Algérie - A quoi carburent les députés ?
Les tarifs de l'eau n'augmenteront pas. Tant mieux, diront probablement les Algériens. Pour le gasoil, le gouvernement n'a même pas essayé de proposer une augmentation qui se heurte au rejet constant des députés. Ces derniers avaient trouvé dans le rejet de toute velléité d'augmenter le prix du gasoil l'unique moment où ils manifestent leur «indépendance».
L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, qui ne manquait pas d'arguments, a dû, de guerre lasse, renoncer durant les dernières années à soumettre la proposition. Il a ainsi évité de donner l'opportunité aux députés de paraître, à peu de frais, les grands «défenseurs» du pouvoir d'achat des Algériens. Les mauvaises langues soulignent surtout que leurs voitures carburent globalement au diesel Et que ceci expliquerait cela. Pas touche donc au gasoil.
Ce serait vers une exemption de la vignette pour les voitures roulant au GPL que le gouvernement s'orienterait, afin d'inciter les automobilistes à se reconvertir à ce carburant peu polluant. L'initiative est louable, et il faut espérer que les députés «diésélophiles» ne s'y opposeront pas.
Cela n'empêche pas de noter le surréalisme de la situation : la facture de l'importation du gasoil augmente alors que son prix reste bas. Les propositions de l'ancien ministre de l'Energie ne manquaient pas de pertinence et de cohérence : augmenter le prix du gasoil pour réduire la consommation et éviter l'accroissement des importations. En contrepartie, on baisse les prix de l'essence, du GPL et du GNL. C'était une incitation forte aux automobilistes qui s'est heurtée au refus des députés
Et bien entendu, ce refus est justifié par leur souci de ne pas alourdir la charge des agriculteurs et des transporteurs qui utilisent le gasoil. Si tel est vraiment leur souci, il est préférable d'apporter une aide directe à ces catégories plutôt que de maintenir le prix du gasoil à un prix tellement bas qu'il dissuade les automobilistes d'aller vers le GPL ou le GNL. Les agriculteurs deviennent ainsi un alibi à une politique d'incitation au tout gasoil très coûteuse.
Le gouvernement aurait dû, quitte à ce que la démagogie se manifeste encore au Parlement, maintenir cette proposition d'augmenter le prix du gasoil en l'assortissant de mesures de soutien direct aux catégories sociales que l'on veut prémunir de l'effet de la hausse. C'est un exercice de pédagogie nécessaire auquel on ne devrait jamais renoncer.
Après tout, la politique du gouvernement est de dissuader les importations superflues. Dans le cas du gasoil, il n'a pas besoin de mesures bureaucratiques, il suffit que la vérité des prix soit mise en avant pour réduire les importations et encourager les reconversions. Il n'est pas normal que l'Algérie accepte d'être importatrice de gasoil alors qu'elle dispose de solutions alternatives. Les problèmes de pollution sont réels. Il suffirait de comptabiliser le coût des prises en charge des pathologies liées à la dégradation de l'environnement. Des formules peuvent être trouvées pour les transporteurs et les agriculteurs, ne rien faire est la plus mauvaise des options.
Il est vrai aussi que l'Etat peut commencer par donner l'exemple en imposant d'autorité que le parc automobile des administrations et des entreprises publiques passe au GPL ou au GNL...
Source Le Quotidien d’Oran M. Saâdoune
Le Pèlerin