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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

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Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 04:03

Sud algérien - Une escale dans le grand sud algérien - Sur les traces des Touareg de Tam
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L'Assekrem..Un peu de brume le matin...Dommage...!!!
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Votre serviteur à l'Assekrem
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Votre Serviteur avec le Père Edouard
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Antone Chalelard écrit la vie du Père De Foucauld

On a du mal à détacher notre regard des paysages. L’Assekrem nous fait plonger dans une autre dimension. Charles de Foucault qui a établi son ermitage en fait une description fidèle : « La vue est plus belle qu’on ne peut le dire ni l’imaginer.
Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d’aiguilles rocheuses qu’on a à ses pieds, c’est une merveille, on ne peut la voir sans penser à Dieu. » En effet, les visiteurs qu’on a rencontrés ont de la peine à détourner leurs yeux de cette vue admirable, dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du créateur. Quel bonheur d’assister au coucher de soleil lorsque la boule rouge caresse les montagnes avant de disparaître progressivement ! Certains ont eu le courage de se lever dans le froid vif et la nuit sombre pour aller voir le lever du soleil. Trois pères de l’ordre des Petits frères de Foucauld (un Espagnol, un Polonais et un Français) vivent encore là-bas, s’occupant d’observer le ciel pour la science et de prier Dieu pour les hommes. Une chapelle très simple a été bâtie ici : un autel de basalte, un toit de roseaux, point de bancs ni de chaises mais des tapis au sol. A côté, une petite bibliothèque contient des livres religieux et des ouvrages sur le Sahara. « Il n’est pas venu pour s’isoler mais pour la rencontre. A l’Assekrem, il a trouvé ses trois amours : Dieu pour la prière, les hommes pour le partage et la nature pour la contemplation », nous déclare l’un d’eux.
Pére Edouard est le plus ancien, il a la double nationalité (algérienne et française) et il est là depuis 37 ans avec comme principale activité l’accueil. Il a une retraite algérienne et avec cette petite somme, les trois « hommes de Dieu » vivotent. Tous les 15 jours, les techniciens de la météo changent et ils les ravitaillent. L’ermitage accueille 12 000 touristes par an dont la moitié sont des Algériens. Les touristes éprouvent un besoin de solitude et de recueillement, c’est pour cela qu’ils viennent ici précisément pendant cette période de l’année. L’un d’eux, un ancien appelé français pendant la guerre d’Algérie qui a servi dans les Aurès, a affirmé : « Vous avez l’un des plus beaux déserts du monde. Les paysages sont multiples et aucune région ne ressemble à une autre. » Sa femme hoche la tête : elle partage son sentiment. « Nos voyageurs qui s’y sont aventurés n’ont maintenant qu’une envie : y retourner », témoigne Maurice Freund, président du Point-Afrique. Chérif Rahmani, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, définit le Sahara comme « ces espaces immenses, austères et féeriques à la fois où le Créateur y a semé les premiers germes de la vie et fait pousser les bourgeons de l’humanité ». Le Sud algérien est une pure merveille, et pour faire partager cette émotion, Samsung Algérie a invité un groupe de journalistes à une escapade à Tamanrasset. Il s’est imprégné durant tout le séjour de ces lieux qui intriguent et attirent. Le thé nous attend partout, à toute heure. On tente d’oublier les problèmes de connexions à internet, de faibles débits et de couverture de réseau. Certains s’amusent néanmoins à chercher le « champs » ou l’ombre d’une BTS, d’autres utilisent leurs appareils photos numériques pour garder des souvenirs de ce voyage. Mobilis est de l’avis général le réseau le plus déployé dans le désert. « Logique, car les deux autres opérateurs sont obligés de compter leurs sous avant d’investir le moindre centime dans ces coins reculés alors que Mobilis a l’obligation de service public », explique notre chauffeur de 4X4. Au marché africain l’Assihar, on trouve de tout, mais la qualité n’est pas au rendez-vous. On y vend des téléphones portables made in China, des recharges, de l’électroménager, des parfums, des tissus et de la marchandise malienne et nigérienne. Les week-ends, on se bouscule, souvent en famille, pour trouver la bonne affaire. Des jeunes, visiblement au chômage, grillent cigarette sur cigarette dans les cafés.
La traversée du désert
Dans certains endroits suintent l’ennui et l’oisiveté. Tout le monde traîne et semble occupé à ne rien faire. La majorité vit de petits boulots et de débrouille, sans pouvoir se projeter dans l’avenir. « Une traversée du désert qui dure », ironise un jeune au teint basané. Les agences de voyages mettent le paquet pour glaner le maximum de commandes car la saison touristique au Sud ne durera que jusqu’à mars. Mais qui sont réellement leurs clients ? En fait, elles reçoivent actuellement des groupes de touristes, et après le réveillon, elles prennent en charge des chefs d’entreprises ou de multinationales qui veulent l’immersion dans le désert. C’est une clientèle au fort pouvoir d’achat et qui peut se permettre de louer un 4X4 pour 5000 DA/jour pendant une semaine. Dans ce cas, il s’agit de circuits touristiques (petites ou grandes boucles) avec marches avec chameliers, repas préparés par un cuisinier et nuits sous la tente ou à la belle étoile. Autre attraction : le tombeau de Tin Hinan dans la commune d’Abbalissa (90 km de Tamanrasset). Cette région est une vraie oasis en plein désert par ses ressources hydriques. Nous sommes allés sur les traces de cette reine, mère des Touareg. Le monument de Tin Hinan est unique dans tout le Sahara central et se distingue par ses dimensions : 26,25 m de grande axe et 23,75 m de petit axe et par ses structures complexes : chambres, déambulatoire et chouchets. Le tracé de l’enceinte est piriforme, ce dernier comporte 11 chambres de formes et de dimensions différentes dont deux constituent le patio et une comprend la chambre funéraire. C’est en décembre 1925 qu’a été fouillée la sépulture du monument d’Abbalissa, et il a été mis au jour un squelette humain paré de bijoux et accompagné d’un riche mobilier archéologique.
La mission comprenait des préhistoriens du Logan Museum Debeloit (Etats-Unis) et du Musée du Bardo à Alger. La seconde campagne de fouilles a eu lieu en 1933. Les travaux ont été étendus à tout le monument. 10 salles ont été dégagées et d’autres objets archéologiques ont été découverts. Durant notre séjour, nous avons pu avoir une idée sur la gastronomie touareg. Les repas sont à base de dattes, de fromage et de taguella (pain traditionnel cuit dans le sable). Le déjeuner est généralement un repas froid, composé de salade à base de légumes frais locaux, pâtes, riz, thon et fruits. Le dîner se compose de plats chauds : soupe, viande, légumes, pâtes, riz et fruits. Le thé est un véritable rituel d’accueil et de détente, on en boit non pas un, mais trois verres. Le premier thé est fort, juste les feuilles infusées, un verre est rempli puis versé et reversé dans les autres verres. Tout l’art réside dans la manière de verser le thé de très haut, créant une cascade de liquide s’étirant parfois jusqu’à un mètre pour en couper l’amertume et en favoriser la mousse. Puis on remet l’eau de la théière à chauffer en ajoutant de la menthe et du sucre ; le troisième suit le même processus, ainsi, la teneur en théine est de plus en plus faible. Tamanrasset nous a donné le goût de l’aventure, elle nous ouvre l’appétit pour aller à la conquête du Grand Sud, une mosaïque de peuples et de cultures. Il faut se présenter sans préjugés particuliers avec simplement le désir de rencontrer des hommes, leur sourire est doux comme l’aurore et leur beauté resplendit comme le soleil...
Source El Watan Kamel Benelkadi
Le Pèlerin

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 03:37

Sud  algérien - Kenadsa

La baraka du Cheikh Sidi M’hamed Ben Bouziane

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Situé à 22 km de Bechar, la ville de Kenadsa était autrefois une importante zaouïa relevant de la confrérie des Ziana. Lors de notre visite en ce lieu sacré, fondé il y a environ 8 siècles, nous avons fait une halte devant la tombe du père spirituel Sidi M’hamed Ben Bouziane, décédé le 11 Ramadan 1145 de l’hégire à l’âge de… 117 ans !. Un savant connu par sa sagesse et ses connaissances en géographie et en physique. Sa tombe et celles de ses trois fils sont situées dans un coin de la vieille mosquée. La Zaouïa reçoit moyennement 15 000 visiteurs par an, qui viennent en pèlerinage.
Le président de la République Abdelaziz Bouteflika qui donne beaucoup d’importance à ces lieux de culte s’est rendu deux fois à la zaouïa ziania, en février 2004 et août 2005. Actuellement, ce lieu saint est pris en charge par un des descendants de Cheikh Ben Bouziane. Ce dernier nous confie que ce sont ses ancêtres qui ont donné à cette ville le nom de "Kenadsa" appelée jadis "El Aouina". C'était une petite source d’eau qui servait à l’irrigation des palmiers et pour boire. Elle était connue également sous le nom de "Mouileh", car l’eau de source qui coulait au centre de Ksar était un peu saumâtre. Si l’on se réfère à notre guide, la région ne souffre guère de la rareté d’eau.

