Algérie - Coup de «blues» dans le secteur économique public
La queue à la wilaya
Pour établir une plus grande transparence dans la gestion, la passation et l'exécution des marchés publics, le gouvernement a introduit de nouvelles mesures dans le code les régissant. La mouture du nouveau code des marchés publics a fait l'objet d'un décret présidentiel en date du 7 octobre 2010. Ce qui fait obligation, par conséquent, aux opérateurs publics de respecter depuis cette date les circuits et procédures définis par le nouveau code. Sauf que les fameuses commissions nationales prévues à cet effet n'ont pas encore été installées à ce jour. D'où il en découle un stand-by préjudiciable pour les opérations de passation des marchés publics. Certes, le Premier ministère a diffusé une instruction à l'ensemble du secteur public autorisant ces opérateurs à suivre les stipulations de l'ancien code jusqu'à mise en place de ces fameuses nouvelles commissions. Instruction que beaucoup de cadres gestionnaires ont décidé d'ignorer par crainte de se voir un jour ou l'autre reprocher d'avoir transgressé les règles tel que défini dans le nouveau code. Ils s'en tiennent d'autant à cette attitude que l'actualité judiciaire a concerné ces derniers temps certains de leurs collègues mis sur la sellette pour avoir obéi à des instructions hiérarchiques dont la force de loi n'est pas reconnue par les enquêteurs et les magistrats. D'une façon plus générale, le milieu des cadres dirigeants du secteur public a un coup de «blues» très prononcé. A tort ou à raison, il s'estime victime d'une nouvelle chasse aux sorcières sous prétexte de lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics. Il en résulte que beaucoup de cadres sont en quête d'opportunités pour quitter le service public. Presque tous se réfugient dans l'immobilisme s'agissant de la gestion des entreprises dont ils ont la charge.
Le phénomène n'est pas pour faire naître l'optimisme quant à l'éventualité de la redynamisation du secteur public économique telle que recherchée par les autorités. Il touche même une entreprise aussi stratégique que Sonatrach dont les cadres sont totalement tétanisés par la coupe sombre opérée en leur sein par les opérations censées liées à la lutte anticorruption.
Le gouvernement a beau prendre des mesures incitatives pour la relance du secteur économique public, elles ne seront d'aucun effet si ceux à qui la mission incombe de réaliser l'objectif se sentent réduits au rôle de boucs émissaires que l'on sacrifie cyniquement pour détourner l'attention de l'opinion des véritables causes et responsabilités du marasme économique national.
Il en découle que, loin de s'éclaircir, le climat dans le secteur public est à la morosité et à la fuite des responsabilités. Ce qui n'est pas, il faut en convenir, le contexte favorable à la fructification des investissements financiers que l'Etat consent en sa faveur. Si mise à niveau il doit y avoir pour les entreprises du secteur public économique, faut-il aussi faire celle qui consiste à clarifier sans ambiguïté les droits et devoirs de leurs cadres dirigeants et à assurer à ceux-ci une pleine et entière protection quand ils agissent dans la conformité et le respect des deux.
Source le Quotidien d’Oran Kharroubi Habib
Le Pèlerin