Algérie - Logement, ADSL, PME et Oléiculture - Le «million» dans le programme 2009-2014
Le chiffre de un million est devenu presque une «mode» chez nos responsables dans la perspective de développement de leurs secteurs. Le premier secteur concerné est celui de l’habitat qui s’est vu confier la réalisation de un million de logements. Conscient que le problème du logement est un facteur majeur, après celui de l’emploi, dans l’instabilité sociale, le président de la république en a fait une priorité durant la campagne électorale d’avril 2009, en annonçant la réalisation de 1 million de logements. A côté du logement, le chef de l’Etat s’est fixé également comme priorité l’emploi. Et c’est ainsi que le gouvernement, dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009, s’est fixé comme objectif de créer un million de PME durant le plan d’action 2009-2014 pour tenter de relancer de nombreux secteurs d’activités économiques comme le bâtiment, l’industrie et les services. Par ailleurs, dans la perspective de la généralisation des nouvelles technologies, notamment dans le cadre de E-Algérie 2013, les pouvoirs publics ont décidé de multiplier le nombre d’accès à haut débit, avec comme objectif un million d’abonnés Adsl à l’horizon 2013. Sur un autre plan, le département de l’agriculture a annoncé, récemment, le lancement d’un programme de plantation de un million d’hectares d’oliviers d’ici à 2014. Toutefois, une question s’impose : ces projets seront-ils menés à terme, sachant que la plupart des secteurs cités ont eu des difficultés dans le passé dans leur politique de développement ?
Logement, l’éternel chantier
Grandiose est le projet de un million de logements que le ministère de l’habitat compte réaliser d’ici à 2014. Mais est-il réalisable ?
Pas si sûr, si l’on se réfère aux difficultés rencontrées par le secteur durant le précédent quinquennat. Si le ministre de l’habitat, Noureddine Moussa, s’est montré jusqu’ici confiant quant à la réalisation de un million de logements dans les meilleures conditions, tel qu’exigé par le président de la république, certains experts se montrent sceptiques vu les nombreuses difficultés.
Ainsi le retard accusé sur le précédent projet et le manque constaté dans certaines réalisations sur le plan qualité poussent ces experts à douter de la faisabilité du présent projet. «Si on fixe comme objectif la quantité, on aura toujours les problèmes de viabilisation (VRD), ces appartements ne sont lotis ni en électricité, ni en gaz, ni même en eau.
Les besoins sont tellement importants qu’on continue à faire les mêmes erreurs. Si les logements construits ne sont pas habitables, le problème du logement, pour les nouveaux locataires, serait toujours là», expliquent-ils. Autre problème, le foncier. Le ministre de l’Habitat, lui-même, a argué, à maintes reprises, que les retards ont été causés «par le manque d’assiettes foncières autour des villes». A cela, s’ajoute la crise aiguë que connaît la production de ciment ces dernières années, dont le prix s’est envolé.
Une crise qui risque de perturber les projections du ministre qui ne manque pas d’exprimer son optimisme à chaque visite sur le terrain quant à l’aboutissement du projet dans les meilleures conditions. Toutefois, et malgré l’importation d’une tonne de ciment, la crise est toujours là et la fièvre des prix n’est pas près de baisser. Les pouvoirs publics doivent donc s’armer d’une stratégie efficace pour résoudre le problème du logement dans un pays où le parc immobilier ne dépasse pas 7 millions d’appartements pour une population de 35 millions d’habitants et où près de 400 000 nouveaux ménages s’ajoutent tous les ans à la liste des demandeurs de logements.
Il faut aussi décider parallèlement au projet de construction, de récupérer 1,5 million de logements inoccupés, dont le dernier recensement de la population a révélé l’existence. Et devant l’absence de données qui permettent une régulation du marché, certains experts estiment qu’il est temps que le ministère de l’habitat procède à un recensement général. «Il est urgent de recenser le patrimoine inachevé et les réserves foncières. Les communes pourraient ainsi identifier les besoins.»
