Le réveil tant attendu du monde arabe(1/3)
«La liberté ne descend pas vers un peuple, un peuple doit s’élever jusqu’à la liberté.» Gandhi
Le réveil dont il est question ici s’applique moins à l’extraordinaire vague de révoltes qui est en train de nettoyer les écuries d’Augias du monde arabe, qu’à un phénomène encore plus extraordinaire : le fait que cette vague semble aller dans le sens de l’Histoire. Je dis «semble» car un Algérien échaudé craint les douches froides : croyant aller en 1988 vers le meilleur, nous nous sommes vite retrouvés face au pire. Mais d’abord que sont ces révoltes ?
Un complot de l’étranger ou de la nébuleuse d’Al-Qaïda comme l’ont affirmé Ben Ali, Moubarak, Kadhafi et Ali Saleh ? Une brusque volonté de déstabiliser leurs pays de la part de peuples réputés pour leur tempérament pacifique ? Il s’est écoulé assez de temps pour pouvoir affirmer que ces soulèvements qui évoquent des phénomènes telluriques ne peuvent pas avoir été orchestrés, et qu’une pulsion suicidaire ne peut pas se propager d’un peuple à un autre. Cette contagion est celle d’un ras-le-bol général devant les excès du despotisme, et la propagation à une même aire culturelle de la volonté des peuples de se réapproprier leur souveraineté. L’éruption à laquelle on assiste marque le réveil tardif des Arabes dans un monde qui a beaucoup changé au cours des dernières décennies. La géopolitique, l’économie, la technologie, le climat, les médias, les idées, ont connu de profonds remaniements sans perturber leur quiétude séculaire. Dans les années qui ont suivi la chute du mur de Berlin, la plupart des nations qui vivaient sous le joug de pouvoirs totalitaires ont réalisé l'une après l'autre leur transition démocratique. Depuis, elles vivent en paix et poursuivent leur mise à niveau économique, sociale et culturelle pour se mettre au diapason des nations développées. Dans les pays arabes où les habitants ont souffert autant, sinon plus, du despotisme, de l'injustice et de la pauvreté, ceux-ci ne semblaient frémir qu'à l'idée d'une transition vers un Etat islamique mythique, donnant l'impression de chercher à tout prix à s'éloigner des valeurs universelles et à prendre à contresens le chemin de l’Histoire. Ils étaient globalement méprisés pour leur asservissement consenti et leur maintien loin des standards internationaux, jusqu'à ce que le peuple tunisien pulvérise ce cliché honteux. Les voilà désormais frémissant du Golfe à l’Atlantique à l’idée d’une transition vers la démocratie. L'exemple tunisien a stimulé le peuple égyptien ; à son tour, l'exemple égyptien a donné du courage à d'autres peuples en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ce que l’Histoire ne nous a pas donné à voir en des siècles, pour ne pas dire jamais, elle nous l’a servi à profusion en l’espace de quelques semaines, nous gavant d’images et de spectacles qu’on n’espérait pas voir de notre vivant. Incrédules d’abord, les masses arabes ont suivi cette réaction en chaîne à travers la couverture permanente des chaînes satellitaires qu’on peut créditer d’un honorable pourcentage dans le succès de ces révolutions, et découvert que le changement était possible pour ceux qui le voulaient. Le vent de la liberté est venu de là où personne ne l'attendait. En Tunisie même, il est parti d'un bourg de l'intérieur du pays. Et dans ce bourg lui-même, ce n'est pas un parti, un syndicat ou un groupe d’intellectuels qui a déclenché la tempête, mais le geste d’une policière giflant un marchand ambulant que n’habitait aucune intention politique. Comme dans la fameuse théorie de «l'effet papillon» en vertu de laquelle le battement d'aile d'un papillon à un bout du monde peut provoquer un ouragan à l’autre bout, le geste de Mohammed Bouazizi a enflammé l’aire arabe et brûlé plusieurs despotes. Et la liste n’est pas close. Dans une récente lecture, je suis tombé sur une citation du président Bourguiba où il disait : «J'ai fait d'une poussière d'individus un peuple de citoyens.» Le peuple arabe le plus modernisé, grâce au système éducatif mis en place par Bourguiba justement, a réussi la première révolution démocratique dans le monde arabe, entraînant dans son sillage plusieurs d’entre eux. En trois semaines le problème était réglé. Il y a eu certes des pillages et de la casse, phénomènes inévitables lors de mouvements de foules en colère, mais les émeutes ont vite pris les contours d'une authentique révolution politique. On n'a bientôt plus parlé de pain et de cherté de la vie, mais de dignité, de liberté, de démocratie et de comptes à rendre par le dictateur. La carte intellectuelle du monde arabo-musulman se caractérisait jusque-là par des îlots de conscience moderne et des océans de conscience archaïque. Un intellectuel libanais, Ghassan