Le barrage situé à 35 km de Bechar est considéré comme le plus grand en Algérie. La longueur de cours d'eau est d’environ 550 km. A "Igli", il rejoint les oueds Béchar et Zousfana pour former l'oued Saoura. La première pierre de ce barrage, d’une capacité de 57 millions de m3 d'eau a été posée en 1965, par le président Houari Boumediene. Sa construction a duré 6 ans. Présentement, il pourvoit Kenadsa et Béchar ainsi qu’Abadla. Kenadsa a d’autres spécificités. Le visiteur ne pourra en aucun cas rater le grand wagon cloué au sol. Un souvenir laissé par les mineurs qui travaillaient dans une importante exploitation de charbon. La découverte de la mine date de 1906. L’auteur est un homme qui s'appelait "Abdessadek". Croyant que cette terre n’était pas normale, il porta un échantillon au Cheikh de la Zaouïa.

L’échantillon est vite envoyé au laboratoire d'analyse minière de Aïn Sefra. Les analyses montreront que c'est du charbon. La première utilisation remonte à 1917. C’est une entreprise française des chemins de fer qui a été la première à utiliser ce minerai. Ainsi, dans les années cinquante l’administration française fondait l’entreprise houillère du Sud oranais (H.S.O) exportant le produit à plusieurs pays européens comme l’Espagne, l’Italie, la France. Les travailleurs de Kenadsa ont longuement souffert.

Les enfants ainsi que les vieux ont été atteints par des maladies chroniques. L’entreprise a continué à polluer l’environnement jusqu'à sa fermeture en 1962. Cette ville à plusieurs facettes est connue, également, par ses ksour classés patrimoine national et ses modestes bibliothèques. A ce niveau, des pancartes sur lesquelles nous pouvons lire l’histoire de la région, sont placardées tout autour d’une salle.

L’une d’elle attire notre attention. Elle comporte l’arbre généalogique des tribus du sud-ouest algérien. Les Beni Hillal, Ouled Sidi Boudkhil de Aïn Sefra, les ouled Sidi Chikh ainsi que les marabout de Kenadsa qui dit–on sont des descendants du prophète Ibrahim.

Kenadsa est sortie de l’anonymat grâce à ses enfants artistes et intellectuels à l’image de Yasmina Khadra et Malika Mokadem, sans oublier l’artiste Alla dont la musique s’égrène en sonorité thérapeutique. Une musique qui nous a bercés tout au long de notre séjour

Source Horizons

Le Pèlerin 

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 03:14

L’impact sur l’agriculture en Afrique subsaharienne serait «épouvantable», estime Philip Thornton, de l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI).

La forêt amazonienne partiellement réduite à l’état de maquis, des côtes et deltas d’Asie submergés, des incendies en Australie et des centaines de millions de personnes contraintes à l’exil: avec quatre degrés de plus, la planète serait méconnaissable. Le chiffre n’est pas tiré d’un scénario de science fiction. Il est issu des travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec), qui estime que la température moyenne de la planète pourrait grimper de +1,1 à 6,4°C d’ici à 2100, avec une valeur moyenne «plus sûrement comprise» entre +1,8 et +4°C. «Quatre degrés, ce n’est pas une projection apocalyptique, c’est une projection vers un monde très probable si on fait ne rien», résume, laconique, le climatologue français Hervé Le Treut. Cette barre, qui pourrait être franchie, dans le pire des scénarios, dès 2060, selon une récente étude du Hadley Center britannique, fait l’objet d’une attention croissante: une centaine de scientifiques se sont réunis pour la première fois, fin septembre à Oxford, sur ce thème. Leurs travaux rappellent d’abord que cette température moyenne dissimule de gigantesques variations régionales, avec une envolée du thermomètre pouvant aller jusqu’à + 15 degrés en Arctique et une chute de 20% des précipitations annuelles dans de très nombreuses régions du monde.
L’impact sur l’agriculture en Afrique subsaharienne serait «épouvantable», estime Philip Thornton, de l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI), dont l’étude prévoit par exemple une baisse des rendements de 50% d’ici 2090 en Afrique de l’Est sur certaines cultures. En Chine et en Inde, qui sont les deux premiers producteurs mondiaux de riz, les changements profonds de la mousson pourraient provoquer une succession rapide de saisons extrêmement sèches et extrêmement humides, provoquant des bouleversements agricoles majeurs. Quel impact sur les écosystèmes et la biodiversité, tissu vivant de la planète? «Ce serait le chaos», estime l’économiste indien Pavan Sukhdev. «Un changement complet dans la façon dont les espèces vivent et survivent», explique-t-il, mentionnant la mort pure et simple des récifs coralliens dont «500 millions de personnes à travers le monde dépendent pour manger et gagner leur vie». A +4 degrés, la montée des eaux, pourrait, selon nombre d’études, dépasser un mètre d’ici la fin du siècle. Combinée aux questions d’insécurité alimentaire, de réduction d’accès à l’eau douce et de dégradation des sols, cette hausse significative du niveau des océans entraînerait inévitablement des déplacements massifs de populations. «A +4°, on est sur plusieurs centaines de millions de personnes qui seraient contraintes de se déplacer», explique François Gemmene, de l’Institut du développement durable et des relations internationales. Dans cette hypothèse, il deviendrait impératif de faciliter les phénomènes migratoires pour «rebattre les cartes de la distribution de la population à la surface du globe», estime-t-il, mettant en garde contre «les déplacements de dernière minute et les fuites désespérées». Face à ces prédictions alarmantes, les scientifiques rappellent à l’unisson que ce scénario sombre peut encore être évité, mais qu’il faut agir très vite avec un objectif en tête: diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
Source l’Expression R.I.
Le Pèlerin

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 03:09

Sud algérien - Elles sont attaquées de nuit par des jeunes encagoulés : Chasse aux femmes vivant seules à Hassi Messaoud

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Parce que justice n’a pas été rendue aux victimes des violences d’El Haïcha, à Hassi Messaoud, en juillet 2001, des dizaines d’autres femmes vivent, non loin des mêmes lieux, un véritable cauchemar. Depuis quelques semaines, chaque soir elles subissent le pire. Constitués en bandes organisées, des jeunes hommes encagoulés munis de sabres, couteaux haches et bâtons fracassent les portes et investissent leurs maisons. Ni les cris, ni les pleurs des enfants, ni les supplications des vieux ne font reculer les assaillants dans leur sale besogne. Battues, menacées de mort, les victimes sont délestées de leurs bijoux, argent, téléphones portables et de tout objet ou équipement électroménager de valeur.

Depuis deux semaines, chaque soir, le scénario de l’horreur se répète, face à l’impuissance ou l’inertie des services de police, alors qu’un commissariat se trouve à quelques centaines de mètres de ce quartier situé dans la ville pétrolière censée être la plus surveillée du pays. Les maisons ne sont pas choisies au hasard. Elles sont repérées dans la journée, puis mises à sac la nuit. La plupart sont habitées par des femmes originaires du nord, qui vivent loin de leurs familles. Rares sont celles qui déposent plainte, car les plus téméraires ont payé cher leur acte. Elles ont fini par abandonner leur domicile, errant d’un quartier à un autre à la recherche d’un lieu plus sûr. Rencontrées sur place, les témoignages de certaines d’entre elles font froid dans le dos et font craindre le pire. Terrorisées, les victimes ont toutes refusé de révéler leur identité. « C’est la misère qui nous a fait faire des centaines de kilomètres à la recherche d’un emploi pour nourrir nos familles.

