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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

cirque-de-gavarnie.jpg

Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 03:31

Industries pyrénéennes - L'industrie textile de Lavelanet
Textile Lavelanet
Textile Lavelanet
Chapelieres Esperaza
Chapelières Esperaza
Employees textile Lavelanet
Employées textile Lavelanet
Sandaliers du Pays basque-copie-1
Sandaliers du Pays basque
Usine hydroelectrique Eget Hautes Pyrénées
Usine hydroélectrique d'Eget ( Hautes Pyrénées)
Malgré la concurrence de l'industrie textile du Nord, cette activité se développe en Ariège et se concentre dans le Pays d'Olmes où Lavelanet devient le principal centre, assurant la majeure partie de la production du département et réalisant l'ensemble des opérations de fabrication :

Délainage, effilochage, filature, tissage, teinture et apprêt.

Les petits ateliers sont nombreux : on compte 1 500 tisserands en 1880 et chacun possède son métier. En 1896, l'industrie lainière du Pays d'Olmes occupe 39 filatures avec 10 561 broches à filer et 400 à retordre. Trente établissements, équipés de 33 métiers mécaniques et de 159 métiers à bras, sont spécialisés dans le tissage et, en 1912, Lavelanet emploie 1 800 ouvriers pour une production de 2 millions de mètres.

Spécialités

La haute vallée de l'Aude s'est spécialisée dans l'industrie de la chapellerie. L'origine de cette activité remonterait au temps des guerres Napoléoniennes : au retour de leur captivité en Haute- Silésie, des prisonniers français du canton de Couiza auraient fondé en terre audoise les premières manufactures. En 1882, une quinzaine de fabriques de chapeaux en feutre de laine sont en activité à Espéraza qui, grâce à la qualité des matériaux utilisés et à l'adresse de sa main-d'œuvre, devient vers 1905 la capitale de la chapellerie, exportant ses produits dans le monde entier. À Quillan la Maison Huillet et Lasserre jouit d'une très bonne réputation.

En Roussillon comme en pays béarnais, la fabrication d'espadrilles a permis le développement d'une industrie florissante. À Hasparren, dans le Pays basque, où dès 1904 des manufactures remplacent les ateliers de cordonnerie, on compte plus de 2 000 ouvriers répartis dans une dizaine d'entreprises. À Mauléon, où une main-d'œuvre espagnole vient compléter les effectifs, la sandale est préparée en entier dans la ville : le jute y est cordé puis tressé pour former la semelle. Le montage de la sandale se fait surtout en usine où beaucoup de machines sont « servies » par des femmes dont le gain s'élève à 2 francs par jour, le travail à domicile n'étant payé que 1,25 franc.

Un concours de marche organisé par le Petit Journal en juin 1892 entre Paris et Belfort a mis en relief la supériorité de la sandale de Mauléon et a fini de la rendre très populaire. D'ailleurs, Pierre Loti n'a-t-il pas écrit en 1897 : « Ramuncho cheminait par le sentier de mousse, sans bruit, chaussé de semelles de corde, souple et silencieux dans sa marche de montagnard. » À Saint-Girons, le papier à cigarettes de la Moulasse, le papier « Job », de réputation mondiale, emploie en 1900150 ouvriers. M Jean Bardou, le premier fabricant, ayant séparé ses initiales par un losange, le losange fut lu « O », et l'ensemble fit « Job ». Jean Bardou fit imprimer à partir de 1895 des cartes postales publicitaires reproduisant des illustrations d'affiches ou de calendriers. Ce sont de petits chefs-d'œuvre, très recherchés par les collectionneurs, qui ont été dessinés par des illustrateurs de grand talent : Mucha, bien sûr, mais aussi Meunier, Cheret, Atché, Graner, Asti, Léandre, Maxence, Gervais et Capiello pour ne citer que les plus connus.

La houille blanche

L’Usine « job », construite sur l'emplacement d'un des vieux moulins à papier qui bordaient le Salât, est « la dernière grande usine de cette vallée où l'on pourrait multiplier les prises de force et qui deviendra peut-être une source de richesse pour le Couserans ». Cette source de richesse, dont parle Ardouin-Dumazet, c'est la houille blanche. Dès la fin du XIXème siècle, les premières centrales électriques font leur apparition : à Oloron-Sainte-Marie, sur le gave d'Oloron en 1879 ; puis à Alet, sur l'Aude en 1888 et à Ancoaïn sur le rio Oria dans le Pays basque espagnol en 1890. Partout, souvent à la plâc^d'ancif jas mpulins, vont s'édifier de petites usines électriques des­tinées à alimenter une fabrique ou éclairer une ville ; les Pyrénées, à l'image du Dauphiné ou de la Savoie, vont se transformer en montagne de la houille blanche.

L’équipement hydroélectrique des Hautes-Pyrénées comprend trois usines. L'une est située sur le gave de Pau, les deux autres ont été aménagées dans la vallée de la Neste, à Aragnouet et à Eget. L'usine d'Eget, qui utilise depuis 1918 les eaux de la Neste, possède une chute de 750 mètres avec 7 conduites forcées.

Dans l'Ariège, l'usine électrique d'Orlu, dont la construction a été entreprise en 1907, est en exploitation depuis 1910. Elle utilise les eaux du lac de Naguille et est particulièrement remarquable par sa hauteur de chute, 980 mètres, l'une des plus hautes du monde. Elle assure l'alimentation d'un vaste réseau.

Enfin, la Compagnie Électrique de Marignac, en Haute-Garonne, connaîtra de beaux jours avant de s'adjoindre par la suite la fabrication de ferro-alliages.

Oloron-Sainte-Marie : Ville industrielle et commerçante

Située au confluent des gaves d'Aspe et d'Ossau, Oloron est une ville industrielle et commerçante. C'est le principal centre pour la fabrication de bérets, coiffure la plus populaire des Pyrénées. Le commerce de la laine est considérable et Von y fabrique des ceintures et des couvertures. Il y a plusieurs manufactures d'espadrilles ainsi que des ateliers qui préparent l'étoffe et les semelles nécessaires à ces chaussures. La toile de Béarn est encore tissée dans la ville où l'on trouve des marchands dé filasse de lin. Oloron possède enfin une petite fabrique de cannes : les divers bois utilisés sont le chêne, le frêne, le merisier, le néflier, le houx et le buis.

