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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

cirque-de-gavarnie.jpg

Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 08:21
Les belles oasis d'Algérie...
oasis-la-saoura.jpg
      
   
Celle de Laghouat...L'écrivain et peintre Eugène Fromentin vécu un certain temps à Laghouat, en 1853, et mieux que quiconque il sut décrire cette ville, son climat, son charme, son ambiance, ses habitants et la faire aimer comme elle le méritait
L'origine de la présence humaine à l'emplacement de Laghouat remonte à la nuit des temps, tous ceux qui se sont penchés sur ce sujet sont d'accord. Un oued arrosant des terres fertiles au milieu d'une zone aride, des collines faciles à défendre, un des passages obligés pour les caravanes qui vont de l'Afrique noire à la Méditerranée. Rien de tout cela n'a pu échapper à des hommes en quête de sécurité et de moyens de subsistances dans le milieu hostile qu'est le Sahara.
... S'il n'existe pas d'archives, ou de certitudes, nous trouvons néanmoins dans cette région comme dans toute l'Algérie des vestiges préhistoriques ainsi que des ruines attribuées aux passages de civilisations en milieu Berbère, notamment les Romains et les Arabes.
Laghouat, la porte du désert, est une magnifique oasis, un lieu de rencontre entre sédentaires vivant de l'agriculture, de l'artisanat et du commerce, et nomades, trouvant là une étape idéale pour les échanges et le repos.
L'armée française prit Laghouat en 1852, après un siège et des combats meurtriers où à la tête de leurs hommes s'illustrèrent bien des officiers. De nombreuses voies ou édifices de la ville portaient leurs noms : Pélissier, Morand, Bouscaren, Du Barail, Margueritte et bien d'autres encore.
C'est aux deux premiers commandants de la place, d'abord le général Du Barail puis le général Margueritte, que revient le mérite d'avoir reconstruit la cité. C'était une ville saharienne, toute entière de construction française, seules les ruelles desservant les jardins de l'oasis échappaient à cette règle.
Après la prise de Laghouat, le général Du Barail raconte qu'il a déblayé tant bien que mal, les ruines de la ville primitive après les combats qui nous amenèrent à prendre possession de ce point stratégique, qui devait servir de base pour aller plus loin vers le sud. Sous son impulsion on se mit au travail, sans même attendre les ordres du gouverneur général de l'Algérie, on fabriqua des briques, on tailla les pierres, on commença les installations nécessaires à l'armée et à l'administration.
Sur les deux plus hautes collines il planta, à l'est à la place de la tour Abdallâh, le fort Morand au pied duquel on pouvait voir le Marabout Abd El Kader où les Berbères et les Arabes venaient en grand nombre faire leurs dévotions. A l'ouest il construisit le fort Bouscaren. Les noms donnés à ces deux édifices furent ceux d'officiers morts lors de la prise de la ville.
Sur la place Randon, plantée de magnifiques palmiers, se dressait l'hôtel du commandant supérieur entouré de tous côtés de galeries, le cercle militaire des officiers supérieurs de la garnison, les bureaux de l'annexe, la mairie, la poste et le trésor public.
La place d'Alger précédée d'un très agréable jardin, offrait un spectacle coloré, on pouvait y trouver les produits de l'artisanat local : tapis, robes, bracelets, hailks, djellabas suspendus aux grilles du jardin et par terre un étalage de choses usagées, fripées, sales, un mélange d'objets indigènes et européens venus on ne sait d'où, c'était les puces locales.
Et dominant la ville l'hôpital militaire construit en briques rouges d'un style bien particulier tranchait avec les maisons blanches des indigènes.
C'est le général Margueritte qui élargit et aligna les rues, il fit pénétrer partout air et lumière. Ses successeurs n'eurent plus qu'à continuer, le plan était tracé, des maisons souvent avec arcades seront construites dans des rues spacieuses et rectilignes
Le quartier Margueritte, la caserne de la ville, avec ses bâtiments de compagnies à arcades, et ses larges dégagements était un modèle du genre, il abritait la plupart des unités de la ville.
L'oasis limitée d'un côté par la ville, de l'autre par le désert et l'oued M'zi était entourée de murs comme un parc, bien divisé en compartiments comme une multitude de petits vergers, tous clos, avec plusieurs étages de végétation, au sommet les palmiers puis les arbres fruitiers, enfin au sol les cultures maraîchères et les fleurs.
L'oasis ressemblait à une ville, elle était resserrée, compacte, sans clairière et subdivisionnée à l'infini, chaque enclos était entouré de murets trop élevés pour que la vue passe au-dessus. Il en résultait que une fois enfermé dans l'un de ces jardins, on était enfoui dans la verdure, avec quatre murs de torchis pour horizon. Tous ces petits vergers contigus, au-dessus desquels se déployaient quinze à vingt mille palmiers, formaient un véritable jeu de patience, un labyrinthe, dont il fallait avoir le plan pour en sortir, il était impossible pour un étranger de s'y retrouver.
Les jardins étaient également parcourus par un ingénieux système de canaux d'irrigation partant de seguias, qui permettait d'alimenter en eau chaque parcelle à tour de rôle, sans aucun gâchis d'eau, dans une région où elle était si précieuse.
L'écrivain et peintre Eugène Fromentin vécu un certain temps à Laghouat, en 1853, et mieux que quiconque il sut décrire cette ville, son climat, son charrne, son ambiance, ses habitants et la faire aimer comme elle le méritait.
Source El Watan
Le Pèlerin


 
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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 17:05

Sud algérien - Hassi Messaoud - Projet de réalisation de «superpotagers»jardin-hassi-messaoud.jpg

 

Des «superpotagers», destinés à l'autoproduction de légumes frais autour des bases de vie, lancés dans la région de Hassi Messaoud, dans la wilaya de Ouargla, commencent à porter leurs fruits, selon l'un des promoteurs du projet.

Le projet, initialement conçu pour le développement d'une petite agriculture familiale vivrière en régions tropicales, a été expérimenté, «avec déjà des signes de succès», au niveau des sites de Hassi Khouildet et Hassi Réda, a expliqué Mohamed Bouchentouf. Les premiers fruits de cette expérience lancée fin février dernier, devront être cueillis au courant de cette semaine, a souligné M. Bouchentouf, directeur de projet à Pro-Natura International Paris, copartenaire de ce programme en Algérie, avec l’association Stop Hunter France, JTS Semences France et Sodexo Algérie.
Développé sur des planches d'à peine 60m 2 chacune séparées par des tranchées drainantes, dotées de systèmes d'irrigation très économes en eau, le projet de superpotager permet, avec une technique de fertilisation du sol au biochar et sous un voilage permettant de créer un microclimat et une rétention d'eau indispensable à la culture, de produire divers légumes frais, et ce, toute au long de l'année, a précisé M. Bouchentouf.
«L'opération, qui a donné lieu à Hassi Messaoud à des cycles moyens de production d'un mois, pourrait être adoptée pour l'autosuffisance des petits ménages dans le cadre du développement rural, sur la base d'une simple formation sur cette technique culturale, tout à la fois économique et simple à réaliser», a-t-il estimé. «Tout en mettant en valeur les terres, le projet permet de produire au quotidien, sur une surface de 60 m2 seulement, tous les éléments nutritifs nécessaires à une parfaite alimentation pour une famille de 10 personnes», lit-on dans une note de présentation du projet. «Le kit nécessaire à l'exécution du projet comprend les semences adaptées, les amendements du sol, le matériel d’irrigation, les équipements innovants, avec des semences ne contenant pas d’OGM», est-il ajouté.
La production est constante toute l’année, indépendamment des saisons avec un cycle très régulier de 45 jours quelle que soit la saison. Le système permet une réduction de la consommation d’eau de plus de 80% et limite le travail nécessaire à deux heures par jour.
L'objectif recherché est de réduire le grand déficit en production de légumes frais par rapport à une démographie croissante et des flux migratoires importants, de permettre une meilleure valorisation des ressources en eau et de redynamiser des systèmes vivriers associés à la palmeraie traditionnelle.
Il s'agit aussi de développer et de diversifier les cultures prometteuses à forte valeur ajoutée, de favoriser des ceintures vertes autour des centres de vie visant une production locale pour une consommation locale et de maîtriser les périodes de productions en contre-saison, selon la même note de présentation.