Tuéni, voulant analyser l'échec de la «renaissance arabe» dans tous les domaines depuis la fin du XIXe siècle, a choisi de donner pour titre à l’ouvrage qu’il a consacré à la question «Un siècle pour rien». C’était tout dire. Mais ce constat rend encore plus surprenants les évènements que nous vivons depuis deux mois. Comment les expliquer ? Comment comprendre que des peuples longtemps résignés et soumis aient subitement mûri, et qui plus est les uns à la suite des autres ? Sans préavis, les peuples arabes sont passés l’un à la suite de l’autre à l’âge des idées comme l’attestent les slogans et les déclarations qu’on a entendus et lus sur les banderoles. C’étaient d’ailleurs les mêmes : «Echaâb yourid…» Les manifestants n’ont pas concentré leurs demandes sur les choses (emploi, augmentation des salaires ou programme de développement sans précédent) comme crurent bon de le leur proposer à la dernière minute Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, mais sur la fin du système qui les gouverne. Autrement dit, elles portaient sur des idées. Ni une «démocratie spécifique », ni une «démocratie responsable», mais le système démocratique universel dont la description peut tenir en un paragraphe : une constitution consacrant la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, l'égalité de tous devant la loi, la liberté de conscience et d'expression, des élections libres, des mécanismes de contrôle efficaces pour dissuader et punir la corruption… Une révolution de l’esprit ! Voilà ce qui ne nous a pas été donné de voir en terre arabo-musulmane depuis la révélation du Coran, et qui fonde à penser que les peuples arabes ont enfin accédé à l’âge politique, à l’âge des idées. A ce stade, il faut peut-être faire une précision : les peuples qui mènent actuellement des révolutions dans leurs pays ne sont pas tout à fait ceux d’hier. La dénomination est la même mais le contenu physique et surtout intellectuel a changé dans de fortes proportions. L’avant-garde qui a mis le feu aux poudres est constituée de générations écloses au sein de ces mêmes peuples, mais avec des représentations mentales nouvelles dont la formation a été favorisée par les technologies de l’information et les chaînes satellitaires. Tout le monde convient du rôle joué dans la mobilisation par les réseaux sociaux. Internet a offert à ces générations des modes d’échange et d’information qui leur ont permis de préparer le terrain à une action concertée, transformant du même coup une poussière d’individus interconnectés en société, la rue en opinion publique, et les habitants en peuple. Toynbee écrivait il y a un demi-siècle : «Une société est le produit des relations entre individus. Celles-ci proviennent de la coïncidence de leurs champs d’action individuels. Cette coïncidence permet la jonction de tous ces champs particuliers en un terrain commun que nous appelons "société". La société est le réseau complet des relations entre les êtres humains. Les composantes de la société ne sont pas, par conséquent, les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.» En quelques semaines, les Tunisiens et les Égyptiens ont basculé dans le XXIe siècle, rejoignant la conception universelle des droits de l’homme et effaçant le souvenir de leur ancien statut de moutons de Panurge qui ne s’ébrouaient que pour acclamer un «zaïm», fêter des victoires de football, ou réagir à des «atteintes à l’islam» par un écrivain en mal de publicité ou un caricaturiste «anar». C’est vraiment la fin d'une ère, d'une mentalité, d'un modèle sociologique. L’idée que la souveraineté appartient au peuple a mis quatorze siècles à germer dans le monde arabomusulman, et nous sommes les heureux contemporains de cette germination. Hormis le cas unique d’Omar Ibn Abdelaziz, ce calife omeyade qui voulût restituer un pouvoir dynastique qu’il jugeait illégitime, aucun dirigeant arabo-musulman ne s'est jamais remis en cause, ne quittant le pouvoir que mort ou chassé par un autre candidat au despotisme. Le monde arabe n'a pas connu d'exemple comme celui de Nelson Mandela, vénéré aujourd'hui dans le monde entier pour sa hauteur de vue et son désintéressement personnel. Cependant, en Algérie, on n’a pas oublié le geste du président Liamine Zéroual remettant avant terme son mandat en 1999. Les jeunesses que nous avons vues à l’œuvre en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen ou en Syrie étaient confrontées à des régimes porteurs d’une vision des choses complètement dépassée. Le conflit oppose au premier chef deux cultures. Sans surprise, Ben Ali, Moubarak et Kadhafi ont dit la même chose dans leurs discours où c’est leur culture politique qui s’exprimait. Les deux premiers ont rappelé qu’ils ont donné chacun cinquante et soixante-deux