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 03:31

Histoire des Pyrénées - La contrebande Contrebandiers-espagnols.JPG

C’est sous l'empire que la contrebande prend une ampleur assez importante dans certaines régions pyrénéennes, notamment en Cerdagne, en Andorre, dans le val d'Aran et au Pays basque. Elle entre dans les mœurs, bénéficie de la complicité de l'ensemble de la population frontalière et jouit même d'un certain prestige étant donné qu'elle devient une ressource d'appoint appréciable pour de nombreux villages.
Dans les Pyrénées-Orientales, les villages de Coustouges, Lamanère, Osséja et Saillagousse vivent de la contrebande. En haute Ariège et en Vicdessos, elle est très prospère et Quérigut, Mérens, Ax et Couflens sont des rendez-vous de contrebandiers. Malgré la menace d'expulsion émise en 1772 par le conseil général des vallées à l’encontre de toute Andorrane, fille ou veuve, qui épouserait un contrebandier, l'Andorre se taille très tôt une excellente réputation dans le domaine de la contrebande. Les habitants du Val d'Aran se spécialisent dans le commerce lucratif des piastres espagnoles. Dans les Hautes-Pyrénées, en dépit d'un relief hostile, les habitants d'Arrens, Gèdre et Gavarnie sont souvent compromis dans des échanges clandestins avec des villages frontaliers espagnols.

Mais c'est peut-être au Pays basque que la contrebande est la plus florissante et la plus intense, en particulier à Arnéguy dans le canton de Saint-Jean-Pied-de-Port et à Bidarray dans le canton de Saint-Étienne-de-Baïgorry.

Les douaniers ont beau doubler les patrouilles, les Basques ont le don de passer entre les mailles. Ils sont, dans ce domaine, des maîtres capables de toutes les audaces : « s'il entrait dans la tête d'un Basque;, d'exporter en Espagne la citadelle de Bayonne en contrebande, affirmait alors un habitant de cette ville, j'ignore s'il y parviendrait, mais à coup sûr, il l'entreprendrait. »

Ainsi, à dos d'homme ou de mulet, denrées et marchandises sillonnent les Pyrénées. Mais il faut bien faire la différence entré la petite fraude et le grand trafic.

La contrebande à petite échelle concerne des produits courants destinés à la consommation familiale ou à celle d'un petit groupe ; il s'agit le plus souvent de tabac, de chocolat, de café, de sucre, de vin, d'huile ou de sel. Elle est généralement l'œuvre de montagnards nécessiteux qui tombent souvent dans les embuscades des douaniers. La répression est sévère, cinq à six mois de prison, étant donné que le délinquant ne peut pas acquitter l'amende.

Quant à la grande contrebande, elle concerne des produits de qualité tels que cuir, étoffes, soieries, trafic d'or et d'argent, passés en grande quantité par de puissantes bandes fort bien organisées et qui réalisent à l'occasion de fructueux bénéfices. Une transaction et le paiement d'une forte amende les dédouanent devant la justice.

Un passage nocturne

A Peyranère, près du col du Somport, voilà ce que certains soirs on peut apercevoir : « Vers le haut de la vallée, un long cordon de feux, souvent cachés dans les bois, ou par les plis du terrain, descendait en serpentant. Bientôt, toute la caravane se déploya sur la route et vint défiler sous la baraque. En tête marchait un groupe d'hommes armés de carabines, et à la suite les conducteurs de mulets portant des torches et en menant chacun six à sept à la file. Un autre peloton faisait l'arrière-garde. Nous comptâmes plus de trente torches, environ deux cents mulets et une cinquantaine d'hommes d'escorte. Cette ligne de feux mobiles éclairant par places tous ces hommes et ces animaux qui se mouvaient en silence avait, au milieu de la nuit, quelque chose de mystérieux et d'imposant. Une bande ainsi organisée se fait respecter. D'ailleurs, on disait tout bas qu'il y avait connivence avec certaines autorités, et qu'un écu par mulet formait le bandeau qui les rendait aveugles. » (Chausenque)

La vengeance est un plat qui peut se manger rôti

On ne « badine » pas toujours entre douaniers et contrebandiers. Raymond Escholier raconte dans Mes Pyrénées un des drames les plus sanglants de cette lutte qui peut aller jusqu'à la mort et même au-delà. Voici le résumé de ce drame. Un certain contrebandier tombé dans une embuscade avait été tué par un grand diable de douanier d'une balle en plein front... Un peu plus tard, le douanier disparaît. On le retrouve au fond d'un précipice, la poitrine ouverte, et l'on s'aperçoit que le cœur a disparu. L'enquête piétine lorsqu'un jour, à propos d'une autre affaire, un inculpé qui en savait long sur ce drame, vend la mèche et raconte que, surpris et assailli par les compagnons de sa victime, le douanier n'avait pas tardé à succomber. Par un raffinement de sauvagerie, ses meurtriers lui avaient ouvert la poitrine et arraché le cœur qu'ils firent rôtir au feu de bruyère, se partagèrent et croquèrent à belles dents. Plusieurs individus soupçonnés d'avoir participé au meurtre et au festin furent incarcérés à la prison de Foix. Mais on ne put jamais obtenir la moindre preuve et on dut les relâcher.

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 03:29

Artisanat Pyrénéen - Les activités d'appoint - L'artisanat textile
artisanat pyreneen
Fabricante de paniers
artisanat pyreneen (1)
Les Nouous à Luchon



C’est l'hiver que, dans les fermes pyrénéennes, on carde et on file : occupation surtout féminine, les femmes achetant le lin ou le chanvre dans la plaine et profitant du moindre instant de libre pour prendre la quenouille ou les aiguilles. C'est l'artisanat familial montagnard à caractère saisonnier.

Ainsi les Pyrénéens parviennent-ils à fabriquer une bonne partie de leurs vêtements. Il leur arrive même d'aller vendre le surplus de la production familiale. En Cerdagne, les femmes tricotent des bas que les maris vont vendre dans la plaine.

Des vanniers

Outre le travail du bois, on trouve u$ peu partout dans les Pyrénées un petit artisanat de vannerie. À Céret, dans les Pyrénées-Orientales, on prend soin de couper les osiers aux périodes de l'année où les brins offrent à la fois une bonne résistance et la meilleure flexibilité. Il faut tremper les brins et laisser l'osier boire son eau avant de le travailler. L'Ariège compte aussi quelques vanniers spécialisés dans le « raccommodage » des paniers. Mais la vannerie comme la chaudronnerie est une des principales activités de ces familles nomades de bohémiens que l'on rencontre, campées un peu partout près des grand-routes. Ils fabriquent des paniers, des corbeilles à ouvrage, des hottes, ainsi que tous les objets de fantaisie réalisés avec des brins ou des tiges d'osier, de jonc, de rotin, de roseau, d'aloès ou de bambou. On distingue parmi eux les mandeliers qui confectionnent les corbeilles, les closiers qui font les hottes et les vanniers-faisiers qui réalisent des paniers ajourés.