Source Infosoir R.L. / APS

Le Pèlerin

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 08:58

Lutte contre la désertification : Un défi mondial

Le choix de Timimoun comme capitale des Déserts du monde est motivé par sa biodiversité. Dans une déclaration, Cherif Rahmani a indiqué que la fondation Déserts du monde a, parmi ses objectifs, de mobiliser des ressources auprès des gouvernements, des institutions internationales, des entreprises et des particuliers pour promouvoir des actions à l’échelle locale, régionale et internationale afin d’aider les populations à lutter contre  la désertification.

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Tinerkouk (Timimoun)

 

Dans un souci de préserver cet écosystème fragile de l’ensablement et dans le cadre de la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre la fondation et l’ambassade du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord à Alger, une opération de boisement a été lancée au niveau de l’aire protégée de Tinerkouk en 2009. Gnacadja a relevé qu’en 2010, l’Afrique a importé pour 33 milliards de dollars en denrées alimentaires, ce qui représente «plus que ce que le continent a reçu comme aide au développement». Il exhorte les gouvernements à travailler ensemble et investir davantage dans les zones sèches et arides. «Les gouvernements doivent élaborer des programmes ciblés qui soient intégrés dans les plans nationaux de lutte contre la pauvreté et de sécurité alimentaire et que les populations soient au cœur de ses programmes. Les pays développés, qui se sont engagés à soutenir la convention, doivent le faire à travers des transferts technologiques et des ressources financières.»

Parlant de la dégradation des terres, il a indiqué que plus de la moitié des terres de l’Afrique sont sèches, soulignant que si le rythme de dégradation actuelle se poursuivait, l’Afrique risquerait de perdre les deux tiers de ses terres arables à l’horizon 2025. C’est le continent où la population croît le plus et où la sécurité alimentaire reste un défi. «La crise financière est une occasion à ne pas rater pour mieux investir avec efficience», dira-t-il. La sensibilisation reste toutefois à améliorer surtout dans les pays développés. Il relève «une erreur de perception» : beaucoup pensent que la désertification est un problème des pays du Sud, alors que partout où nous perdons des sols, «c’est une ressource commune que nous perdons». C’est un défi commun.  La décennie a été décidée pour accroître cette sensibilisation et mobiliser plus d’actions concertées au niveau de la communauté internationale.  
Selon lui, il y a une relation directe entre dégradation de l’environnement et migration.   
Source El Watan Kamel Benelkadi

Le Pèlerin

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 06:48

Femmes de l’ombre
Tin-Hinan, reine des Touareg

 

