Le réchauffement climatique et ses conséquences en zone de montagne
Général
Le changement climatique actuel est clairement visible dans nos montagnes. Ces impacts sont nombreux et marqués dans les territoires de montagne, où les conditions climatiques changent avec l’altitude.
Des changements rapides du climat sont enregistrés à l’échelle de la planète depuis le début de l’ère industrielle. Cette évolution se caractérise par une augmentation des températures,
Les précipitations diminuent, les températures s'accroissent sans cesse et les événements extrêmes se multiplient, tant en fréquence qu'en intensité.
L'isotherme 0° c monte de plus en plus en altitude
Les sols s'assèchent de plus en plus, les glaciers se raréfient et sont en voie de disparition dans les Pyrénées
Au niveau national, les glaciers ont perdu 40% de leur surface depuis 1850 avec une perte supplémentaire de 10 à 20% depuis 1980. Les territoires de montagne subissent un changement majeur de leurs paysages.
Les prévisions
Depuis le début du 21ème siècle, les records de température s’accumulent démontrant un réchauffement global à l’échelle de la planète :
Tous les ans, le record est battu, et ce depuis le début des mesures.
À l’échelle de la France, l’accroissement des températures annuelles de 2°C au cours du 20ème siècle est 2 fois plus important que dans l’hémisphère nord. Et le réchauffement s'accentue. A ce rythme là, c'est comme si l'on élevait son altitude de 100m tous les 10 ans. Un challenge pour la biodiversité... !
En montagne les zones couvertes de glace ou de neige sont remplacées par des zones de roches sombres accumulant la chaleur. On a perdu un mois d'enneigement depuis les années 1970.
Du coté des précipitations, la tendance est contrastée ; il pleut moins en hiver, dans le sud de la France et plus dans le Nord.
La raréfaction de la neige façonne différemment l’environnement et diminue les réserves d'eau avec des incidences considérables sur la faune et la flore pyrénéenne.
On assiste à une migration des espèces vers des cieux plus cléments. Ainsi on observe une avancée des événements saisonniers au cours des 50 dernières années de 2 à 5 jours par décennie pour les plantes et animaux terrestres. L’arrivée des oiseaux migrateurs est avancée au printemps d'environ 15 jours en 30 ans.....La végétation est également plus précoce; la saison de végétation est plus longue et la productivité est meilleure, mais certaines espèces sensibles au gel, n'y résistent pas.
L’écosystème est complètement chamboulé.
Le cycle des isards en est totalement perturbé, conduisant à une mortalité plus importante des jeunes isards.
Alors la plupart des espèces gagnent de l'altitude et gagnent du terrain contre les espèces adaptées à des conditions froides.
La surface disponible se réduit.
Toutefois la végétation se verdit....tant qu'un minimum d'eau sera présent.
La biodiversité arrivera-t-elle à s’adapter ? C’est tout le défi que les espèces animales et végétales devront résoudre dans un espace très contraint par l'homme.
Le climat futur
Les modèles climatiques, jusqu’en 2100 prévoient une augmentation moyenne de l’ordre de 3,3°C d’ici 2100 par rapport à la période 1960-1990 et une baisse de 20% des précipitations en été, et une hausse de 10% des précipitations en hiver.
Un été sur deux en 2100 dans les Pyrénées devrait être au moins aussi chaud que l’été 2003. Des précipitations intenses devraient se produire en automne avec une intensité jusqu’à + 30% à la fin du siècle.
L'isotherme 0°c est montée de 700 m au mois de juillet dans les Pyrénées
La montagne sera une destination d'été, là où la mer va devenir une destination d'hiver
A cela on doit ajouter une fragilité des sols de montagne, avec des sols plus friables et une plus forte instabilité des terrains rocheux.
Le ski survivra-t-il au réchauffement climatique ?
Dans quelques dizaines d'années, lorsque les skieurs d'aujourd'hui raconteront à leurs enfants ou petits-enfants leurs vacances à la neige, ceux-ci les regarderont probablement avec des yeux émerveillés... mais sans espoir d'en faire autant. La réduction de la couverture neigeuse des stations de sports d'hiver d'ici la fin du siècle risque en effet d'atteindre des proportions suffisantes pour modifier totalement les paysages de montagne et leur activité économique saisonnière. Les chercheurs ( suisses notamment) ont établi de trois scenarii pour la période «jusqu'en 2100» - Un scénario interventionniste visant à supprimer 50% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, et qui correspond à l'objectif de la COP21 de rester au-dessous de 2°C d'augmentation des températures par rapport à l'ère pré-industrielle, et deux scénarios avec poursuite des émissions, associées ou non à une croissance économique mondiale rapide.
Plus de ski au-dessous de 2500 m ?
Quoi qu'il arrive, quels que soient nos efforts, il y aura moins de neige dans les montagnes et la saison des sports d'hiver sera plus courte. "La saison neigeuse à 1.000 mètres dure aujourd'hui environ trois mois, de décembre à fin mars. A la fin du siècle, on ne prévoit pratiquement pas de neige à cette altitude".
Une réduction similaire pourrait être observée à 1.500 m, où la couverture neigeuse serait réduite à seulement trois mois, c'est à dire de mi-décembre à mi-février. On doit noter que ces chiffres sont basés sur un hiver moyen dans la période considérée, et "laissent de côté le fait que les hivers futurs à cette altitude seront souvent caractérisés par une couverture neigeuse éphémère, ce qui de nos jours n'est caractéristique que des altitudes au-dessous de 1000 mètres".