Les migrants saisonniers

Dans de nombreuses communes pyrénéennes, une bonne partie de la population active émigré pour exercer temporairement ailleurs une activité lucrative, appoint indispensable dans l'économie domestique.

Ainsi les chevriers du canton d'Aucun, dans les Hautes-Pyrénées, s'en vont de mars à septembre ramasser quelque argent de la Guyenne à la Provence, tandis que les bergers conduisent leurs brebis en Aquitaine et jusqu'en Charente. Les habitants d'Arudy passent de longs mois en Espagne comme ouvriers agricoles dans la plaine de l'Ebre, imités par les paysans d’Auren du Louron et d’Argelès

Le travail étant relativement bien payé par les Espagnols, de nombreux habitants des vallées de Barousse, de Campan et de Barèges vont, au début de l'hiver, exercer leurs talents de « presseurs d'huile » dans les fabriques d'Aragon et de Catalogne. Des muletiers marchands d'huile d'olive viendront jusqu'à Viella au val d'Aran. L'huile contenue dans des outres parviendra ensuite en Ariège jusqu'à Vicdessos, Aulus, Massât, Oust, Seix et Castillon où elle sera enfin prise en charge par des charretiers. Vers la même époque, partent vers l'Espagne les bûcherons et les charbonniers du pays de Foix ainsi que les tuiliers et les briquetiers du Pays basque.

Les montagnards des vallées béarnaises ayant acquis une grande réputation dans l'art de châtrer le bétail, s'en vont au printemps, avec leur mule et leurs instruments, jusqu'en Navarre et en Galice. Leur tour de main et leur compétence leur font réaliser des profits substantiels qui leur permettent d'enrichir le patrimoine familial par l'achat de quelques terres.

Être nourrice peut être considéré comme un véritable métier saisonnier et parfois même définitif. La jeune mère quitte son village, abandonnant son enfant qu'elle voue au lait de vache pour aller allaiter un petit citadin. Elle ne reviendra chez elle que pour avoir un autre enfant et repartir à nouveau, renonçant à la vie familiale car même « devenue sèche », elle est parfois gardée par la famille d'accueil pour s'occuper de l'enfant sevré. Les nourrices ariégeoises, celles de Bethmale surtout, jouissent d'une bonne réputation et viendront à Paris concurrencer les Bretonnes. Il est vrai qu'un ministre du second Empire, M. Billaud, député de Saint-Girons, s'est fait leur ambassadeur dans la capitale, les recommandant aux familles de la meilleure société.

Les cloutiers de la vallée de la Barguillère sont plus de 700, en 1885, à travailler dans une centaine d'ateliers. Les conditions de travail fixées par les « maîtres cloutiers » sont draconiennes. La journée de travail est longue et « le soir, écrit Raymonde Tricoire, chaque ouvrier emporte ses clous « guinhassons » (clous à souliers), « berlandas », « ferradons » (clous à ferrer), « gabarras » (clous à planches), de 1 000 à 1 200, dans un panier d'osier qu'il a dû fabriquer lui-même. Le samedi, il quitte le travail à midi, il rapporte à l'atelier tous les clous qu'il a fabriqués dans la semaine. Le patron les pèse, les compte et paie les ouvriers de deux à cinq francs vers la fin du siècle. Le dimanche matin, le « claveton » part, un sac de clous sur l'épaule et la houssine à la main, à Vernajoul, Montoulieu, il va de porte en porte vendre 50 ou 100 clous pour ferrer les sabots ou les bêfes de ferme. »

Mais la fabrication de clous n'est qu'un travail complémentaire, occupant une. main-d’œuvre hivernale. Au printemps, les cloutiers redeviennent cultivateurs.

« La neige des Pyrénées »

C'est vers 1860 que l'on commence à s'intéresser dans les Pyrénées au commerce de la glace.

Il existe deux façons de procéder en matière de transport : le portage sur le dos, appelé coltinage, utilisé exceptionnellement, et le transport sur les chariots, beaucoup plus courant. Dans le premier cas, les blocs de glace sont descendus de la montagne à dos d'homme avec une simple peau de mouton pour protéger du froid la tête et les épaules du porteur. C'est dans la région d'Aulus que cette méthode est utilisée par certains hô­teliers qui engagent de robustes montagnards pour aller chercher la glace. Ces hommes s'en vont, le soir venu, découper des blocs de plus de 60 kg qu'ils chargent sur leurs épaules. Ils ne reviennent qu'à l'aube, après une nuit de marche, pour débiter et livrer les immenses pains de glqce.

La méthode la plus utilisée consiste à construire de vastes glacières dans lesquelles les paysans déversent la neige transportée sur des charrettes, neige qu'ils tassent puis recouvrent de feuilles $e hêtre pour en faciliter la conservation. Ils confectionnent ensuite des blocs de glace à l'aide démoules et les chargent sur des chariots que des routiers achemineront la nuit vers la plaine. Toutes les principales villes sont ainsi desservies. Vers 1870 à Rabat, dans le canton de Tarascon, on allait recueillir la glace au massif des Trois-Seigneurs : « Six tonnes de glace étaient expédiées quotidiennement sur Toulouse. Il fallait deux jours et une nuit aux routiers pour faire ce transport qui se soldait par un tiers de perte en chemin », signale Michel Chevalier.

Les métiers ambulants
Outre les colporteurs, les mendiants et les chiffonniers, on rencontre d'un bout à l'autre de la chaîne des chaudronniers, des étameurs et des rémouleurs. Ces derniers, appelés aussi aiguiseurs ou repasseurs de couteaux, portent un tablier de cuir et vont de village en village, poussant leur chariot à bras sur lequel est fixée une meule. Ils affûtent, moyennant quelques sous, les couteaux, ciseaux, rasoirs, couperets et autres objets tranchants apportés par une clientèle toujours émerveillée de voir la gerbe d'étincelles qui jaillit de la meule qui tourne, entraînée par la grande roue qu'ils actionnent en appuyant vigoureusement sur la pédale. Ces ambulants viennent souvent de haute Bellongue ou du haut Comminges et croisent dans leur périple leurs collègues d'Auvergne.