Tin-Hinan, cette femme énigmatique, dont l’existence nous a été révélée par la tradition orale et dont le nom voudrait dire «celle qui vient de loin» ou «celle qui se déplace», aurait été la mère fondatrice du peuple touareg. A travers les récits et les chants véhiculés par ses descendants, les hommes du désert, on peut retrouver son image : «Une femme irrésistiblement belle, grande, au visage sans défaut, au teint clair, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l’ensemble évoquant à la fois la beauté et l’autorité».
Lorsqu’elle est arrivée dans le Hoggar, « «elle venait de loin», indique son nom. Les chercheurs ont localisé cette origine chez les Bérâbers (Berbères) du Tafilalet, une contrée présaharienne du sud marocain qui devait être plus verdoyante qu’aujourd’hui.
Pourquoi quitta-t-elle ces lieux ? Personne ne peut le dire. Alors rêvons un peu et regardons la situation de la région au cours de ces années lointaines. Au IVe siècle, le nord de l’Afrique, et en particulier la Numidie, est dominé par la puissance romaine qui a adopté la religion chrétienne à laquelle s’est converti l’empereur Constantin. Cette Numidie, dont le nom pourrait venir de nomade, est alors le théâtre de révoltes contre le pouvoir romain. Diverses tribus circulent entre la côte méditerranéenne et les régions plus au sud, colportant non seulement des produits divers mais aussi des informations. Quelques membres de la tribu marocaine des Bérâbers, avec Tin-Hinan, ont-ils quitté la région pour des raisons de conviction ou de politique ? Première hypothèse.
Autre hypothèse : un conflit personnel au sein de la famille ou de la tribu qui aurait incité Tin-Hinan à fuir loin de son milieu d’origine. Une femme intelligente, une femme d’autorité qui prend la décision de partir... pourquoi pas ?
Deux femmesdans le désert
Ce que l’on sait, grâce à la tradition orale rapportée par le Père de Foucault qui l’a recueillie dans le Hoggar, c’est qu’elle ne fut pas seule à faire le trajet mais qu’elle se rendit dans ce haut massif du Sahara algérien en compagnie d’une servante nommée Takamat. Ces deux femmes étaient-elle accompagnées d’hommes pour ce voyage aventureux ? Rien ne le dit mais c’est vraisemblable. Traverser le Sahara était une aventure périlleuse, même si ce désert brûlant, dont le nom en arabe signifie le Fauve, connaissait un climat moins aride qu’aujourd’hui. Les vallées, les plaines, les squelettes de rivières, témoignent qu’une réelle végétation existait autrefois, tandis que les peintures rupestres indiquent que des chevaux y circulaient et que les chasseurs y trouvaient du gibier.
Imaginons ces deux femmes effectuant leur trajet à travers le désert. Sans doute ont-elles une monture : dromadaire, cheval, âne ( ?) qui leur permet d’éviter de trop grandes fatigues et quelques bêtes comme des moutons et des chèvres qui leur offrent le lait et la nourriture dont elles ont besoin. Comment auraient-elles pu survivre sinon ? On sait que le chameau a fait son apparition en Afrique au IIe siècle, venant de Libye, et que sa résistance permettant de longues marches a transformé la vie des nomades. Dans le Tafilalet et notamment à Sijilmasa, grand lieu de rencontres commerciales, les caravanes chamelières faisaient halte. Bien que les Touaregs disent n’avoir connu le chameau qu’après leur arrivée dans le Hoggar, il est possible que pour ce voyage, Tin-Hinan ait utilisé un de ces vaisseaux du désert dont le pas lent et sûr inspire confiance et qui reste encore de nos jours pour les Touaregs, leur moyen de transport favori, leur monnaie d’échange, l’insigne de leur richesse.
« J’ai pris ma longe et ma cravache au cuir tanné
et, voulant fuir ce lieu avant la fin du jour, j’ai saisi mon chameau.
Jusqu’à ce que s’apaise le vent d’après l’orage, il avait pâturé en un lieu agréable
où l’herbe d’emshéken était entremêlée de pousses d’ämämmän.
J’ai attaché ma selle ornée d’embouts de cuivre, qu’a fabriqué pour moi un artisan habile, douce pour la monture et pour le méhariste... « (poème touareg).
On trouve, dans les peintures rupestres du Sahara, la trace d’une «route des chars» très ancienne, dont le trajet permet de trouver des mares, des puisards ou des oueds. La petite cohorte de Tin-Hinan a dû l’emprunter pour se procurer cette denrée rare, l’eau, dont un proverbe dit : aman iman, «l’eau, c’est l’âme» . Les voilà donc suivant ce tracé. Les jours passent, lentement. Parfois, la petite troupe aperçoit quelques nomades, pillards possibles, qu’elle évite soigneusement. Les heures de la journée sont chaudes et les voyageurs du désert qui subissent la brûlure du ciel accueillent la nuit avec soulagement. La pause du soir est bienvenue, surtout si elle se situe près d’un point d’eau et d’un pâturage. Les outres se remplissent et les bêtes se régalent. Il faut faire vite car l’obscurité tombe d’un seul coup. Tin-Hinan connaît les principales étoiles, elle consulte le ciel pour trouver sa future direction. On dresse une tente faite de peaux de chèvres tendues sur des arceaux. Le repas est frugal : une bouillie de farine mélangée au lait que l’on vient de traire.
Un jour, enfin, le sable s’estompe et la roche granitique, surmontée de crêtes et de pitons, apparaît. Il faut contourner les montagnes, se faufiler dans les vallées, trouver les trous qui ont conservé l’eau de pluie, et surtout faire manger les animaux. Région magnifique, mais aride et difficile. Pourtant, c’est là que Tin-Hinan s’installe. L’oasis d’Abessala, près de Tamanrasset, lui offre l’hospitalité de ses eaux et de ses pâturages. Y rencontra-t-elle d’autres habitants ? D’après Henri Lhote, qui a écrit de nombreux ouvrages sur l’Ahaggar (Hoggar), le pays aurait connu une population nombreuse, attestée par les palmeraies de Silet et d’Ennedid et des puits creusés avant l’arrivée de Tin-Hinan. Cette population noire, les Isebeten, ayant presqu’entièrement disparu, Tin-Hinan n’aurait pas eu besoin de se battre pour conquérir ces lieux devenus inhabités.
Que se passa-t-il dans les années qui suivirent cette installation dans le Hoggar ? Qui fut le père des enfants de Tin-Hinan ? Un compagnon venu avec elle du Tafilalet ? Un noble voyageur originaire de Libye ou d’Egypte ? Ou simplement un survivant de ces habitants qui occupaient les lieux précédemment ? Le nom de ce «père» n’est pas resté dans les récits véhiculés par la tradition. Mais, chez les Touaregs, la femme jouit d’un statut privilégié et le matriarcat est de règle, ainsi donc, n’est retenue que la descendance féminine.
" L’antimoine enténèbre ses paupières sombres "
D’après la légende, Tin-Hinan aurait eu trois filles : Tinert, l’antilope, ancêtre des Inemba ; Tahenkot, la gazelle, ancêtre des Kel Rela ; Tamérouelt, la hase, ancêtre des Iboglân.
De son côté Takama, la servante, aurait eu deux filles qui reçurent en cadeau de Tin-Hinan les palmeraies de la région que possèdent toujours leurs descendants.
Les voilà donc installés dans l’oasis d’Abalessa. Les tentes blanches se dressent dans ce paysage dominé par le haut massif de l’Atakor. La beauté des paysages, le silence de la nuit, le vent dans les montagnes n’a pu qu’inspirer ces nouveaux venus dans la région. Le tobol (tambour) et l’amzad (violon monocorde) étaient-ils déjà présents à l’époque de Tin-Hinan ? On peut imaginer que cette femme de caractère avait aussi le goût de la musique et de la poésie, tout comme ses descendants et, qu’autour du feu, les habitants du campement montraient leurs dons en ces matières.
Chantez, choristes, chantez pour les jeunes gens !
l’antimoine enténèbre ses paupières déjà si sombres, elle a rehaussé ses sourcils,
elle a orné ses joues de taches claires, pareilles aux Pleïades
Gaïsha, la chanteuse, que se passe-t-il ?
Frappe des mains plus ardemment, frappe le tambourin ! (poésie touarègue)
Tin-Hinan est l’amenokal (possesseur du pays), la reine de ce petit peuple en voie de création. Est-elle, comme le raconte une légende, à l’origine d’une ancienne écriture touarègue, le tifinagh, que l’on a trouvée ici et là gravée sur des pierres ? Ces signes, composés de bâtons (des jambes d’animaux ?) et d’ idéogrammes ronds (visages, soleil, astres ?) servirent-ils de repères pour marquer les routes du désert ? Le mystère n’est pas élucidé.
Si l’on en juge par les découvertes faites au début du XXe siècle, les nouveaux arrivants auraient trouvé à Abelassa un fortin témoignant d’une occupation militaire romaine avec un certain nombre de pièces ayant servi de chambres et de magasins. C’est dans une de ces cavités que Tin-Hinan sera plus tard enterrée et que la mission conduite par M. Reygasse, directeur du musée du Bardo à Alger, la découvrira en 1925.
De Tin-Hinan à la troublante Antinéa
D’après sa description, elle reposait sur un lit sculpté et portait des bracelets d’or et d’argent. A proximité des chevilles, du cou et de la ceinture, s’éparpillaient des perles en cornaline, agate et amazonite. Une écuelle de bois portait la trace d’une pièce à l’effigie de l’empereur Constantin. Ces objets ainsi que le mobilier témoignent des relations qui ont pu se nouer entre les habitants de l’oasis et les voyageurs venus de l’Orient. Tin-Hinan a donc été capable, non seulement de faire ce voyage à travers le Sahara mais aussi de créer les conditions de vie dans les lieux et de nouer des relations commerciales nécessaires à l’enrichissement du peuple né de sa descendance.
Les Touaregs de l’Ahaggar ont donc naturellement conservé le souvenir de cette femme remarquable, et leurs récits, recueillis par le père de Foucault qui vécut en ermite à Tamanrasset au début du XXe siècle, inspira le romancier français Pierre Benoît qui, dans L’Atlantide publié en 1920, met en scène un jeune militaire rencontrant Antinea, une femme énigmatique qui règne sur le Hoggar. «Antinéa ! Chaque fois que je l’ai revue, je me suis demandé si je l’avais bien regardée alors, troublé comme je l’étais, tellement, chaque fois, je la trouvais plus belle.... Le klaft égyptien descendait sur ses abondantes boucles bleues à force d’être noires. Les deux pointes de la lourde étoffe dorée atteignaient les frêles hanches. Autour du petit front bombé et têtu, l’uraeus d’or s’enroulait, aux yeux d’émeraude, dardant au-dessus de la tête de la jeune femme sa double langue de rubis. Elle avait une tunique de voile noir glacé d’or, très légère, très ample, resserrée à peine par une écharpe de mousseline blanche, brodée d’iris en perles noires. Tel était le costume d’Antinéa...»
L’imaginaire de Pierre Benoît nous conduit loin de la réalité et, pour retrouver l’ancêtre des Touaregs, il est préférable de lire des ouvrages scientifiques modernes, mais dans ceux-ci la trace de Tin-Hinan est bien mince. Tin-Hinan reste donc une reine de légende qui préfigure la femme moderne, capable de créer la vie et de gérer le bien public. C’est ainsi que les Touaregs nous ont transmis son image. C’est ainsi que nous avons tenté de la faire revivre
 
Source El Watan
Le Pèlerin 

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3 septembre 2012 1 03 /09 /septembre /2012 08:19

Tourisme saharien - Tamanrasset ou la perle lumineuse


Le Bordj et votre serviteur à Tam


Source L’Expression

Le Pèlerin

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 08:25

Djanet délaissée… étincelante

Tourisme--Djanet-delaissee.jpg

 

Terre des paradoxes, Djanet est troublante de beauté et ne demande qu’un peu d’intérêt et de compréhension. On ne sort pas indemne d’un voyage dans cette oasis paradisiaque. Mais les infrastructures touristiques manquent et la vie quotidienne est rythmée par l’inertie ; et le silence qui hante ses habitants leur pèse parfois, lorsqu’ils ne trouvent rien de distrayant, à part le désert immense et l’horizon plein de promesses.

