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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

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Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 10:08

Otage de crises internes et plongée dans les bourbiers sahélien, libyen et ivoirien, la France tente de se jouer de l’opinion.

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Prise entre le marteau de la crise économique et l’enclume de la crise sociale au plan interne, la France officielle tente d’orienter l’opinion publique sur des débats de politique extérieure. Pour cela, elle essaye de faire diversion en surfant sur des crises à l’extérieur de l’Hexagone.

Le brasier le plus en vue et dans lequel la France s’est foncièrement impliquée est celui de la Libye. Le président Nicolas Sarkozy a agi auprès de la communauté internationale pour faire adopter la résolution onusienne 1973, portant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne contre le régime d’El Gueddafi. Néanmoins, l’acharnement de Nicolas Sarkozy contre El Gueddafi l’a mené à engager l’Otan dans des bombardements intensifs, visant la Libye. Insatisfait et affolé, d’une part, par la position de l’Union africaine privilégiant la solution politique et, de l’autre, par un éventuel revirement de l’opinion française. M. Sarkozy plonge encore plus profondément dans le bourbier libyen. Outre ces deux craintes suscitées, une autre question s’impose, à savoir, le pourquoi de l’intervention de la France en Libye. A cela s’ajoute également la position algérienne constituant, paraît-il, un écueil aux desseins géostratégiques de Nicolas Sarkozy, d’où la campagne de rumeurs visant l’Algérie, qui s’accentue. Faisant de la rumeur un discours officiel, accusant l’Algérie d’avoir prêté main forte au régime de Mouamar El Gueddafi, la France tente, sans preuve aucune, d’impliquer l’Algérie dans sa mascarade militaire. Néanmoins, cette «aventure sarkozienne dans l’incendie libyen» obéit-elle à une feuille de route répondant à des projets bien précis? Une autre question s’impose à savoir: «El Gueddafi sauvera-t-il Sarkozy?» Une telle intention soulève autant de questions, qui demeurent sans réponses. Alors, pourquoi cet acharnement contre l’Algérie? Quel est l’objectif de cette campagne de rumeurs?

La France perdrait-elle le contrôle des évènements en Libye? Qu’elle soit le résultat d’une planification hostile ou spontanée, cette campagne de rumeurs contre Alger est révélatrice d’une panne de perspective de la diplomatie française sachant que la position algérienne à ce sujet est claire. «L’Algérie ne s’ingère pas dans les affaires internes d’un pays et refuse à ce que l’on s’ingère dans ses affaires internes», a déclaré Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. Versatile, la France (version Sarkozy) fait de ses alliés d’hier ses ennemis d’aujourd’hui.

Ainsi, elle déclare la guerre à ceux pour lesquels elle avait déroulé le tapis rouge il y a à peine quelques mois.

Les révélations sur les comptes bancaires et le gel des avoirs des Hosni Moubarak, Ben Ali et Mouamar El Gueddafi en sont une preuve incontestable. C’est dire que la France ne se met que du côté des gagnants et maîtres de l’heure. Engagée sur plusieurs fronts dont l’objet est confus et aux résultats incertains, voire sans le consentement de la communauté internationale, y compris ses voisins immédiats, en l’occurrence l’Allemagne, la France cherche-t-elle à se repositionner après son échec dans la gestion des évènements de Tunisie? Ou ne s’agit-il que d’une stratégie électoraliste pour résorber le mécontentement de l’opinion française à l’endroit du bilan de Sarkozy, jugé des plus critiques?

Les crises économique et sociale qui frappent de plein fouet la France, renseignent sur l’échec, de Sarkozy dans la gestion des affaires de l’Hexagone. Cela s’explique, d’ailleurs, par les récents sondages, en prévision de l’élection présidentielle. M.Sarkozy serait éliminé dès le premier tour de l’élection. C’est un résultat que révèle un sondage BVA pour «Orange, L’Express et France Inter». En fait, le candidat socialiste, Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry, n’affronterait donc que Marine Le Pen au second tour. Plongée dans les bourbiers sahélo-saharien, libyen, ivoirien et afghan, la France officielle s’est affolée et tente, contre vents et marées, d’impliquer autour d’elle d’autres pays.

Conscient de ce résultat, Nicolas Sarkozy a limogé des ministres et rappelé d’autres à son secours. Ainsi, le retour à l’Elysée de l’ex-Premier ministre Alain Juppé, pour remplacer Michèle Alliot-Marie aux Affaires étrangères, constitue pour Sarkozy une stratégie à même de rattraper les échecs de ses aventures militaires au Sahel, où des opérations militaires françaises ont été signalées, lors des tentatives de libérer l’un des otages français, retenu par Aqmi, les interventions en Côte d’Ivoire et enfin les bombardements contre la Libye, s’inscrivant dans le cadre de la résolution onusienne 1973. Refusant le dialogue et la solution pacifique donc politique en Libye, comme l’ont si bien soutenu l’Union africaine, la Russie et la Chine, la France a choisi l’option militaire. Pis encore, elle s’est même ingérée dans les affaires internes du Conseil de transition libyen dans sa prise de décision.

En effet, ce dernier ayant accepté lors de la première rencontre avec les représentants de l’UA l’arrêt des hostilités avec le régime d’El Gueddafi, n’a pas tardé à manifester un refus catégorique, après le déplacement de son chef en France. Ainsi, Sarkozy vient de s’offrir son propre «bourbier afghan».

Des observateurs français estiment, quant à eux, que «Sarkozy veut tuer l’âme de la France, un pays qu’il veut rendre semblable au pays qui est son modèle: les Etats-Unis. Nicolas Sarkozy l’a dit à de nombreuses reprises: il veut en finir avec le modèle social français, lui préférant un modèle américain, caractérisé par une société inégalitaire, violente, et ultrarépressive.»

Constat: les aventures militaires de la France constituent ainsi une aubaine pour celui qui a fait de l’insécurité le thème majeur de sa campagne.

Kamel Lakhdar-Chaouche

Source L’Expression

Le Pèlerin

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 08:07

« Darwin et la religion »

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Conférence suivie du repas républicain à 20h00

Inscription par e mail ou téléphone

Le Pèlerin

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 05:17

En raison de la surpêche en Méditerranée

Des poissons en voie de disparition

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Plus de quarante espèces de poisson en Méditerranée risquent de disparaître ces prochaines années en partie en raison de la surpêche, selon la première étude de l’Union mondiale pour la nature (UICN) pour la région publiée lundi.

Sur les 519 espèces et sous-espèces de poissons marins indigènes inclus dans cette évaluation régionale, plus de 8% (43 espèces) ont été classées dans les catégories menacées (en danger critique, en danger ou vulnérable).
Parmi les 15 espèces les plus menacées (en danger critique), 14 sont des requins et des raies. De même, parmi les 13 espèces considérées «en danger», 9 sont des requins et des raies. Et parmi les 15 espèces répertoriées comme «vulnérables», 8 sont des requins et 7 appartiennent à la famille des poissons osseux.

Dans son étude, l’UICN explique que «l’utilisation d’engins de pêche, comme les lignes de pêche, les filets maillants de fond ou le chalutage, et l’utilisation illégale de filets dérivants impliquent que des centaines d’animaux marins sans valeur commerciale sont capturés».
En conséquence, ces pratiques menacent de nombreuses espèces de requins, raies et autres poissons, ainsi que d’autres animaux marins dont les dauphins, les baleines, les tortues et les oiseaux.

La population du thon rouge (Thunnus thynnus) en Méditerranée est particulièrement préoccupante. Il y a eu une baisse d’environ 50% du potentiel de reproduction de cette espèce au cours des 40 dernières années.
Très prisé pour les sushis, le thon rouge a été longtemps surpêché, selon les scientifiques. Sa pêche reste néanmoins très lucrative : un thon rouge d’environ 342 kilos a ainsi été vendu en janvier au prix record de près de 300 000 euros à Tokyo.

Source El Watan

Le Pèlerin

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 23:29

«Il y a un problème de relève de génération politique»

contestation dans le monde arabe

L'amiral du corps de réserve Jean Dufourcq est familier de la réflexion stratégique dans les enceintes académiques et militaires. Il continue de participer à la définition des axes de déploiement de la doctrine militaire et diplomatique française mais, c'est à titre personnel, qu'il s'exprime dans les colonnes du Soir d'Algérie pour donner son éclairage sur le cours des évènements actuels dans le monde arabe.

Le Soir d’Algérie : L’évolution rapide du cours des événements dans le monde arabe interpelle, sous un angle nouveau, l’Union européenne, à commencer par la France, dont les rapports traditionnels à la rive sud de la Méditerranée ne peuvent plus perdurer. Quelles adaptations pour la politique étrangère de la France ?