Mais ce sont les bouilleurs de cru, originaires d'Ariège, qui sont les plus attendus dans le Midi vinicole. C'est en automne qu'ils s'annoncent au cri de « Brulha bi ! Brulha bi », pour exercer leur activité. Munis d'un permis de circulation et d'un cahier journal fourni par la régie, ils inscriront tous les détails de leurs opérations et feront une déclaration de chacun de leurs déplacements.

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 03:28

Pierres, ardoise et marbre
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Le marbre, roche de luxe

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L’amour d'hercule pour Pyrène a-t-il fait dresser toute une montagne de marbre, comme le veut la légende ? Le fait est que toutes les variétés y sont présentes. L'Ariège possède du marbre noir antique à Bédeilhac et Moulis, de la brèche violette à Bordes, du marbre blanc panaché de rouge à Montaillou, Monferrier et Château-Verdun, du rosé vif et griotte à Castelnau-Durban, du marbre statuaire à Aubert, Seix, Saint-Girons et Bélesta. Il est présent dans l'Aude à Camurac, dans les Pyrénées-Atlantiques et les Pyrénées-Orientales où le marbre vert du Tech le dispute au noir uni de Baixas ou au marbre onyx de Fontrabiouse.

Mais c'est dans la Haute-Garonne, à Saint-Béat, et dans les Hautes-Pyrénées, à Campan, que le marbre pyrénéen obtient ses lettres de noblesse. À Saint-Béat, les célèbres carrières de marbre blanc, situées au flanc des deux montagnes qui entourent la ville, le Cap Det Mount et le Cap d’Arie, furent exploitées dès l'époque romaine, et le marbre blanc qu'on y extrait fournit à Mansart la matière des bassins du parc de Versailles. Sa beauté supporte la comparaison avec les plus beaux marbres grecs ou de Carrare. Quant aux carrières de Campan, le marbre vert nuancé de rouge que l'on débite en grands monolithes a été mis à l'honneur, une fois de plus, sous Louis XIV puisque ces marbres figurent en bonne place dans la galerie .des Glaces à Versailles et au Petit Trianon. Ils forment également les vingt-deux colonnes du Palais Royal de Berlin et les huit colonnes de l'Opéra de Paris.

Au XVIIème siècle, le marbre de Campan est descendu jusqu'à Sarrancolin en charrettes à bœufs puis embarqué dans des radeaux sur la Neste et la Garonne jusqu'à Toulouse et Bordeaux puis sur l'Océan jusqu'à Rouen et Paris.

Dans les ardoisières
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L’ardoise, présente en Ariège à Lercoul, Augirein et Siguer, dans les Pyrénées-Atlantiques et dans toutes les basses vallées autour de Lourdes, demande pour fendre la roche des ouvriers au tour de main précis.

À Labassère, dans les Hautes-Pyrénées, des méthodes perfectionnées ont été adoptées pour l'abattage de la roche. Un funiculaire « mû par l'électricité » remplace le chemin tortueux par lequel des chars à bœufs descendaient les ardoises. Les fendeurs travaillent dans des hangars construits en dalles de schiste. Ils sont chaussés de sabots creusés dans des rondins de hêtre peu dégrossis afin de mieux résister aux chocs et les jambes sont protégées par des bandes de chiffons. En 1902,200 ouvriers, carriers ou fendeurs, sont employés sur les chantiers. Ces derniers gagnent six francs par jour alors que les abatteurs de roche n'obtiennent que la moitié. « N'est pas fendeur qui veut, écrit Ardouin-Dumazet, il faut apprendre le métier de bonne heure, dès l'âge de 14 ans, alors que les reins ont toute la souplesse nécessaire. À 20 ans, le fendeur est en pleine possession de son art, mais bientôt le métier militaire le prend et quand il revient, il a bien de la peine à retrouver son habileté. On comprend $onc que l'on ne puisse faire un fendeur avec un adulte. » L'ardoise de Labassère jouit et une grande réputation et est exportée en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Amérique du Sud.

On exploite les pierres à aiguiser les faux à Aleu où le travail de polissage est confié à des femmes et une partie de la vente est assurée par les colporteurs. L'atelier de polissage sera transféré plus fard à Oust où une société anonyme au capital de 160 000 francs est créée en 1893 par le baron Louis de Bardies. Cette société vend plus de 300 000 pierres à faux en 1912., Elle exporte dans toute l'Europe et même jusqu'en Amérique du Sud. .Et on ne peut terminer sans parler des carrières de pierres de taille à Gudas, de plâtre à Crampagna, Arignac et Bédeilhac et du talc de Luzenac où la pierre est successivement concassée, pulvérisée et tamisée. La production de talc passe de 1 000 tonnes en 1890 à 12 000 en 1900 pour atteindre 26 000 tonnes en 1905, date à laquelle est créée la Société des Talcs de Luzenac dirigée par Georges Goubeau.

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 03:17

Mines, forges et métallurgie - Des gisements variés
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Ci-dessus - Arrivage de minerai à Sentein

 

Plus que leur richesse, c'est leur multiplicité et leur variété qui caractérisent les gisements miniers pyrénéens : on trouve du fer, du cuivre, de l'or et du plomb argentifère. L'Ariège charrie des paillettes d’or, ainsi que l'indique le nom latin que lui ont donné les écrivains de la Renaissance, Aurigera, « porte-or », mais ces paillettes ne sont pas assez abondantes pour être exploitées. L'argent aurait été très abondant autrefois dans les Pyrénées si on en croit une légende d'après laquelle « le nom de Pyrénées proviendrait d'un incendie qui aurait fait découler dans la plaine des fleuves d'argent fondu ». À défaut d'argent, les vallées d'Ossau et d'Aure possèdent des mines de plomb argentifère. On trouve des mines de cuivre à Baïgorry dans les Pyrénées- Atlantiques, des mines de plomb à Castillon en Ariège et à Guchan dans les Hautes-Pyrénées et des mines de cobalt à Saint-Mamet-de-Luchon en Haute-Garonne et à Gistain en Aragon. Mais c'est surtout le fer, présent dans tous les gisements de la chaîne, qui a fait l'objet d'une exploitation intensive, aux deux extrémités : à l'est, du Couserans au Roussillon, et à l'ouest, de la vallée d'Ouzom à la Bidassoa,

Ci-dessous - Chargement de minerai à Sehtein (Ariège)
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Le fer