ans de leur vie à leurs pays respectifs, tandis que le troisième hurlait que la Libye n’était rien avant lui et n’existerait plus après lui. Il n’est pas venu à leur esprit, et ne viendra pas jusqu’à leur trépas, que c’est de leurs peuples qu’ils tenaient leur pouvoir, qu’il était leur employeur, qu’ils les a employés pendant trop longtemps et grassement payés pour des résultats médiocres. Ils étaient sincèrement indignés et protestaient comme des personnes spoliées d’un droit naturel ou d’un bien personnel. Dans leur culture, l’idée que le peuple est la source et le dépositaire du pouvoir souverain n’existe pas. Ils ont vu tout au long de leur vie des peuples déléguer l’exercice de leur pouvoir souverain par le vote, et le retirer par la révolte quand il en était fait un mauvais usage, mais pour eux leurs peuples n’étaient pas des citoyens souverains comme les autres. S’ils n’étaient pas des traîtres ou des marionnettes manipulées de l’extérieur, ils étaient de simples résidents, un peu comme les immigrés en Europe. Des mégalomanes de faible niveau intellectuel en général, des malades mentaux pour certains et des voleurs dans presque tous les cas, ont régné selon leur bon vouloir, infantilisant à dessein leurs peuples pour mieux les maintenir à l’âge des choses, tandis qu'ils faisaient croire à l'Occident qu’ils étaient en personne les garants de la paix au Proche-Orient, les remparts contre l'islamisme, ou les gardes-frontières contre la menace migratoire. Hélas, une providence néfaste a voulu que la plupart d’entre eux puissent compter sur d’importants gisements d'hydrocarbures qui les dispensaient du travail, des impôts et du vote de leurs peuples. Si des régimes se sont déjà écroulés et que d'autres vacillent, c'est parce que les nouvelles générations ont pris conscience qu'elles étaient les dupes d’un discours mythologique : celui du «combat contre le colonialisme, l’impérialisme et le sionisme», celui de la «renaissance arabe», celui de «l'unité de la nation arabe» et de «l'Union du Maghreb arabe», celui du développement selon un «modèle différent» de celui de l'Occident, celui de la «lutte contre le terrorisme»… Bien entendu, ces démagogues n'ont ni libéré la Palestine, ni réalisé l'unité arabe ou maghrébine, ni développé leurs pays, ni tari les sources de l'islamisme, au contraire. Le changement attendu pendant des décennies de l'intérieur du pouvoir, de l'armée, des partis politiques ou de la classe intellectuelle n’étant pas venu, il a été finalement pris en charge par les citoyens eux-mêmes à la faveur de circonstances aussi mystérieuses qu’imprévisibles. Au demeurant, aucune révolution n’a été prévue. Ceux qui sont restés le plus longtemps à la tête des «républiques» sont déjà tombés ou ne tiennent qu’à un fil comme en Libye et au Yémen, tandis que dans les monarchies absolues, on commence à réclamer des monarchies constitutionnelles comme à Bahreïn, en Jordanie, au Maroc et à Oman, autrement dit, le transfert du pouvoir royal à un parlement élu. Les peuples arabes se sont affranchis du monde des choses en méprisant les réponses matérielles à leurs révoltes ; ils ont dépassé l’âge des personnes en détruisant le mythe de l’homme providentiel, en dédaignant l’alternative militaire, et en récusant la tutelle des «hommes de religion». En rentrant au Caire à la veille de la première grande manifestation, Mohamed El-Bradeï, en qui certains Occidentaux voulaient voir l’homme providentiel, a offert son honorable personne à la révolution des jeunes mais ceux-ci l’ont ignoré poliment. L’éminent prix Nobel a même été victime d’un jet de pierres le jour du référendum sur la Constitution. Même après la chute des despotes, ils n’ont pas désemparé et continué, en Tunisie comme en Egypte, d’exiger la concrétisation de leurs revendications, renvoyant les gouvernements de transition l’un après l’autre. On se serait attendu à ce qu’ils rentrent chez eux à l’annonce du départ du dictateur, à ce qu’ils considèrent leur but comme atteint, à ce qu’ils se dispersent de joie, apaisés par le résultat obtenu, mais, ô surprise, ils sont restés mobilisés et vigilants quant à l’aboutissement total de leur mouvement : le changement du système, et non de la seule personne du dictateur. Des peuples qu’on donnait pour morts, dont on se gaussait ou qui se gaussaient d’eux-mêmes, ont donné à un monde stupéfait des leçons d’héroïsme, d’abnégation, de patriotisme, de solidarité, d’intelligence dans l’organisation, et même d’humour. Et ce n’est pas une élite à l’intérieur de ces peuples qui a provoqué cette prise de conscience. Les peuples eux-mêmes sont devenus des élites. Leur génie s’est alors déployé dans les mots d’ordre, les slogans, les déclarations impromptues et les scènes télévisées qui