Amiral Jean Dufourcq : L’intifada actuelle en Méditerranée est d’abord une affaire de crise politique et sociale entre les populations arabo-méditerranéennes et les systèmes de gouvernement qu’elles contestent. Elle interpelle, c’est vrai, à l’évidence aussi les pays euro-méditerranéens, à la fois comme voisins attentifs et compatissants et comme démocrates soucieux de libertés et de modernité. C’est à ce double titre qu’il est évident que les rapports traditionnels entre riverains méditerranéens vont évoluer. Vous me demandez quelles adaptations pour la politique étrangère de la France ? Je vous répondrai simplement qu’il lui faut accompagner pacifiquement ce changement au rythme que choisiront les peuples et faciliter enfin la mise en place progressive d’une communauté d’intérêts et de destin que suggère la proximité géographique et humaine, notamment en Méditerranée occidentale. A cet égard, la France avec l’Italie et l’Espagne doit aider l’Union européenne à prendre la mesure du changement, à en promouvoir la dynamique positive et à se montrer inventive en matière de partenariat.

L’engagement résolu de la France dans les opérations militaires en cours en Libye n’a pas manqué d’appeler l’attention du monde, notamment, pour ce qui apparaît comme un alignement sur la position des Etats-Unis au sein de l’Otan. Quelle interprétation accorder à cet engagement militaire français ostensible ?

Avant de relever l’engagement militaire de la France, je voudrais vous faire observer que c’est l’engagement politique et la détermination diplomatique de la France qui ont été déterminants. Il fallait l’audace de l’indignation et la témérité de la juste cause pour protéger le peuple libyen contre son dirigeant qui voulait le mater à coups d’armes lourdes. Sans elles, pas de vote de la résolution, pas d’abstention constructive des pays généralement hostiles à ce genre d’intervention. Mais n’éludons pas la question de l’Otan. Vous aurez noté que le contrôle politique et la direction stratégique de l’engagement militaire sont restés dans la coalition, et hors Otan, et qu’ils le sont toujours et que c’est seulement au bout d’une semaine que la planification et le contrôle opérationnel des missions ont été dévolus à ses centres de commandement militaires. Bien sûr, il pouvait y avoir des discussions sur ce point, voire des divergences, notamment entre Britanniques et Français. Et il faut chercher dans la mise en œuvre technique des missions aériennes la raison du recours final à l’Otan qui est l’organisation la plus performante pour l’action en coalition dans ce domaine ; et non dans un alignement politique sur des Etats-Unis par ailleurs politiquement bien prudents.

Comment, côté français, explique-t-on la capacité de résistance manifestée par le colonel El Kadhafi ? Une détermination individuelle seulement, ou une détermination individuelle qui s’appuie sur une configuration particulière du pouvoir et de la société ?

Je ne me hasarderai pas à parler au nom de la France. Quelques remarques sur cette détermination. Je dirai seulement que c’est dans la structure même du pouvoir libyen qu’il faut chercher la capacité de résistance du leader et des troupes rassemblées autour de lui. On note que le pouvoir actuel résulte d’un compromis somme toute accepté entre des parties d‘un pays qui n’a jamais été complètement unifié, sinon sous la férule d’un clan et dans la répartition imposée par le dictateur de ses ressources énergétiques. Ensuite, il faut noter la totale prévisibilité des opérations anglo-américaines qui opèrent toujours de la même façon, en essayant de tirer parti de la capacité foudroyante des missiles de croisière pour supprimer les défenses aériennes et les centres de commandement de l’adversaire. Mais on peut s’y préparer et en minimiser les effets par une dispersion et une protection soignées. Enfin, comme il a été exclu d’emblée d’aller le déloger militairement au sol, les combats se limitent à des rezzous d’insurgés peu organisés contre des concentrations mécanisées loyalistes. Il y a de la place dans ce système pour les allées et venues, la confusion et les négociations. Pour finir, comment le colonel pourrait-il renoncer à un pouvoir qu’il exerce sans partage depuis plus de 40 ans, sans que rien n’y personne n’ait pu l’en dissuader et que la famille arabe comme la communauté internationale avait fini par absoudre ? Il peut croire encore au salut.

Nous assistons, dans tous les cas de figure, à un élargissement de plus en plus marqué du champ d’application du fameux droit d’ingérence humanitaire. Dans le cas d’espèce de la Libye, nous sommes dans une démarche de préservation d’intérêts vitaux liés aux hydrocarbures ou, vraiment, dans une logique de devoir humanitaire ?

Le devoir de protéger une population contre le dirigeant qui l’agresse par moyens militaires dispose désormais avec la résolution 1973 d’un cas d’école. Bien peu aurait misé il y a un mois sur ce scénario, après les révoltes tunisienne et égyptienne. Il sera demain d’application plus facile et le précédent libyen sera opposable aux oppresseurs des libertés publiques qui utiliseront des moyens militaires. Laissez-moi penser que dans la démarche des premiers pays engagés dans la volonté de cessez-le-feu immédiat, il y avait d’abord la question humanitaire qui les taraudait, plus que d’autres, la renaissance arabe qui les préoccupait, de façon majeure, la démocratisation des sociétés arabo-musulmanes qu’ils espéraient, rappelons-nous l’entreprise du Grand-Moyen- Orient de la décennie précédente. Il y avait aussi la propagation d’une crise de modernité sociopolitique qui appelait de nouvelles solidarités régionales mais aussi des précautions accrues en matière de fuyards et de migrants. Il y avait enfin bien sûr pour les compagnies majeures investies dans la production d’hydrocarbures un impératif catégorique d’action que les Etats concernés n’ignoraient pas. Je vous laisse adapter ce coquetel à chacun des pays de la coalition pour ce qui le concerne !

Si l’on admet que les puissances occidentales, à commencer par les Etats-Unis, sont impliquées, à des degrés divers, dans le cours des événements qui se poursuivent dans le monde arabe, comment expliquer que, pour certaines situations (Égypte, Tunisie), ils soient intervenus plus que dans d’autres (Bahreïn, Maroc…) ?

S’il y a un problème spécifique des sociétés arabes, c’est bien celui des relèves de générations politiques. Et la tentation dynastique existe chez la plupart pour préserver les équilibres internes de pouvoir mais chacune est à la recherche d’un modèle spécifique lui permettant de garantir des transitions politiques maîtrisées vers la dignité, la modernité et la prospérité, surtout si le pouvoir n’y pourvoit pas. Et là où les processus de modernisation sont déjà actifs, comme là où les équilibres ethno-religieux internes sont impératifs, on voit que les acteurs extérieurs interviennent peu, sauf pour consolider les démarches en cours. Alors que là où il y a une vraie requête d’aide extérieure, de légitimation du mouvement d’intifada, voire un appel au secours, il me paraît évident que les démocraties libérales apportent leur aide, sans trop se faire prier. Et puis n’oublions pas que tout le monde a été pris de court par l’ampleur et la détermination des contestations et par leurs relais spontanés. La liberté n’a pas besoin de dopant ni de complot. Nous Français savons cela depuis deux siècles et cinq Républiques.

Les transformations plus ou moins radicales qui affectent, actuellement, les systèmes de gouvernance dans le monde arabe risquent d’entraîner quelles modifications dans l’équilibre du rapport de force arabo-israélien avec quelles perspectives pour l’évolution du contexte stratégique régional ?

En rebattant toutes les cartes du monde arabe, la renaissance actuelle change profondément la donne palestinienne. Car l’Etat d’Israël ne bénéficie plus automatiquement de la prime démocratique face à l’absolutisme arabe. La vertu et l’exemplarité politiques peuvent désormais se répartir au Proche-Orient ; de nouvelles expériences de modernité sociopolitique, comme la turque, peuvent invalider l’archaïsme musulman et relativiser le front anti-iranien qui servait à la fois les intérêts des conservateurs arabes et ceux des faucons israéliens. Mais avant de saluer la diffusion positive des libertés dans son voisinage, Israël pourrait être d’abord tenté de se «remparer» dans un réflexe d’encerclement militaire. Il pourrait aussi rechercher bientôt de nouvelles alliances régionales avec des voisins progressivement normalisés auprès desquels il pourrait enfin commencer à assumer son orientalité et rechercher les conditions d’une communauté d’intérêts stratégiques. La modernisation syrienne serait un facteur- clé de cette possible évolution. Et le processus de paix peut devenir demain enfin une affaire vraiment régionale, sans recours aux parrainages extérieurs. C’est le scénario vertueux. Inutile de dire qu’il a son pendant tragique de possible fuite en avant et d’aventurisme militaire, surtout si les nouveaux acteurs arabes tardent à établir un nouveau régime de mesures de confiance et de sécurité plus ambitieux avec un Etat d’Israël forcément dans l’expectative. Mais la population palestinienne pourra-t-elle accepter le découpage qui se profile actuellement ? La renaissance arabe ne va-t-elle pas démonétiser la solution des deux Etats ? Le contexte régional actuellement bloqué pourrait évoluer rapidement.