«Là, nous saurons si nous pouvons colmater les besoins, s’il y a véritablement une crise ou si la cause principale est la mauvaise gestion», a appelé, dans ses différentes interventions, le représentant du collège des architectes, Abdelhamid Boudaoud.
ADSL : quand l’Eepad se déconnecte du réseau !
Premier fournisseur privé en Algérie, l’Eepad, «compte atteindre un million d’abonnés à l’Adsl 2013». Cette déclaration a été faite par le P-DG de l’Eepad, Nouar Harzallah, avant que le litige commercial qui l’opposait à l’opérateur historique Algérie Télécom, ne prenne une tournure critique. A l’origine de ce conflit, qui dure depuis plus d’une année, le refus du provider Eepad de respecter le calendrier d’échelonnement de ses impayés. AT a procédé unilatéralement à la coupure de l’internet au provider ; le retour à la normale est conditionné par le paiement de la dette qui s’élève à 2,5 milliards. Alors, un accord provisoire a été trouvé. Mais en mai 2009, l’opérateur historique a pris une autre décision qui est venue en appui à celle prise en mai de la même année à l’encontre du provider faute de paiement de ses redevances ; qui ont atteint cette fois-ci 3,5 milliards. Faute d’un terrain d’entente, l’affaire a été portée devant la justice et le conflit demeure toujours en suspens. «Malheureusement, le conflit qui nous oppose à l’Eepad n’a toujours pas connu de fin, compte tenu du fait que ce dernier ne s’est toujours pas acquitté de ses dettes envers Algérie Télécom, de même qu’il n’a pas présenté de propositions conséquentes à même de résoudre ce problème», a affirmé récemment le président-directeur général d’AT, Moussa Benhamadi, dans un entretien accordé à Tsa algérie. «L’affaire est aujourd’hui entre les mains de la justice», a-t-il ajouté.
Toutefois, malgré les assurances du patron d’Algérie Télécom, estimant que son entreprise a déployé tous ses efforts afin d’arriver à une solution à l’amiable, le basculement forcé d’Eepad vers Djaweb de tous les clients professionnels qui représentaient la base de l’investissement de l’Eepad, l’a fragilisé. De ce fait, le projet de un million d’abonnés à l’Adsl sera difficilement réalisable même si le provider revient sur le marché, comme il peut ne jamais voir le jour si l’Eepad est dissoute.
Des perspectives favorables
Le PIB par habitant de l’Algérie devrait atteindre 6 266 dollars en 2014, selon un rapport du IHS Global Insight.
Le PIB par habitant, qui était de 4 424 dollars en 2004, reviendra à 570 dollars en 2010 et sera de 4 864 dollars en 2011, 5 337 dollars en 2012 et 5 823 dollars en 2013, selon les prévisions du cabinet américain de consulting et d’évaluation des risques en matière d’investissements, IHS Global Insight.
Ce centre de recherche estime le taux de croissance de l’Algérie à 2% en 2009, à 3,1% en 2010, à 3,5% en 2011 et à 3,6% entre 2012 et 2014.
Quant au Produit intérieur brut (PIB), le rapport souligne qu’il devrait passer de 154,4 milliards de dollars en 2009 à 161,9 milliards de dollars en 2010, 174,9 milliards de dollars en 2011, 194,7 milliards de dollars en 2012, 215,6 milliards de dollars en 2013 et 235,3 milliards de dollars en 2014.
Pour l’Algérie, ce cabinet dont les analyses constituent une des références principales pour les investisseurs internationaux et d’aide à la décision aux Etats-Unis, prévoit aussi une reprise de la croissance du secteur des hydrocarbures, une baisse de l’inflation et du chômage dans les prochaines années. Il prévoit des perspectives économiques positives pour l’Algérie à moyen et long termes. Il a consacré son analyse au risque souverain de l’Algérie ainsi que sur sa situation économique actuelle et ses perspectives.
