A quelques jours du «Réveillon» - Les touristes évitent le Sahara algérien
Si le désert algérien ne draine plus beaucoup de monde comme ce fut le cas durant les années d'avant le terrorisme, ce n'est certainement pas parce qu'il a cessé d'enchanter. Loin s'en faut ! C'est juste qu'il a fallu que les conditions de cette décadence – il s'agit bien d'une décadence – soient réunies. Et de ces conditions, il y a bien celles qui ont trait aux politiques touristiques qui n'encouragent ni les Algériens ni encore – et c'est plus dramatique – les étrangers à s'y rendre.
M. Bachir Djeridi, président du Syndicat national des agences de voyages, ne mâche pas ses mots quand c'est de la tutelle qu'il s'agit. «Ce sont plus de 180 agences, spécialisées dans le tourisme saharien qui souffrent et qui risquent de mettre la clé sous le paillasson. Nous avons demandé d'effacer leurs dettes fiscales et parafiscales, mais la tutelle ne veut rien entendre. D'ailleurs, le nouveau ministre, en poste depuis 103 jours maintenant (jusqu'à hier, ndlr), n'a pas daigné, jusqu'à présent, nous recevoir et prendre en charge nos doléances». A la question de savoir à combien s'élèvent les dettes de ces agences, notre interlocuteur préfère répondre autrement : «C'est une goutte d’eau dans un océan ! N'oublions pas qu'il n'y a pas que les agences qui profiteraient d'un tourisme florissant. Il y a aussi les artisans, les guides, les chameliers, les commerçants… Tous souffrent de la politique de la tutelle à notre égard». Il n'hésitera pas à avouer l'intention des agences de voyages de couper tout lien avec la tutelle, «si les choses continuent ainsi». «Nous allons, dit-il, boycotter toutes les commissions pluridisciplinaires et interministérielles».
Mais le plus grand mal que subissent les agences de voyages en particulier et le secteur du tourisme en général, vient de la procédure «dissuadante» de l'obtention de visa pour les étrangers. Une procédure qui, de par sa lenteur et le casse-tête qu'elle impose, fait que beaucoup de personnes voulant se rendre dans le désert algérien renoncent ou n'entament pas tout simplement les démarches interminables, surtout quand on sait que se rendre dans un pays concurrent ne nécessite que quelques formalités.
Revenant au tourisme local, qui ne nécessite pas de visa, le président du Syndicat national des agences de voyages, déplore le fait que les Algériens n'aient pas l'habitude de se rendre dans le désert algérien qui est pourtant un endroit idéal pour le «ressourcement, la remise en cause, le repos…». Là aussi, les politiques adoptées par la tutelle et ses partenaires ne sont pas à même de promouvoir la destination saharienne. L'exemple que nous fournira M. Djeridi, sont les réductions que la compagnie algérienne, Air Algérie, qui ne sont pas assez adéquates, notamment dans le temps, aux besoins de la promotion de cette destination. «L'année passée, elle (Air Algérie, ndlr), a décidé des réductions de 50% sur tous les vols à destination du Sahara, et ce, du 1er septembre à fin février. Sauf que durant les vacances d'hiver et de printemps, les réductions ne sont que de 30%», dit-il et d'ajouter : «Et ça doit être dans le cadre des voyages organisés dont les groupes ne doivent pas être inférieurs à 15 personnes». Pour cette année, M. Djeridi se félicite que la compagnie aérienne nationale ait gardé la réduction de 50% pour toute la période choisie, et réduit le nombre de personnes d'un groupe à 10. Une politique louable, mais insuffisante dans ce sens où il faut davantage de promotions pour faire découvrir le désert aux nationaux.
S'agissant de la sécurité dans le Grand Sud, notre interlocuteur, assurant que le risque zéro n'existe nulle part, dira que tous les circuits autorisés sont bien sécurisés.
Source Les Débats Hamid Fekhart
Le Pèlerin