Le Président a fait part de son mécontentement en direction des administrations locales
Le Président a déploré leur gestion «défaillante» dans la prise en charge des efforts «considérables» de l'Etat en matière de couverture de la demande sociale.
Dans un message adressé à l’occasion de la tenue des Assises nationales sur le développement local, lu par Ali Boughazi, conseiller à la présidence de la République, Bouteflika a fait part de son mécontentement en direction des administrations locales, déplorant leur gestion «défaillante» dans la prise en charge des efforts «considérables» de l’Etat en matière de couverture de la demande sociale et d’amélioration des conditions de vie des citoyens.De ce fait, le président de la République fera savoir que la bonne gouvernance est à renforcer à tous les niveaux de l’administration publique et que, toutefois, «c’est au niveau local qu’elle prend son véritable sens, compte tenu des liens de proximité de l’administration avec les citoyens». Ainsi, Bouteflika préviendra que le défi des années à venir est celui de «faire émerger une nouvelle dynamique territoriale basée sur des principes d’auto-développement basé sur les ressources locales, tant humaines que matérielles, et non pas uniquement sur l’aide et l’assistance de l’Etat». Dans cet ordre d’idées, s’agissant de la réforme de la commune, Abdelaziz Bouteflika recommandera d’inscrire le traitement de la crise des finances locales dans un programme de modernisation et de réforme globale du fonctionnement de la commune. Car pour le chef de l’Etat, «il ne peut être dissocié d’une démarche d’ensemble s’inscrivant dans un programme de modernisation et de réforme globale des modes d’organisation et de fonctionnement de la commune et des instruments et mécanismes de gestion des affaires locales». Il dira que l’objectif est de donner aux communes les outils et les moyens qui leur permettent d’accomplir «pleinement» leurs missions et de les placer «en situation d’intervenir de manière à la fois mieux assurée, plus efficace et plus durable dans la gestion des affaires locales et dans la prise en charge des services publics de proximité». Pour ce faire, le président de la République préconisera «d’améliorer la qualification professionnelle des agents communaux et de fournir un encadrement de qualité à hauteur de l’importance des communes».
Dans son message, le Président, évoquant la question de la jeunesse, insistera pour qu’il lui soit rendu «la place qui lui revient de droit dans la société», notamment à travers la création de «facteurs d’intégration substantiels particulièrement dans les domaines qui ont leur prédilection tels que le sport, la création culturelle ou l’innovation techno-scientifique, qui leur permettraient l’exercice de leurs devoirs civiques et le respect de leurs droits constitutionnels». Enchaînant sur le dossier de l’emploi et de la lutte contre le chômage, Abdelaziz Bouteflika rappellera que cette question interpelle aussi bien le gouvernement que l’administration locale. Préconisant à ce propos, entre autres, la promotion de l’agriculture et de l’élevage comme facteurs «incontournables» dans la résorption de cette question. Revenant sur ces assises nationales sur le développement local et les attentes citoyennes, lancées en septembre dernier, elles se sont faites sur trois étapes, à savoir : vingt rencontres locales organisées entre le 5 septembre et le 10 novembre, sept assises régionales tenues entre le 13 et 28 novembre, et celles nationales les 29 et 30 décembre en cours, le président de la République réitèrera dans son message sa décision d’introduire la plateforme des recommandations issues de ces assises nationales dans le plan national des réformes pour leur mise en œuvre.
Babes : Les systèmes de gouvernance à tous les niveaux sontà reconsidérer
Mohamed-Seghir Babes, président du Conseil national économique et social (Cnes), chargé par le chef de l’Etat de mener la consultation nationale sur le développement local, dira qu’à ce stade final du processus, «nous constatons que les systèmes de gouvernance à tous les niveaux sont à reconsidérer, et pas seulement au niveau local». A ce titre, il fera savoir qu’«une transformation radicale de la situation» s’impose. «Tout doit être revu à l’aune de la pertinence, de l’efficacité économique et de l’efficience sociale» car, dira-t-il, s’agissant du développement local et territorial, «nous sommes dos au mur». Et pour cause, «nous avons oblitéré des capacités de création de richesses à l’échelle territoriale et locale». Expliquant cela par le fait que «tout venait d’en haut de façon verticale, avec une absence de cohérence intersectorielle», et que «les populations» ont été «contournées dans quelque chose qui les tétanise, en leur disant que dans la mesure où tout vous tombe d’en haut, restez là dedans, taisez-vous et soyez heureux». Il poursuivra que «des secteurs géraient des programmes comme s’ils étaient installés à leur seul compte». D’où, selon lui, la nécessite pour «l’Etat stratège» pour qu’il «se réinstalle sur son territoire propre qui est celui d’être le planificateur stratégique en chef à tous les étages de la gouvernance», en mettant «en branle ses propres démembrements territoriaux». Parlant de la plateforme issue de ces assises, il jugera qu’elle a une «portée stratégique, réformatrice (…) qui serait de nature à nous autoriser à dire qu’on est dans de vraies réformes qui changeront l’ordre des choses», à travers la construction d’«une économie émergente bâtie sur les entreprises quels que soient leurs statuts juridiques».
Mme Nacira Haddad (*) : Pour une économie déconcentrée et décentralisée
Quelle lecture faites-vous de cette concertation nationale sur la gestion locale ?
«Ces assises sur la gouvernance locale sont des démarches d’échanges, de participation à la fois de l’administration, de la société civile, des parties prenantes à la promotion des investissements pour réfléchir ensemble et définir une stratégie qui va nous permettre de nous orienter de manière résolue vers une économie déconcentrée et décentralisée afin de faire bénéficier les régions et les localités de programmes de développement basés sur les potentialités locales».
La décentralisation est donc inévitable ?
Absolument. Nous ne pouvons plus continuer à nous permettre de concentrer les efforts uniquement au niveau des grandes métropoles. Il nous faut mettre en place des programmes d’attractivités, de développement et de création de richesses au niveau local pour capter la jeunesse, l’encadrement et les compétences sur place et même encourager celles parties pour un retour à leurs régions d’origine, et aussi fixer les populations. L’Etat aura ce rôle de réguler, contrôler, planifier et orienter.
(*)Directrice générale du cabinet conseil Incosyn, membre du bureau exécutif de l’Association des femmes algériennes chefs d’entreprises (SEVE).
Source Le Jour d’Algérie Lynda Naili Bourebrab
Le Pèlerin