L'Algérie fait le plein
Avec un prix du baril qui donne l'impression de vouloir s'envoler, les réserves algériennes de change, qui ont franchi les 182 milliards de dollars en 2011, atteindront un niveau spectaculaire en 2012.
La position financière de l'Algérie est des plus confortables. Inégalée depuis son accession à l'indépendance. Une conjoncture inespérée en ces temps de vaches maigres pour l'économie d'un pays porté essentiellement par ses exportations en hydrocarbures. Une résurrection en quelque sorte après avoir frôlé la faillite au début des années 1990 suite à la chute brutale des cours de l'or noir qui sont descendus à moins de 10 dollars, une crise couplée avec une flambée des actes terroristes qui a coûté très cher au pays particulièrement sur le plan humain.150.000 à 200.000 morts. Economiquement, l'Algérie avait tout simplement le couteau sous la gorge. Mise sous perfusion par deux plans de restructuration imposés par le Fonds monétaire international, elle est sans doute passée par les pires moments de son histoire depuis 1962. Fermeture d'usines, licenciements, pénuries des produits de consommation... dans un climat de terreur et violence qui ont failli emporter jusqu'à ses institutions. Les algériens ont-ils fini de manger leur pain noir? Si l'on se fie aux performances réalisées grâce notamment à des prix du pétrole qui sont sur la voie de nouveaux records historiques, on peut penser que oui. La crise de la dette grecque qui frappe de plein fouet les pays européens n'a pas affecté outre mesure l'économie nationale.
Les prix du pétrole sont restés pratiquement à un niveau appréciable, même si à un moment ou un autre ils ont joué au yo-yo. Ils ont régulièrement comblé leurs pertes après des chutes assez significatives, cédant jusqu'à près de six dollars en une seule séance.
Pour rappel, le 4 août 2011, au lendemain de l'audition du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, par le président de la République, le baril de pétrole a dévissé de plus de 5 dollars à New York (voir l'Expression du 7 août 2011).
De simples alertes finalement, qui n'ont pas porté préjudice à
l'économie nationale qui n'a pas cessé d'afficher un excédent financier depuis plusieurs années successives. Les réserves de change de l'Algérie étaient de 162,2 mds USD fin 2010 contre 148,9 mds USD à la fin 2009. En 2011, elles ont dépassé les 182 milliards de dollars. Soit en moyenne une progression annuelle de plus de 15 milliards de dollars.
Les placements de ces réserves à l'étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010, contre un rendement de 4,74 milliards de dollars en 2009, a révélé un rapport de la Banque d'Algérie qui date de l'année 2010.
A ce rythme, les réserves algériennes de change doivent largement dépasser le seuil symbolique des 200 milliards de dollars. Cette estimation devrait se concrétiser avec les nouveaux records affichés en cette fin de semaine par les prix du pétrole.
Le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en avril a enregistré un gain de 1,94 dollar par rapport à jeudi sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour clôturer la séance de vendredi à 109,77 dollars. Son plus haut niveau depuis le 3 mai 2011. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance, a gagné 1,85 dollar par rapport à la journée de jeudi pour afficher 125,47 dollars le lendemain.
Un pic qu'il n'a plus touché depuis le 2 mai. La conjoncture géopolitique indique que les cours de l'or noir doivent poursuivre leur course en avant portés, entre autres, par la crise du nucléaire iranien. Une aubaine en somme pour l'Algérie qui doit faire le plein.
Source L’Expression Mohamed Touati
Le Pèlerin