Nous ne voulons pas perdre le pain de nos enfants. Nous voulons juste gagner notre vie avec dignité et dans la sécurité. Nous sommes des citoyennes au même titre que les autres,et nous avons droit d’aller n’importe où pour travailler », déclare Souad, âgée d’une trentaine d’années. Lorsque nous lui avons rendu visite, dans sa maison du quartier des 36 logements, elle a mis du temps à nous ouvrir la porte. Elle venait de rentrer chez elle après avoir fait le tour des maisons de ses copines, sur le boulevard, au cœur même de la ville. Notre identité déclinée, elle exprime son « grand soulagement ». Cela fait plus d’une semaine que sa sœur et elle vivent un « vrai cauchemar ». Une bande de cinq à six jeunes enturbannés ont fait irruption chez elles au milieu de la nuit de mercredi à jeudi. « On nous avait déjà parlé de femmes ayant été agressées dans leur maison, mais je n’y ai pas cru. Je n’aurais pas pensé qu’un jour je serais une des victimes », raconte Souad, l’aînée d’une famille de trois filles et un garçon. Cela fait dix ans qu’elle travaille à Hassi Messaoud. Sa sœur cadette, avec laquelle elle partage le logement en parpaing constitué d’une pièce-cuisine, semble très fatiguée. Elle vient de subir une opération chirurgicale. En cette nuit de jeudi, les deux filles, leur jeune frère et leur mère venus leur rendre visite de très loin, ignoraient que le pire les attendait. Tous dormaient profondément lorsqu’ils ont brusquement été réveillés par de violents coups donnés à la porte d’entrée métallique. Avant même que Souad ait le temps de se mettre debout, déjà trois hommes encagoulés, surgissaient dans la pièce. « Lorsque je me suis réveillée, j’ai vu le viseur d’un téléphone portable se fixer sur mon visage. J’étais terrorisée. Ma sœur criait et ma mère suppliait les assaillants de ne pas nous toucher. L’un d’eux m’a bloquée contre le mur en m’enfonçant un tournevis dans le ventre. Il m’a enlevé ma chaîne en or, mes bagues et mes boucles d’oreilles. Ils avaient tous un accent du sud-ouest. Il m’a interdit de crier et j’étais comme paralysée, jusqu’au moment où il a commencé à relever ma jupe. Je le suppliais, mais il était comme drogué. Il puait l’alcool, tout comme ceux qui étaient avec lui. Ma sœur malade n’arrivait pas à se lever, ils lui ont demandé son téléphone portable, alors que ma mère a été délestée de sa bague en or avec violence. Son agresseur l’a obligée à l’enlever en maintenant le couteau collé à sa main, laissant une bonne entaille. Nous avons crié de toutes nos forces et l’un d’eux, dans sa fuite, a laissé tomber la serviette qui recouvrait son visage. Un visage que je garderais en mémoire toute ma vie. Les cinq ont pris la fuite lorsque les voisins ont ouvert leurs portes en entendant nos cris », témoigne Souad. Elle dénude son abdomen pour nous montrer la cicatrice, longue de quelques centimètres, laissée par le tournevis.

Elle raconte que les voisins disent tous n’avoir reconnu aucun des agresseurs, mais elle sait, au fond d’elle-même, qu’ils ne peuvent être étrangers au quartier. Toute la famille a couru vers le commissariat, mais ses portes étaient fermées. « Nous avons frappé à la porte et un policier nous a orientés vers la sûreté de daïra.J’ai commencé à hurler. Là, il m’a ouvert la porte et m’a fait entrer pour m’entendre et faire un procès-verbal. Une photo de ma blessure a été également prise, mais ce n’est que le lendemain que les policiers sont venus à la maison pour constater le vol. Lorsque je lui ai dit qu’ils nous ont volé tous nos biens, l’équivalent de plus de 100 000 DA entre bijoux et téléphones portables », l’officier m’a déclaré : « Estimez-vous heureuse. La femme qu’ils ont volée il y a quelques jours est à l’hôpital. Ils l’ont violée à cinq, la laissant dans un état de choc ». « Il nous a fait comprendre qu’il ne pouvait rien faire », révèle la sœur de Souad. Les policiers lui demandent de ne pas suspendre sa ligne téléphonique dans l’espoir de localiser les voleurs et de les arrêter. Mais ces derniers, encouragés par l’’impunité qui règne dans cette ville, utilisent sa puce pour appeler d’autres victimes. Durant des jours, ils les menacent de mort et profèrent des obscénités à leurs contacts dont les numéros ont été récupérés de la mémoire de la puce.

« Ici, les policiers ne protègent pas les femmes »

Souad ne peut plus supporter la situation. Au bout de cinq jours, elle décide de suspendre sa ligne et de quitter, elle et sa famille, la maison. Sa mère est repartie terrorisée chez elle, alors que les deux femmes se sont installées chez une amie, jusqu’à il y a deux jours. Elles nous montrent un couteau de boucherie qu’elles ont acheté pour se défendre. « Ici, la police est absente et nos plaintes sont toujours restées sans suite », dit-elle. Selon elle, le lendemain de l’attaque, au commissariat « de nombreuses femmes sont venues se plaindre. Elles ont toutes subi le même sort que nous. Elles ont été volées, tabassées et humiliées par le même groupe de voyous. Plusieurs d’entre elles étaient blessées. Et c’est là que j’ai entendu parler de cette fille de Saïda retrouvée assassinée il y a quelques mois. Une autre avait été retrouvée tuée, dans sa maison, il y a trois ans. Mais les auteurs de ces crimes n’ont jamais été arrêtés.

Le nombre de plaintes de femmes agressées sont les plus importantes au niveau des commissariats, et ce sont les policiers qui nous ont confirmé cette vérité », dit-elle. Parmi elles Hadda, la trentaine passée. Elle aussi a résidé dans le quartier des 36logements. Elle aussi est devenue une sans domicile fixe depuis cette nuit terrifiante de jeudi à vendredi. C’était presqu’au lever du jour. Elle dormait, avec sa fille et son petit garçon, lorsqu’elle a été réveillée par le bruit assourdissant de coups de pieds donnés à la porte d’entrée. C’était la troisième tentative d’attaque. La nuit d’avant, ce sont les cadenas de la première porte qui ont été cassés, mais les agresseurs se sont enfuis en entendant les voisins sortir dans la rue. Hadda a renforcé les serrures et décidé d’aller passer la nuit ailleurs. Fort heureusement pour elle, puisque les assaillants reviennent à la charge en son absence. Ils escaladent le mur et pénètrent dans la cour de la maison. Ils cassent les cadenas de la deuxième porte et mettent la maison à sac. Ils prennent tout ce qui a de valeur. Hadda revient dans la journée du jeudi, remet d’autres serrures et décide de ne pas laisser sa maison vide, pensant que les auteurs avaient pris ce qu’ils cherchaient. Pour son malheur, cette nuit-là, ils sont encore plus nombreux. Elle est leur cinquième victime dans le quartier. La voisine de Hadda a vécu les pires moments. Après avoir arraché la porte, les voyous ont investi les lieux qu’ils ont laissés en ruines. La voisine, terriblement affectée, brûlée à la main et à la jambe, a fini par abandonner son gîte. Le lendemain matin, lorsque Hadda est revenue, elle a trouvé la maison vide, les affaires personnelles de son amie jonchant le sol. Elle a fermée les portes et décidé de s’enfermer chez elle.

A la nuit tombée, les criminels reviennent sur les lieux. « Après plusieurs coups, la porte a cédé. Ils puaient l’alcool et certains n’arrivaient même pas à parler. L’un d’eux, armé d’un couteau, m’a braquée contre le mur et a exigé que je lui donne ma chaîne en or. Un deuxième est arrivé. J’étais comme paralysée. Ils me tiraient par les bras pour me faire sortir dehors. Je me suis agrippée au mur en les suppliant de m’épargner. J’étais prête à leur donner tout ce que j’avais comme économies et bijoux, pourvu qu’ils ne me salissent pas. Ce n’étaient pas des voleurs mais des terroristes. » « J’ai été au commissariat du quartier et là j’ai trouvé de nombreuses femmes venues, elles aussi, se plaindre d’agressions. Certaines, blessées, étaient dans un état lamentable. Les policiers ne faisaient que prendre nos témoignages. Je leur ai demandé pourquoi ils n’arrêtaient pas les auteurs. Vous savez quelle a été la réponse de l’officier ? ’’Savez-vous qui sont ces jeunes ? Qui vous dit que moi, le policier, je ne suis pas avec eux ? Le matin, je mets ma tenue pour aller travailler et le soir je mets un turban autour de mon visage et j’agresse les femmes qui résident seules’’. Ces phrases m’ont choquée. J’ai compris que je n’avais rien à faire au commissariat. Je suis sortie et j’ai appelé mon cousin. Il est venu le lendemain. Il est avec moi, en attendant que je trouve une autre location ailleurs. » « Je travaille pour faire vivre mes enfants. Si j’avais trouvé un emploi dans ma wilaya, je ne me serais jamais exilée. Pensez-vous que c’est facile de vivre loin de sa famille ? Pourquoi une femme qui travaille dérange-t-elle ? A Hassi Messaoud, les policiers ne protègent pas les femmes. Leurs préoccupations sont ailleurs ».