(*) Rédacteur en chef de la revue Défense nationale (www.defnat.com), chercheur à l’Ecole militaire, docteur en science politique et académicien de marine, l’amiral Jean Dufourcq a servi dans les forces sous-marines.

Source Le Soir d’Algérie Mohamed-Chafik Mesbah

Le Pèlerin

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 23:01

Ces musulmans qui étaient de trop à Verdun et à Monte-Cassino pour sauver la France et la reconstruire

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L'Islam est le deuxième culte de France depuis le début des années 1970. Depuis lors, la proportion de musulmans rapportée à l'ensemble de la population française est demeurée inchangée.

Tous les spécialistes en sont d'accord, malgré les difficultés d'introduction de critères confessionnels dans les statistiques. Au moment de l'adoption de la loi de 1905, il y avait une plus importante proportion de musulmans, car «l’empire français» était une «puissance musulmane», plutôt fière de ses populations d'Algérie, du Maroc, de Tunisie et de l'Afrique subsaharienne. Durant les grandes guerres, depuis la guerre de Crimée (1854-1856) jusqu'aux deux conflits mondiaux (1914-1918 et 1939-1945), il y avait une forte concentration de soldats musulmans dans l'armée française, et personne n’a eu à s’en plaindre. A son arrivée à Paris le 25 août 1944, la 2e DB était constituée majoritairement de soldats musulmans. C'est à partir de cette date, avant la traversée du Rhin, que le général Leclerc a procédé à un rééquilibrage au sein de l’armée entre les soldats français musulmans et les soldats français de la métropole. C'est le général de Gaulle lui-même qui en a fait la confidence à Georges Pompidou en 1949 (cf. G. Pompidou : Pour rétablir une vérité. Plon. 1982). La citoyenneté des Français de confession musulmane a été chèrement acquise aussi bien par leur engagement en tant que soldats que par leur participation à la reconstruction de la France après ces conflits armés. Il est salutaire de rappeler ces vérités historiques à l'intention de mon ami C. Guéant afin de lui éviter de trop solliciter des statistiques falsifiées sur la présence des musulmans en France dans le seul but d’instrumentaliser la peur au risque de dérapages.

Source Liberté Abderrahmane Dahmane

Président du Conseil des démocrates musulmans de France

Le Pèlerin

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 11:04

Une équation difficilement soluble dans la laïcité

formation-des-imams.jpg

 

La France peine à résoudre, dans le respect de la loi sur la laïcité, l'équation de la formation de imams et doit composer avec certains religieux autoproclamés et à la culture sommaire ou avec d'autres venus de pays où politique et religion sont entremêlées.

Ce double souci de lutter contre l'extrémisme et de soustraire les fidèles à l'influence des bailleurs de fonds maghrébins, turcs ou saoudiens a engendré le voeu d'un "islam de France" adapté au contexte hexagonal, dans lequel les imams vont aussi transmettre les valeurs comme le respect de la loi, la liberté de conscience ou l'égalité entre les sexes.

Sauf que venant de l'Algérie où l'islam est religion d'Etat, du Maroc où le roi est le commandeur des croyants, deux pays où le Coran est aussi source de législation, ces religieux au statut de fonctionnaire n'ont pas été préparés à officier dans les 2.000 mosquées et salles de prière de France où les croyances sont une affaire personnelle.

Sans compter qu'un certain nombre d'entre eux ne parlent même pas le français pour pouvoir s'adresser aux jeunes musulmans nés en France. Sur les 1.200 imams en exercice, moins de 200 ont le niveau de la fonction, selon la Grande mosquée de Paris (GMP) qui forme ses propres imams.

Les imams "autoproclamés" (l'islam n'a pas de corps clérical), bénévoles ou rémunérés par l'aumône des fidèles, ont juste une certaine connaissance de la langue arabe qui leur permet l'accès au texte.

Mais de l'islam, ils ont une connaissance sommaire et en donnent une "image caricaturale" qui favorise l'intégrisme, selon le président d'une association musulmane parisienne qui a requis l'anonymat.

"Je souhaite qu'il y ait en France un institut de formation des imams de France, qui parlent français, qui connaissent notre culture et qui respectent nos coutumes", avait souhaité Nicolas Sarkozy en 2003 alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Un souhait rappelé par Claude Guéant qui s'est rendu lundi à la Grande mosquée de Paris.

En 2008, l'Institut Catholique a signé une convention avec cette mosquée pour compléter la formation des imams par un cycle de deux ans, financé en partie par l'Etat et proposé sous le libellé "Religions, laïcité, interculturalité".

"C'est un dispositif précis destiné à sensibiliser un certain nombre d'acteurs religieux aux particularités du régime de laïcité, aux grandes dates de l'histoire de France et à la pluralité religieuse", commente le chercheur Franck Frégosi.

Cet expert, auteur de "penser l'islam dans la laïcité", observe que le cycle est "fréquenté par le courant franco-algérien qui s'est montré très docile vis à vis des autorités françaises" mais qu'il est rejeté par "d'autres composantes de l'islam gênées que la formation soient dispensée par la Catho".

L'initiative a éveillé la méfiance de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, réputée proche des Frères musulman) et qui forme depuis 1992 ses propres imams à Saint-Léger-de-Fougeret, au coeur de la Nièvre.

Un projet d'institut d'études islamiques à l'université a par ailleurs été refusé par La Sorbonne.

Le commissaire à la diversité, Yazid Sabeg, plaide pour une formation là où les lois concordataires pourraient permettre à l'Etat de financer un tel projet, comme à Strasbourg où sont implantés une université catholique et une protestante qui délivrent un diplôme d'Etat. La GMP serait alors une "autorité certificatrice".

Source MSN AFP

Le Pèlerin

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 08:57

De la routine des propagandes dans le monde arabe

contestation dans le monde arabe

 

 

Comment reconnaître un régime arabe en phase terminale ? Il suffit de regarder son «ENTV» nationale pendant la nuit, le lendemain de quelques manifestations demandant l'air et la liberté. De la Syrie à l'Océan, il s'agit des mêmes réflexes : on filme quelques ardents du dictateur, hurlant leur soutien au Reich, brandissant les portraits du Chef et pas ceux du pays, se drapant du drapeau et tournant en rond dans la cage proclamée objet de tous les amours possibles. On y voit aussi, en bas de l'écran, la fameuse bande défilante qui explique que la confédération des fabricants de fédérations déclare son soutien au Reich et refuse «toute atteinte à l'unité de la nation», c'est-à-dire aux privilèges du chef et de ses alliés. La bande défilante fait, généralement, défiler d'invraisemblables associations, des partis-espadrilles et des notables et des acteurs depuis longtemps trop proches du palais pour ne pas parler de sa langue et se mouiller dans sa salive. La suite, vers minuit, est réservée aux Imams de service qui proclameront que la révolution est illicite et qu'elle est assimilable à un état d'ébriété ou un adultère avec une fourbe étrangère. Ensuite viennent les ténors du régime : faux délégués d'étudiants, faux syndicats, faux partis et faux historiques qui clignent de l'œil et jurent déjà voir, à l'horizon, des troupes étrangères envahir le pays et siphonner ses richesses. Un «espion» ou deux sont arrêtés et une cache d'armes est découverte sous le lit d'un centenaire présenté comme un jeune israélien camouflé. Le pire, et dont le ridicule tue, reste le fameux complot étranger et agenda extérieur et programme d'atteinte à l'unité de la nation.

 C'est le réflexe systématique. Bien sûr, il n'y a pas plus «vendu» plus servile et plus larbin que le dictateur envers l'Occident mais dès qu'un opposant bouge les lèvres, il est accusé de complot et d'espionnage et d'agenda externe. La raison ? Celle qui veut que la paranoïa soude les gens en un peuple autour d'un leader. Sauf que ce n'est pas le cas. Ceux qui cassent le pays, le volent, le mangent, le mâchent et l'étranglent à chaque naissance ce sont les dictatures mais c'est l'étranger qui est accusé de complot. Complot de qui ? L'Occident. Pourquoi ? «Parce que nous sommes un pays unique au monde, riche, beau, envié de tous, si proche de Dieu qu'on peut parler à sa place et parce que notre chef a découvert de l'eau sur la lune et ne dort jamais pour surveiller l'ennemi qu'il tue à chaque résurrection». Complot externe ? C'est à faire rire quand c'est dit et dénoncé par les premiers traîtres de la nation à la nation, c'est-à-dire ses dictateurs et compagnons et proches et parents du vieux fauve. Le sujet du jour reste cependant le «langage ENTV» de chaque régime quand il se sent menacé. Ultra narcissisme, kitch incroyable, portraits staliniens du Reich, slogans hystériques et réactivation des instincts primaires (anti-juif, anti-minorité, anti-ancien colonisateur, anti-monde entier) et accusations systématiques de quelques anciens ennemis tenus en veilleuse comme les islamistes ou les voisins du pays voisin qui n'a pas accepté le découpage territorial fait après le départ du Colon.

