La route qui tue, tragédie algérienne
Les années, les bilans et les enquêtes se succèdent et se ressemblent sans jamais trouver une solution qui stoppe la tragédie des accidents routiers et qui rende les routes algériennes moins meurtrières.
Vingt et une personnes ont trouvé la mort et trente-deux autres ont été blessées la nuit de samedi à dimanche, dans un terrible accident survenu dans la wilaya de Tiaret. Il s’agit de l’un des accidents les plus graves enregistrés depuis le début de l’année. Cette tragédie a eu lieu sur la RN 23 reliant Tiaret à Relizane à la sortie ouest de la commune de Guertoufa, a indiqué le Groupement de la gendarmerie de Tiaret. Le chauffeur du bus en question a perdu le contrôle et s’est renversé dans un ravin. La gendarmerie expliquera à la presse que cet autocar qui «assurait le transport entre Hassi Messaoud et Oran venait de dépasser le col de Guertoufa culminant à plus de
1 100 mètres d’altitude quand il a fait une chute dans un ravin situé plusieurs dizaines de mètres plus bas. Dix-neuf personnes âgées entre 17 et 58 ans, dont deux ressortissants étrangers, un Malien et Nigerien, ont péri sur le coup, tandis que deux autres, dont une femme enceinte, sont décédées pendant leur transfert vers l’hôpital de Tiaret». L’accident est survenu suite à un dérapage d’un bus de marque Hyundai, qui s’est renversé dans un ravin à 150 mètres de profondeur. En attendant les résultats de l’enquête ouverte par la brigade de la Gendarmerie nationale de Guertoufa, deux pistes sont évoquées comme cause : soit c’est le chauffeur qui s’est endormi et a perdu le contrôle de l’autobus, soit c’est la chaussée devenue glissante par la pluie fine qui venait de tomber sur la région. Quoi qu’il en soit et avec un bilan aussi lourd et choquant, 21 morts, dans un seul accident, l’on se retrouve, une fois de plus, devant la réalité inquiétante des accidents de la route qui ne cessent de terroriser. Les années, les bilans ainsi que les enquêtes se succèdent et se ressemblent sans jamais trouver une solution qui rende les routes algériennes moins meurtrières. L’Algérie qui ne renonce pas à son titre de championne des accidents de la route, classée 3e à l’échelle mondiale, tarde effectivement à maîtriser l’ampleur du terrorisme routier en dépit de toutes les mesures répressives prises pour atténuer le fléau. L’année 2011 a enregistré une hausse de 28% par rapport à l’année 2010 en dépit des campagnes de sensibilisation et des sanctions prises dont le retrait de 193 683 permis de conduire durant la même année. Évoquant les facteurs qui sont derrière cette tragédie, les observateurs citent en premier lieu le facteur humain qui ne respecte pas le code de la route. Viennent ensuite l’état du véhicule et celui des routes ainsi que l’inadéquation du développement du parc automobile national par rapport au réseau routier national, le non-respect des règles de sécurité dans le transport de marchandises. Il convient de signaler que le triste accident ôtant la vie à vingt et une personnes dans la wilaya de Tiaret a coïncidé avec la clôture du 15e Salon international de l’automobile qui a eu lieu hier. Bien que le rapport ne paraît pas trop fort, il semble tout de même utile de signaler que durant ce Salon un simple observateur ne manquera pas de remarquer que les Algériens ont un rapport particulier avec la voiture. Il y a même des professionnels qui utilisent le terme de «folie» pour exprimer l’engouement des Algériens pour la voiture. Hélas, cette folie pour les voitures a des suites dramatiques sur les routes et coûte la vie à des milliers de personnes chaque année. Le nombre de personnes tuées dans des accidents de la circulation durant 2011 s’est élevé à 3 831, portant le bilan à 37 000 morts depuis 2001.
Source Le Jour d’Algérie Yasmine Ayadi
Le Pèlerin