Bicentenaire de la naissance de l’Emir Abd-el-kader (3/6)
Le Centre de presse a reçu, jeudi dernier, le président de la Fondation Emir Abdelkader, M. Mohamed Boutaleb, et les membres du conseil scientifique de la Fondation. La tenue de la rencontre a été axée sur la commémoration du 200e anniversaire de la naissance du grand homme d’Etat que fut
Abd-el-Kader ne tarda pas à se faire de nouveaux partisans et à rappeler à lui les tribus qui l'avaient abandonné. Ayant appris le peu de succès de la première expédition de Constantine menée par les français, il crut le moment propice pour commencer les hostilités dans la province d'Oran ; il sut bientôt que le général Bugeaud devait marcher contre lui ; mais ce général, éprouvant quelques difficultés dans les moyens de transport, et voulant restreindre les hostilités à la province de Constantine, qui allait être le théâtre d'une seconde expédition, fit en 1837, avec l'émir, le traité de Tafna, qui sera par la suite source de malentendus.
Les critiques experts dirent que cette convention rendait l'émir maître de l'ancienne régence d'Alger, moins la province de Constantine ; que dans chacun des articles on le traite d'égal à égal, et on reconnaît sa souveraineté indépendante ; que la convention n'a aucune garantie, puisqu'elle repose uniquement sur le caractère moral et religieux d'Abd-el-Kader, etc., etc.
Après l'échange du traité, le général Bugeaud fit proposer une entrevue à l'émir pour le lendemain. Le rendez-vous était à neuf heures du matin, à trois lieues des bords de la Tafna. Le général y fut à neuf heures, accompagné de six bataillons d'infanterie, de dix escadrons de cavalerie et de quelques pièces de campagne. L'émir n'y vint pas à l'heure convenue. Vers deux heures, des cavaliers arabes annoncèrent qu'il avait été malade et marchait lentement que si le général s'impatientait, il pouvait pousser en avant. Les français marchèrent sans défiance plus d'une heure dans le détour d'une gorge étroite, entrecoupée de collines. Enfin le général aperçut l'armée arabe, rangée en bon ordre sur des mamelons épars. La maladie de l'émir était feinte, et le général français avait l'air d'être venu pour lui rendre hommage. Les officiers de l'escorte eurent quelques moments d'hésitation, se croyant dans un guet-apens; Bou-Amedy, chef de la tribu des Oulanahs, qui marchait au milieu d'eux, s'en aperçut et dit au général Bugeaud : " Sois tranquille, n'aie pas peur. — Je n'ai peur de rien, répondit le général, je suis accoutumé à vous voir en face. Seulement je trouve indécent que ton chef m'ait fait venir de si loin et m'ait fait attendre si longtemps. » L'émir était entouré de 150 à 200 chefs, revêtus de riches costumes et montés sur de magnifiques coursiers. Abd-el-Kader les précédait de quelques pas, guidant un beau cheval noir, merveilleusement dressé ; tantôt il l'enlevait des quatre pieds à la fois, tantôt il le faisait marcher sur les deux pieds dé derrière. Dès qu'il fut à portée de la voix, le général Bugeaud lance son cheval au galop, et arrive sur l'émir en lui tendant cavalièrement la main; celui-ci la presse fortement et lui demande des nouvelles de sa santé.
« Très-bonne, et la tienne ? » répondit le général, qui met pied à terre et engage Abd-el-Kader à en faire autant. Après quelques minutes d'un entretien insignifiant : « As-tu ordonné, dit-il, de rétablir les relations commerciales à Alger et autour de toutes nos villes ?
— Non, je le ferai dès que tu m'auras rendu Tlemcen.
— Je ne puis le faire qu'avec l'approbation de mon roi.
— Combien faut-il de temps pour avoir cette approbation ?
— Il faut trois semaines.
— C'est trop long, interrompit Ben-Arrach, lieutenant de l'émir, qui s'était approché : dix à quinze jours suffisent.
— Est-ce que tu commandes à la mer ? répliqua Bugeaud.
— Nous attendrons jusqu'à ce jour, dit l'émir.
— Tu ne fais tort qu'aux tiens, répliqua Bugeaud, en les privant du commerce dont ils ont besoin. Quant à nous, nous pouvons nous en passer, puisque nous recevons par la mer tout ce qui nous est nécessaire. »
Ainsi se termina cette entrevue qui fut sans résultat, car elle avait été sans but.
Par cette convention, la France reconnaissait son autorité sur l'ensemble du beilik de l'Ouest (sauf Oran, Arzew, Mostaganem et Mazagran), sur le beilik du Titteri et sur la province d'Alger (à l'exception d'Alger, de Blida ainsi que de la plaine de la Mitidja et du Sahel algérois). Dans ces territoires, les deux tiers de l'Algérie, Abd El-Kader s'efforce d'organiser un État indépendant et souverain, sur une base religieuse, embryon de l'état algérien moderne
Reprise de la guerre avec les Français
L'expédition des « Portes de fer », en pays kabyle
Le 5 mai 1839, il demanda et obtint l'appui de l'empereur du Maroc, ainsi que la concession du territoire situé entre Ouchda et la Tafna.
Il voulut annexer le Constantinois en y nommant un « khalifa ». En réaction, la France organisa l'expédition des « Portes de Fer » en octobre 1839, expédition qui fut considérée comme une violation du Traité de la Tafna. À partir de ce moment, la guerre reprit avec violence. Au mois d'octobre, dans l'ouest de la Mitidja il prend en embuscade le commandant Raffet et une centaines de soldats français; ces derniers marchent contre lui et reprennent Cherchell, Mildah, Milianah, etc.