Dans ce document, les Américains parlent du nouveau plan quinquennal 2009-2014 qui «devrait se traduire par une hausse des investissements et des dépenses sociales et le confortement de la croissance économique» grâce notamment aux «bonnes perspectives des cours du pétrole et la reprise attendue de l’économie mondiale qui favoriseront l’Algérie en lui permettant d’engager des investissements robustes, d’avoir une demande interne plus importante et une production d’hydrocarbures en hausse». Toutefois, la dépendance de l’économie algérienne des hydrocarbures est, encore une fois, confirmée. S’agissant de la situation financière et monétaire, IHS Global Insight observe tout d’abord que la politique de désendettement externe et interne engagée par l’Algérie a permis à sa politique budgétaire de faire face au choc de la crise financière mondiale.
Pour ce qui concerne le système bancaire, il considère que ce dernier continue à être modernisé et que d’autres réformes devront se poursuivre dans ce secteur. «Un bon espoir sur l’attractivité de l’Algérie des investissements directs étrangers (IDE) à moyen et long termes, notamment par l’amélioration de la situation sécuritaire», selon le cabinet américain IHS Global Insight.
PME : des difficultés persistent
Afin de permettre à l’entreprise algérienne de participer à la mise en œuvre du nouveau plan quinquennal 2009-2014, le gouvernement s’est fixé pour objectif de créer un million de PME durant le plan d’action prévu pour la période considérée, et ce, pour relancer de nombreux secteurs d’activités économiques comme le bâtiment, l’industrie et les services.
Il a donc introduit des facilitations aux entreprises algériennes, telles la création de fonds de garantie régionaux, l’augmentation des montants de garantie à l’investissement qui passent de 50 à 250 millions de dinars, la bonification du taux d’intérêt des crédits aux jeunes promoteurs, la défiscalisation de la recherche et de l’innovation, etc. Cependant, certains analystes estiment que la création de PME en Algérie rencontre de nombreux écueils dont le plus important est celui lié au financement.
Les entreprises de cette taille ont plus de difficultés à avoir accès à des crédits bancaires d’investissement que les grandes entreprises. L’Algérie a cumulé le plus mauvais score dans une étude sur le financement des PME dans les pays du Bassin méditerranéen, réalisée par l’institut européen Anima Network Investment.
Avec une note de 2,5 seulement, elle ne devance que la Syrie (1,7) et la Palestine (2,3) dont la situation est instable du fait de la conjoncture géopolitique et dont le score est très proche de celui de l’Algérie qui jouit pourtant de bien meilleures conditions. Et même quand les projets arrivent à maturité, ils résistent difficilement. D’ailleurs, le taux de mortalité des PME est de 10% annuellement. Autant dire que le climat des affaires est loin d’être favorable aux PME en Algérie.
Oléiculture : le moteur sera-t-il huilé ?
Le ministère de l’Agriculture et du développement rural, dans sa perspective d’augmenter la production oléicole, s’est fixé comme objectif d’atteindre une superficie de un million d’hectares d’oliviers d’ici à 2014. Les investissements consacrés au programme 2010 s’élèvent à 52 millions de dinars, soit 70 000 DA l’hectare. Ces plantations, initiées par la DSA en collaboration avec la conservation des forêts, seront concrétisées à travers plusieurs programmes et toucheront plusieurs wilayas. Cette opération devrait permettre d’augmenter la consommation de l’Algérien en la matière qui est de 5 litres d’huile/an/habitant, loin de la moyenne mondiale qui est de 16 l/an/habitant encore en deçà des populations des pays du pourtour méditerranéen, tels les Italiens qui, eux, consomment 30 l/an/habitant. Une baisse de consommation due à la baisse de production laquelle a pour cause les conditions climatiques, mais aussi des erreurs humaines, à savoir l’abattage d’oliviers, plusieurs fois centenaires pour certains, afin de construire des logements ou faire passer une voie de chemins de fer. L’huile d’olive est ainsi devenue un produit de luxe.
Source Infosoir Mohamed Mahdjane
Le Pèlerin