Des interrogations qui reviennent dans la bouche des nombreuses autres victimes rencontrées, comme Fatma, par exemple, dont le visage laisse transparaître une fatigue intense due à des nuits sans sommeil. Cette jeune femme de 27ans, orpheline de père, travaille pour nourrir ses sept frères et sœurs dont elle est l’aînée. « Je suis native d’un village réduit en cendres durant le terrorisme.Etant l’aînée, je n’ai jamais été à l’école. La mort de mon père a été un désastre pour la famille, parce qu’aucun d’entre nous n’avait un niveau ou une qualification pour décrocher un emploi. Ma mère est femme de ménage à la commune, et moi je fais la même chose ici, à Hassi Messaoud.Sauf qu’ici, les sociétés étrangères paient mieux leurs employés. Avec deux salaires, nous arrivons à assurer la scolarité de mes deux frères et deux sœurs et à avoir une vie plus ou moins décente. Cela fait cinq ans que je suis à Hassi Messaoud. Je partage mes deux pièces avec une autre femme, mère de famille. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour je vivrais un tel cauchemar », lance-t-elle d’une voix entrecoupée de pleurs. En cette nuit de jeudi, elle dormait profondément.

Elle avait entendu parler des attaques nocturnes contre les femmes qui résident seules, mais elle pensait qu’elle ne serait jamais parmi les victimes, parce qu’elle était appréciée et respectée au quartier des 40logements. « Pour moi, c’était le choc. Au deuxième coup de pied, la porte d’entrée a cédé. Ils étaient cinq ou six, encagoulés et armés de couteaux, de sabres, de haches de boucherie et de barres métalliques. J’étais comme tétanisée. Les cris de ma colocataire ne les ont même pas dérangés. Ils étaient comme sous l’effet de la drogue. Ils m’ont délestée d’une bague que je portais et qui n’était même pas en or, puis de mon téléphone portable et de quelques objets, comme la cafetière électrique, le démo, une petite chaîne hifi, etc. J’avais très mal au bras parce que l’un deux me l’avait mis derrière le dos, en pointant ce dernier avec un couteau. J’ai essayé de me débattre, un autre, armé d’un sabre, m’a lancé : ’’Tu bouge tu meurs, sale p…’’ J’ai maudit le jour où je suis venue au monde. Je ne suis pas une prostituée. Je suis une femme sans ressources qui aide sa famille à vivre dans la dignité. Mon père m’a donné une éducation qui m’a permis de ne jamais quémander le pain, mais d’aller le gagner à la sueur de mon front », raconte Fatma, avant d’être interrompue par les sanglots. Fatma dévoile son dos pour montrer une entaille de quelques centimètres, puis son bras et son sein marqués d’ecchymoses. « Qu’ai-je fais pour mériter cette torture ? La police ne nous protège pas. Lorsque j’ai été me plaindre au commissariat, au début, les policiers ne voulaient même pas prendre ma déposition. J’ai commencé à crier et c’est là que l’un d’eux a fini par me lancer une phrase assassine : ’’Que voulez-vous que l’on fasse ? Vous n’avez qu’à aller ailleurs ! Retournez chez vous par exemple, vous serez plus en sécurité. Ici, c’est dangereux pour des femmes comme vous !’’ Est-ce des propos à tenir à des victimes de violences qui viennent se plaindre ? N’avons-nous pas droit à la sécurité comme tous les autres citoyens ? Regardez ce que j’ai acheté aujourd’hui : une bombe lacrymogène pour me défendre. J’ai déjà un couteau et si je trouve une arme, je suis prête à l’acheter pour défendre mon honneur et ma dignité. A Hassi Messaoud, l’Etat ne me protège pas », crie Fatma.

« Rentrez chez vous, ici c’est dangereux pour les femmes »

La sensation d’avoir été humiliée à deux reprises, d’abord par ses agresseurs puis par les policiers, la tétanise. Elle ne dort plus, change souvent son itinéraire pour aller au travail parce qu’elle sent qu’elle est suivie partout. Elle a pu voir le visage d’un des agresseurs et elle se sent en danger. Ses amies sont à ses côtés. Elles viennent lui proposer de déménager vers un F2 trouvé au centre-ville, dont le loyer, 25000 DA, sera partagé à cinq. Fatma, les larmes aux yeux, a du mal à accepter d’abandonner une maison dont le propriétaire a déjà pris six mois d’avance à compter de 5000DA, elle dont le salaire est compté au dinar près pour financer les dépenses de la scolarisation de ses frères et sœurs. Durant deux nuits de suite, les deux quartiers ciblés par les attaques ont renoué avec le calme. Nos va-et-vient entre les ruelles non éclairées ont suscité la suspicion chez les groupes de jeunes adossés aux murs à chaque coin de rue. Ce sont peut-être des agresseurs qui attendent le moment propice. Notre présence, en véhicule banalisé, les a peut être freinés. La rumeur sur notre passage a déjà fait le tour. Saïda, Nadia, Salima, Amriya, Soumeya et de nombreuses autres femmes nous demandent de partir de peur de subir des représailles.

Elles en sont à leur deuxième tragédie après celle vécue à El Haïcha, qui porte bien son nom. El Haïcha, « la bête », est situé à quelques encablures des cités des 36 et 40 logements où, en juillet 2001, plusieurs dizaines de femmes ont été torturées, lapidées, violées, enterrées vivantes par une horde de jeunes chauffés à blanc par l’imam, en plein milieu de la nuit. Blessées physiquement et touchées dans leur dignité, les victimes n’ont, à ce jour, pas obtenu leur droit à la justice. De nombreux agresseurs vivent tranquillement chez eux, protégés par les leurs, souvent des notables aux traditions très conservatrices qui n’acceptent pas que des femmes habitent seules au milieu des leurs ou qu’elles « arrachent le travail des hommes ». Les assauts répétés contre leurs maisons sont pour eux « une expédition d’épuration » que même les services de sécurité ne peuvent empêcher. Une réalité qui se confirme sur le terrain. Depuis près d’un mois, les femmes des quartiers des 36 et 40Logements vivent l’enfer. L’inertie des services de police fait craindre le pire en ces lieux livrés à des bandes organisées de délinquants aux visages masqués. A ce rythme, si les pouvoirs publics n’interviennent pas, un autre drame beaucoup plus grave que celui d’El Haïcha pourrait avoir lieu. Et là, l’entière responsabilité incombera aux autorités dont la mission principale est d’assurer la sécurité des biens et des personnes, des citoyens et citoyennes algériens, et non pas uniquement celle des étrangers, très nombreux dans cette région du pays.

Source El Watan Salima Tlemçani

Le Pèlerin 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 03:10

Sud algérien - Bechar : Aussi loin que porte le regard
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Capitale du sud ouest algérien, Bechar, ville moderne, est l’une des régions les plus attrayantes du sud. Elle est située à 950 kilomètres au sud ouest d'Alger, la capitale. Un décor fait de paysages multiples où s’incrustent, tels les joyaux d’un collier, les palmeraies et les ksour de l’antique cité.
Il ne faut pas se fier à une carte. Pour aller à Bechar, les avions d’Air Algérie  passent par…. Tindouf située près de 900 Kms plus au sud.  La cherté du billet devenu inaccessible à la majorité des habitants fait rabattre sur les bus qui relient la région du sud- ouest au reste du pays.
Ont-t ils vraiment tort ?  Air Algérie a sans aucun doute ses raisons d’ordre économique mais le client ne doit-il pas rester roi ? S’il n’ y a rien à dire sur la gentillesse et la disponibilité du personnel navigant ou au sol, les horaires et l’itinéraire sont par contre pénalisants. L’avion qui permet de gagner du temps devient le meilleur  moyen d’en perdre. Ne croyez pas,  naïfs d’ici et d’ailleurs qu'en une heure et demie, vous pouvez rallier Bechar à partir d’Alger.  
N’est-il pas un tantinet cynique ce «bonne nuit» de l’hôtesse à l’adresse d’un voyageur, qu'on lâche c’est le mot approprié à trois heures du matin. L’entend- il lui qui  pense plutôt comment relier la ville ? S’il peut y avoir encore aux abords de l’aéroport de «clandestins noctambules»  qu'on consent  à payer plus, quel hôtel peut-il vous ouvrir ses portes à cette heure indue?  Quelle famille peut-elleprendre ainsi les risques d’arriver dans une ville où tout est fermé? 
Qui songe encore à l’intérêt du client qu'on trimballe ainsi dans les airs ? Les vols  ne sont prévus que deux fois par semaine au delà de 23 heures.
En principe, avec les retards prévus et acceptés, on débarque à Alger ou Bechar deux heures après. C’est  sans compter sur ce détour par Tindouf qui prolonge le voyage de deux heures supplémentaires, en comptant l’escale. Les bus qui empruntent les routes, même s’ils sont plus longs ont l’inestimable avantage de faire découvrir le pays. Eux au moins, préfèrent durant la nuit, rouler que faire rouler le client.
LE TRAIN DU DÉSERT
Rien n’est plus triste qu'une gare vide. Celle de Bechar n’accueille même plus les locomotives qui, il y a quelques années encore, transportaient céréales et carburants. On n’y entend plus le sifflement du train. Celui qui à partir d’Oran mettait presque une journée pour arriver à Bechar a été supprimé. 
On l’appelait le  train du Farwest. On ne pouvait pas certes le rattraper comme en a couru la légende mais l’ensablement de la voie étroite ralentissait son avancée. Il a été supprimé au début des années 90 pour des raisons de sécurité. 
Seuls  quelques agents sont en poste.  «On nous fait appel souvent  d’Oran, les mécaniciens, les chefs de trains pour  ne pas perdre la main» nous dit l’un d’entre eux. On attend maintenant un train moderne.
Il pourra rouler à une vitesse de 150 à 160 Kms/heure. «La rénovation du rail ici est  le projet du siècle» pour le wali de Bechar. Sur 340 kilomètres reliant la ville à Mécheria, les travaux vont bon train pour moderniser et élargir la voie.
C’est le président de la République qui avait lancé les travaux en 2004. Un groupement d’entreprises étrangères de France, d’Egypte et Cosider est engagé dans ce projet.
Les crues de oued Zoufzana  en 2008 avaient certes  ralenti ensuite le rythme des travaux. 
Des tronçons de rail avaient été emportés par les eaux. «A quelque chose malheur est bon»  tempère le wali qui nous explique que : «depuis, on a tenu compte de ce risque». Sur les 140 kilomètres qui traversent la wilaya de Bechar, il ne resterait plus qu’à  poser des rails sur une distance de 54 kilomètres.
Le ministre des transports, M Tou devra se déplacer le 20 du mois en cours pour inspecter ce projet qui impulsera une dynamique socio économique pour toute la région.  Pour conforter ces ambitions, on compte aussi sur la réception de la cimenterie de Benziregue. Située à 50 Kilomètres au nord de Bechar, elle est réalisée par Sonatrach et un partenaire étranger. Le coût du projet est de l’ordre de 150 millions de dollars.  Elle est destinée à produire 1000 tonnes  de ciment blanc et devrait entrer en production cette année. On compte beaucoup sur ces infrastructures pour fixer davantage de populations dans une région sensible et créer une dynamique économique.
Source Horizons Rachid Hammoudi
Le Pèlerin

