Le prestige et ses petites tracasseries
Toute interférence visuelle est désormais bannie de cette belle perspective.
La notoriété a parfois ses revers. Illustration à Saint-Bertrand-de-Comminges et Valcabrère, deux petites communes du sud du département qui viennent de rentrer, par décret du Premier ministre, dans le club très fermé des sites classés. Cette boucle de la Garonne, et l'inestimable perspective qui relie la Cathédrale Sainte-Marie de Saint-Bertrand à la Basilique Saint-Just de Valcabrère, sont donc élevées depuis le 29 mars au rang de fleurons du patrimoine paysager français. « Le moment est important puisque, grâce à ce classement qui intervient au nom de l'intérêt général, le site bénéficie désormais des garanties maximales en matière de protection », insiste Bernard Bahut, le sous-préfet de Saint-Gaudens.
Les terrains classés, 474 hectares en tout sur les deux communes, sont essentiellement agricoles. « Ils sont désormais protégés de tout urbanisme industriel, commercial ou résidentiel. Seules des constructions agricoles seront autorisées à titre très exceptionnel », indique Jean-Philippe Guérinet, de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL).
Pour le touriste connaisseur, les deux villages vont se hérisser du fameux panneau « sites classé ». Peut-être un de trop pour Michelle Molles, la maire de Saint-Bertrand. « Nous sommes déjà classés au titre des plus beaux villages de France, du patrimoine mondial de l'Unesco et, depuis peu, des grands sites de Midi-Pyrénées, ça va faire beaucoup », énumère-t-elle sans cacher son scepticisme. Ce qu'elle voit surtout c'est « de nouvelles contraintes et des administrés pas très contents ». Notamment ceux qui viennent de voir leurs parcelles constructibles du Mont (un coteau) passer en terrains agricoles. « Qui va les indemniser et le seront-ils ? », demande l'élue. « Sans compter que pour la moindre construction agricole, même une grange, le dossier sera instruit à Paris avec les délais qui vont avec ».
Pierre Verdier, le maire de Valcabrère, est persuadé que « le classement ne fera pas venir un touriste de plus ». Il a eu droit lui aussi à ses petites surprises foncières. Avec notamment le déclassement de deux parcelles où des permis de construire étaient en cours, dont u pour un jeune couple bien embêté. « Les cas sont réglés», dit-il cependant. Et finalement, il prend les choses avec philosophie : « Nous avons un tel patrimoine qu'il faut le préserver même au prix de quelques lourdeurs ».
Source 20minutes.fr Hélène Ménal
Le Pèlerin