Algérie - La fin des années de solitude , la renaissance
3 ème épisode
la Côte, le Balcon sublime de l'Afrique
D'el Kala à l'est jusqu'à Ghazaouet à l'ouest(voir première photo ci-dessous) s'étire le littoral le plus sauvage de la Méditerranée. Quelques photos...

A l'ouest d'Oran, près de Béni Saf, le cap d'Acra
A l'ouest d'Oran, près de Béni Saf, le cap d'Acra s'avance dans la mer en un à-pic vertigineux. Avec ses îlots minuscules, ses falaises plongeantes, ses petites criques et grottes marines et sa mer turquoise, cette partie de la côte est dominée par les monts des Traras. En mai 2006, Nicolas Hulot s'est rendu dans la région pour soutenir le projet algéro-français de création d'un parc naturel maritime. Centré sur les îles Habibas à l'est et s'étendant jusqu'à l'île de Rachgoun, au large du Cap d'Acra, le site présente en effet un intérêt majeur comme frayère et aire de propagation de plusieurs espèces marines. Certaines, devenues très rares en Méditerranée, y trouvent encore refuge, comme le phoque moine, le goéland d'Audouin, le cormoran huppé et le faucon d?Eléonore.
Tipasa 
Les escaliers de pierres sèches qui mènent aux ruines, les lentisques, les genêts et la mer sans ride.. «Ici, écrivait Camus dans son magnifique « Noces à Tipasa », nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir.» Aujourd'hui encore, Tipasa reste le lieu de prédilection des couples d'amoureux qui y trouvent un havre propice, loin des regards furieux et des propos acerbes d'une société conservatrice. A 70 km à l'ouest d'Alger, cette ville romaine avec son amphithéâtre, son forum, se: temples, ses villas, sa basilique et sa nécropole, est aussi le site archéologique le plus célèbre d'Algérie. Il a été inscrit en 1982 au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Son intégrité a été cependant menacée lorsque le petit port de Tipasa devint, au début des années quatre-vingt, siège de wilaya (préfecture), et qu'il se couvrit peu à peu de bâtiments administratifs et d'habitations. Le lieu fut répertorié par l'Unesco, de 2002 à juillet 2006, sur la liste des sites du patrimoine mondial en péril. Bejaïa 
Le Cap Carbon prés de Bedjaïa avec votre serviteur Savez-vous d'où vient le nom «bougie» ? D'ici, de Bejaia (Bougie en français), une ville réputée au XIIIème siècle pour la fabrication de ses petites chandelles en cire d'abeille. Longtemps isolées par les montagnes de la petite Kabylie qui l'enserrent, Béjaïa et sa région, à 260 kilomètres à l'est d'Alger, connaissent, ces dernières années, un réel essor économique dont témoignent le port marchand et pétrolier ainsi que l'aéroport international. La beauté des plages et de la montagne, le charme de la ville et de ses monuments historiques ont favorisé la construction d'infrastructures touristiques. Chaque été, des touristes, dont de nombreux émigrés originaires de la région, viennent y profiter du soleil
Au pied de ces falaises, les poissons, dit-on, meurent de vieillesse

C'est une Méditerranée immuable, qui se cache au pied des imposantes falaises du littoral algérien, depuis El Kala à la frontière tunisienne, jusqu'à Ghazaouet à la lisière du Maroc. Des criques et des plages encore protégées des hordes de touristes. Ici, les routes sont rares et seuls les champs cultivés viennent flirter avec le vide au bord d'une fabuleuse corniche verticale. Le littoral algérien, balcon méditerranéen en terre africaine, imite les plus sauvages portions de notre côte atlantique. «C'est une zone protégée et libre, explique le photographe Yann Arthus-Bertrand qui l'a survolée en hélicoptère. Les villages n'ont pas été bétonnés et à l'abri de criques, on découvre des cimetières marins.»
Tout au long de ces 1200 kilomètres de rivage, surgissent des territoires en friche et des ruines de cités antiques admirablement conservées. Les fonds sous-marins, eux, sont à l'image de la côte : vierges. Faute d'intervention de l'homme, les poissons, dit-on ici, meurent de vieillesse ! Au pied des falaises, les thons croisent les mérous géants au-dessus du corail rouge et des derniers herbiers de posidonie qu'on trouve en Méditerranée. Sur les îlots et les rochers se pressent des colonies d'oiseaux marins - goélands d'Audoin, faucons d'Eléonore, puffins cendrés... D'ailleurs, ne surnomme-t on pas les îles Habibas, au nord-ouest d'Oran, à 5 miles nautiques de la côte, les «Galapagos de la Méditerranée».
«La côte algérienne sera une destination touristique importante pour le pays», précise encore Yann Arthus-Bertrand. Effectivement. Les autorités sont conscientes de l'atout économique majeur que représente l'exceptionnel patrimoine naturel de leur pays, sinistré par le marasme des années quatre-vingt-dix. Mais que feront-elles de cet atout ? Un bétonnage massif, façon côte d'Azur française ou Murcie espagnole ? Les autorités sont conscientes du risque.
L'extension des villes, anarchique et gourmande en ressources, menace la côte. Elles se sont dotées en 2002 d'une loi littoral, destinée à protéger les rivages. Mais que pèse cette loi face à l'explosion démographique et sa conséquence, l'extension parfois anarchique des villes du bord de mer ? Les chiffres avancés par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement sont impressionnants : 44% de la population s'entasse sur une zone côtière représentant 2 % du territoire ! Cette concentration humaine n'est pas sans conséquence pour le milieu naturel. Les eaux usées urbaines sont directement rejetées dans la mer sans avoir subi de traitement préalable. Quant aux plages, la plupart sont déjà rognées par une surexploitation du sable qui sert de matériau de construction. Certaines perdent ainsi plusieurs mètres chaque année...
A suivre
Source GEO; information relayée par :
Le Pèlerin