 Avec le vent de changement qui souffle, le chroniqueur n'a pas vu une seule TV nationale dans le monde arabe, une seule, parler un langage de raison, de réflexion sur les causes du malaise, agir avec responsabilité. Rien. Rien que les réflexes du stalinisme médiatiques et les imbécilités du sous-professionnalisme quand il croise la parenté entre article de presse et bulletin de Moukhabarets. Dieu que les propagandes des régimes sont navrantes et stéréotypées !

Source le Quotidien d’Oran Kamel Daoud

Le Pèlerin

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 07:44

La Syrie en marche pour la partition

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«L’Occident n’aime pas qu’on lui ressemble, il aime qu’on lui obéisse.» Amin Maalouf (Les identités meurtrières)

Damas est dans le collimateur des puissances occidentales par révoltés interposés. Le président syrien Bachar al Assad, au pouvoir depuis onze ans, est confronté à la plus grande vague de contestation de son régime, alors que les manifestations s’étendent dans plusieurs villes du pays. Des manifestations ont eu lieu vendredi dans la capitale, Damas, et à Hama, plus au nord, théâtre d’une répression sanglante d’un soulèvement islamiste qui avait fait jusqu’à 20.000 morts sous le régime d’Hafez al Assad en 1982. La statue de Hafez El Assad a été déboulonnée. A Sanamein, dans le sud du pays, des habitants ont rapporté que 20 personnes avaient été tuées (....) Selon l’International Crisis Group, Assad pourrait faire de nouvelles concessions afin d’éviter une confrontation et lancer des réformes politiques et économiques. «La Syrie se trouve à ce qui pourrait être un tournant de son régime», a écrit le groupe de réflexion vendredi. «Il y a seulement deux options: l’une implique une initiative immédiate et politiquement risquée qui pourrait convaincre le peuple syrien que le régime souhaite s’engager dans des changements spectaculaires, l’autre entraîne une répression qui a toutes les chances de mener à une issue sanglante et odieuse.» Abdelhalim Khaddam, ancien vice-président syrien qui a quitté en 2005 le parti Baas, a déclaré samedi que «le sang des martyrs balaiera ce régime». (1) Le candidat à l’effritement durable est cette fois la Syrie:petit pays, grande civilisation. Petit détour par Wikipédia/ On lit: «L’histoire de la Syrie est marquée par sa situation exceptionnelle. C’est un territoire de transition au carrefour de plusieurs mondes: la Méditerranée, la Mésopotamie, la Perse, l’Inde, l’Asie mineure, les terres du Caucase et l’Égypte. La Syrie était traversée par les plus importantes voies commerciales, entre l’Europe, la Chine (route de la soie) et l’Inde. L’homme de la terre syrienne a peut-être découvert, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, à Abu Huraira, l’art de cultiver, d’associer l’eau et le grain de blé, pour multiplier les épis. C’est également en Syrie, que l’homme découvrit comment utiliser le cuivre, comment le façonner et en réaliser un alliage: le bronze. Dès le IIIe millénaire av. J.-C. les Syriens construisaient des palais, créaient des fresques, et connaissaient un essor culturel et commercial remarquables. Et c’est dans ce pays que naquît aussi l’alphabet (site de Ugarit, près de Lattakié). La Syrie a eu une part importante dans l’histoire du christianisme et dans ses débats. Elle a donné 6 papes au christianisme. À travers ses routes sont passés les pèlerins vers les grands centres religieux, les croisés et les caravanes de la soie et des épices.

L’Occident revenchard

Pour la période récente, la Syrie fut ottomane depuis 1516, le début de la renaissance de la Syrie moderne peut être datée des années 1832 à 1840, En 1860, les événements du Mont Liban et de Damas entraînent l’envoi d’un corps expéditionnaire par les puissances européennes. En 1861, cette intervention militaire eut pour conséquence l’autonomie du Liban vis-a-vis de Damas. En 1917 Britanniques et Arabes participèrent à la prise de Damas en 1918. Les troupes du général Gouraud arrivent, vainquent une armée menée par Youssef al-Azmeh dans la bataille de Maysaloun le 24 juillet 1920, et entrèrent à Damas. Fayçal se trouva contraint à l’exil. Les Français ne se retirèrent totalement du Liban et de la Syrie qu’en 1946. Bien plus tard, avec des gouvernements éphémères, la défaite laisse le champ libre au général Hafez el-Assad, qui prend le pouvoir en novembre 1970 et chasse les extrémistes. En juillet 2000, après le décès de son père, Bachar el-Assad accède à la présidence comme prévu. Les observateurs remarquent alors qu’un vent de liberté politique commence à souffler sur le pays. Espoir vain. La vieille garde, représentée notamment par le vice- président Abdel Halim Khaddam [ qui appelle maintenant au renversement du régime] exercent des pressions considérables sur le jeune président pour mettre fin à cette liberté. Le printemps de Damas, dit-on, n’a duré que 8 mois.». Le Monde arabe n’a jamais été en paix. L’Occident revenchard a attendu son heure pour faire revivre les croisades. Au cours de l’automne 1917, le général Sir Edmund Allenby a envahi la Palestine et, le 11 décembre, lui et ses officiers sont entrés dans la ville sainte de Jérusalem par la porte de Jaffa. Le Premier ministre, Lloyd George, considérait cela comme un cadeau de Noël et écrivit que la chrétienté avait repris «possession de ces lieux saints». Le général français, Henry Gouraud, entra à Damas en juillet 1920. Après avoir frappé sur le tombeau de Saladin, Gouraud s’écria: «Réveille-toi Saladin, nous sommes de retour. Ma présence ici consacre la victoire de la croix sur le croissant.»(2)

Le choc des civilisations

Mieux encore, après les Accords de Sykes Picot qui ont dépecé l’Empire ottoman en 1916, alors que la guerre n’était pas terminée, les troupes occidentales voulurent imposer leur vision des choses. Au cours de l’été 1920, un ancien jeune officier du Bureau des affaires arabes au Caire, devenu une célébrité, le colonel T.E.Lawrence, faisait le commentaire sarcastique suivant: «Les Turcs avaient été de meilleurs dirigeants.» Il affirma que les Turcs avaient utilisé 14.000 conscrits locaux en Irak et avaient tué en moyenne annuelle 200 Arabes pour maintenir la paix. Par contre, les Britanniques avaient déployé 90.000 hommes, avec des avions, des chars blindés, des navires de guerre et des trains blindés, et avaient tué près de 10.000 Arabes au cours du seul soulèvement de l’été 1920. Le 7 août 1920, The Times [le quotidien impérial britannique] demandait de savoir «combien de temps encore des vies précieuses devront être sacrifiées pour l’objectif vain d’imposer sur la population arabe une administration élaborée et coûteuse qu’elle n’a jamais réclamée et dont elle ne veut pas!» Près d’un siècle plus tard, quand G.W.Bush enjoint à la Syrie de se démocratiser en prenant exemple sur l’Irak et sur l’Afghanistan, écrit Abdelaziz Kacem, de qui se moque-t-il? Des Arabes, certes, mais également de la démocratie, elle-même. Et cela est doublement inacceptable. Il a livré l’Irak au chaos et chevillé l’Afghanistan à ses deux opiums, le pavot et la religion. Je ne suis pas communiste, mais je dois reconnaître que le régime afghan prosoviétique a tenté d’insérer le pays dans l’histoire, ne serait-ce qu’en ouvrant les écoles aux filles. Le premier exploit de Ben Laden, c’est d’avoir fait exploser une classe d’école à Kaboul. Elle avait été visée parce qu’elle était mixte. Tous les enfants, garçons et filles, sont morts. Le maître, blessé, a été traîné dans la rue et achevé par éviscération.(3) Le professeur André Miquel résume en quelques lignes, douze siècles de confrontation euro-arabe: «Ce problème des relations entre le Monde arabe et l’Europe, entre les deux rivages de la Méditerranée, s’est posé essentiellement à quatre moments de l’histoire. D’abord, ce que j’appellerais la grande période arabo-musulmane, celle de la transmission des sciences grecques à l’Occident; ensuite, l’époque des croisades; puis l’époque des impérialismes, à partir du XIXe siècle; et enfin la situation actuelle, qui s’articule autour de deux thèmes centraux: le pétrole et l’immigration.(4) Nous y voilà! le pétrole et toujours le faciès de l’émigré surtout s’il est arabe et musulman. Décidément et sans verser dans le choc des civilisations que Samuel Huntington avait appelé de ses voeux, il faut convenir que les croisades au besoin matinées de mondialisation de capitalisme sauvage et naturellement de pétrole, se sont installées dans la durée. Antoine Sfeir, le directeur des Cahiers de l’Orient, craint un effet domino: «Après un tel éclatement, on irait vers celui du Liban, puis celui du Yémen. Puis en Egypte...«La contestation ne touche pas toute la Syrie, pour le moment, mais est localisée à la frontière syro-jordanienne à Deraa, une ville frontalière sur la route entre Damas et Amman. Et c’est une ville de minorités - Arméniens, Kurdes, Turkmènes...- ce qui a très probablement mis la mèche.(5) Leurs propres revendications se sont ajoutées aux revendications transversales des mouvements de contestation précédents en Tunisie, en Egypte ou en Libye. La question est maintenant de savoir si la contestation va toucher les grandes villes, jusqu’à Damas. Car si tel est le cas, on peut craindre un démantèlement de la Syrie. Il ne faut pas oublier que tous les pays du Moyen-Orient ont été constitués sur la base du partage des territoires entre Français et Britanniques définis lors des accords Sikes-Picot en 1916 et non sur des notions de peuple. Et des troubles en Syrie pourraient amener un éclatement du pays où aujourd’hui différents peuples coexistent. Après un tel éclatement, on irait vers celui du Liban, puis celui du Yémen. Puis en Egypte, l’entité copte serait confirmée dans la Haute-Egypte...N’oubliez pas non plus que trois Etats coexistent en Irak et que le Sud-Soudan vient de faire sécession.(5)