nous ont étreints d’émotion. Personnellement, c’est la première fois que j’ai trouvé un sens à la notion d’«unité arabe». Je l’ai perçue dans la ressemblance physique et morale des peuples qui se battaient pour leur liberté ; je l’ai vue dans leur unité de pensée, leur parler et la communauté de leurs référents. Les seules différences qu’on pouvait relever d’un pays à l’autre tenaient à l’accent ou au détail vestimentaire. Ce sont les despotes qui nous ont fait détester cette notion à laquelle ils ne voulaient donner aucune réalité qui restreindrait leur droit de vie et de mort sur leurs peuples. A l’avenir, elle deviendra envisageable parce que les peuples, à travers les institutions représentatives qu’ils vont se donner, pourront la construire s’ils le voudront selon un processus semblable à celui qui a donné naissance à l’Union européenne. Je parie que ceux qui, chez nous, n’aimaient pas trop qu’on dise d’eux qu’ils étaient des Arabes, ont dû ressentir ces derniers temps un agréable chatouillement au fond d’eux-mêmes, quelque chose comme de la fierté. Les despotes étaient les arbres qui cachaient la forêt. Ils ont caché la valeur et la grandeur de leurs peuples derrière leur moi surdimensionné, leur ego démesuré, leur narcissisme illimité, nous infligeant des décennies durant le minable spectacle de leurs fantaisies, de leur ignorance, de leurs déguisements théâtraux, de leurs cheveux teints… Ils nous ont fait détester les uns les autres et nous ont opposés les uns aux autres, car c’est à leur aune que nous nous jugions mutuellement et négativement. Après la chute fracassante des arbres qui nous obstruaient la vue, nous avons découvert une belle forêt, des millions d’arbres et d’arbrisseaux chargés de sève, une flore luxuriante, de merveilleux paysages de bravoure, de solidarité et d’originalité. Que vont rapporter les révolutions aux peuples qui les ont réalisées ? Ceux qui n’avaient pas de pétrole ne vont pas le voir jaillir de leur sous-sol ; les pauvres ne seront certainement pas beaucoup plus riches qu’avant ; les chômeurs ne vont pas trouver de travail du jour au lendemain ; tous les manifestants ne vont pas accéder au pouvoir… Mais d’ores et déjà, ils se sentent plus dignes, plus proches les uns des autres, plus fiers de leur pays et de leur Etat, plus respectés dans le monde. Ils seront bientôt heureux de s’exprimer à travers des votes sincères, comme on vient de le voir au Caire, d’être représentés par des élus choisis par eux, d’avoir une justice en laquelle ils auront confiance, de manifester le cas échéant leur mécontentement sans craindre d’être jetés en prison ou assassinés. Pour le reste, il ne tient qu’à eux de suivre la voie tracée par des pays qui ont connu la dictature et en sont sortis métamorphosés : l’Espagne, la Corée du Sud, le Brésil, pour ne citer que ceux-là. Il fut un temps où notre peuple était reconnu par l’ensemble du monde arabe comme le meilleur parce qu’il a mené une révolution qui a soulevé l’admiration de la planète. Nous étions connus sous le label du «peuple du million», du million de martyrs et non de barils de pétrole bien sûr. Puis notre étoile pâlit. La Tunisie, d’où est partie la révolution qui a restitué sa dignité à l’homme arabe dans le monde, et dont les répercussions vont modifier les relations internationales dans les années à venir, exporte hors hydrocarbures dix fois plus que nous. Sous le colonialisme, elle a pris les armes avant nous. Il y a cependant un terrain sur lequel nous avons battu les Tunisiens, un domaine dans lequel nous les avons devancés, c’est la «présidence à vie». En effet, douze ans avant notre indépendance, le «zaïm» du mouvement nationaliste algérien, Messali Hadj, exigea d’être plébiscité par son parti, le PPA-MTLD, «président à vie» et qu’il lui soit accordé le «droit de veto». Il s’ensuivit une crise qui retarda la révolution de Novembre de quatre ans et plongea les militants de son parti dans une guerre fratricide qui ne cessa qu’à la libération du pays. Entretemps, les Tunisiens passaient à l’action armée contre la France, obtenant leur indépendance six ans avant nous. Bourguiba ne songera à la présidence à vie, c’est-à-dire la monarchie sans l’ascendance royale et sans la couronne, que vers 1975. Il a laissé derrière lui un «peuple de citoyens», quand l’exemple de Messali Hadj a suscité à travers les générations une flopée de «zaïmillons. Mohamed Bouazizi et Messali Hadj avaient un point commun : au même âge à peu près, ils ont exercé le même métier : marchands de fruits et légumes ambulants. Il n’y a pas de sot métier, puisque les deux hommes sont entrés chacun à sa manière dans l’Histoire.
Source Le Soir d’Algérie Noureddine Boukrouh
A suivre : II. Le nouveau visage du monde arabe
Le Pèlerin