Algérie – France - Bouteflika à Nice: L'Afrique en attendant le bilatéral
Pour son premier déplacement en France depuis sa réélection en avril 2009, le Président Bouteflika se présentera avec le dossier Afrique institutionnelle sous le bras. Officiellement, rien d'autre n'est programmé. Mais, personne ne perd de vue la toile de fond formée par d'importantes relations bilatérales.
D'ores et déjà, on estime, que la présence du Président algérien Abdelaziz Bouteflika à Nice, au Sommet Afrique-France, contribuera à améliorer les difficiles relations entre Paris et Alger et pourrait marquer l'ouverture d'un nouveau dialogue.La participation du Président Bouteflika au 25e Sommet Afrique-France «contribuera à améliorer les relations avec la France et à consolider les rapports entre les pays africains et la France», a affirmé à l'AFP, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci. Les relations algéro-françaises, marquées par l'absence de rencontres à haut niveau depuis des mois, «doivent être appréciées globalement et non pas seulement à l'aune d'un certain nombre de questions qui reviennent souvent, certes importantes», a ajouté M. Medelci, interrogé, jeudi dernier, en marge de la commémoration, à Alger, de la Journée de l'Afrique.
Tout en ayant à l'esprit les tensions politiques récurrentes de ces derniers temps, entre Alger et Paris, plusieurs observateurs relèvent que les relations économiques qui sont importantes n'ont pas été affectées. Quelle que soit la qualité des relations politiques, celles des affaires ont toujours carburé à plein rendement. Les mesures économiques et financières prises dans la loi de finances complémentaires 2009 ont certes cassé le rond-rond économique et financier bilatéral mais aussi multilatéral. Paris, Berlin et Washington, notamment, ont grogné avant de finir par se plier - ou sont en voie de le faire - à ces décisions souveraines d'Alger.
Des dossiers sensibles
Dans le volumineux dossier des relations bilatérales, il y a le volet de la circulation des personnes entre les deux pays. Il est inclus dans les Accords de 1968 dont la renégociation a commencé l'an dernier. Le Consul général de France en Algérie, Francis Heude, indiquait récemment dans les colonnes du «Quotidien d'Oran» que « la presse a eu à dire souvent qu'il y aurait une volonté française de faire passer l'Algérie dans le droit commun des étrangers, ce n'est pas du tout le cas.
Si tel était notre souhait, nous avions un moyen simple, nous l'avons toujours, c'est de dénoncer l'accord de 68. En le dénonçant, il n'existerait plus et l'Algérie tombera dans le droit commun des étrangers. Ce n'est pas le cas, la preuve, c'est que nous avons proposé à nos amis algériens, qui ont accepté le principe, de renégocier cet accord». Sur ce dossier, depuis, il n'y a pas eu de changement et on ignore où en sont les négociations. D'autre part, les demandes de visa des Algériens obtiennent généralement une suite favorable. Pour 2010, le diplomate français estime à moins de 30% le nombre de refus comparé à 80% en 2002 ! Quelle que soit la proportion des refus, elle est essentiellement motivée, soulignait-il par «le risque migratoire.»
On rappelle que la crispation entre les deux pays est apparue notamment à propos du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni, aujourd'hui témoin assisté dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'opposant Ali Mecili, en 1987 à Paris, ou celle concernant l'assassinat des sept moines de Tibhirine, en 1996. L'Algérie a vivement critiqué son inscription par Paris sur une liste de »pays à risques» dans le domaine du transport aérien, tandis que des députés algériens ont déposé une proposition de loi criminalisant le colonialisme. L'Algérie, a d'ailleurs prévenu M. Medelci, considère que les «sentiments patriotiques sont extrêmement importants» et «il faut en tenir compte».»Les messages (des) Algériens, quel que soit leur âge, sont simplement des messages de ceux qui (...) ont combattu pour que l'Algérie redevienne leur pays. Qu'on ne leur en veuille pas aujourd'hui de le rappeler aux autres, quand les autres font mine de l'oublier», a-t-il dit à l'Agence France Presse à Alger.
Priorité Afrique
Selon une source diplomatique française à Alger, citée par cette même agence de presse, «nous devons éviter l'écueil de la non reconnaissance de faits longtemps occultés», comme ceux du 8 mai 1945, que deux ambassadeurs de France en Algérie ont qualifiés en 2005, puis en 2008 de «tragédie inexcusable» et «d'épouvantables massacres», ajoute-t-on.
Mais la France «n'est pas prête psychologiquement à faire acte de repentance» et il «faut donc trouver une voie médiane», affirme la même source.
Aucun entretien bilatéral entre M. Bouteflika et Nicolas Sarkozy n'est prévu «à ce stade», mais ils «se verront et se parleront», a-t-on indiqué à l'Elysée. Mais, rien n'interdit aux deux chefs d'Etat d'aborder les questions politiques bilatérales, en marge de ce sommet Afrique-France. A ce stade, pour la partie algérienne, il s'agira de se concerter «sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour renforcer le rôle de l'Afrique dans la nouvelle architecture de la gouvernance mondiale, les modalités d'un appui plus conséquent au système de sécurité collectif mis en place par l'Union africaine pour relever les défis de la stabilité, de la paix et de la sécurité sur le continent, ainsi que la prise en charge des intérêts de l'Afrique, face aux enjeux des changements climatiques». Autrement dit, le Président Bouteflika assiste à ce sommet avec une priorité: l'Afrique.
Source le Quotidien d’Oran Oualid Ammar
Le Pèlerin