3,5 millions de pauvres en Algérie.
Il y a près de 3,5 millions de pauvres en Algérie. «Il est toutefois compliqué d’établir, en dehors de ces estimations, des statistiques exhaustives de cette population», tempère Mohamed Tahar Boutaghane, directeur de la formation au ministère de la Solidarité nationale.
Et c’est d’ailleurs là tout le problème. Car la société algérienne fait face, ces dernières années, à une inquiétante paupérisation induite par l’érosion du pouvoir d’achat ou encore la flambée générale des prix.
Si les statistiques officielles ne rendent pas forcément compte de cette évidence, c’est que les méthodes de recensement n’incluent pas certains facteurs. Ou en incluent trop. «Comme pour les sources de revenus. Selon les recensements algériens, l’on considère qu’un citoyen travaille, même lorsqu’il est journalier ou ne travaille qu’une seule heure sporadiquement. Pourtant, celui-ci ne dispose pas d’un revenu régulier et est de ce fait exposé à la pauvreté», explique Rachid Challal, directeur au sein de l’Agence de développement social (ADS).
Raison pour laquelle ce dernier estime que «le nombre d’Algériens vivant dans le besoin est nettement plus élevé que ce qui est avancé par les chiffres officiels».
Pourtant, ce ne sont pas les politiques et autres prises en charge visant à «aider» les Algériens qui manquent. Des batteries de mesures ont été exposées, hier, au cours d’une table ronde organisée au Forum d’El Moudjahid, autour des «Défis du secteur social». Et que de défis ! Crise socioéconomique, crise du logement, crise sociétale, les intervenants sont unanimes : la société algérienne traverse une «fracture sociale» sans précédent. «Les mutations sociodémographiques ont engendré un effritement des liens sociaux et une perte de repères qui menacent le contrat social», affirme M. Boutaghane. Les réponses sectorielles étant devenues caduques et inefficientes, l’ultime recours afin de préserver la cohésion sociale est la synergie de l’ensemble des secteurs. «Les demandes polymorphes exigent des réponses multisectorielles», ajoute-t-il.
L’éducation, la santé, ou encore l’habitat. La non-accessibilité au logement demeure d’ailleurs l’un des indices de pauvreté les plus signifiants. «Aujourd’hui, il reste encore quelque 560 000 logements précaires que les autorités s’engagent à prendre en charge progressivement», s’est défendu M. Nasri, du ministère de l’Habitat. Ainsi, 75 000 de ces habitations ont été détruites courant 2009, «ce qui équivaut à autant de familles relogées dans le cadre social», assure-t-il. Il ajoute : «Et ce n’est pas fini, puisqu’il est prévu la construction de 370 000 logements sociaux inscrits dans le programme quinquennal 2010-2014 afin d’éradiquer l’habitat précaire».
Source El Watan Ghania Lassal
Le Pèlerin