Algérie - 5 juillet : fête ou commémoration ?
La commémoration de la date de l’indépendance commence à se résumer à une cérémonie de remises de grades et de distinctions aux officiers de l’ANP.
Çà et là, des communes s’imposent un cross pour les jeunes, histoire de respecter la proclamation du 5 juillet “fête de la jeunesse” et des subdivisions de partis politiques et d’associations se plient au devoir de commémoration de la lutte d’indépendance par une séance de recueillement sur le Carré local des martyrs.
Mais de fête, point. Il faut dire qu’il n’y pas de quoi pavoiser. Un demi-siècle après, notre indépendance n’est encore synonyme ni de paix ni de prospérité, ni de liberté. La mort de onze gendarmes, exécutés par les terroristes dans la semaine qui précède la fête de l’indépendance, devrait altérer les promotions proclamées à cette occasion par quelque dose d’amertume.
Au cours de la dernière cérémonie de sortie de promotion de l’Académie interarmes, juste avant les deux attentats, le chef d’état-major de l’armée insistait sur le fait que les militaires sont “fermement décidés et déterminés à mobiliser tous les moyens légaux pour détruire les groupuscules terroristes et purifier cette terre sacrée”. Mais, comme si aucun serment engageant dans la lutte contre le terrorisme ne devait être prononcé sans qu’il soit vite pondéré par un soutien à “la réconciliation nationale”, le général Gaïd Salah rappelle immédiatement aux terroristes que le choix de l’impunité ne leur est tout de même pas fermé. Que peuvent les “nouveaux moyens” tactiques promis par le chef opérationnel de l’ANP s’ils continuent à être contredits par le recul stratégique imposé par la réconciliation nationale ?
Pour couvrir une situation sécuritaire politiquement poussée au pourrissement, il ne suffira pas toujours de s’exercer à l’incantation réconciliatrice.
Si la paix n’est pas là, la prospérité non plus. Et ce n’est pas une autoroute livrée en fragments, sans même des stations-service ou un métro de Sisyphe, qui peut contredire le constat de carence en matière de développement. Et puisque le 5 juillet est aussi la fête de la jeunesse, il suffit de rappeler les vagues renouvelées de harragas pour constater que nous n’avons même pas pu entretenir l’illusion d’une issue aux plus jeunes. N’y a-t-il pas quelque malaise à fêter l’indépendance d’un pays que ses enfants fuient ?
Même le cache-misère de l’équipe nationale de football s’est évanoui. L’argent, qui a coulé autour de sa qualification, contraste avec la rigueur opposée aux revendications syndicales. Mais malgré la visite… du directeur général de Nedjma, sponsor financier et apparemment moral de l’équipe, l’aventure s’est terminée sur un de ces exploits seyants aux fausses réputations : un faux héros giflant une vraie citoyenne.
Un demi-siècle après l’indépendance, la répression et la fraude protègent encore les positions usurpées, les fortunes détournées et les faux moudjahidine. Sans paix, sans prospérité, mais aussi sans liberté : c’est peut-être pour cela que notre indépendance se commémore sans la fête.
Source Liberté Mustapha Hammouche
Le Pèlerin