Pourquoi le deux poids, deux mesures?

Mohamed Belaali s’interroge sur la différence de traitement faite par l’Occident à même volonté de démocratie et de liberté. Il écrit: «L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis ont envahi le petit royaume de Bahreïn dans l’indifférence quasi générale. Pourtant, l’évolution de la situation et les conséquences qui peuvent en découler, sont d’une importance capitale non seulement pour la région, mais aussi pour le monde entier. Il y a trop de pétrole dans cette partie du monde et la moindre étincelle peut embraser tout le Moyen-Orient. La révolte des peuples de la région qui veulent se débarrasser des tyrans d’un autre âge peut constituer cette étincelle. A Bahreïn par exemple, la population mène depuis plus d’un mois, un magnifique combat pacifique contre le despotisme de la dynastie des Al-Khalifa au pouvoir depuis trois siècles.(6) Le même vent de révolte souffle également sur le sultanat d’Oman dirigé depuis 1970 par le sultan Qaboos qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs. (..) Des régimes démocratiques, au Yémen, à Bahreïn et à Oman peuvent donner des idées et servir d’exemple aux autres peuples de la région qui subissent la même oppression, les mêmes injustices et les mêmes régimes tyranniques. En Arabie Saoudite, le peuple aspire lui aussi, comme les autres peuples arabes, à une société nouvelle débarrassée du joug de la dynastie des Al Saoud qui domine le pays depuis des siècles. Et il ne faut surtout pas que le peuple saoudien emprunte le même chemin que les peuples voisins et renverse le régime anachronique des Al Saoud serviteur local des États-Unis comme l’ont fait les peuples tunisien et égyptien. Faut-il rappeler que le sol saoudien renferme les plus importants gisements de pétrole au monde, et que l’Arabie Saoudite est le premier exportateur mondial et le deuxième producteur de l’or noir? Elle est à ce titre un élément-clé de la sécurité énergétique des USA. Les Américains sont les protecteurs armés de la dynastie saoudienne et leur soutien à la famille royale est inconditionnel. C’est dans ce cadre général qu’il faut situer l’intervention saoudienne et émiratie à Bahreïn le 14 mars 2011, sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe et le silence complice de Washington. Les Américains, comme les Européens qui demandent le départ d’El Gueddafi et interviennent militairement en Libye, se taisent lamentablement sur cette intervention militaire saoudienne et ne formulent pas les mêmes exigences à l’égard du roi du Bahreïn. La place de la Perle, au coeur de Manama, la capitale de Bahreïn et haut lieu de la révolte populaire, a été évacuée dans le sang le 16 mars 2011. Une répression sauvage s’est abattue sur des hommes et des femmes qui manifestaient pacifiquement contre une dictature. Et la répression se poursuit toujours.

Alors que l’impérialisme américain et européen intervienne militairement en Libye «pour assurer la protection des civils», la population de Bahreïn, elle, non seulement n’a pas le droit à cette protection, mais on la réprime violemment avec l’aide des armées étrangères sous l’oeil bienveillant des États-Unis. Il faut préciser que c’est à Bahreïn que se trouvent le quartier général de la Ve flotte et le port d’attache des bâtiments de guerre américains. Le boucher du Yémen, au pouvoir depuis 32 ans, continue à massacrer sa propre population avec, là encore, le silence complice des États-Unis et de l’Europe. (...) C’est que Abdallah Saleh est considéré comme un allié par les Américains dans «la lutte contre Al Qaîda». (6)

On peut penser que plus rien ne peut arrêter la dynamique d’effritement des anciens pouvoirs arabes au profit de l’inconnu. Chacun s’interroge sur ce qui en restera quand l’inexorable tsunami de la contestation balaiera les pouvoirs en place. On peut parier que les royautés ne seront pas balayés ou au pire l’Occident trouvera la parade pour en faire transitoirement des monarchies parlementaires, ce qui n’amènera pas le bonheur aux Arabes mais permettra d’assurer encore pour quelques décennies le confort énergétique de l’Occident et assoira définitivement Israël. L’hégémonie des nouveaux seigneurs sera alors définitivement scellée dans ce XXIe siècle largement structuré par la technologie. Un exemple, tous les Arabes terrorisent leurs peuples avec les armes occidentales, j’ai dit que les Arabes en sont encore au glaive et à l’arbalète. En Libye, un exemple tragique: la France a armé El Gueddafi, elle détruit maintenant son potentiel et déroute même ses radars dont elle a gardé les codes, elle arme maintenant les rebelles. C’est donc tout bénéfice. La partition du Monde arabe est en marche. Il est à craindre que l’échec du GMO à la sauce Bush est comme le phoenix, il renaît de ses cendres sous Obama. En trois mois et avec «seulement moins d’un millier de morts» au lieu du million de morts qu’il a fallu pour normaliser pourrait-on dire d’une façon macabre, le redécoupage du Monde arabe, est devenu une réalité. La Syrie ne sera plus comme avant, les suivants d’El Assad accepteront une partition des Kurdes qui rêvent avec leur frères Irakiens et Turcs d’avoir leur Etat. La Turquie est de ce fait, visée. Les prévisions d’Antoine Sfeir quant à une «Coptie» née de la partition de l’Egypte ne sont pas une vue de l’esprit. Et l’Algérie, rien n’indique que des plans ne sont pas à l’étude et là il n’y a, à Dieu ne plaise, que l’embarras du choix. Saurons-nous consacrer ce désir d’être ensemble et en faire, comme l’écrit à propos de la Nation, un plébiscite au quotidien? La question est posée à chacun de nous qui ne pourra pas dire, je ne savais pas.

1.Yara Bayoumy Reuters à Deraa et Arshad Mohammed à Marine Pennetier, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel L’Express le 26 03 2001

2.http://www.alencontre.org/Irak-USA/irak43.htm

3.Abdelaziz Kacem: Orient-Occident Les aléas du dialogue des cultures http://www.elkalima.be/assets/files/revue76.pdf

4.André Miquel, (collectif) les Arabes, l’Islam et l’Europe, Flammarion, Paris 1991, p. 97.