Lorsqu’on écrit sur un voyage qu’on a entrepris dans des contrées lointaines et méconnues, il est très difficile de distinguer le superflu de l’essentiel, l’anecdotique de l’exemplaire, le futile du nécessaire, le pertinent de l’impertinent, l’intéressant du peu intéressant. Il faut peut-être commencer par le début. Par l’aéroport d’Alger, qui semblait si ordinaire, ce soir-là. Avec le cœur plein, une émotion vraie et un mini-complexe dit du blanc qui fait croire aux personnes qui en sont atteintes qu’elles peuvent changer les autres, en débarquant simplement dans leur vie et la chambouler. Nous avons traîné notre complexe et intolérance, jusqu’à Djanet, à quelque deux mille kilomètres de la capitale, du “centre du monde”, croyait-on. L’avion a atterri à deux heures du matin, donc impossible de constater ce qui nous attendait. La route vers l’hôtel Tadrart situé à Ifri (à trente kilomètres de l’aéroport) est longue, pas du tout éclairée et le froid pénètre les os. Le lendemain matin, c’est le choc ! C’est quasiment l’isolement, n’étaient les quelques habitations par-ci par-là et les dunes de sable. Une route traverse cette localité mais les voitures sont rares et les bus passent quand ils peuvent, et ne s’arrêtent presque jamais. Mais le choix est possible : on peut marcher à pied, faire du stop ou attendre qu’un bus passe par-là et qu’il ait l’obligeance de s’arrêter. En même temps, pour la dernière option, il ne faut pas être pressé, car l’attente peut être très, très longue. Nous avons tout de même réussi à arriver au centre-ville de Djanet, et notre première conception négative a commencé à changer, petit à petit. La ville est construite sur deux niveaux : en bas ce sont les commerces et certaines récentes habitations, et en haut, il y a les ksours : El-Mihane, Zelouaz et Adjahile, qui surplombent et entourent la ville. Le décor est magnifique, et nous n’étions pas encore au bout de nos surprises. Djanet est une ville du Sud, comme toutes les autres, avec ses cafés, ses habitations typées, ses habitants calmes et sereins, sa mairie, sa maison de jeunes, sa maison de la culture (dont la plupart ignorent l’existence) et son marché. Et puis il y a l’Office du parc national Tassili. Une bâtisse en plein centre-ville où nous avons été reçus, et où on nous a expliqué que le Tassili était le plus grand parc à ciel ouvert au monde, tout en nous rappelant l’histoire des sociétés humaines, passées ou implantées à Djanet. Nous nous acclimatons plus avec les lieux et les gens, qui restent toutefois un peu hostiles, envers nous. Compréhensible réaction, vu que notre quête première était de découvrir les spécificités de la région, et non l’humain qui l’emplissait de vie. Notre intérêt était quasiment folklorique et non axé sur l’humain. Et c’est là une erreur monumentale qui aurait pu nous être fatale. Mais la chance a été de notre côté, alors le séjour à Djanet s’est transformé grâce à de belles rencontres, notamment au marché, en une inoubliable expédition, en un voyage initiatique, une virée au paradis. Les gens rencontrés ont été extrêmement chaleureux et hospitaliers envers nous, à partir du moment où on a cessé de chercher à les changer ou à contester leur mode de vie. L’hostilité du début qui était pesante a disparu soudain, et les individus croisés à Djanet ont cessé de nous incommoder en arrêtant de s’exprimer avec nous en targui. Ils se sont ouverts à nous et nous ont fait part de leur vision du monde, de leurs contraintes et de leur mode de vie rude et dure, qui ne les incommode pas plus que cela, et ne les gêne absolument pas. Car ils sont nés dans cette nature et même si elle se montre parfois peu clémente, elle est la seule chose qui puisse contenir leur joie, leur peine, leur douleur et leur isolement.

De l’isolement

En effet, le désert est capricieux, la nature peu clémente et le quotidien est à la fois rude et éprouvant à Djanet. Ce qui frappe le plus le visiteur est que la vie semble avoir déserté cette oasis, pourtant si enchanteresse. Certaines bâtisses sont imposantes et ne concordent pas avec l’architecture de la ville, les gens y sont calmes, modérés mais on peut lire de la tristesse dans leurs yeux, et les jeunes sont à la fois perdus et désenchantés. Le mot “rien” prendrait tout son sens, si ces mêmes jeunes s’arrêtaient de rêver et de croire en la vie. Mais ils ne l’ont pas fait fort heureusement. “J’ai quitté l’école mais je veux que ma sœur fasse de hautes études. Elle est en terminale et passe le bac cette année, si elle l’obtient, elle partira loin d’ici, à la ville”, nous a confié Zahra, rencontrée alors que nous jouions les intrus, en débarquant à l’improviste, dans leur si chaleureuse demeure. Zahra n’aspire qu’à une seule chose, trouver enfin le prince charmant et démarrer une nouvelle vie pleine d’espoir, après avoir quitté, assez jeune, les bancs de l’école. En plus de l’inertie —décrite et explicitée dans la majeure partie des œuvres sur le désert — dont nous avons découvert et mesuré l’ampleur une fois dans les rues de Djanet, les activités culturelles manquent fatalement à la ville. Nabil Bali, qui marche sur les pas de son père Athmane Bali, emporté par une crue d’oued, nous a rapporté sa propre expérience, quant au manque de manifestations et d’infrastructures culturelles, lors d’une rencontre impromptue. Nabil nous a fait part de ses difficultés en tant que musicien à remplacer ou réparer des instruments. Pour cela, il doit faire le voyage jusqu’à Alger, puisque Djanet et quoique l’on pense, est carrément isolée. Loin de tout. La vingtaine à peine, un jeune de la région qui travaille à l’hôtel où nous logions, nous a fait part de son opinion sur l’isolement de Djanet, dans le cadre d’une discussion. “Il ne se passe jamais rien par ici. Lorsqu’on entend parler d’un concert en ville, on s’y rend mais ça s’arrête là”. Triste constat pour une ville qui a un réel potentiel touristique et qui peut drainer chaque année des milliers de touristes. Mais est-ce cela qu’on veut faire de Djanet ? Veut-on promouvoir un tourisme de masse qui ferait perdre à la ville son cachet et transformerait les us et les coutumes de ses habitants en des pratiques folkloriques, dépourvues de sens et de profondeur. Peut-être faudrait-il promouvoir dans la région un tourisme culturel, et quoi de mieux que les festivals pour jouer ce rôle et accomplir cette mission possible, avec la volonté de tout un chacun. Mais parfois le rôle des festivals est réducteur. Et pour preuve, lorsque nous étions à Djanet, une fête de la Sbeïba a été organisée et nous y avons pris part. Mais cette célébration a perdu toute sa beauté en sortant de son cadre initial : la nature, le grand air. C’est par-là, une forme de stigmatisation, alors que la Sbeïba et d’autres rites et festivités des populations du Sud algérien, demeurent les moins folkloriques du Maghreb. Au Maroc par exemple, et comme nous l’a confié l’anthropologue Meriem Bouzid Sebabou, les célébrations ancestrales, des Touareg notamment, sont réduites à des pratiques folkloriques pour distraire les touristes. Cependant, la promotion du tourisme dans la région aura un rôle salvateur sur la population puisque cela créera entre autres de nouveaux postes de travail, dans une région inerte, où l’artisanat ne fait pas vivre son homme.

