Algérie - L’avant de l’après-Bouteflika
C’est plus ou moins admis aujourd’hui par un certain nombre d’analystes, ce remaniement ministériel, le plus important depuis 10 ans et le plus significatif depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999, signerait quelque part l’après-Bouteflika. Cette stratégie d’équilibre permanente, qui ne remet pas l’alliance des trois partis en question ni la présence éternelle du FLN dans le partage de la rente, aura fini par n’être qu’une forme d’abandon cosmogonique aux forces de l’univers. Une cérémonie de clôture qui conclut l’impossibilité structurelle de changer un pays que personne ne veut changer, pas même le président. Usé par le pouvoir, il a fini par lâcher ses plus proches collaborateurs sous la pression, pour ne placer que des apparatchiks qui n’ont jamais quitté le système, signant par là la grande reconduction vers le néant.
C’est donc une forme d’après-Bouteflika puisqu’il y a bien un moment où tout doit finir, même avant que cela ne finisse vraiment. Mais y a-t-il eu un avant ? Oui, si l’on parle de cette époque où Ouyahia était déjà chef de gouvernement et la moitié des ministres actuels déjà en poste. La question qui se pose est donc à conjuguer au présent, s’il y a un après-Bouteflika et un avant-Bouteflika, y a-t-il pendant Bouteflika ? Sa gestion politique par le compromis permanent avec les islamistes et les vieilles structures nationalistes, le lobby militaire et les cercles de la rente auront réussi à effacer toute identité. Bouteflika a-t-il été président ? Dans 10 ans, qui s’en souviendra ? Et surtout, qui pourra caractériser cette époque d’immobilisme total et de fermeture absolue gérée par les féodalités et les soumissions ? Reste une question, détail technique de réaménagement, qui sera le prochain président ? Un frère, un cousin ou un voisin ? Les rumeurs parlent de Saâdane. S’il gagne la Coupe du monde par plus de 10 buts d’écart.
Source El Watan Chawki Amari
Le Pèlerin