5.Antoine Sfeir. La Syrie pourrait être démantelée Nouvel Obs;25 03 2011

6.Mohamed Belaali: L’intervention saoudienne à Bahreïn et le silence complice des bourgeoisies occidentales. Site Oulala.net 22 mars 2011

Source L’Expression Pr Chems Eddine Chitour

Ecole nationale polytechnique

Le Pèlerin

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 09:30

Le nouveau visage du monde arabe(II)

contestation dans le monde arabe

Au début des années 1990, les Algériens s’enorgueillissaient d’être les pionniers de la démocratie dans le monde arabe parce qu’ils ont été les premiers à se soulever en laissant cinq cents morts par terre sur le coup et plusieurs centaines de milliers d’autres par la suite.
Aujourd’hui, je me demande si nous n’avons pas retardé de vingt ans le soulèvement des peuples arabes, comme je me demande si la vague de révolutions qui déferle actuellement sur le monde arabe se serait déclenchée si les évènements, au lieu de commencer en Tunisie et de se dérouler de la manière qu’on a vue, avaient eu pour point de départ la Libye. Je crois que Ben Ali et Moubarak seraient encore dans leurs palais, et que le prix de l’huile n’aurait pas baissé chez nous. Car qui aurait voulu voir dans son pays ce que nous sommes en train de voir en Libye : effondrement de l’Etat, division du pays, Kadhafi rééditant, en la décuplant, Guernica, intervention militaire étrangère… Le résultat de tous ces malheurs sera le retour de ce pays frère au néolithique. Lorsque le président Chadli instaura le multipartisme, Ben Ali, Moubarak, Gueddafi, et peut-être d’autres aussi, le désapprouvèrent et le mirent en garde contre les conséquences de l’introduction dans le jeu politique légal de partis islamistes ; le roi du Maroc, lui, trouvait bon que l’Algérie «serve de laboratoire». Et quand le terrorisme s’installa, commettant des exactions qui ont horrifié l’humanité, il leur était loisible de montrer du doigt à leurs peuples les dangers de la démocratie à l’occidentale. On leur sût gré ici et là de leur clairvoyance, et ces despotes purent se consacrer tranquillement à la rapine et à la préparation de la transmission du pouvoir à leurs proches. Voilà pourquoi cinq cents Bouazizi algériens n’ont pas réussi là où un seul Bouazizi tunisien a suffi : soulever cent cinquante millions d’Arabes et abattre en quelques semaines quelques-uns des dictateurs qui sont restés le plus longtemps à la tête des «républiques», en attendant le reste, car la mèche court dans toutes les directions. Nous pouvons donc affirmer que, dans une certaine mesure, c’est sur notre malheureuse expérience que les tyrans arabes, ceux-là et d’autres, ont assis la pérennité de leurs régimes au moment où les pays de l’Est se débarrassaient du totalitarisme communiste, et l’Amérique latine de la dictature militaire. L’Algérie avait fourni la preuve que des élections démocratiques dans le monde arabo-musulman débouchaient fatalement sur la victoire des islamistes. La théocratie iranienne, le spectacle donné par les taliban, les attentats commis par Al- Qaïda à travers le monde, la création de l’«émirat de Ghaza», etc., s’ajouteront les uns aux autres comme contre-modèles pour faire le reste. Ils achèveront de dissuader les peuples arabes de tenter l’aventure démocratique, un régime despotique étant préférable au déchaînement de barbarie qu’ils ont vu en Algérie et en Afghanistan. Cela devint même le sentiment prégnant chez nous. Parallèlement, l’islamisme avait pris pied en Occident et, mettant à profit le libéralisme des lois des pays d’accueil, entreprit de s’appliquer le «droit à la différence». Le commerce halal, l’érection de minarets, le port de la burqa après le hidjab, etc. firent leur intrusion dans le paysage sociologique de l’Europe. Ces signes ostentatoires prirent le caractère de messages politiques provocateurs et finirent par exaspérer les Européens qui, redoutant une «islamisation rampante » de leurs sociétés, furent de plus en plus nombreux à développer des sentiments islamophobes, incitant leurs gouvernements à devenir plus circonspects à l’égard d’une démocratisation des sociétés arabes qui livrerait le pouvoir au fanatisme et à l’extrémisme. Ces gouvernements trouvaient également un autre intérêt dans l’affaire : il est en effet plus aisé de traiter avec des hommes dont on sait la fragilité et connait les numéros de comptes bancaires, qu’avec des parlements soumis à la souveraineté de leurs peuples. L’Algérie n’a cependant pas été qu’un contre-exemple. L’islamisme algérien, son discours nihiliste et ses dérives terroristes, et à la fin son rejet par la population, ont donné à réfléchir aux mouvements islamistes dans le monde arabe, et les a amenés à adapter leurs prétentions aux réalités intérieures et extérieures. Ce doit être la combinaison de l’exemple négatif illustré par le FIS algérien et de l’exemple positif incarné par l’AKP d’Erdogan en Turquie qui ont prédisposé En-Nahda en Tunisie et les «Frères musulmans» en Égypte à adopter un profil bas dans la situation actuelle, mettant en avant dans leur langage les notions d’Etat de droit, de société civile, de démocratie, de libertés publiques, et évitant toute référence à l’Etat islamique. Apparemment, Mawdudi et Sayyed Qotb ne sont plus de mise. Si c’est cela l’islamisme, alors il n’y a pas de quoi fouetter la queue d’un chat. A leur point de départ, dans leur phase épique, lorsque les foules rivalisent d’héroïsme et d’ingéniosité pour arracher leur liberté, toutes les révolutions paraissent belles, idéales, et on voit volontiers en elles quelque chose d’immanent. L’Histoire nous a appris cependant à craindre les lendemains de révolution. Après la phase épique de la révolution de 1789, la France a connu le Directoire, puis le Consulat, puis l’Empire, puis la restauration de la monarchie, puis le Second Empire et enfin, en 1870, la proclamation définitive de la République. De même, la révolution russe a été accaparée par un parti minoritaire, le parti communiste bolchévik, qui en a fait une dictature qui a recouvert de son ombre la moitié de l’humanité pendant trois-quarts de siècle avant de s’effondrer avec le mur de Berlin. La révolution en Tunisie et en Égypte est en train de sortir de la phase épique pour rentrer dans la phase technique, celle de la mise en place des nouvelles institutions. A la différence de la révolution française qui n’avait pas de modèle à suivre, sinon dans l’Antiquité romaine, et devait donc innover, ou de la révolution russe qui voulait réaliser une utopie à partir du canevas marxiste, les changements en Tunisie et en Égypte se déroulent dans un cadre constitutionnel préexistant. Au besoin, les intéressés ont autour d’eux une palette de modèles d’organisation démocratique dont ils pourront s’inspirer. Du dénouement dans les prochains mois de ce qui se passe dans ces pays dépendent énormément de choses qui ont à voir avec notre propre destin. Le monde arabe est aujourd’hui au premier plan de la scène médiatique internationale et au centre de la politique mondiale. C’est la première fois que la planète a vu des Arabes sortir dans la rue par centaines de milliers pour autre chose que pleurer la mort d’un «zaïm» ou d’une diva, ou vouer aux gémonies un écrivain «satanique». Ils sont devenus l’objet d’une admiration quasi universelle parce qu’ils ont enfin rejoint le «monde libre». Mais dans les sphères dirigeantes internationales, on attend avec une certaine appréhension ce qui va sortir dans les