Dès le Xème et le XIIème siècle, les Pyrénées-Orientales deviennent l'un des grands centres de la production métallurgique d'Europe grâce aux qualités exceptionnelles du minerai du Canigou, très pur et très riche en manganèse. Les cinq centres formés par Corneilla-de-Conflent, Vernet-les-Bains, Sahorre et Escaro dans l'arrondissement de Prades, ainsi que Prats-de-Mollo dans l'arrondissement de Céret, fournissent une-production abondante et d'excellente qualité. De même les Pyrénées centrales et occidentales sont réputées pour l'habileté de leurs forgerons spécialisés dans la fabrication de barres de fer, d'armes et d'outils agricoles : haches, houes et socs d'araires. Mais l'industrie extractive pyrénéenne est archaïque et subordonnée au travail agricole : elle est aux mains des paysans qui consacrent les nombreux jours fériés à cultiver leur terre, diminuant ainsi les rendements. De plus, les mineurs sont peu expérimentés : ils ne creusent ni puits de percement ni galerie principale. Ils ne prévoient ni dispositif d'aération ni système d'écoulement des eaux. Ils creusent des galeries étroites et en pente, s'arrêtent lorsque l'air se raréfie et percent alors une nouvelle galerie.

La mine de Rancie ou une mine «communautaire»

La mine de fer la plus importante se trouve dans la vallée de Vicdessos, en Ariège. C'est la mine de Rancié qui possède la particularité « d'appartenir aux mineurs ». C'est en 1293 que le comte de Foix a donné « à tous et à chacun » des habitants de la vallée de Sos, la pleine et libre puissance de faire du fer et de couper du bois pour en faire du charbon. Et voilà plus de six siècles que les ouvriers de Rancié exploitent « leur » mine en commun, à salaires égaux. Les habitants des villages les plus proches, Sem, Olbier et Goulier sont mineurs, ceux des autres villages sont muletiers et transportent le minerai. Les mineurs travaillent à deux par escouades et chaque escouade ne peut faire que la même quantité de travail par jour. Le nombre de hottes que les équipes sont autorisées à extraire, ainsi que les horaires et le prix de vente du minerai, sont fixés par la communauté.

Sur les trois cents mineurs de Rancié, on trouve quelques gamins âgés de dix ans à peine. Les « pierriers » désagrègent la roche cependant que les « bourbatiers » emportent le minerai à l'extérieur jusqu'aux « voituriers » qui viennent l'acheter.

La réduction du minerai

Le creuset, rempli de charbon de bois, est chauffé par le vent de la tuyère. Les gaz produits par cette combustion agissent sur le minerai et en préparent la réduction. Au fur et à mesure que la réduction se fait, les morceaux de minerai entrent en fusion, le fer se carbure, passant à l'état de fonte. Celle-ci 's'affine sous l'action oxydante de la tuyère pour passer à l'état de fer aciéreux qui se rassemble en une sorte de boule, encore appelée « loupe », flottant sur un bain de scories. Lorsque la boule de métal est suffisamment volumineuse et convenablement affinée, les ouvriers la soulèvent au moyen de ringards ou leviers enfer, la saisissent avec une grosse tenaille, la portent sous un marteau puissant qui la façonne en une barre plate ou carrée. lu méthode catalane est loin d'être parfaite car elle nécessite plus de 3 tonnes de minerai de fer à 60% et autant de charbon de bois. Elle est peu économique puisqu'il faut charger 1 800 kg
Les forges à la catalane
3 (18) copie
Le minerai de fer alimente tout un réseau de forges situées principalement en Ariège, dans les Pyrénées-Orientales et l'Aude. Dix mille Pyrénéens y travaillent, en majorité ariégeois et catalans, véritables spécialistes dans Fart de traiter le fer. Les établissements métallurgiques ont souvent des dimensions restreintes. De petits ateliers se limitent à fournir les produits demandés par la consommation régionale ou locale : des faux, des limes, des cloches à bestiaux dans l'Ariège ; des clous et des cercles pour tonneaux dans les Hautes-Pyrénées ; du gros fer et du fer forgé dans les Pyrénées-Atlantiques.

La plupart des établissements utilisent le procédé des forges dit « à la catalane » : le minerai de fer est converti, dans une seule opération, en une matière soudable et malléable, par l'action du charbon de bois. La forge catalane se compose essentiellement d'un foyer ouvert, d'une soufflerie et d'un lourd marteau. Si l'on emploie, pour donner le vent, l'appareil appelé « trompe » , la forge doit s'établir dans une localité pourvue d'une chute d'eau d'au moins 3,50 m. Le combustible est toujours le charbon de bois.

Le creuset consiste simplement en une cavité formée par quatre faces. C'est dans le creuset que se fait la réduction du minerai qui y est entassé sur le devant, les plus gros morceaux au fond et les plus fins à la surface.

L'apogée des forges à la catalane est atteint en 1845. Mais bientôt s'amorce le déclin. Elles seront concurrencées, puis remplacées par des hauts fourneaux qui s'installent sur la chaîne : à Pamiers en 1857, puis à Tarascon, Foix et Serres.

Source autrefois Les Pyrénées

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 03:26

Les Ressources de la Montagne - La forêt généreuse
Ci-dessous - Photos de l'exploitation de la forêt autrefois
ressources de la foret
Transport de bois dans la forêt de fanges ( Aude)
ressources de la foret (2)
chargement de bois dans la for^t de Callong (Aude)
ressources de la foret (1)
Castilla, dit "l'homme des bois"
ressources de la foret (3)
Scieurs de bois dans les Pyrénées-Orientales
ressources de la foret (4)
Transport de bois dans les Pyrénées-Orientales

