Bicentenaire de la naissance de l’Emir Abd-el-kader (1/6) 
Le Centre de presse a reçu, jeudi dernier, le président de la Fondation Emir Abdelkader, M. Mohamed Boutaleb, et les membres du conseil scientifique de la Fondation. La tenue de la rencontre a été axée sur la commémoration du 200e anniversaire de la naissance du grand homme d’Etat que fut

L'émir Abd El-Kader est né en 1808 près de Mascara en Algérie - décédé le 24 mai 1883 à Damas Syrie, est un écrivain, poète, philosophe, résistant militaire et homme politique, fondateur de l'État algérien. Il se trouve aussi être un ami Napoléon III
Son père, Sidi Mahieddine, était un cheikh de l'ordre soufi Qadiri, sa mère, Zora, une femme savante de toute la contrée. Il naquit à La Zaayah, une école religieuse de la Guyathnali (les Tentes), à quatre lieues de Mascara, à gauche de la route qui va d'Oran à cette ville. La date la plus probable de sa naissance est le 6 mai 1807.
Éducation musulmane
Il eut une éducation religieuse musulmane. Abd-el-Kader était à peine âgé de huit ans que son père l'emmena avec lui dans un voyage qu'il fit à la Mecque. À leur retour, Ahmed-Bilhar, homme lettré et frère de Mahieddine, prit chez lui le jeune pèlerin et se chargea de son éducation, qui consista dans l'étude du Coran, les principes des sciences physiques et morales de la politique, de la géométrie et de l'astronomie, la gymnastique, l'exercice du cheval et le maniement des armes.
Voyages
Mahieddine fit une seconde fois le voyage de la Mecque avec son fils. C'était en 1820, le capitaine Jovas, commandant le Castor, brick du commerce français, prit à son bord le père et le fils, avec un certain nombre d'aspirants au titre de hadj, et les transporta à Alexandrie. Mahieddine et son fils, après avoir visité la Mecque et Médine, allèrent faire leurs dévotions à Bagdad, au tombeau du célèbre marabout Sidi Abd-el-Kader-el-Djelani, qui a des chapelles (koubbah) par toute l'Algérie et notamment à Alger. Ils recueillirent précieusement tout ce qui pouvait intéresser les populations du désert, et à leur retour ils racontèrent de vieilles légendes, d'anciennes prophéties, qui annonçaient qu'Abd-el-Kader deviendrait un jour le sultan des Arabes.
Pendant son séjour en Égypte, Abd-el-Kader avait été frappé des changements que Méhémet-Ali venait de faire subir à son armée et des améliorations apportées dans l'administration de ses états; il se sentit un immense désir de le prendre pour modèle, et son père l'encouragea dans ses idées.
Réfugiés tous deux dans leurs tentes, ils passaient leurs journées en prières. La vénération qu'ils s'étaient acquise avait tellement grandi, que les Arabes arrivaient en foule au Douar des Hachem, apportant comme offrandes du grain, du bétail, des chevaux, de l'or, de l'argent et des armes. C'est de cette époque que datent les nombreuses richesses d'Abd-el-Kader et sa haute influence sur toute la contrée.
Hassan-Bey, voulant mettre enfin un terme à ces menées révolutionnaires, prononça la peine de mort contre le père d'Abd-el-Kader ; mais il était trop tard.
L'arrivée des Français
La prise d'Alger par les Français venait de porter un coup terrible à l'empire des deys et à la domination turque. Le vieux marabout déchira le voile qu'il n'avait fait qu'entrouvrir et se mit à prêcher la guerre sainte. Des milliers d'Arabes accoururent et se rangèrent sous ses ordres ; on vit bientôt le puissant gouverneur d'Oran, Hassan, réduit à demander asile à celui dont il avait mis la tête à prix. Le marabout allait lui offrir l'hospitalité et ses services mais Abd-el-Kader s'y opposa énergiquement, et le bey d'Oran dût se rendre quelques jours après aux troupes françaises.
Mahieddine, choisi comme chef de l'insurrection arabe, marcha avec ses troupes contre la garnison turque de Mascara, et la massacra sans pitié ; plus tard il combattit les Français sous les murs d'Oran, et y déploya un grand courage. Le jeune Abd-el-Kader s'y distingua particulièrement ; il semblait être à l'abri des balles et des boulets; il eut deux chevaux tués sous lui. Le burnous blanc qu'il y portait, et qui y fut rougi du sang des siens, a été conservé comme une relique.
Depuis la prise d'Alger, le parti arabe semblait avoir recouvré sa liberté, mais il était pour ainsi dire sans chef : Mahieddine, tout influent qu'il était, n'était pas souverain. Quelques tribus ne lui obéissaient pas. D'un autre côté les Arabes voyaient avec inquiétude la conquête française s'étendre. La soumission d'Ibrahim, bey de Mostaganem, acheva de les décourager ; il y eut une assemblée générale des chefs de tribus pour procéder à l'élection du sultan des Arabes. Le rendez-vous eut lieu dans la plaine de Ghris, dans un lieu nommé Ersebia. Il fut question de nommer Mahieddine ; mais celui-ci leur dit que le marabout Sidi-el-Arrach était plus digne que lui d'un si grand honneur. Le conseil se retira pour se réunir le lendemain. Ce jour-là, on vit arriver Sidi-el-Arrach : Frères, dit-il, en élevant les mains vers le Ciel, cette nuit, le célèbre marabout Mahi Abd-el-Kader m'est apparu au milieu de sa gloire, et m'a dit : « Sidi-el-Arrach, retiens bien ces paroles d'où dépend le salut de notre race. Je ne connais qu'un seul homme qui, par ses vertus, son courage et son intelligence-, soit digne de commander aux Arabes : c'est Abd-el-Kader, troisième fils de Mahieddine. Je t'ordonne donc de répéter demain au conseil ce que tu viens d'entendre. Allah et son prophète s'intéressent à la cause de ses enfants et veulent qu'elle triomphe. »…Mahieddine intervint alors et ajouta : « J'ai entendu les mêmes paroles que Sidi-el-Arrach, et j'ai reçu les mêmes ordres, mais je mourrai dans l'année qui suivra l'avènement de mon fils. Telle est la prophétie de mon aïeul. »