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 02:57

Journée mondiale de lutte contre l’avancée du désert

Le Sahara algérien représente 200 millions d'hectares (87%). C'est ce vaste désert qui n'arrête pas d'avancer vers la région du Nord en menaçant 20 millions d'hectares de terres steppiques de désertification, alors que plus de 600 000 hectares sont déjà désertifiés.

Environ 50 000 hectares de terres de parcours situées dans les Hauts Plateaux continuent, chaque année, à être réduits à l’état de désert des suites des cycles répétitifs de sécheresse, de l’érosion éolienne mais également des violentes précipitations qui se manifestent par intermittence dans cette partie du pays.

Les importants élevages ovins (plus de 8 millions de têtes) auxquels ces espaces servent de pâturages naturels contribuent à maintenir une pression intolérable sur ce milieu particulièrement fragile.

Afin de tenter de contenir l’avancée du désert vers le nord du pays, dont les effets avaient il y a quelque temps déjà commencé à se manifester jusqu’à proximité des zones littorales, l’Etat s’était lancé un formidable défi consistant à planter une ceinture forestière de quelque 1 200 kilomètres de long et d’une largeur se situant, selon les endroits, entre 5 et 30 kilomètres.

L’idée du Barrage vert venait de naître mais sans cependant avoir fait l’objet, au préalable, d’études techniques de faisabilité poussées.

La réalisation de cette œuvre de grande envergure fut au départ confiée à des milliers de jeunes appelés du service national, sous l’égide du ministère de l’Agriculture, qui, équipés de pelles, de pioches, d’un arrosoir, commencèrent aussitôt à mettre les premiers plants en terre dans des zones préalablement délimitées qui bénéficiaient d’une pluviométrie moyenne annuelle de 150 m/m.

A terme, les objectifs visaient à réaliser la plantation de plus de 3 millions d’hectares de forêts égalant la superficie totale du patrimoine forestier national.

Alors qu’au départ l’opération consistait à reboiser certaines régions pour fixer les sols et contenir l’avancée du Sahara, on considéra par la suite que les actions sylvicoles devaient s’intégrer dans un vaste programme tendant à créer des activités sociales et économiques au bénéfice des populations vivant à proximité de ces espaces afin de leur procurer des moyens de subsistance et pouvoir ainsi les fixer définitivement dans les zones pastorales.

Entre le moment où débuta la réalisation de la ceinture verte dont le lancement fut inauguré par le Président défunt Houari Boumediene et 1988, un peu moins d’un million d’hectares de plantations avaient été réalisé.

Cependant, en raison du manque d’entretien qui a grandement favorisé la prolifération de parasites, du fait également de l’incivisme de certains éleveurs qui pratiquaient des coupes illicites de bois et certains pour lesquels les jeunes arbres constituaient un alimentation idéale et gratuite pour leurs bêtes, les résultats escomptés furent sérieusement contrariés.

A partir de 1990, l’ANP se retira du projet et le rétrocéda à l’Agence nationale des forêts qui fut chargée désormais d’en poursuivre les travaux.

Même si la réalisation du barrage vert a connu de sérieux couacs, il faut cependant considérer que les réussites obtenues dans certaines wilayas que celui-ci traverse, à l’exemple de celles de Saïda, Naâma, Djelfa, El Bayadh ou M’sila, ont démontré que l’idée de faire obstacle à l’avancée du désert n’est pas un mythe et que cet extraordinaire défi pouvait être relevé.

Depuis que l’administration des forêts, qui est loin de bénéficier des moyens colossaux de l’ANP a repris le chantier dans le début des années 90, le Barrage vert a été abandonné dans sa conception initiale au profit de programmes intégrés de proximité, certes moins ambitieux, mais ayant cependant un impact direct sur les populations comme sur les aires menacées par la désertification.

La mission de la DGF est désormais diversifiée. Ses agents sont chargés d’animer divers dispositifs dont ceux représentés par le programme national intégré des Hauts Plateaux et le programme spécial au profit des zones sahariennes.

Source Le jour d Algérie

Le Pèlerin

 

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 02:55

Sud algérien - Ouargla - Les poissons du désert

Le temps où on ne consommait que de la datte au Sud est révolu. On découvre et on prend goût au… poisson. Impossible de se tromper ou de s’égarer. A 17 kilomètres d’Ouargla et à droite de la route qui file vers Touggourt, des poissons bleus incrustés en ciment le long d’un mur d’enceinte et d’autres en métal sur la porte d’entrée signalent le complexe aquacole.