« Des hêtres monstrueux qui soutiennent les pentes ; aucune description ne peut donner l'idée de ces colosses, hauts de huit pieds, et que trois hommes n'embrasseraient pas. »
Pour les pyrénéens, la forêt constitue une réserve inépuisable par sa densité et du fait du son renouvellement naturel permanent. Aussi ne se gênent-ils pas pour l'utiliser largement afin de compenser l'insuffisance des pâturages pendant les saisons intermédiaires.
La forêt représente pour eux le prolongement des herbages et la réserve des terres sur lesquelles ils peuvent se rabattre en cas de besoin. La conquête des bois au profit des pâturages et des terres, accélérée par un défrichement intense et quelques incendies de landes « fort opportuns » , devient pour les montagnards un réflexe naturel lorsque de mauvaises récoltes ou une augmentation démographique viennent ébranler le faible équilibre économique de la communauté.
Ainsi la forêt est-elle pour eux d'un grand secours : les droits d'affouage leur permettent de satisfaire leurs besoins en bois de chauffage et les droits de marronnage les autorisent à couper le bois nécessaire à la construction et à la réparation de leur maison ainsi qu'à la fabrication des ustensiles et des outils indispensables pour le ménage et la culture.
L’artisanat familial ; le travail du bois
Pour faire les sabots de toute la famille, les paysans utilisent de préférence du hêtre ou du châtaignier. Les plus habiles fabriquent des petits meubles, des chaises, des cerceaux, des tamis, des boisseaux, des jantes de roues et des timons de charrettes. En pays audois, à Puivert et Rivel, dans le canton de Chalabre, ils fabriquent des comportes et des « tines » pour la vendange. A Baulou, dans le canton de Foix, un artisan s'est spécialisé dans la fabrication de jougs tandis qu'à Montardit, dans l'arrondissement de Saint-Girons, on fait des sabots, des tuteurs, des échalas et des tonneaux. En haute vallée d'Ossau, les bois de Laruns fournissent le buis nécessaire pour faire des grains de chapelets qui seront montés à Bétharram. à Nay et à Montaut, en Béarn, les femmes fabriquent également des chapelets tandis que les hommes cousent des sandales.
Défendre sa forêt
Protéger et conserver les richesses forestières furent des impératifs auxquels certaines communautés répondirent. Ain­si, dans les vallées de Baïgorry et de Campan, dès le XVIIème siècle, les habitants ont clôturé les bois et ont « fait défense à toutes personnes d'y couper sans l'expresse permission des consuls, afin que cessant d'y faire des coupes, on leur donnât le temps de se rétabltt » , signale Louis de Froidour. De même, en 1806, des mesures autoritaires sont envisagées par le sous-préfet de Pamiers, dans l'Ariège, pour que « chaque commune qui possède des va- * cants fût forcée d'en planter ou d'en ensemencer une certaine étendue en bois .
Chargement de bois dans la forêt de Callong (Aude)
Mais de tout temps, les Pyrénéens éiït mal accepté le contrôle et les restrictions de leurs droits ancestraux, et toute nouvelle réglementation remettant en cause leurs droits d'usage sur les forêts. Il n'est donc pas étonnant que l'instauration du Code forestier, par la loi du 21 mai 1827 donnant à l'administration forestière un « pouvoir quasi absolu », déclenche une révolte appelée « guerre des Demoiselles », qui a agité l'Ariège ainsi qu'une partie de la Haute-Garonne, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. Les paysans, qui portent par-dessus leurs habits des chemises et des bonnets de femmes pour ne pas être reconnus, se soulèvent en 1829 parce que le Code forestier leur enlève la propriété exclusive et la libre disposition des forêts, une de leurs principales ressources.
Dès le printemps 1829, des bataillons de « Demoiselles » S'en vont pourchasser ceux qui les privent de leurs forêts : les gardes forestiers, surnommés « salamandres » à cause de leur uniforme noir bordé de jaune, les charbonniers, les bûcherons, les maîtres dE forges, les grands propriétaires, les gardes communaux et nationaux, les gendarmes ef la troupe mobilisée par l'administration.
De 1829 à 1831, les « Demoiselles » mènent une véritable guérilla qui, d'escarmouches en actes de violence plus sérieux, leur donne l'avantage sur le terrain. L'administration, dont les mesures de répression ont été sans effet, est amenée à prendre des mesures de conciliation. Une commission départementale des Forêts est instituée et Louis-Philippe amnistie les victimes des procès que l'on avait voulus exemplaires. De cette insurrection carnavalesque, seule la définition de « demoiselle » subsistera. On appelle « demoiselle » « tout individu masqué, le visage barbouillé, une arme quelconque à la main, une chemise par-dessus ses vêtements ou revêtu d'un déguisement quel qu'il soit ». Et ce déguisement est, d'après François Baby, « le fait majeur de l'insurrection ». En fait, l'originalité de cette « guerre » ne tient ni à ses objectifs, ni à son organisation, ni à la participation massive de la population. « Elle n'apparaît, estime Jean-François Soulet, qu'un maillon d'une longue chaîne de révoltes, commencées bien avant 1829, qui se poursuivent bien au-delà de 1831, et qui intéressent, à un moment ou à un autre, presque toutes les vallées pyrénéennes, de la Soûle au Capcir.
La forêt exploitée- La « délinquance » des montagnards
A la fin du XIXEME siècle, l'étendue des terrains boisés dans la montagne pyrénéenne estimée à 410 000 hectares se réduit à 310 000 hectares lorsqu'on en déduit les espaces laissés vides par la coupe des arbres. On comprend le désarroi de tous ceux qui alertent l'opinion publique sur les conséquences désastreuses de la dévastation massive des forêts pyrénéennes. Déjà en 1787, Arthur Young est choqué par les coupes des bûcherons luchonnais accomplies « avec un gaspillage dont ils n'auraient pas été plus prodigues au milieu de la forêt américaine. De grands, de superbes hêtres sont coupés à la hauteur de 3, 4, 5 pieds, et on laisse pourrir ces nobles troncs ; des arbres tout entiers qui, à l'expérience, n'ont pas été fendus, sont laissés pendant des années à pourrir, sans qu'on y touche. » Véritable gaspillage que condamne Ramond en 1801 ou Dralet quelques années plus tard. La Révolution française n'a pas épargné la forêt puisque Michelet n'hésite pas à écrire que « Ton coupait un arbre pour faire un sabot » . Mais le « pillage » des forêts pyrénéennes ne fut pas le seul fait de montagnards négligents. L'intervention des agents de la marine française et espagnole fut sans doute plus funeste pour les belles espèces de chênes et de sapins qui servirent à fabriquer des mâts de navires. Il en fut de même des maîtres de forges, chaque forge consommant annuellement, selon Dralet, l'équivalent d'une forêt de 94 hectares. Les marchands de bois prélevèrent des quantités considérables de pièces de bois destinées à la tonnellerie, à la menuiserie et à la construction d'édifices, bois acheminés par flottage jusqu'aux villes du piémont.
En guerre contre le déboisement
Les Pyrénées souffrent cruellement du déboisement car les arbres ne servent pas seule-i ment à maintenir le terrain mais ils forment aussi un obstacle majeur aux avalanches de neige et de rochers. Ainsi, dans les Pyrénées ariégeoises, particulièrement déboisées, le village d'Orlu, situé au pied d'un cercle de montagnes aux versants nus, était protégé par un petit bois de frênes et de noyers que les habitants décidèrent d'abattre. Lors de l'hiver de 1895 qui suivit, une avalanche déferla sur le village et Orlu fut détruit de fond en comble.
Les risques majeurs encourus par la déforestation ont incité l'administration dès le milieu du XIXème siècle à prendre des mesures de conservation du patrimoine-forestier. Dans les Pyrénées-Orientales, à la suite des ravages causés par les troupeaux, « sous l'œil indulgent des municipalités » , d'importants reboisements ont été effectués dès 1840 par les particuliers ou l'administration. L'arrondissement de Prades devient ainsi le plus boisé et c'est du Canigou à Mont-Louis que les forêts sont les plus belles.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, on procède à des reboisements méthodiques. La haute vallée d'Ossau est une des plus boisées des Pyrénées tandis qu'au Pays basque les forêts d'Irati, d'Isseaux et d'Orion sont remarquables.
Dans les Hautes-Pyrénées, où des déboisements inconsidérés ont provoqué la ruine des hautes vallées de Luz, de Barèges et de Gavarnie, on s'active à replanter et des surfaces considérables se reconstituent où le hêtre, le bouleau et le châtaignier voisinent avec le pin.à crochet, le pin noir d'Autriche, le sapin et l'épicéa.
Quant à la forêt ariégeoise, si cruellement dévase, l'administration prend des mesures « contre le paysan qui consomme inconsciemment sa ruine
Source autrefois les Pyrénées
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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 03:25