prochains mois de cet imbroglio, et épie les gestes des différents protagonistes, surtout les représentants du courant islamiste. L’Occident, jugeant qu’il a déjà assez à faire avec l’Iran et l’Afghanistan pour s’embarrasser de régimes du même acabit, se tient le ventre en se demandant ce que sera le poids électoral des islamistes dans les scrutins à venir, sachant qu’il en découlera des conséquences sur les monarchies pétrolières et sur ses intérêts dans la région, sans parler d’Israël. Depuis les précédents iranien, algérien et palestinien, la conviction s’est enracinée partout que le principal risque avec l’instauration de la démocratie dans le monde arabe c’est l’arrivée au pouvoir de l’islamisme. Tout le monde sait qu’il est là, diffus dans la société, tapi dans les mosquées ou des lieux de réunion plus discrets. Les islamistes étaient parmi les manifestants en Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Libye, en Jordanie, à Bahreïn, au Maroc, en Syrie, même s’il était impossible d’évaluer leur nombre. Mais on n’a pas entendu de dissonances venant d’eux ; ils étaient dans la partition, ne se singularisant par aucun sectarisme. Mieux encore, les «Frères musulmans» et «En- Nahda» se sont engagés à jouer le jeu à visage découvert et à l’intérieur de l’Etat républicain. Bon nombre de signes indiquent que ce risque peut être déclassé et ne plus être considéré comme majeur. A l’époque où les «Frères musulmans» étaient au zénith de leur rayonnement, la société égyptienne était largement rurale et analphabète, de même que les autres contrées arabes. Le monde arabe, partagé entre monarchies et régimes «révolutionnaires » et plongé dans la guerre froide à cause de la question palestinienne, était traversé par des idéologies qui ont toutes fait faillite face au défi sioniste. L’avènement de la révolution iranienne, le «djihad» contre l’Union soviétique en Afghanistan et contre Israël en Palestine et au Liban, puis la chute de l’empire russe, furent mis à l’actif des idées islamistes. Cellesci purent alors se présenter comme une alternative à l’ancien monde bipolaire et aux gouvernements séculiers, et leur bras armé, le terrorisme, apparût en Égypte, avec les «Gamaât islamiya», en Algérie avec les GIA, et sur la scène internationale avec Al-Qaïda. Sur fond d’échecs militaires répétés (guerres israéloarabes), les islamistes apparaissaient comme des héros car pendant que les peuples, victimes résignées, ployaient sous le despotisme, eux s’étaient soulevés, avaient pris les armes et accepté de mourir pour la «cause de Dieu». Mais depuis l’entrée massive des peuples sur la scène politique de leurs pays, les thèses et les figures islamistes se sont brusquement dépréciées, comme les actions dans une bourse secouée par une crise. Ben Laden, Zawahiri, Ali Benhadj, etc. n’évoquent plus des Robin des bois musulmans. Les révoltés n’ont pas clamé leurs noms, ni brandi leurs portraits. Ils sont passés à la trappe de l’Histoire en même temps qu’était jeté dans ses poubelles le souvenir des despotes. Le temps de l’islamisme pur et dur est passé. Les jeunesses porteuses de l’aspiration à une vie démocratique moderne ne se laisseront pas voler leur révolution car elles sont politisées, cultivées, informées, vigilantes. On en a eu un aperçu à travers la façon dont elles ont dicté en Tunisie et en Égypte leur feuille de route aux autorités en charge de la transition : renvoi des gouvernements laissés par les despotes, dissolution du parti «officiel» et restitution de ses biens au domaine public, démantèlement de la police politique, élection d’une Assemblée constituante, élections législatives et présidentielles… Le monde arabo-musulman est à un important tournant de son histoire. La Nahdaratée au siècle dernier est peut-être en train de se réaliser sous la direction des peuples. Ceux-ci ont pris en main leur destin, ils ont retrouvé la parole, ils n’ont sombré ni dans l’anarchie, ni dans la destruction aveugle, ni dans l’islamisme, ni dans le tribalisme. Au contraire, ils ont révélé de très hautes capacités de discernement et d’analyse. Jusqu’ici, aucune chose, aucune personne, n’est arrivée à les distraire de leurs objectifs. Ils parviendront à leurs buts s’ils continuent à regarder en avant, s’ils tirent les leçons du passé récent et lointain, s’ils gardent le cap sur les valeurs universelles de liberté, de progrès et de tolérance. C’est le moment de trancher tous les nœuds, de faire face notamment au problème de l’instrumentalisation de la religion. L’Égypte et la Tunisie sont les mieux placées pour innover en la matière et assumer le rôle de pionniers. Le politique et le religieux doivent être séparés comme le préconisaient des oulamas comme Abderrahmane al-Kawakibi et Ali Abderrazik au siècle dernier. L’Égypte compte dans sa population dix millions de Coptes. Les scènes de fraternisation entre Musulmans et Coptes sur la place Tahrir, auxquelles le monde a assisté médusé dans la phase épique de la révolution, lui ont donné une idée de ce que pourrait devenir l’Égypte demain. Si Al-Azhar et le chef de l’Eglise copte sont restés fidèles à Moubarak jusqu’au dernier moment, les fidèles des deux cultes ont affronté ensemble les forces de l’ordre, et c’est ensemble qu’ils ont remporté la victoire. On a vu le croissant et la croix avoisiner sur les pancartes, et musulmans et chrétiens célébrer côte à côte la messe et la prière du vendredi. Leurs prières montaient vers le même ciel, portant les mêmes prières, pour le salut de la même Égypte. La nouvelle constitution égyptienne et les nouvelles institutions devront refléter la réconciliation des deux communautés dans le sang mêlé durant le combat pour la liberté. La liberté des coptes, dans tous les domaines, devra être aussi totale que celle de leurs compatriotes musulmans. On ne va pas à la démocratie avec des relents de théocratie ou un prosélytisme guerrier. C’est le moment de retirer du pied du monde arabo-musulman une épine qui le gêne depuis longtemps. Les idées cheminent lentement, mais elles finissent par arriver à leur destination. Elles deviennent alors des paradigmes, des archétypes, des sources d’inspiration pour les autres, ceux qui, à travers le monde arabo-musulman, ont passionnément suivi les évènements et se sont instruits des différentes manières de se libérer du despotisme. Ce que les Algériens ont vu et ressenti déclenchera forcément en eux une réflexion sur leur propre situation. Sans parler de «l’effet papillon» et des surprises qu’il peut réserver à tout moment. Ces dernières revêtent toujours la forme la plus inattendue, comme le «plombier» qui a fait tomber Nixon ou la gifle donnée par une policière à un marchand ambulant dans un coin perdu du Maghreb. Que n’auraient fait ou donné Ben Ali, Moubarak et Kadhafi pour éviter leur sort actuel, eux qui savent désormais qu’ils finiront leur vie soit en prison, soit au bout d’une corde, leurs familles détruites et les dizaines de milliards de dollars volés partis en fumée ? Quoiqu’il en soit, le nouveau visage du monde arabe est en train de se dessiner touche après touche, au fur et à mesure que la révolution démocratique abat les bastions du despotisme. Ce qui réussit tend à devenir un modèle. Nous ne connaissons pas encore ce nouveau visage, il ne s’est pas encore affiché sur nos écrans, mais il n’est pas exagéré de dire que c’est le sort du monde entier qui est suspendu à cette affaire Bouazizi.
Source Le Soir d’Algérie Noureddine Boukrouh

