La conjoncture dictera-t-elle un nouveau ton ?
Le ministre français des Affaires étrangères est arrivé hier en fin de journée à Alger pour une visite de travail de deux jours. Alain Juppé était attendu à un dîner de travail avec son homologue algérien Mourad Medelci. De par la nature des entretiens et les questions au menu de ce court séjour, Alger et Paris qualifient cette visite de hautement importante.
Ce matin, le ministre français des Affaires étrangères enchaînera par une entrevue avec le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia. Il est fort probable aussi qu’Alain Juppé soit reçu, avant qu’il ne s’envole pour Oran où il doit rencontrer les autorités locales, en audience par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Dans sa note publiée hier sur son site, le Quai d’Orsay ne fait pas mention de cette audience, ceci alors que la presse algérienne dans son édition du jour l’évoque comme certaine, croyant même savoir que le chef de la diplomatie française est porteur d’une invitation de Nicolas Sarkozy à Abdelaziz Bouteflika pour une visite d’Etat dans l’Hexagone. Une visite qui était, au demeurant, dans l’agenda du chef de l’Etat algérien en 2008 mais qui n’a pu être concrétisée à cause des contingences politiques. D’ajournement en ajournement, la visite a fini par être carrément annulée. Interrogé pour savoir si Alain Juppé allait être reçu par le président de la République, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Bilani, s’est limité à cette réplique sèche : «Nous n’avons pas pour habitude d’informer sur l’agenda du président de la République.» Cela étant, l’on sait d’après la note du Quai d’Orsay qu’outre la coopération bilatérale, les dossiers régionaux seront au menu des entretiens de Juppé avec ses vis-à-vis algériens. «Cette importante visite vient consacrer, au niveau politique, l’approfondissement de nos relations bilatérales, perceptible depuis un an, et devait permettre de progresser sur des dossiers régionaux aussi stratégiques que le Maghreb, la sécurité au Sahel et au Proche-Orient.» Venu appuyer l’effort accompli par Jean-Pierre Raffarin, désigné Monsieur Algérie par Sarkozy, en matière de relance de la coopération économique, Alain Juppé travaillera également à assainir la relation politico-diplomatique entre les deux pays, l’Algérie et la France. Une relation qui n’est pas au mieux de ce qu’elle pouvait ou aurait dû être, conséquemment aux positionnements de l’un et de l’autre pays par rapport à certaines questions régionales, entre autres le dossier du Sahara occidental sur lequel sont venues se greffer d’autres questions comme la crise libyenne. Une crise vis-à-vis de laquelle l’Algérie et la France ont adopté des attitudes en déphasage notable, pour ne pas dire diamétralement opposées. La France a joué les «va-t-en-guerre» pendant que l’Algérie a plaidé résolument pour une solution via le dialogue interne inclusif. Cependant, si la crise libyenne préoccupe aussi bien l’Algérie que la France, ses incidences sécuritaires tout autant. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le ministre français des Affaires étrangères est intéressé par ouvrir avec ses vis-à-vis algériens le dossier du Sahel. La France n’ignore pas que l’Algérie joue un rôle moteur dans le pôle des quatre pays de la sous-région, le Mali, le Niger et la Mauritanie, qui travaille à trouver la meilleure parade politico-sécuritaire à la menace terroriste qui reste pesante dans le Sahel. Idem pour le conflit israélo-palestinien. La France souhaiterait certainement voir l’Algérie jouer un rôle dans la relance du dialogue entre Israéliens et Palestiniens bloqué depuis plusieurs années. Une relance, si possible, à la lumière de la proposition américaine de l’édification d’un Etat palestinien dans ses frontières de 1967. Une proposition que les Israéliens rejettent
Medelci s'entretient avec Juppé
Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci s'est entretenu, mercredi soir à Alger, avec le ministre français des Affaires étrangères et européennes, M. Alain Juppé.
L'entretien s'est déroulé peu après l'arrivée, en début de soirée, de M. Juppé qui effectue une visite de travail de deux jours en Algérie, à l'invitation de son homologue algérien, M. Medelci.
A son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene, M. Juppé a indiqué, dans une déclaration à la presse nationale et internationale, que l'Algérie et la France avaient «tout intérêt à entretenir des relations très étroites», notamment sur le plan des rapports économiques.
Il a ajouté que ses entretiens avec les dirigeants algériens porteraient sur «les questions économiques et politiques dans les relations entre les deux pays, mais aussi sur de grandes questions internationales».
Source Le Soir d’Algérie Sofiane Aït Iflis / L’Expression
Le Pèlerin