Un potentiel touristique exceptionnel

Djanet a un cachet particulier, et il faut le respecter en construisant de nouveaux hôtels et complexes touristiques selon des normes bien précises, qui n’agressent pas et ne nuisent pas à l’architecture de la ville. Car avec seulement trois hôtels, on ne peut pas réellement parler de tourisme, ni essayer d’attirer des visiteurs. Au cours de notre visite, nous avons appris qu’un homme d’affaires de la région projetait de construire un complexe touristique à Djanet. Une belle initiative si elle prend forme. Nous avons également appris un nouveau concept : “le tourisme cultuel”. Hasardeux, ce mot a été maintes fois répété par quelques- uns des organisateurs du colloque international sur le soufisme, qui s’est tenu à Djanet du 13 au 16 décembre 2009. Djanet deviendra-t-elle Compostelle, Médine ou Jérusalem ? Des pèlerins viendront-ils de toutes les régions du monde pour se recueillir et contempler le désert ? Veut-on transformer cette ville qui n’a jamais rien demandé à personne, à part qu’on la regarde un peu plus souvent, en un lieu sacré, saint ? Deviendra-t-elle le théâtre de manifestations autour du culte ? Ce serait un triste sort pour une ville si profonde. Il ne faut surtout pas s’emballer pour l’instant et éviter de sortir des concepts douteux, désinvoltes, irréfléchis et hasardeux. En tout cas, le potentiel touristique de Djanet est bien là, mais son drame à cette région est celui de l’Algérie entière : si riche, si prometteuse, mais pas assez mûre pour affronter les mistrals et autres vents dévastateurs. Nous avons découvert le potentiel touristique de Djanet lors de notre virée dans le désert, et avec pour guide Nabil Bali, qui a eu la générosité de nous faire explorer l’immensité du désert qui dépasse tout entendement où le temps n’est rien en même temps qu’il est tout. Pour la petite histoire, quelques jours avant cette extraordinaire découverte, un jeune réalisateur nous racontait son expérience du Grand-Sud. Un soir, alors qu’il était sur un tournage, il s’est éloigné de l’équipe technique, et s’est retrouvé tout seul en plein milieu du désert. Seul face à lui-même, au pied des dunes, le sable froid sous ses pieds, devant l’horizon infini et sur sa tête un ciel étoilé, une peur soudaine s’est emparée de lui. “Je me suis senti tout petit face à ce décor d’une grande beauté. J’en étais ému”, se souvient-il avec encore beaucoup d’émotion dans la voix. Le désert peut être décrit comme une émotion, une conscience soudaine de la véritable valeur des choses. Une sorte de foi. Pas la foi religieuse ; plutôt une foi profane, indéfinie, humaine, instinctive et profonde. Une foi en demain… sans doute. Le désert de Djanet est troublant de beauté. Il s’adresse à tous ceux qui veulent bien l’entendre, qui veulent prêter l’oreille, mais il s’offre aussi et sans concessions ni restrictions, avec ses dunes, son sable si fin aux couleurs scintillantes. Dans un seul endroit, la conception change et les couleurs évoluent : du marron au jaune, en passant par le blanc, le rouge et même le beige. Passage obligé, nos pas nous ont menés vers le site de la “Vache qui pleure”, et nous nous sommes comme recueillis à cet endroit aux légendes multiples. Nabil Bali, notre guide, nous racontera la version la plus courante et la plus répandue : “Il paraît que les vaches venaient chaque année, il y a très longtemps, à cet endroit où elles se nourrissaient. Mais un jour à leur arrivée, la sécheresse avait frappé la région, alors les vaches ont pleuré et l’homme a immortalisé cet instant sur de la pierre.” Le retour à la ville a été dur, et le retour à la capitale encore plus, après cette extraordinaire journée. Une journée en plein cœur du désert. Une journée seulement pour écouter le tambour des dunes, loin de la ville et de son brouhaha. Rien ni personne ne peuvent troubler la sérénité du désert, ni la contester. L’homme, quant à lui, aura le doute pour compagnon. Un doute qui mène vers le chemin de l’élucidation. Un doute qui impose au petit être humain de garder toujours ses sens en éveil et d’écouter. Et comme l’écrit Amin Maalouf dans son roman, Le Périple de Baldassare : “Pour connaître le monde, il suffit de l’écouter. Ce que l’on voit dans les voyages n’est jamais qu’un trompe-l’œil. Des ombres à la poursuite d’autres ombres. Les routes et les pays ne nous apprennent rien que nous ne sachions déjà, rien que nous ne puissions écouter en nous-mêmes dans la paix de la nuit.”

Source Liberté Sara Kharfi

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 07:40

Le patrimoine archéologique de Bordj Omar Idriss en danger

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Des éléments du patrimoine archéologique, notamment des gravures et peintures rupestres, sont altérés et exposés à des actes de dégradation et de vandalisme dans la région de Bordj Omar Idriss, dans la wilaya d’Illizi.

Les peintures dans les cavernes de Tihihaout et les gravures sur les roches d’origine volcanique de Tinezrouft remontent à l’ère du néolithique ancien, selon des spécialistes en archéologie qui le considèrent, par conséquent, comme un legs culturel à sauvegarder et à préserver. La dégradation de ce patrimoine ancien et authentique est l’œuvre de l’homme, des touristes et visiteurs aussi bien nationaux qu’étrangers, et est aggravé par l’absence d’un cadre officiel pour sa préservation, soutiennent-ils. Le directeur de l’Office du parc national du Tassili (OPNT) indique, à ce propos, que la zone en question a été déjà inspectée par des équipes spécialisées regroupant des enseignants de l’Université de Mascara, de l’Institut d’archéologique d’Alger, de spécialistes du musée Bardo et des cadres de l’OPNT, aux fins d’une étude pour une éventuelle intégration des zones Tinezrouft et Tihahaout dans le cadre de la réserve du Tassili. M. Mohamed Boudiaf a fait savoir que cette étude est en cours dans la région, et son dossier sera, une fois finalisé, transmis au ministère de la Culture pour approbation. Il a ajouté qu’une réflexion est aussi engagée pour l’ouverture d’une sous-direction de l’OPNT au niveau de la commune de Bordj Omar Idriss, susceptible de veiller à la protection du patrimoine existant sur son territoire, à l’image de celles déjà mise en place dans les communes d’Illizi et de Bordj El-Haouès. Le président de l’association « Imsokal » pour la sauvegarde du patrimoine souligne, de son côté, l’importance de la préservation de ce legs archéologique inestimable afin de le transmettre, dans les meilleures conditions possibles, aux générations futures et leur faire connaître la vie des premiers hommes sur ces terres depuis des milliers d’années, et contribuer, par la même, au renforcement de la carte archéologique et des atours touristiques du pays. Les associations locales activant dans le domaine lancent un appel aux pouvoirs publics pour mettre un terme aux agissements des “ennemis” du patrimoine, et sollicitent l’intégration des deux zones précitées dans le cadre de l’OPNT.

Source El Moudjahid

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 06:49

La datte de toutes les sueurs

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En ce mois de Ramadhan, la datte est le fruit de la rupture du jeûne mais peu d’entre nous savent dans quelles conditions elle est produite. C’est sous un soleil de plomb, entre 30°C et 50°C en ce début d’août et au gré de la tension électrique, que les agriculteurs s’activent de 6h à 12h, puis de 17h jusqu’à El Adhan pour tailler, accrocher et traiter des palmiers « assoiffés ». Des conditions pénibles pour un salaire mensuel compris entre 18.000 et 25.000 DA. Pour découvrir cette réalité, nous avons suivi les agriculteurs, propriétaires et ouvriers sur leurs lieux de labeurs dans les palmeraies de Ghiyada, dans la commune de Daoucen, wilaya de Biskra.

Il est 18h 30 à Lioua dans la palmeraie de Belkacem Belabdi, originaire de Draa El Mizan et son associé Idir Djenad de Tizi-Ouzou. Le premier a acheté 18 hectares de terre pour se lancer dans la plantation de palmiers en 2001. Son ouvrier, Kaddour, « chahar » (permanent), est agriculteur de père en fils. Originaire de Sidi Khaled, âgé de 48 ans et père de 7 enfants, il a vu sa famille perdre tout son patrimoine de palmiers hérité des aïeux. Il s’est décidé alors à aller travailler chez les autres. En 2007, il rencontre son actuel patron par l’intermédiaire de son oncle. Les journées de Kaddour ne sont pas de tout repos même s’il ne travaille que 6 heures, voire 4 heures par jour à cause de la chaleur. Mais ce qui complique le travail à Kaddour, ce sont les chutes de tension électrique l’obligeant ainsi à effectuer plusieurs fois le trajet entre les palmiers, les oliviers, les arbres fruitiers et les vannes d’eau ainsi que le transformateur électrique qu’il devra surveiller pour éviter tout court-circuit.

Il inspecte à plusieurs reprises le flux électrique et, en cas de nécessité, il éteint le transformateur et met en marche le groupe électrogène. Un va-et-vient incessant entre les 1.000 palmiers dattiers, les 800 oliviers sans compter les arbres fruitiers. Pour l’irrigation au goutte-à-goutte, deux bassins d’accumulation de 100 m3 d’eau chacun sont remplis grâce à trois forages. Cette palmeraie est parmi les rares dans la région à posséder un groupe électrogène pour parer aux fréquentes baisses et coupures de courant dont souffre la population de ces hameaux. Ici, la terre semble aride mais, selon nos guides, elle est pourtant si fertile.