A suivre

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 09:02

Être musulman est une chance et un privilège incomparable.

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Il est plus que bénéfique, en tant que musulmans, de redécouvrir nos grands maîtres mystiques, véritables guides et éducateurs, pour prendre du recul, vivre raisonnablement, sereinement et honnêtement, sans se laisser perturber par les fracas du monde, ceux des dérives matérialistes et celles des intégristes. A mille lieues du modèle marchand déshumanisant, ou de l’instrumentalisation politicienne de la religion, gardons vivants notre mémoire, nos valeurs morales et notre patrimoine éthique et spirituel.
Etre vertueux
Au cœur de la civilisation musulmane, ils sont d’éminents soufis, depuis 15 siècles, à avoir adopté un mode de vie lié à l’essentiel: l’approfondissement du sens islamique de l’existence, fondé sur le licite et l’entraide. Notre nourriture, nos vêtements, nos paroles et nos actes, nos biens, doivent avoir une base licite. Croire c’est être vertueux, se garder de toute action immorale et penser à autrui nécessiteux. Dans ce sillage, la vie mystique est la plus haute. Elle s’attache au vrai et non pas à l’éphémère et aux ambitions démesurées.
Ibn Arabi, selon la plupart des soufis, est un des grands visionnaires mystiques de l’Islam. Le plus grand des maîtres: el-Cheikh el-Akbar. Il est celui qui a vécu et pensé intensément le Divin, la prophétie, les saints, l’universel, l’ouverture foncière sur le vrai sens de la vie tourné vers l’au-delà et le comportement licite et juste en ce bas monde, pour mériter l’élévation. Le Coran rappelle que l’existence est une question sérieuse. Les hypocrites, les dénégateurs et les injustes sont les perdants. Chaque croyant doit faire son examen de conscience pour se conformer à une vie sage. Les maîtres spirituels sont des guides en la matière.
L’émir Abdelkader Al Djazaïri, notre modèle
Attitude de vie exprimée en des centaines d’ouvrages, dont le chef-d’oeuvre Le Livre des illuminations spirituelles de La Mecque, Kitab al futuhat al makiya, est un immense et magnifique texte de près de trois mille pages pour comprendre ce que sont les valeurs religieuses et la vertu musulmane. L’Emir Abdelkader Al Djazaïri, notre modèle, grand maître du bel agir, al-Ihsan, pour la première fois, au XIX e siècle, a fait éditer nombre des manuscrits d’Ibn Arabi, qui étaient oubliés à Konya en Turquie, dans la bibliothèque de la Zaouïa d’un autre grand soufi Djalal Din Rumi.
C’est un signe du génie algérien et de l’attachement du peuple aux valeurs spirituelles et à la connaissance que d’avoir fait revivre cette oeuvre. Les grands maîtres soufis, comme l’Emir Abdelkader, Abderrahmane Thaâlibi, Ahmed Benyoucef, Abu Medyan et Ahmed Tidjani, et tant d’autres, furent d’exemplaires savants, patriotes et éducateurs hors pair, rempart contre les dérives de toutes natures, les idolâtres, les envahisseurs, les despotes et les corrompus.
A notre époque si trouble, perturbée par la logique déshumanisante du marché et la lutte pour les biens éphémère de ce monde, il est plus que salutaire de se souvenir de ces figures spirituelles musulmanes, d’Ibn Arabi à l’Emir Abdelkader, qui s’attachent au Vrai, à l’éternité et à la sagesse, sans tourner le dos au monde, car leur sens des responsabilités, leur amour de la patrie et le sens du bien commun, étaient une noble réalité. Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader, en sachant qu’être musulman est une chance et un privilège incomparable, posent le respect de la dignité des Hommes et l’égalité universelle des êtres comme essentielle. La différence entre les êtres se situe pour eux autant au niveau de la foi que des actes, entre ceux qui ont commis de mauvaises actions et ceux qui en ont accompli de bonnes. La communauté des musulmans, l’Umma, est la meilleure de toute l’humanité, à condition qu’elle pratique la commanderie du bien. Ces deux maîtres ajoutent que l’intercession de la Miséricorde divine n’est pas exclusive, tout en s’adressant d’abord aux musulmans; car ce sont eux les croyants, lorsqu’ils sont sincères, suivent le Sceau des prophètes sur la base de l’adoration pure du Dieu Unique, ne vivent que de biens licites et pratiquent l’entraide. Par le bel agir, l’ihsan, et par la prime nature, la Fitra, l’être humain croyant porte en lui la possibilité de participer à l’élévation de la condition humaine et de recevoir la miséricorde.
Ibn Arabi a exprimé sa vision de la responsabilité humaine avec clarté: «O toi qui cherches le chemin qui conduit au secret, reviens sur tes pas, car c’est en toi que se trouve le secret tout entier». Mais le soi ne peut être positif que s’il s’installe dans l’entraide et l’ouvert: «L’idole de tout homme, c’est son ego.» Mettre fin à l’égoïsme et à l’illicite devrait être une des premières exigences des êtres de foi. L’Emir Abdelkader a donné l’exemple en matière de droiture et de justice. Etre équitable, généreux, pratiquer la solidarité n’est pas un acte anodin: c’est l’acte salutaire qui permet de s’approcher de la vérité.
Le cœur et la raison
Dans un célèbre passage, spiritualiste, Ibn Arabi évoque le dépassement des différences: «Mon coeur est devenu apte à recevoir tous les êtres, c’est une prairie pour les gazelles et un temple pour les priants, une maison pour les idoles, et la Kaaba de ceux qui en font le tour, les tables de la Torah et les feuillets du Coran. Je pratique la religion de l’amour (...) Partout c’est l’amour qui est ma religion et ma foi.». La vie et l’oeuvre de ce mystique universel illustrent l’élévation de la foi en Islam, qui ne dilue pas les différences culturelles et cultuelles, mais les respecte. Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader appellent l’être humain à l’humilité et au licite, comme voie essentielle, pour accéder à la paix de la conscience et la compréhension de la destinée. Le comportement juste, vertueux, honnête, optimiste, permet de répondre à ce qui est attendu de l’être humain. Il s’agit d’approfondir notre humanité et d’accéder à la sagesse, dans la vigilance, en sachant que la vie est une mise à l’épreuve. Le cheminement pour devenir pleinement vertueux s’accomplit par le raisonnement et la foi, deux dimensions liées. La rencontre, rapportée entre deux grands figures de la civilisation musulmane, en l’occurrence Ibn Rochd (Averroès) et Ibn Arabi, originaire de Murcie, est, à ce sujet, fort significative: «Je me rendis un jour, à Cordoue, chez le cadi Abû I-Walîd Ibn Rochd [Averroès]; ayant entendu parler de l’illumination que Dieu m’avait octroyée, il s’était montré surpris et avait émis le souhait de me rencontrer. Mon père, qui était l’un de ses amis, me dépêchera chez lui sous un prétexte quelconque. A cette époque j’étais un jeune garçon sans duvet sur le visage et sans même de moustache. Lorsque, je fus introduit, il [Averroès] se leva de sa place, manifesta son affection et sa considération, et m’embrassa. Puis il me dit: «Oui.» A mon tour, je dis: «Oui.» Sa joie s’accrut en voyant que je l’avais compris. Cependant, lorsque je réalisai ce qui avait motivé sa joie, j’ajoutai: «Non.» Il se contracta, perdit ses couleurs, et fut pris d’un doute: «Qu’avez-vous donc trouvé par le dévoilement et l’inspiration divine? Est-ce identique à ce que nous donne la réflexion spéculative?» Je répondis: «Oui et non; entre le oui et le non, les esprits prennent leur envol, et les nuques se détachent!»» Par la réponse d’Ibn Arabi, on comprend que l’intuition de l’âme, la sensibilité du coeur, la foi sont d’un autre ordre que la raison qui la complète. La foi dépasse la raison, notamment en ce qui concerne la possibilité de l’accès à la sagesse et le rapport à l’invisible, à l’au-delà. D’où le «non». Sans que la raison soit réfutée, d’où le «oui et non». Dans ce débat se résument tous les enjeux du rapport vital entre la foi et la raison, la logique et le sens. Le coeur, temple de la foi, élève l’âme, la raison, outil dont est doté l’humain, élève la condition humaine. Chacune vise à sa manière l’élévation. L’acte de penser n’est pas opposé à celui de croire. Ils sont complémentaires, ayant pour tâche tous deux de prendre conscience des devoirs et des droits humains, et de les mettre en relation, de manière à garder une perspective objective sur le sens de l’existence. Averroès et Ibn Arabi considèrent que s’ouvrir au monde dans la vigilance est le bon moyen de connaître les créatures: par l’oeuvre d’art, on connaît l’artisan, le Créateur. Il s’agit de dépasser les limites et les conditions imposées par la subjectivité. Une vie qui n’est pas basée sur le licite et l’intérêt général est une vie gâchée.
Des hommes exemplaires
Averroès et Ibn Arabi montrent que non seulement le Coran invite à la connaissance, mais encore qu’il en fait une condition pour que les musulmans soient des hommes exemplaires. Assumer dans le monde nos responsabilités est impératif, en consolidant la foi au Dieu Unique, le Créateur qui, par le Coran, a révélé sa Parole, son dernier avertissement. Le Rappel pour la dernière phase de l’histoire de l’humanité. La pensée d’Ibn Arabi, comme celle de l’Emir Abdelkader, et tous les maîtres de l’Ihsan, est d’actualité; elle aide à faire face à la nécessité de vivre de manière vraie, responsable, juste. Pour Averroès, la raison est essentielle. Pour Ibn Arabi la vraie connaissance concerne l’invisible, l’au-delà, sans nier la valeur du rationnel. La foi et la raison liées devraient permettre de préserver l’être humain de tout acte déraisonnable et illicite. L’accueil de la raison, de l’universel et la recherche du permanent plutôt que l’éphémère, sont des actes clés. Raisonner c’est accueillir le risque du vivre, l’étrangeté de la vie, de manière responsable, en faisant le lien. Une raison qui n’est pas hospitalière aux secrets du coeur et à l’au-delà du monde, qui ne fait pas le lien, est en rupture avec ce qui est requis de la Révélation et de la condition humaine. La conscience de tout musulman doit être guidée par la crainte de Dieu et la recherche réfléchie du bien commun, telle est la leçon qu’Ibn Arabi et l’Emir Abdelkader et tant de maîtres soufis ont léguée.
Ibn Arabi, conscient du degré spirituel qu’il avait atteint, avait pour souci de maintenir vivant un point de contact entre la raison et la foi, entre le visible et l’invisible. Il s’agissait, pour ce pôle de la connaissance mystique, d’approfondir la foi, afin de rester en communication avec le Prophète (Qsssl). La foi comme acte de confiance et l’acte de raisonner comme comportement que l’on doit prendre pour assumer la vie. Il était un mystique pris par le souci de suivre les traces du Prophète (Qsssl), le modèle par excellence, l’Homme total. Les nombreux maîtres soufis algériens, maîtres de l’heure, fondateurs et insurgés, à travers les siècles, à l’image héroïque de l’Emir Abdelkader, qui ont combattu pour défendre la communauté, l’éclairer et l’éduquer sur le chemin de la droiture et de l’esprit chevaleresque, ont oeuvré avec abnégation. Ibn Arabi l’Andalou, était l’un deux, sillonnant le Maghreb, échangeant avec ses frères soufis et enseigna à Béjaïa et Tlemcen au XIIe siècle. Cet héritage spirituel, d’Ibn Arabi à l’Emir Abdelkader, dont le fondement est le Coran, Rappel révélé pour la dernière phase de l’histoire de l’humanité, et la Sunna, première mise en oeuvre, est l’alpha et l’oméga de tout vrai croyant. Source d’inspiration pour garder confiance en soi et forger une société juste, forte et digne, face aux défis éthiques de notre temps.

Source L’Expression  Mustapha Chérif Professeur des Universités
www.mustapha-cherif.net

Le Pèlerin

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