Egypte: le départ de Moubarak, prochaine étape?
Selon les spécialistes, le président ne pourra plus se maintenir très longtemps au pouvoir...
Il a beau avoir nommé un nouveau gouvernement, ses jours à la tête de l’Egypte sont sans doute comptés. Selon les spécialistes, le départ d’Hosni Moubarak n’est qu’une question de temps. Et de méthode. 20minutes.fr fait le point.
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Un écrasement du mouvement par l’armée peu crédible
«Aujourd’hui, Moubarak ne peut plus tirer sur la foule, ce serait trop coûteux», estime Antoine Basbous, politologue à l’Observatoire des pays arabes. L’hypothèse d’une reprise en main par l’armée dans la violence et le sang ne semble donc pas crédible. «Etant donnée la détermination de la population, ce serait une situation difficilement tenable», observe Dominique Thomas, spécialiste du monde arabe et des mouvements islamistes. D’autant que l’armée ne souhaite pas se mettre à dos la rue et plonger le pays dans le chaos, selon ce chercheur. «Il a fallu six semaines aux Tunisiens pour se calmer, je ne suis pas sûr que l’économie égyptienne puisse tenir ce temps-là», ajoute Antoine Basbous.
La stratégie du pourrissement payante?
Comme Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak «joue la stratégie du pourrissement. Les policiers se sont retirés, laissant la place aux pilleurs afin que les Egyptiens réclament le retour de l’ordre. Mais le remède n’est pas garanti», prévient Antoine Basbous. Et le gagnant de cette stratégie non plus. Le bénéfice peut en revenir à l’armée, qui reprendra le contrôle de la situation, mais sans le Président. «L’armée fait de la diplomatie, entretien un flou artistique constructif, elle fraternise, elle ruse, de sorte que l’étape suivante lui donne l’opportunité de renforcer son contrôle sur une population excédée par les pillages», poursuit le chercheur.
Moubarak évincé avant les élections
Selon les experts, il semble peu probable d’attendre jusqu’à la présidentielle de septembre 2011. «L’armée s’est déjà désolidarisée de Moubarak, mais elle doit l’évincer habilement et ne pas l’humilier car il reste son premier représentant», analyse Antoine Basbous. Objectif: «Garder un système militaire avec des garanties d’ouverture pour obtenir l’accalmie», renchérit Dominique Thomas. Dans un premier temps, la population veut en finir avec le clan Moubarak. Reste à savoir qui prendra le relais ensuite. Pour l’instant, Hosni Moubarak a nommé comme vice-président Omar Souleïmane, le tout puissant chef des services de renseignement. Si ses réseaux diplomatiques lui confèrent une légitimité à l’international, «ce n’est pas quelqu’un qui va représenter l’alternative démocratique», souligne Dominique Thomas. Et l’armée accorderait plus volontiers son soutien à Ahmed Chafik, nouveau Premier ministre ou Mohamed Hussein Tantaoui, nommé vice-Premier ministre, tous deux ex-militaires.
Les clefs du pouvoir données à un civil?
Ce scénario est souhaité par plus d’un, à commencer par Mohammed ElBaradei, figure de l'opposition égyptienne, qui a fait part de son intention de négocier la formation d'un gouvernement d'union nationale avec l’armée. Car celle-ci joue un rôle essentiel en Egypte depuis plus d'un demi-siècle et compte bien préserver ses avantages et ses prérogatives. «A l’heure actuelle, donner les clefs du pouvoir à un civil n’est pas à l’ordre du jour», tempère Antoine Basbous. A long terme, Dominique Thomas estime que le modèle égyptien pourrait toutefois se rapprocher de celui de la Turquie, une démocratie encadrée par l’armée.
Source 20minutes.fr C.F.
Le Pèlerin