La cause ? Cela fait deux ans que les fortes chaleurs apportées par le « Chili », un vent chaud, brûlent tout sur leur passage. Et en dépit des moyens consentis, la terre est sèche et les arbres assoiffés. Mais il n’y a pas que ces inconvénients. Le « Boufaroua », un acarien parasite, menace les palmeraies. Le lendemain, il est 6h 30 mn. Kaddour, réveillé depuis 4h, est déjà sur le champ d’où il revenait pour avertir son patron que le traitement prévu pour éradiquer le « Boufaroua » qui s’est propagé dans toutes les palmeraies de la région n’est plus disponible. La chaleur se fait déjà sentir à cette heure-ci avec des températures dépassant les 30°C, peuvant atteindre à l’heure du zénith les 48°C, voire 50°C à l’ombre.

En attendant l’arrivée du traitement, Kaddour poursuit la taille du surplus de branches et de dattes pour permettre au palmier de bien se développer. L’ouvrier attache aussi les grappes de dattes à une palme pour éviter aux hampes (branches qui les supportent) de casser. Cela permet ainsi au palmier de donner un meilleur fruit. Kaddour passe d’un palmier à un autre en désignant le parasite qu’il devra combattre et qui se propage grâce à la poussière et à la chaleur. Ce parcours est ponctué par une surveillance permanente du transformateur électrique dont dépend le pompage de l’eau et donc l’irrigation. Le cycle de celle-ci dure entre 10 et 15 jours à raison de 200 m3 par jour. Durant ce temps, Kaddour ouvre la vanne pour l’irrigation de 28 palmiers durant 3 à 4 jours selon le débit et surtout le courant électrique.

Les parasites pullulent
Comble de malchance, cette année, la vague persistance de chaleur a permis à plusieurs maladies de se propager comme le « Boufaroua » et le « Bayoudh ». Et depuis deux ans, le déficit en eau s’accentue faute d’autorisation pour de plus importants forages. Autour des palmiers, des cultures potagères viennent se greffer pour profiter de la qualité du sol fertile et de l’irrigation. Des arbres fruitiers sont plantés dans le même espace que le palmier. On y trouve des pommiers, des poiriers, des abricotiers, des vignes, des amandiers, des grenadiers, des figuiers et des oliviers. Le travail dans la palmeraie est réparti en trois phases : « El taadal », la taille et l’attache de la hampe à la branche de la palme et le traitement des palmiers. « On met aussi sous plastique les grappes dès le début de leur maturation quand le sucre commence à peine à se produire », explique Kaddour. Malheureusement, les palmiers n’arrivent pas à bien se développer faute d’eau. Un palmier donne jusqu’à 12 grappes soit entre 10 et 16 kilos de dattes. Cette année, les hampes sont fragilisées par le manque d’eau, la récolte ne sera pas aussi bonne quand on sait qu’un palmier nécessite au moins 3h d’irrigation par jour. La technique de la taille a été lancée par un agriculteur dans les années 80 qui a constaté que lorsque les animaux mangeaient les bouts des grappes de dattes le palmier donnait un fruit de meilleur calibre et de meilleure qualité. Pour reconnaître un palmier bien développé, son cœur doit se situer plus haut que les grappes.

Il est 7h 45 mn, une chute de tension intervient. Kaddour s’en est aperçu à l’arrêt de l’irrigation au goutte-à-goutte. Il se dirige vers le transformateur pour vérifier la tension qui oscille entre 240 volts et 340 volts maximum alors qu’elle devrait se maintenir à 500 volts. Il se dirige alors vers le groupe électrogène pour l’allumer. Son fils Ziyad, âgé de 14 ans, l’aide en mettant de l’eau dans le radiateur pendant que lui verse de l’huile et va charger la batterie car le moteur a du mal à démarrer. Autre obstacle : la batterie a des difficultés à se charger faute de courant électrique. C’est seulement à 8h que le courant est rétabli.

« El Khobza El Morra »
A 8h 45 mn, la camionnette contenant la citerne de 200 litres de traitement destiné à lutter contre « Boufaroua » est arrivée. C’est un privé qui s’occupe de l’acheminement de ce traitement. Le traitement est remis gratuitement par le ministère de l’Agriculture. Et c’est sous un soleil de plomb que Kaddour, entouré de ses enfants, pulvérise lui-même le produit. Son fils, Amjad, âgé de 11 ans l’aide en dénouant le tuyau. C’est une autre tâche qui complique la journée de ce père de famille qui lancera : « Je suis obligé de supporter cela en raison d’el « khobza el morra ».

Une fois sa mission terminée, Kaddour rentre chez lui pour 2 ou 3 heures de sieste. Il ne peut rien faire au moment du zénith en raison de l’extrême chaleur. En outre, l’intensité du courant électrique baisse considérablement. C’est seulement vers 16h30 qu’il retourne ouvrir les vannes d’eau pour irriguer. Souvent, en raison de la chute de la tension électrique, il doit faire des aller–retour entre la palmeraie et la maison à proximité de laquelle se trouvent le transformateur, le groupe électrogène et l’un des deux bassins.

L’agriculteur poursuit son travail jusqu’à 18h et parfois jusqu’au moment de l’Adhan, si les conditions sont plus ou moins supportables. A la rupture de jeûne, Kaddour se contente de dattes et de lait et de quelques bouchées de repas. Sa soirée est encore longue. Il devra retourner à la palmeraie jusqu’à 2h du matin pour surveiller le cours d’eau et le courant électrique et éviter d’éventuels dégâts. Le tout pour un salaire mensuel de 20 000 DA. En plus de cela, « Kaddour affronte un autre danger, les piqûres de scorpions », affirme son patron.

Source Horizons Fella Midjek

Le Pèlerin

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7 août 2012 2 07 /08 /août /2012 08:56

Biskra. La reine des Zibans - L’envers d’une saison

biskra

Comme toutes les villes du Sud où règne une chaleur caniculaire, insupportable en été, la reine des Zibans a pour coutume de se mettre en «veilleuse» au mois de juillet. Beaucoup de ses habitants répondaient naguère à l’irrépressible appel du littoral national ou tunisien. La ville se dépeuplait. Les commerces baissaient rideau et l’activité se réduisait au strict minimum. Cette année, il semblerait bien que beaucoup de familles aient décidé de ne pas prendre quelques jours de repos au bord de la mer.
C’est que la conjoncture internationale et économique est défavorable. «Les vacances reviennent de plus en plus cher et l’imminence du mois de Ramadhan n’incite guère à grever un budget plus qu’il ne l’est déjà. La rentrée des classes qui surviendra juste après est aussi une raison pour faire attention aux dépenses», disent plusieurs pères de famille. Ainsi, on s’affaire aux préparatifs du mois de jeûne. On lave à grande eau maison, rideaux et tapis et on achète de la vaisselle, des épices et d’autres denrées, sans lesquelles le carême ne serait pas complet. En ville, l’activité n’a pas baissé d’intensité, le marché central grouille de monde et la circulation automobile est aussi importante que durant l’hiver. Biskra, qui compte environ 450 000 habitants, est en pleine expansion. Elle connaît une métamorphose sans précédent. Grâce ou à cause, selon les points de vue, d’une urbanisation effrénée, son visage change à vue d’œil.

L’antique Viscera était d’abord une immense palmeraie, une oasis faisant la jonction entre Tell et Sahara, une porte ouvrant sur le plus grand désert du monde. Elle devient une ville comme une autre avec ses embouteillages, ses trépidations de cité moderne où se mêlent des populations hétéroclites et bigarrées, vivant en bonne intelligence. Pôle agricole d’envergure nationale, carrefour commercial et centre universitaire, elle ne peut plus, avec ses multiples atouts, se permettre de tomber dans la léthargie et la torpeur pendant tout l’été. «Malheureusement, nous avons les inconvénients de la vie citadine sans en avoir les avantages», pensent néanmoins les autochtones. Mais comment ceux-ci meublent-ils leur quotidien ? Quels moyens de distraction ont-ils à leur disposition ?