La Religion en Pyrénées
Des saints et des prières 
Le prêtre : une présence indispensable
Sortie de messe Ustaritz Pyrenees atlantiques 
Sortie de messe à Ustaritz dans les Pyrénées Atlantiques
Lourdes
Pèlerinage à Lourdes
La grotte de Lourdes
La grotte de Lourdes
Pelerinage Lourdes
Un handicape en pelerinage à Lourdes
Ci dessus; pèlerinage à lourdes et transport d'un handicapé

Le prêtre jouit d'un grand prestige et sa présence permanente auprès des populations est toujours estimée indispensable, car lui seul peut prêcher et dire la messe, faire des processions, baptiser, marier, apporter l'extrême-onction et enterrer les défunts. Les communes sont donc amenées à faire des efforts financiers pour bénéficier des services d'un prêtre qui, s'il perçoit un traitement de l'État, reçoit aussi des indemnités, des allocations et des dons effectués par les paroissiens. Et lorsqu'une commune est menacée de perdre le statut de paroisse et d'être rattachée à-une bourgade voisine, l'ensemble des fidèles se joint à la municipalité pour envoyer lettres et pétitions à l'évoque, au préfet ou à quelque personnage influent pour conserver l'avantage d'un prêtre permanent. Il arrive même que tout un village se mobilise et aille chercher querelle à la commune qui vient de lui ravir son curé, ce qui oblige les forces de l'ordre à intervenir pour ramener le calme. Les vocations religieuses sont nombreuses, surtout en montagne et particulièrement dans les rangs des cadets qui évitent ainsi de rester pendant toute leur vie sous la coupe de l'héritier devenu chef de Maison.

La réception d'un nouveau prêtre

La réception d'un nouveau prêtre dans une paroisse donne lieu à un cérémonial tout à fait particulier. L'Illustration du 9 octobre 1909 relate ainsi l'installation à Itsatsou, au Pays basque, de l'abbé Diesse précédemment titulaire de la cure de Mendionde : « Dès neuf heures et demi du matin, des cavaliers aux pantalons blancs, aux bérets rouges pomponnés de blanc et ornés de galons dorés, allaient à l'entrée de la commune à la rencontre du curé ; puis, escortant sa voiture suivie de celle du maire, une colonne se formait, composée de deux cents jeunes gens coiffés du béret rouge, le fusil sur l'épaule, telle une vraie garde nationale. Une escouade de sapeurs ouvrait la marche d'une allure martiale, des sapeurs du temps jadis, portant tablier blanc, le chef surmonté d'une extraordinaire coiffure. Drapeau déployé, musique en tête de cortège grossi de la longue procession des paroissiens, se rendit, en passant sous des arcs de triomphe de verdure, à l'église dont les cloches carillonnaient à toute volée. »

Outre ses fonctions sacerdotales, le prêtre exerce une influence morale sur ses fidèles. Censeur des mœurs villageoises, il surveille attentivement le comportement de la jeunesse, s'efforce de freiner ses ardeurs et lutte vigoureusement contre les usuriers. Parfois même, outrepassant ses fonctions, il tentera d'influencer ses fidèles à la veille d'élections municipales, entrant en conflit direct avec le maire qui lui fera alors le reproche de « profiter du secret du confessionnal ».

Pyrénéens et pratiques religieuses

Le dimanche, les Pyrénéens ont coutume de se rendre à la messe. Le moment venu, chacun regagne la place que lui a attribuée le prêtre qui a tenu compte de l'âge et du sexe de chacune de ses ouailles : « Les femmes dans la nef sombre de l'église, les hommes dans une galerie au premier étage, les petits garçons dans une galerie plus haute, sous l'œil d'un maître d'école renfrogné, les jeunes filles agenouillées contre la grille du chœur. » (Taine)

Ainsi le Pyrénéen assiste régulièrement à la messe du dimanche, mais reste réservé dans ses pratiques religieuses. Si le baptême est automatique, la confirmation ne l'est pas et il ne communie qu'à l'occasion des grandes fêtes religieuses. Respectant le jeune du vendredi ainsi que l'avent et le carême, il se montre soucieux à la fin de sa vie de recevoir l'extrême-onction qui représente pour lui les clés du paradis.

Le goût des pèlerinages

Le Pyrénéen a toujours manifesté un engouement marqué pour les pèlerinages, traditions instituées pour protéger la communauté' des calamités : famines, épidémies, épizooties, grêle et sécheresse notamment. Cette dévotion collective aux saints, constitue une occasion exceptionnelle de nouer des relations entre communautés. Pour beaucoup, les pèlerinages représentent une agréable évasion doublée d'un acte de piété volontairement et facilement consenti, car ils se déroulent dans une ambiance de fête et d'allégresse générale. Cette atmosphère est d'ailleurs redoutée des autorités religieuses qui déplorent à ces occasions l'intempérance de-leurs paroissiens et les « manquements à la morale

sexuelle » commis au cours dès longues veillées où hommes et femmes dansent une partie de la nuit.