C’est une curiosité dans la région au point que des familles viennent parfois d’assez loin pour visiter l’endroit. Comme on le ferait au Parc de Tikjda ou au jardin d’Essais. Beaucoup d’étudiants viennent aussi pour des travaux pratiques. Son propriétaire, M. Mohamed Moulay a quitté le pays en 1979. Il avait dix-sept ans. Plus de vingt ans à vivre et à souffrir à l’étranger. D’abord, dans des villes de I’Italie du sud puis, à partir du milieu des années 90, aux Emirats arabes unis.
C’est son métier de restaurateur diplômé qui lui a permis de connaître le Tilapia. Une espèce de poisson d’eau douce que les riverains du Nil ou des fleuves d’Asie ou d’Amérique utilisent dans beaucoup de plats. « On en raffole dans de nombreux pays du monde et nous avons pris beaucoup de retard pour l’introduire chez nous », dit-il. « L’eau coule à flots dans notre région et la chaleur est idéale », déplore-t-il.
Pêcheurs au Sahara
L’avis est partagé par le directeur de la pèche et des ressources halieutiques de Ouargla. M. Mohamed Bengrina nous affirme que « d’ici 2030, alors que le renouvellement des espèces et la pollution se posant de plus en plus, 50 % des ressources devraient provenir de l’aquaculture ». Aujourd’hui, trois fermes existent déjà dans la région. L’une dirigée par M. Serhane, est située à Hassi Lafhel (wilaya de Ghardaïa). L’autre à Ain Moussa appartient à M. Zitouni. Elles sont modestes. La capacité de production tournant dans l’une et l’autre autour de 500 tonnes par an.
Le Tilapia a été également introduit dans certains lacs de la région. « Depuis 2006, nous avons introduit cette espèce prolifique ainsi que la carpe dans ce lac à l’exemple de celui de Hassi Benabdellah qui s’étend sur 10 hectares et celui de Temacine d’une superficie de quatre hectares». Aujourd’hui, des jeunes dont les parents n’ont jamais consommé de poissons se dirigent, le soir venu, aux abords des lacs pour jeter leurs lignes et revenir avec de grosses pièces. « Les pouvoirs publics vont, nous dira M. Bengrina, réaliser six fermes aquacoles d’une capacité de production de 100 tonnes, notamment à Illizi, Touggourt, Hassi Khelifa près de Laghouat et Tolga. Le CNRDPA se charge d’élaborer les études. A l’en croire, « il a été, par ailleurs, constaté que les agriculteurs qui ont introduit le Tilapia dans leurs bassins d’irrigation ont constaté que les légumes croissent plus vite ». La FAO qui mène depuis novembre 2008 (Il doit s’achever fin octobre 2009) un programme de coopération technique dans la région encourage cette option qui a des effets positifs à la fois sur les rendements et l’alimentation des populations. Hadj Brahim était rétif au début : « Nous n’y étions pas habitués, mais depuis, j’y ai goûté et nous le consommons sans problèmes à la maison ».
Aller vers le consommateur
Le projet de M. Moulay, dont le président de la République avait posé la première pierre en 2005 combine plusieurs activités. Son coût global est de 690 millions de dinars et pourrait créer 189 postes de travail. A ce propos, le responsable du complexe ne se plaint que du tarif de l’électricité. « Sinon, on ne met pas les bâtons dans les roues ». C’est à la fois une écloserie, une unité de fabrication d’aliment pour les poissons, des bassins de grossissement en plein air et une unité de transformation. Le tout s’étale sur cinq hectares et ce terrain familial plus vaste servira à d’autres investissements comme la plantation de palmiers et d’oliviers. « Tout a commencé, explique M. Idir Mekati, quand des géniteurs ont été importés d’Egypte. On a eu ensuite des larves puis des alevins. » Selon M. Moulay « nous avons déboursé en 2007 huit millions de dinars pour ces souches parentales ». Le complexe peut produire jusqu’à trois millions d’alevins par an. Actuellement, il est à 30 % de sa capacité de production qui pourrait atteindre 500 000 tonnes de Tilapia. L’ingénieur diplômé de l’école nationale des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral de Dély-Brahim travaille en collaboration avec un Egyptien.
Chef de production, M. Makati se prête aimablement à une visite dans l’entrepôt aux senteurs marines. De taille différente, des alevins de quelques grammes aux adultes qui atteignent jusqu’à trois kilos. Une poignée d’aliments fait accourir un banc de Tilapias et le poisson-chat finit par remonter à la surface du bassin où il aime se réfugier.
Outre la variété dite Nilotus, le Tilapia se décline aussi sous le genre Mozambis. Un mâle de cette dernière espèce et une femelle du Nilotus ont donné naissance à un hybride de couleur rouge. « C’est quand le poisson atteint 200 grammes et en fonction de sa petite tête, qu’on sélectionne. On place les poissons dans des bassins sous le hangar pour les accouplements ou dans des bassins de grossissement situés à l’air libre. 30 d’entre eux ont un volume de 450 m3. Les bassins de grossissement ont une capacité de 1OOO tonnes. « Enfin, une partie est destinée au circuit commercial », explique M. Mekati. Il suit l’évolution des poissons comme le ferait un père pour ses enfants. L’eau provenant de deux forages creusés sur place est toujours oxygénée et des appareils indiquent, à l’unité près, combien de poissons compte chaque bassin en sus de l’évolution du poids et de la taille de chacun. Depuis deux mois, un espace commercial a été inauguré à Staouéli. « Je prévois d’en ouvrir d’autres dans les grandes villes comme Hassi Messaoud, Oran, Bejaïa, Annaba… », avoue M. Moulay. Si ces produits ne sont pas encore certifiés ISO, un dossier a déjà été introduit dans ce sens.
A moyen terme, des perspectives d’exportation peuvent s’ouvrir. Les sociétés étrangères et le ministère de la Défense nationale sont intéressés par les produits. Des pièces qu’on peut acquérir en ville et dont raffoleraient les épouses d’Algériens originaires d’Europe de l’Est. 30 à 40 kg de poissons arrivent dans le magasin de Moulay chaque jour.
A 500 DA le kilo, on essaie de proposer ceux qui ne dépassent pas deux kilos. Des barquettes de poissons congelés vont bientôt faire leur apparition. Pescado de la Duna (poisson de dune en espagnol) par reconnaissance au bureau d’études de Barcelone qui a élaboré le projet. Elles se déclineront en neuf gammes. Mortadelle de poisson, terrine, poisson pané de 250 grammes entre autres. Depuis quelques mois, un autre poisson a fait son apparition dans les bassins.
Le poisson-chat doit cette appellation à ses deux moustaches bien dressées sur son museau. Il a été ramené des gueltas d’Ihrir près de Djanet. Son filet est succulent et sa viande est sans arêtes. Les touaregs le consomment depuis longtemps et lui donnent un nom en Tamazight « Assataf ». Une autre variété qui sera ensemencée bientôt, provient de Thaïlande. Ce que montre le complexe Moulay est la possibilité de développer toutes sortes d’activités de production même les plus inattendues dans le vaste désert. Mais est-ce vraiment si étonnant ? Le Sahara qui n’était à l’origine qu’une vaste mer asséchée ne retrouve-t-il pas quelque part sa vocation ?
Source Horizons R. Hammoudi

Le Pèlerin

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 02:53

Tassili N’ajjer: aux sources des premières formes d’expressions artistiques et scripturaires signifiantes

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De plus en plus sont nombreux, aujourd’hui, les ethnologues, sociologues, linguistes et chercheurs de diverses disciplines qui se penchent sur l’étude des cultures traditionnelles populaires, allant jusqu’à vivre des années parmi les peuplades africaines, comme l’Anglais Jack H. Driberg (14 ans parmi les peuples du Soudan et de l’Ouganda) afin de recueillir les éléments oraux, entre autres, les plus divers de ce riche patrimoine ancestral, y compris ce qui a trait à l’archéologie, l’art pariétal, les peintures rupestres... etc.
Faut-il rappeler que «l’apparition du livre est liée aux supports de l’écriture», comme le note Albert Labarre dans son «Histoire du Livre» ? Parmi ces supports, «le plus ancien semble être la pierre, depuis les pictographies rupestres jusqu’aux stèles et inscriptions de l’ancien Orient et de l’Antiquité classique (...)». L’étude de ces «textes», revêtant une valeur documentaire évidente, a suscité la discipline de l’épigraphie, mentionne notre auteur dans son intéressante «Histoire du livre» (Collection Que sais-je ?, PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994). Discipline, entre autres, qui a permis d’explorer des univers artistico-culturels antiques inconnus jusqu’ici...
Dans le cas de notre pays l’Algérie, un témoin à ce jour de ce monde antique ancestral enfoui n’est autre que l’immense plateau du Tassili N’Ajjer. Autrement dit cette forme ancienne, préhistorique, de discours émotionnel, «artistico-littéraire», à sa manière, des temps anciens, ou formes traditionnelles de communication artistique et spirituelle qu’est l’art protohistorique de l’écriture idéographique et pictographique des parois rocheuses antiques de l’immense plateau du Tassili des Ajjer. Car, ce majestueux musée préhistorique, à ciel ouvert, comme le qualifia son découvreur Henri Lhote, avec ses innombrables gravures rupestres, motifs constellés et fresques diverses, exprime à sa manière, en un riche langage iconographique, hautement coloré et élaboré, toute la panoplie des croyances, préoccupations, modes de vie et de pensée de notre ancêtre l’»Homo sapiens», nous dévoilant notamment son univers magico-religieux, émotionnel, artistico-artisanal, voire idéologique, éducatif, et mythologique surtout, inhérent à ce paradigme culturel et civilisationnel évanoui de l’ère protohistorique.
Comme le souligne Julia Kristeva à propos du graphisme primitif en général, cet art pariétal est incontestablement porteur de sens langagier: «(...) pour nous, sujets appartenant à une zone culturelle dans laquelle l’écriture est phonétique et reproduit à la lettre le langage phonétique, il est difficile d’imaginer qu’un type de langage - une écriture - ait pu exister et existe aujourd’hui pour de nombreux peuples, qui fonctionne indépendamment de la chaîne parlée, qui soit par conséquent non pas linéaire (comme l’est l’émission de la voix), mais spatiale et qui enregistre ainsi un dispositif de différences où chaque marque obtient une valeur d’après sa place dans l’ensemble tracé. Ainsi, dans les grottes de Lascaux, on peut remarquer les rapports topographiques constants entre les figures des animaux représentés (...) D’après Leroi-Gourhan: «une part importante de l’art figuré relève de la «picto-idéographie», manière synthétique de marquage qui, tout en représentant des images (latin: pictus, peint, représenté), transmet une «conceptualisation», ou plutôt une différenciation et une systématisation irreprésentables («idée»). Ce type d’écriture n’est pas une simple transposition du phonétisme et peut-être même se construit de façon tout à fait indépendante de lui, mais elle ne constitue pas moins un langage» [...]. De tels dispositifs spatiaux semblent constituer le support graphique matériel, et par conséquent durable et transmissible, de tout un système mythique ou cosmique propre à une société donnée, on pourrait dire que ces graphismes mi-écriture mi-représentation «artistique», magique ou religieuse, sont des mythogrammes. D’autre part, «la multi-dimensionnalité» de ces graphismes s’observe dans nombre d’écritures non alphabétiques, comme en Egypte, en Chine, chez les Aztèques ou les Mayas. Les éléments de ces écritures [...] peuvent être considérés comme des pictogrammes ou des idéogrammes simplifiés, dont certains obtiennent une valeur phonétique constante [...]. Telle est l’écriture hiéroglyphique égyptienne, dans laquelle chaque pictogramme a une portée phonétique [...] (Julia Kristeva in «Le langage cet inconnu», Ed.. Seuil, Paris 1974).
On peut citer également en guise d’exemple de ces «écritures ancestrales», celle des Australiens Churingas qui traçaient de façon abstraite les corps de leurs ancêtres et leurs divers environnements. D’autres trouvailles paléontologiques confirment la thèse selon laquelle les premières écritures marquaient le rythme et non la forme d’un processus où s’engendre la symbolisation, sans devenir pour autant une représentation. Autrement dit, ces «représentations humaines» qui perdent leur caractère «réaliste» et deviennent «abstraites», construites à l’aide de triangles, de carrés, de lignes, de points, comme sur les parois du Tassili ou des grottes de Lascaux, constituent l’ébauche d’un langage iconographique préstructuré.
Abondant dans ce sens, le chercheur suédois en arts dramaturges, George Cristea, écrira à propos des gravures rupestres du Tassili:» Chaque rocher gravé et chaque paroi de grès peinte représente une page d’un ouvrage où des maîtres de la préhistoire inconnus ont inscrit, en l’absence de l’alphabet, par des images, la chronique souvent bouleversante de leur vie quotidienne» (in: Eléments de manifestation dramatiques dans le Sahara mésolithique et néolithique, éditions ILVE université d’Oran, Algérie 1990). Ce qui semble évident c’est l’utilisation de ces images, motifs - signes et figures symboliques, entre autres, comme éléments langagiers, ou supports pédagogiques, servant à des cérémonies de chasse (pratique de la simulation tel qu’on simule l’action virtuellement de nos jours sur nos ordinateurs ?) ou qui sont utilisés pour des rituels religieux, et initiations éducatives, sexuelles notamment, comme le suggère la présence de points de scarifications sur des figures féminines (site de Aourent). D’autres corpus de motifs suggèrent des cérémonies magiques ou des festivités organisées de mains de maître, à la manière des grands spectacles chorégraphiques modernes !...