40° à l’ombre

Les fonctionnaires et membres de professions libérales se calfeutrent dans les bureaux climatisés. Ici, il faut plaindre ceux qui doivent travailler en plein soleil sur les chantiers de construction et même les agents de police, debout durant des heures sous un soleil de plomb. Les autres, en congé ou au chômage, évitent de sortir et s’ils le font, c’est tôt le matin ou en fin d’après-midi. De 10h à 18h, une insolation est vite attrapée et le moindre effort coûte des litres de sueur, car la température dépasse les 40°C à l’ombre. Cette chaleur, bonne et nécessaire pour le mûrissement des dattes, incommode de nombreuses personnes. Si dans le passé les gens du Sud savaient y remédier en construisant des habitations de torchis, aux murs isothermes, avec des patios et des cours intérieures captant et créant des courants d’air continus, les immenses palmeraies bien irriguées et entretenues dispensaient leur fraîcheur, les moyens de déplacement se résumaient à la marche et à la calèche, il n’en est plus de même actuellement.

Le seul moyen d’échapper à la montée du mercure est désormais de s’équiper de système de climatisation et d’appareils de réfrigération. En ces journées d’été, l’activité favorite des jeunes, cigarette au bec et gobelet de café à la main, est de se tenir par petits groupes de cinq ou six au coin d’une rue ou contre un mur pour regarder les passantes déambuler et s’émerveiller à la vue de rutilantes automobiles dernier cri. Ils parlent de leurs déboires et de leur rêve de fuir cette ville où, selon eux, «il n’existe aucun moyen de distraction». En effet, la bibliothèque municipale et celle de la direction de la culture sont fermées. Pas un concert de musique contemporaine ni une représentation théâtrale n’ont été programmés. A Biskra, il n’y a pas de parc d’attractions. En l’absence d’une vie culturelle estivale, les plus passionnés se rabattent sur les matches de football interquartiers joués en nocturne.

D’autres encore préfèrent aller titiller la carpe au barrage de la Fontaine des Gazelles, situé à 30 km au nord de Biskra.
Très peu semblent savoir que les librairies offrent un panel de livres en arabe, en français et en anglais, dont la lecture serait des plus bénéfiques.
Les plus avertis des cinéphiles se procurent chez les disquaires les derniers blockbusters américains, les films musicaux les plus récents comme Step up ou Beat the world, et pour le grand bonheur des amoureux du 7e art, des œuvres nominées aux Oscars comme True grit, avec notamment un Jeff Bridges en vieux marshal bourru et ivrogne et un Matt Damon méconnaissable dans ses habits de ranger. Autre film qui, selon un revendeur, marche bien, Black Swan, avec la sublime Nathalie Portman et le Français Vincent Cassel dans lequel est mis en scène un conflit entre artistes de la chorégraphie.
«Je passe mes journées à la maison à regarder des films et parfois les informations sur les chaînes arabes et françaises pour ne pas être déconnectée du monde», confie Samia, 22 ans. «Moi, je préfère jouer avec mes copains», renchérit Farid. En effet, les consoles de jeu, Playstation et autres Nintendo font fureur auprès des jeunes. Exutoire ou passe-temps, ces jeux ont la cote auprès d’un public de plus en plus important.

Un thé au Sahara

Les familles, elles, se contentent de promenades vespérales et pédestres, d’une virée dans un des jardins publics de Biskra. Le jardin Landon, le jardin du 5 Juillet (Jnen Beylek) et le parc animalier ne désemplissent pas. Enfants et parents s’y rendent au quotidien. Des centaines d’habitants de Biskra, fuyant l’espace confiné des appartements, s’agglutinent, chaque soir, autour des jets d’eau du bord de l’oued de Hai M’cid, de celui de la route du Sahara, ou encore de celui de Djebel Dhalaâ, où des vendeurs de thé, fruits secs et brochettes se sont installés, transformant les lieux en espaces conviviaux, invitant les familles à y passer d’agréables moments en sirotant un jus ou déguster une coupe de glace. Ainsi, la reine des Zibans montre son désir de ne pas se soumettre aux aléas du climat et de sortir de la niche folklorique de «ville du Sud morte l’été», dans laquelle on veut la cantonner.        

Source El Watan Hafedh Moussaoui

Le Pèlerin

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 07:38

A propos de la découverte des squelettes de Tihitane et des sites rupestres de l’Immidir (Ahaggar)

