augmentations qui ne sont pas encore appliquées partout sont déjà mangées par la hausse des prix», ajoute Salhi qui appelle ainsi à un «retour aux prix imposés par l’Etat pour tous les produits de base». Il a préconisé enfin que les «investissements doivent viser le développement pour la satisfaction des besoins du peuple en matière de logement, d’emploi, de santé, de transport et de formation». De son côté, le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune qui se dit «scandalisé par les propos du patron de Cevital, le détenteur du quasi-monopole sur le sucre et les corps gras, qui jette de l’huile sur le feu en annonçant d’autres augmentations», «dénonce vigoureusement la spéculation criminelle sur les prix […] et s’adresse au gouvernement pour qu’il prenne les mesures urgentes appropriées à même de désamorcer la situation». Dans l’immédiat, le PT suggère «le plafonnement des prix des produits concernés, à savoir l’huile et le sucre, et la restauration, même de façon provisoire, du monopole de l’Etat sur le commerce externe et interne pour que le contrôle des prix soit effectif». Louisa Hanoune appelle également à «la réouverture des grandes surfaces publiques réservées aux produits subventionnés par l’Etat et à la production nationale», et à «la réouverture des EPE de l’agroalimentaire fermées». De son côté, le secrétariat national du RCD estime dans un communiqué rendu public à l’issue de sa réunion hier que «ces manifestations décrites, à juste titre, comme la conséquence d’une inflation débridée, connaissent aussi des raisons plus profondes». Le RCD ajoute : «Quelle que soit l’issue des événements en cours, ils auront déjà contribué au renforcement de la résistance citoyenne et à la disqualification du système en place.» «Le RCD s’associe et soutient toutes les initiatives citoyennes exprimant une colère légitime», écrit encore le secrétariat national. Le mouvement Ennahda appelle le gouvernement à prendre des mesures urgentes en faveur des citoyens, afin que les choses reprennent leur cours. Ennahda appelle également à l’ouverture d’un «débat sérieux avec la classe politique et la société civile dans l’objectif de mettre en œuvre une bonne gouvernance».
Source Le Jeune Indépendant H.Mouhou
Le Pèlerin