 Nous avons un exemple similaire probablement de ces peintures rupestres antiques dans le Wezda du Zimbabwe, et à propos desquelles la chercheuse Jacqueline Roumeguere-Eberhardt note: «(...) les animaux si abondants sur cette paroi représentent les groupes totémiques et la morphologie, connotant tous les grands événements historiques tels que batailles, alliances (véritable apprentissage de récits d’événements à lire (...) à travers cette sténographie symbolique, support d’un savoir détenu par les gardiens des traditions et que possède également l’instructeur spécialisé dans l’enseignement de cette histoire» (in Le signe du début de Zimbabwe, Ed. Publisud, Paris 1980).
Ce qui semble montrer clairement que le graphisme imagé, ou les motifs, signes, figures ou tout autres formes d’expression symbolique - ou idéographique, étaient utilisés dès l’aube de l’humanité à des fins pédagogiques, rituelles, sociales, magico-religieuses... etc., lors des cérémonies d’initiations dans les sanctuaires consacrés. On pourrait citer à côté de cette forme d’écriture antique tassilienne, l’écriture africaine ancestrale «N’sibidi» ou celle aztèque des Mayas, et autres formes hiéroglyphiques surgies après, qui narraient le vécu complexe de nos ancêtres «primordiaux» (convient-il de dire et non pas primitifs, car ayant été les grands initiateurs de la civilisation souvent ignorés) tout comme on pourrait évoquer le legs culturel de ce langage ancestral du tatouage corporel qu’on retrouve un peu partout à travers le globe et dont les signes ou motifs singuliers «identificatoires» ( ?) picotés sur les corps témoignaient vraisemblablement du symbole totémique d’appartenance tribale, clanique, patrilinéaire ou matrilinéaire... le motif-signe servant de la sorte de moyen de repère et d’identification, de balisage du tissu social, c’est-à-dire de moyen langagier qui servait tout autant pour d’autres formes d’expression et de communication.
«Bien avant l’apparition de l’écriture, l’art visuel véhiculait la mémoire de l’homme; et il en est toujours le dépositaire», écrit Emmanuel Annati (un des meilleurs spécialistes mondiaux dans ce domaine), dans son récent ouvrage «Aux origines de l’art» (Ed. Fayard, Paris 2004), observant par ailleurs, que l’art qui préexistait à l’apparition de l’écriture a engendré celle-ci, puis a accompagné les développements du langage et de la technique jusqu’à nos jours... «L’art révèle l’essence des processus cognitifs de l’esprit humain. Le comprendre, c’est comprendre la société qui l’a produit, et plus encore l’homme», conclut E. Annati. C’est à partir de trois catégories de signes repérées dans les arts, abstraits et figuratifs, de l’homme préhistorique et tribal (les pictogrammes, les idéogrammes et les psycho-grammes) que les explorateurs décryptent, généralement, ces «processus cognitifs». Les thèmes les plus souvent privilégiés par ces modes d’expression, et qu’on retrouve un peu partout à travers les sites de gravures rupestres du globe, concernent les préoccupations liées à la nourriture, le territoire et la sexualité. Ces représentations véhiculent incontestablement des «messages», nous dit Emmanuel Annati, et en plus des préoccupations matérielles, des «révélations spirituelles», comme le témoigneraient vraisemblablement, ce que d’aucuns ont qualifié de «Sixtine de la préhistoire» de Lascaux, ou les détails témoignant de l’existence d’une riche mythologie du plateau du Tassili N’Ajjer d’Algérie.
Notons également ce qu’écrit Albert Labarre à propos des origines du livre, en rappelant notamment que c’est seulement «entre le IXème et le IVème millénaire avant notre ère que l’écriture s’est constituée. On peut considérer comme une démarche préliminaire l’art rupestre des hommes de l’époque glaciaire, dans lequel l’image devient peu à peu signe par la schématisation. Puis cette image-signe évolue; de la pictographie naissent tous les vieux systèmes d’écriture: cunéiformes sumériens, puis mésopotamiens, hiéroglyphes égyptiens, créto-minoens, hittites, caractères chinois; c’est le stade des idéogrammes où les représentations ne suggèrent plus seulement des objets, mais aussi des idées abstraites. Dans une étape postérieure, l’écriture s’accorde peu à peu au langage pour aboutir aux signes phonétiques qui sont des symboles de sons: il y a d’abord les systèmes où chaque son correspond à un signe (aux Indes par exemple), puis des systèmes syllabiques, enfin des écritures consonantiques qui se développent à travers le Moyen-Orient pour aboutir à l’alphabet, en Phénicie, peut-être dès le XVIème ou le XVème siècle avant J.-C. Au IXème siècle avant J.-C., les Grecs adoptent l’alphabet phénicien, y ajoutent les voyelles et ordonnent l’écriture de la gauche vers la droite: c’est de cet alphabet que sont issus l’alphabet latin et les alphabets modernes» (in Histoire du livre, chapitre 1, p.7, collection «Que sais-je ?», PUF, Paris 1970, Dahlab, Alger 1994).
Cette «écriture pictographique» antique reflétait ainsi, à sa façon, selon son mode d’expression spécifique recourant au signe iconographique, pictographique ou idéographique, divers aspects du vécu de nos ancêtres que des recherches suivies permettront, un jour peut-être, d’en dévoiler l’extraordinaire richesse enfouie en ce vaste patrimoine culturel et artistique préhistorique, notamment le symbolisme ayant trait au totémisme qui y prévalait comme le laissent suggérer nombre de figures pariétales. Ce qui permettra également de mieux identifier les peuplades et tribus autochtones, ou les premiers ancêtres d’aspect négroïde selon les anthropologues, ou la préhistorienne algérienne Malika Hachid qui, dans ses recherches méritoires, évoque ces héros civilisateurs du Maghreb d’origine subsaharienne, c’est-à-dire noire africaine, issus d’une brillante civilisation négro-africaine au Sahara, cinq mille ans avant les pyramides ! Autochtones négroïdes primordiaux attestés par des scientifiques et auxquels ont succédé les Berbères, et c’est surtout avec ces derniers que le Maghreb est entré dans l’Histoire: chaotique à ses débuts, mais qui se devait se fondre dans la grande épopée du monde antique, médiéval et au-delà par la suite, et qui vit s’interpénétrer et se féconder l’Africanité, l’Amazighité, l’Arabité-Islamité et la Méditerranéité, paramètres culturels-identitaires diversifiés et convergents, ou à la fois distincts et complémentaires constitutifs de l’Algérianité en son devenir synthétique évolutif historique, accoucheur de cette synthèse historique de l’unité dans la diversité consacrée de la culture plurielle mosaïcale homogénéisée de l’Algérie, soit la RADP ou la République Algérienne Démocratique et Populaire: dénomination géniale des historiques prévenants, qui renvoie justement à toute une orientation moderne, ouverte et pluraliste, aux antipodes des partis pris déviants des cultures sectaires, chauvines, extrémistes ou impopulaires des uns et des autres égarés de l’histoire, cultivant sournoisement ou inconsciemment les germes de la discorde, de l’exclusion et de l’exil forcé, intérieur ou extérieur, des compétences nationales ou forces juvéniles d’un pays plein de promesses, de confraternité et de prospérité citoyenne générale pourtant !