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Les squelettes de Tihitane, de la région du sud-ouest de l’Ahaggar (la localisation est volontairement imprécise) sont, en effet, connus depuis plus de 20 ans. Des chercheurs algériens et étrangers, ayant réalisé — et réalisant encore — des travaux archéologiques ou géo-morphologiques à Ahaggar, n’en ignorent pas l’existence. Le site est également connu des agences de voyages, lesquelles, lorsqu’elles passent à proximité, le font découvrir à leur clientèle. Au moment de la création du Parc national de l’Ahaggar, en raison de sa fragilité, la direction de cet organisme avait initié un projet. Puis, dans les années 1990, la direction du Parc national de l’Ahaggar fut sollicitée par un chercheur italien qui souhaitait en faire autant. Sur le plan scientifique, il est à craindre que les squelettes ne soient pas aussi anciens que présumés, soit « 20 000 à 30 000 ans », car, dans les années 1980, le parc était jonché de fragments de poterie, dont on sait que l’invention par l’homme ne remonte pas au-delà du milieu du XIe millénaire BP (Before Present) au Sahara. Sur les photos publiées de ce site, on peut constater qu’il en reste encore. Cette évaluation est peut-être faussée par le fait que les ramassages intempestifs ont, à la longue, « écrémé » les lieux en faisant disparaître une grande partie des fragments de poterie qui gisaient sur le sol, ainsi que d’autres artefacts. L’étude du matériel archéologique de surface risque donc de s’avérer tronquée. En revanche, il est, en effet, important de tenter de dégager ce qui reste des squelettes (fouille de sauvetage), et de dater les ossements, si leur état s’y prête encore (car il faut certaines conditions de conservation pour que des résultats puissent être obtenus quand on date de l’os). La description de Tihitane dans le Bulletin de liaison saharienne, ainsi que les photographies qui l’accompagnent, donnent à penser que les squelettes sont dans un certain état de dégradation par rapport à l’état initial des lieux. Malgré tous les efforts consentis, l’expérience nous a montré que dans le cas de sites archéologiques isolés en plein Sahara, mais facilement accessibles en véhicule tout-terrain, il était préférable de réaliser des travaux d’urgence, la seule manière de sauver les données scientifiques. Quant à la région de l’Immidir, ainsi qu’une grande partie de ses sites rupestres et de ses habitats préhistoriques, ils sont connus depuis déjà quelques décennies. Cette région fut d’abord fréquentée par les agences de tourisme pratiquant la marche à pied et la méharée (à dos de dromadaire). Les sites rupestres de l’Immidir ont fait l’objet de plusieurs articles publiés dans des revues spécialisées sur le Sahara et/ou l’art rupestre saharien, ainsi qu’un ouvrage contenant de nombreuses photographies. Un exemplaire de ce livre a été adressé au ministère de la Culture, et le corpus photographique a été remis, sous forme numérique, à la direction du Parc national de l’Ahaggar pour servir à ses missions d’inventaire et de recherche. Au mois de mars 2007, une mission du Parc national de l’Ahaggar a permis de prendre la mesure de la richesse des lieux, et, d’enrichir ce patrimoine de sites nouveaux. Elle a été suivie, en avril 2007, par une équipe du CNRPAH qui, en découvrant les lieux, en a fait de même. Il paraît difficile de pouvoir « écumer » la région avant longtemps, comme il est écrit dans l’article de presse, sachant que plusieurs équipes, sur des décennies de recherches, ne suffiraient pas à épuiser son riche potentiel archéologique, en raison de l’extension géographique de ce plateau, de ses accès difficiles, mais aussi, du fait que les meilleurs connaisseurs des lieux, d’anciens agents de protection et de conservation du parc national, soient aujourd’hui, presque tous, à la retraite. Un problème de relève qui se pose aussi au Parc national du Tassili (connaissance des accès, des points d’eau, etc., pour pouvoir circuler et travailler). A. Heddouche, géomorphologue et préhistorien, ancien directeur du Musée du Bardo, puis du Parc national de l’Ahaggar, actuellement chercheur au CNRPAH, fouille depuis près d’une décennie les nombreux monuments funéraires de l’Ahaggar : nous ne pensons pas le contredire en affirmant que, malgré toutes ces années de terrain dans des conditions sahariennes éprouvantes, ce domaine de recherche ne sera pas épuisé avant longtemps. Nous attendons, d’ailleurs, avec impatience la publication des travaux de ce collègue, car, d’une part, ils seront les premiers du genre pour le Sahara central (après ceux du Sahara méridional, au Niger, réalisés par des chercheurs français), et, d’autre part, ils nous révéleront, peut-être, des dates hautes pour les squelettes qui étaient davantage protégés que ceux de Tihitane, les défunts ayant été initialement enterrés dans des sépultures en pierres. L’étude des sites rupestres de l’Immidir, par l’application, notamment, de la méthode d’analyses factorielles de correspondances (méthode d’analyse statistique) permet de mettre en exergue un élément fondamental, celui d’un peuplement assez particulier de ce plateau, comparativement à l’homogénéité de celui de la Téfédest, mais également de l’Ahnet, massifs voisins. A la différence du Tassili des Ajjer (Algérie), de la Tadrart Acacus et de l’Amsak (Libye), ce peuplement révèle quelques éléments ethno-sociologiques dont il est difficile de préciser l’appartenance et les origines géographiques. On pourrait chercher des correspondances possibles avec, au moins en partie, les groupes humains individualisés par les inventaires-recherches effectués par J-P. Maitre, un ancien chercheur du CRAPE (ancien CNRPAH), dans les années 1970. Par ailleurs, il nous semble important de procéder, comme cela fut fait, dans les années 1980, pour la Tadrart méridionale (au sud du Parc national du Tassili), aux collectes des gisements et autre matériel archéologique de surface de l’Immidir, au moins là où ceux-ci ont été signalés, sachant que la région est fréquentée par les touristes, et que la tentation est humaine. Au Tassili des Ajjer, pour la Tadrart méridionale, un accord tacite avait été passé entre la direction du parc et les agences de tourisme pour réduire et orienter le mouvement touristique, et, ainsi, nous donner le temps de procéder aux travaux archéologiques les plus urgents. Ce fut l’une des opérations de collaboration les plus réussies, dans l’intérêt de tous les secteurs, les agences de voyage étant allées jusqu’à aider matériellement le Parc qui ne possédait, à l’époque, qu’un véhicule rétif à la préhistoire.
Le « sillage » intellectuel
Nous souhaitons aussi préciser que l’usage du terme « pillage » pour les œuvres rupestres est impropre, et dire que celui-ci a atteint des proportions alarmantes comme le stipule l’article un peu exagéré. Parler de pillage des œuvres rupestres signifie que celles-ci sont découpées dans la roche, prélevées, acheminées et, selon, exportées. Si de tels cas ont existé dans le passé et qu’ils pourraient aussi se renouveler (car rien n’arrête les pilleurs et, maintenant, les iconoclastes), Dieu merci, découper un panneau rocheux relève d’un effort plutôt décourageant même pour un collectionneur. Dans l’Atlas saharien, nous avons pu constater que de telles tentatives avaient été finalement abandonnées, mais il est vrai que le pilleur avait fait usage d’une scie et d’une hache (qui ont abîmé la gravure), et, qu’aujourd’hui, on dispose d’engins bien plus sophistiqués. En revanche, on peut considérer qu’il existe une autre forme de « pillage » du patrimoine, celui du pillage « intellectuel » que pratiquent les chercheurs ou amateurs, étrangers clandestins, dont les travaux sont ensuite publiés en outre-mer, au mépris de la législation algérienne et des documents que l’on fait signer aux visiteurs à l’entrée du parc, notifiant l’engagement du signataire à respecter les textes réglementaires, dont ceux qui régissent la recherche. Pour avoir initié la mise en place d’un parc national dans l’Atlas saharien, dans le cadre de la direction du patrimoine culturel, puis géré le Parc national du Tassili, patrimoine mondial, nous savons par expérience combien la gestion de parcs, grands comme des pays, est parfois une gageure quels que soient les moyens et les hommes, quand chaque pierre abrite un site, un objet archéologique, chaque lieu, une plante ou un animal rare, et, que les prédateurs ne soient pas toujours des étrangers, car le développement des infrastructures sans études d’impact, par exemple, est certainement le facteur le plus destructeur, bien plus que le pillage.
Les défis d’aujourd’hui
Ce sont là les énormes défis auxquels on doit faire face, et même les parcs étrangers ne sont pas épargnés, sachant que Yellowstone (USA) a été momentanément déclassé du patrimoine mondial, en raison d’une exploitation touristique effrénée qui commençait à générer de sérieuses nuisances. Même si certaines découvertes n’en sont pas, réjouissons-nous de l’enrichissement de notre patrimoine archéologique et naturel saharien en 2007. Car s’il est « une première mondiale » en Ahaggar qui est passée presque inaperçue, bien que publiée dans El Watan il y a quelques mois, c’est bien celle de l’existence complètement inattendue de la panthère dans cette région (détermination génétique faite à partir de crottes animales). Sous d’autres cieux, l’équipe d’Ushuaïa serait accourue pour aller sur les traces de ce superbe animal (dont nous rêvons de voir, ne serait-ce qu’à travers les empreintes au sol), et, donner aux Algériens un beau sujet de découverte, dans leur propre pays. Au Sahara, la richesse archéologique et la faiblesse de l’exploration scientifique font que chaque pas vous fait découvrir une sépulture, une peinture, une plante endémique, et, combien d’autres choses encore, mais l’essentiel demeure, nous semble-t-il, dans l’organisation de la protection des sites naturels et culturels et celle des inventaires (mise en place du plan d’aménagement, et, formation des ressources humaines), la mise en œuvre d’une politique de recherches organisée autour de problématiques destinée à dégager les lignes de force de l’histoire de notre pays, laquelle, à son tour, permet de mettre en commun les efforts et les moyens des parcs nationaux et des instituts de recherches, et, donc, d’optimiser la mise en valeur de l’énorme potentiel archéologique et naturel de ces régions ; un potentiel qui sera encore générateur de travail et de biens quand le sous-sol aura cessé de livrer son or noir (une perspective qu’il faut, dès aujourd’hui, préparer). Enfin, la contribution de toutes les bonnes volontés administratives et scientifiques dans une synergie qui ne peut que profiter à tous les secteurs concernés, mais principalement au patrimoine. Ces tâches, qui, parfois, requièrent l’énergie du gladiateur, ne procurent pas, heureusement, que désagréments et fortes inimitiés. Elles offrent aussi de profondes satisfactions, à commencer par celle d’œuvrer dans des régions fabuleusement belles, de croiser, à chaque pas, nos ancêtres, vaquant à leurs occupations sur les parois, dans un silence qui vous repose de la cacophonie du théâtre humain des temps modernes, et, parfois, de mettre un site à l’abri, en se disant que c’est un petit pan d’histoire qui est ainsi préservé. Dans la solitude du chercheur de fonds, rien ne remplace la magie des grès et des granits quand le soleil se couche à l’horizon, et, que le guide targui murmure les paroles apaisantes de sa prière, répétées par le vent. Merci, cependant, aux journalistes qui ne sont pas rebutés par la science préhistorique et sa terminologie compliquée, car ils sont un lien précieux avec le grand public, même si, çà et là, nous venons les chicaner sur la précision d’un terme ou d’un autre, nous-mêmes animés par l’exactitude scientifique, l’autel de tous les sacrifices
L’auteur est : Préhistorienne Ancienne directrice du Parc national du Tassili
Source El Watan 
Le Pèlerin
 
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