Les stations situées autour de 1500 mètres perdront environ 100 jours de neige, particulièrement à la saison de la fonte des neiges. A Davos (1.560 m) par exemple, il n'y aura que 10 jours de neige de plus qu'il n'y en a aujourd'hui à Coire (593 m). Et Adelboden (1.350 m) aura moins de jours de neige que Berne (542 m) n'en a aujourd'hui.
Même à haute altitude, le changement se fera sentir. A 3.000 mètres, il n'y aurait en 2085 que 165 jours avec une couche neigeuse de plus de 30 cm contre 320 cm aujourd'hui, et la profondeur du manteau neigeux pourrait se réduire jusqu'à 40%. Globalement, si l'on dépasse les 2°C de réchauffement, on ne pourrait skier qu'au-dessus de 2.500 mètres d'ici à la fin du siècle".
"Sauver nos stations"
La durée et la masse de la couverture neigeuse vont rétrécir de façon significative, quelque soit le scénario. Cependant, l'amplitude de ce déclin peut être fortement réduite avec un scénario interventionniste" qui permettrait de "sauver nos stations".
La fin de la neige pour tous ?
Les stations de sports d'hiver, premières concernées, ont déjà commencé à miser sur une certaine diversification. De plus, les sports d'hiver ne se pratiquent plus comme avant.
Les gens font autant de ski sur un moment de la journée beaucoup plus court. Les skieurs, surfeurs et autres snowboardeurs s'adonnent à d'autres distractions en altitude. Mais "sans le ski, c'est compliqué"...Il y a de nombreux emplois non délocalisables. Il faudra envisager un autre modèle économique."
Les stations de moyenne montagne offrent pourtant des activités qui ne sont plus liées à l'enneigement : "Ici on fait du vélo, du parapente, de la montgolfière... mais ce genre d'activités, les gens peuvent aussi les trouver ailleurs. L'hiver, l'élément déclencheur du séjour ici, c'est la neige"et les clients potentiels sont plus informés, plus réactifs : "Avant, les gens réservaient et ils venaient. Aujourd'hui, ils ont les réseaux sociaux, les webcams..." S'ils ne voient pas de neige, ils ne viennent pas.
Bien sûr, il y a toujours la neige artificielle, mais il faut de l'eau et des basses températures. Et cela a aussi un coût et des conséquences ….
Si l'on n'arrivait pas à se maintenir sous les « 2°C », on ne pourrait alors skier qu'en haute altitude, dans un nombre beaucoup plus réduit de stations. Les sports d'hiver pourraient alors cesser d'être une activité de masse pour devenir une distraction pour privilégiés, et l'économie de nombreuses régions montagneuses en pâtirait. Une autre raison pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
Mais l'objectif de la COP21 semble de plus en plus difficile à atteindre. Les amoureux des sports d'hiver ont donc intérêt à en profiter, tant qu'ils le peuvent encore...
Les mesures à prendre pour nos stations pyrénéennes
Une diversification est nécessaire ; on doit s'orienter vers le tourisme vert et trouver des alternatives à la pratique du ski
Le réchauffement climatique doit être une opportunité pour changer de modèle ; les hébergements doivent être différents afin de «vivre » avec la montagne.
Accessoirement, on doit favoriser des transport différents ne favorisant pas la voiture et développer des ressources naturelles alternatives.
Les stations doivent proposer des activités alternatives à celle de la pratique du ski (VTT, Randonnées, Ski de randonnée, Activités de plein air, Thermalisme)
D'autre part l'ouverture des stations de ski se fait de plus en plus tard et la durée de la saison de ski se réduit considérablement, ce qui se traduit par une réduction des recettes. Les stations de ski sont obligées d'avoir recours à l'enneigement artificiel avec d'importantes répercussions économiques...(investissement et entretien).
Ainsi durant l'hiver 2015, certaines stations ont perdu 25% de leur chiffre d'affaires.. !
De plus, la neige artificielle n'est pas la panacée, car en plus des coûts induits, il faut de toute façon de l'eau et des températures basses... !
N'oublions pas non plus l'accroissement des événements extremest capable de causer d'importants dégâts aux infrastructures liées (complexes hôteliers et appartements ruraux, refuges, installations de télécommunication, routes de montagne et sentiers touristiques) et même parfois chez les résidents".
Un atout pour les Pyrénées, elles sont davantage prisées en dehors de la saison hivernale ; elles peuvent bénéficier d'un regain d'attrait en dehors de la période hivernale (particulièrement en automne), ce qui pourrait accroître le nombre de destinations touristiques dans nos Pyrénées.
Par rapport aux régions touristiques de soleil et plage, car les touristes choisiraient de plus en plus les zones montagneuses pour leurs vacances au lieu des zones littorales, où les températures moyennes et maximales plus élevées pourraient réduire le nombre d'amateurs de ces régions.
Élus locaux, remontées mécaniques, office de tourisme, socio-professionnels, agriculteurs, habitants, etc...toutes ces parties prenantes, devraient remettre à plat le sujet afin de mieux intégrer les changements.
C'est une dynamique globale de développement durable des espaces de montagne, qui est à mettre en œuvre pour sauver les stations de ski et particulièrement celles de moyenne et basse altitude. Il faut repenser le projet de territoire de manière globale en pensant territoire de montagne et non pas uniquement station de ski.
Il faut réinventer nos stations de montagne et concilier tourisme, habitants locaux et respect de la nature. Il s’agit de soutenir et de redonner un rôle aux populations locales et maintenir une identité et un partage avec ceux qui voudront la découvrir.
Les stations devront être des réels lieux de vie et non pas des stations dortoirs pour sports d’hiver.
Le Pèlerin