Source Le Quotidien d’Oran

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 02:51

Une ville, une histoire : Timimoun, la flamboyante (1re partie)

Timimoun

Détresse - «Que faire ? Et qui est cet homme que Sabha a choisi ?»

 

Le bruissement de l’eau des séguias qui serpentent entre les palmiers couvre les paroles et les rires des jeunes filles, et Brahim se jette furtivement derrière l’épais tronc d’arbre. Il se trouve à peine à trente pas de la source où Hind, Fettoum et Sabha remplissent des jarres qu’elles vont transporter jusqu’à leur habitation.
Sabha,
… Brahim la regarde et ne voit qu’elle. Ce sont surtout ses yeux en amande qui le fascinent, étincelants entre ses longs cils noirs, faisant ressortir sa peau marron clair, couleur miel ; La jeune fille, loin de soupçonner le regard indiscret qui suit ses moindres gestes, dépose sur un large rocher sa jarre pleine à ras bord et se met à replier un long morceau de coton décoloré, qui va protéger sa tête du contact dur de la jarre.
Soudain, elle retire de son corsage, quelque chose qu’elle place furtivement sous le rocher, après avoir lancé un regard rapide à droite et à gauche.
Puis, ses amies l’aident à remettre la jarre sur sa tête et la suivent vers les ruelles en labyrinthe de la palmeraie, et qui mènent vers les hautes murailles ocre foncé qui entourent les habitations encastrées de Timimoun.
De sa cachette, Brahim les regarde s
’éloigner, le cœur battant et dès qu’elles disparaissent entre les troncs rugueux, il se précipite vers le rocher, glisse ses doigts dans les interstices et retire un petit morceau de papier plié en quatre…
Intrigué, il l
’ouvre et lit le message que Sabha a dû écrire à son amoureux. Brahim lit et relit les phrases serrées, qui ne font aucun doute. Assommé, il s’assied au bord du chemin et se prend la tête entre les mains «Ainsi donc, le cœur de Sabha est pris, au point de l’amener à commettre une telle imprudence, Et si quelqu’un d’autre l’avait vue ?»
Et la douleur de Brahim est si forte qu’il se lève à nouveau, retourne au rocher qu’il inspecte so
igneusement. Rien… il donne de grands coups sur la pierre, avec ses mains nues, jusqu’à ce que ses paumes le fassent cruellement souffrir. Il rebrousse chemin, soudain énervé par le bruit de l’eau et à grands pas, il monte jusqu’à la hamada rocailleuse qui surplombe la palmeraie.
De là, toute la ville est sous ses yeux et instinctivement, il cherche du regard la maison de Sabha collée aux autres habitations pour se protéger du grand soleil.
Il n
’aperçoit qu’une petite partie de la terrasse de toub, et sa douleur se ravive. «Que faire ? Qui est cet homme que Sabha a choisi ?». Il tourne la tête et laisse son regard errer à l’infini sur les dunes…
Un homme passe tout près et le salue de la main ouverte, comme le font les gens de la région. C
’est à peine si Brahim le regarde, l’esprit tout occupé par son immense chagrin. Dans son message, elle lui demande de la choisir lors de la fête de Sidi Cherif… Elle aura lieu dans deux jours. Il relit le petit bout de papier qul avait gardé dans son poing serré. Il n’y a pas de doute. «Pourtant, se dit-il, que de fois ne m’a-t-elle pas lancé de longs regards, et je suis sûr que je ne lui suis pas indifférent…».
Réconforté par cette idée, il redescend vers la séguia après avoir enroulé son chèche sur le bas de son visage.

Source Infosoir Houria Bekiri

A suivre…

Le Pèlerin

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 02:49

Une ville, une histoire : Timimoun, la flamboyante (2e partie)

timimoun

 Résumé de la 1re partie - Brahim veut savoir à qui Sabha destinait ce billet…

Il reprend son guet derrière le gros palmier, et attend. Toute la palmeraie est noyée dans une fraîche pénombre. De temps à autre, un homme passe sur son chameau ou à pied, certains s’arrêtent et vont se rafraîchir à la source qui alimente les séguias, enlèvent leurs chèches et mouillent leur tête avec de l’eau froide. D’autres font leurs ablutions pour la prière du Maghreb, et reprennent la route vers la ville.
Pui
s, un homme au visage caché sous son nguêb descend de son chameau à hauteur de la source. Il enroule le licou autour d’un palmier d’un geste négligent et après avoir lancé un regard à droite et à gauche, pour être sûr d’être seul, s’élance d’un bond vers le rocher. Sa silhouette est légère, mais de là où il est, Brahim ne peut le reconnaître…
Le jeune homme cherche en vain le message, se penche pour regarder par terre, glisse à nouveau ses doigts sous la pierre
…
Brahim sort de sa cachette, en promeneur, déc
idé à démasquer son rival.
Salem aleïkoum !
L’homme sursaute légèrement et se retourne.
— Salem ! Ah ! C’est toi, Brahim ?
C
’est Monder son cadet.
— Que fais-tu là ? demande-t-il, la voix altérée par le choc.
- Rien ! Je me repose un moment
… Tu as les mains vides…
N
’es-tu pas allé au souk pour ramener le sucre et le thé ?
La vieille va être mécontente !
— Non répond-il sèchement à son frère intrigué. J’irai demain ! Il tourne le dos et prend le chemin du labyrinthe.
«Mais c
’est peut-être mieux ainsi, pense-t-il, il est plus jeune que moi, et j’ai la priorité pour choisir ma fiancée et me marier… Je vais le prendre de vitesse et j’irai m’installer au nord à Ouargla ou à Biskra et éloigner Sabha de Monder… et elle finira par l’oublier, elle est si jeune, elle n’a que dix-sept ans, et Monder dix-neuf.» Et les vingt-quatre ans de Brahim lui semblent pleins de sagesse et d’expérience…
Le lendemain, il participe avec quelques hommes au chaulage du mausolée de Sidi Cherif, situé sur les hauteurs de Timimoun. Avec
la chaleur, la chaux sèche aussitôt qu’elle est appliquée sur les parois, et le monument funéraire reprend sa blancheur immaculée.
Les festivités de Sidi Cherif commencent. De grands plats de couscous sont déposés sur la place des ksour. Le thé coule à flots. L
’odeur de la menthe parfume l’air, les discussions et les rires des hommes remplissent la place. Les vieillards, assis à part sur des nattes d’alfa, souriants, heureux de tout ce bonheur autour d’eux. De temps à autre, un enfant au teint foncé, vêtu, lui aussi, d’une gandoura blanche, vient se jeter sur les genoux de l’un d’eux, avant de reprendre son jeu interrompu…
Puis, les hommes quittent la place par groupes et se dirigent hors des murailles, sur la grande dune qui borde la ville.
Brahim, qui marc
he seul, les suit, le cœur serré. Formant un grand carré, les ahellil s’installent à même le sable, pour la selka, la récitation du Coran qui va durer toute la nuit…
Assis au milieu des hommes, Brahim ne peut se concentrer et, cessant de lutter, il laisse
errer son esprit vers la séguia d’où il a vu disparaître Sabha, deux jours plus tôt, sa silhouette altière sous sa jarre pleine d’eau…
Il regarde sans les voir les rangées d
’hommes noirs sous les abeya et les chèches blancs brillant au clair de lune, balançant légèrement leur corps d’un côté puis de l’autre, débitant les versets dans une parfaite harmonie… (A suivre…)

Source Infosoir Houria Bekiri

A suivre…

Le Pèlerin

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