Les cérémonies solennelles du culte exercent sur les Pyrénéens un attrait exceptionnel. Les diverses fêtes religieuses sont célébrées avec une pompe et un éclat incomparables. La Fête-Dieu, une des plus grandes fêtes catholiques de l'année, rassemble un grand nombre de fidèles qui parcourent en procession les rues des villages. A cette occasion, la population érige de somptueux reposoirs, les rues sont jonchées de fleurs et des draps blancs sont étalés aux fenêtres.

La cité mariale

Lourdes devient subitement, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, un des premiers lieux de pèlerinage du monde.

Le 11 février 1858, Bernadette Soubirous, jeune bergère de 14 ans, arrivant à la grotte de Massabielle, aperçoit la « Dame » qui lui exprime le désir que l'on vienne en procession dans ce lieu. Mais ce n'est qu'en 1862 que Mgr Laurence, évêque de Tarbes, déclare authentiques et miraculeuses les apparitions ainsi que les guérisons de ceux qui sont allés à la source où Bernadette a bu et s'est lavée.

Dès lors l'affluence des pèlerins ne fer a que croître, la population de Lourdes va doubler en quelques années et tout un système hôtelier et mercantile s'installe dans la ville.

Les fêtes de l'apparition de la vierge donnent lieu à des solennités d'un éclat exceptionnel, notamment à des processions de nuit extrêmement impressionnantes. « Toute la vaste place du Rosaire, écrit Zola en 1874, se changeait en une mer incendiée roulant ses petits flots étincelants, dans le vertige de ce tourbillon sans fin. On ne voyait, à l'écart, que quelques cierges perdus cheminer seuls, ainsi que des lucioles cherchant leur route à l'aide de leur petite lanterne. Enfin, un moment arriva où les derniers cierges parurent, firent le tour des pelouses, coulèrent et se noyèrent dans la mer des flammes. Trente mille cierges y brûlaient et le grondement des voix, les « Ave, Ave, Ave, Maria ! » étaient comme le crépitement même de ces cœurs de feu, qui se consumaient en prières, pour guérir les corps et sauver les âmes. »

Les inventaires de 1906

L’inventaire des objets du culte et du mobilier des églises, prescrit par une loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, provoque des incidents dans plusieurs régions, une partie du clergé n'acceptant pas la loi et poussant les fidèles à manifester. Au cours de Tannée 1906, des rassemblements sont organisés pour empêcher les agents des domaines d'avoir accès aux églises.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, à Biarritz, on remarque au nombre des manifestants groupés autour de l’église Sainte-Eugénie la reine Natalie de Serbie qui fait partie des protestataires les plus résolus.

En Ariège, des inventaires ont lieu à Montgauch, où l'entrée de l'église est murée, à Cazavet, à Montjoie et à Cominac où le curé défend l'entrée de l'église sous la garde de deux ours. Mlle de Terssac, qui avait eu l'idée d’utiliser ce mode de résistance, fut mise en état d'arrestation et internée pendant cinq jours à la prison de Saint-Girons « sur son refus de s'engager à ne point assister aux inventaires dans les paroisses environnantes »

Source autrefois Les Pyrénées

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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 03:25

Croyances et Superstitions , Fées et Sorcières, Maléfices et Médecines parallèles
Vendredi saint Fontarabie
Vendredi saint à Fontarabie
Procession fete Dieu Les Val Aran
Procession de la fête Dieu dans le Val d'Aran
Pelerins Calvaire de Lourdes
Pèlerins au calvaire de Lourdes

Le christianisme ne s'est infiltré dans les Pyrénées qu'avec une extrême lenteur et de manière assez superficielle. Ces montagnes, difficiles à pénétrer, longtemps vouées au paganisme et au catharisme, ne l'ont accueilli qu'avec réticence. Le Pyrénéen, attaché à ces doctrines manichéennes fondées sur la cœxistence du bien et du mal, est perpétuellement « en balance » entre Dieu et le Diable. Ainsi, en fonction du moment, de la situation ou d'une intuition personnelle, il choisit la protection qui lui paraît être la plus judicieuse, celle d'un saint ou d'un sorcier, d'une vierge ou d'une fée, peu importe, pourvu qu'elle soit efficace et qu'elle lui assure le salut.

Fées, sorcières et magie

« Aussi n'est-il pas de cabane solitaire qui n'ait son revenant ; pas de caverne qui n'ait sa fée ; ni de cimetière son loup-garou ; et pas de village dont la moitié des habitants ne soient sorciers... »

(Chausenque)

Les populations pyrénéennes sont superstitieuses, très superstitieuses. Il y a dans cette attitude un manque certain de discernement, mais l'environnement souvent inquiétant dans lequel elles vivent ne manque pas de frapper leur imagination et d'exacerber leur goût pour le surnaturel, comme le décrit Chausenque :

« Sur les hautes montagnes, où réside pendant plusieurs mois une partie de la population, leurs yeux ne sont frappés que de scènes étranges : des masses décrépites et menaçantes ; des torrents dévastateurs ; des déserts de neiges et de ruines qui semblent soumis à l'influence de mauvais génies.... C'est surtout la nuit, que le pâtre passe souvent loin de sa hutte, que les impressions sont fortes. C'est alors que l'apparence singulière des neiges qui semblent se détacher des monts, l'aspect confus des masses qui séparent de noires profondeurs et de fréquents météores plus éclatants dans une atmosphère épurée, joints aux murmures des torrents et aux retentissements inégaux des cascades lointaines, n'offrent à une imagination déjà frappée que des objets extraordinaires, des bruits sinistres et un pays peuplé d'êtres fantastiques. »

Le Pyrénéen, proie facile pour « tous ceux qui ont passé un pacte avec Belzébuth », croit à la magie et la sorcellerie prend très vite des dimensions considérables, à tel point que l'Église s'en émeut et ordonne à tous les curés de « s'appliquer de toutes leurs forces à détruire toutes les superstitions qui pourraient s'être introduites dans leurs paroisses ».

Pratiques superstitieuses

Le Pyrénéen, hanté par tout ce qui concerne « l'au-delà », est irrésistiblement attiré par le surnaturel. Et malgré l'implantation du christianisme, maintes pratiques magiques appréciées des habitants ont été conservées : on fait une croix sur le pain avant de l'entamer, on évite à table d'entrecroiser les couverts, on se signe lorsqu'on croise un enterrement et le port de médailles bénies permet de détourner le mauvais sort. Enfin, la coutume de faire sonner les cloches à toute volée pour atténuer les méfaits des orages subsiste à tel point que l'évêque de Bayonne passera une circulaire aux curés les priant de « faire cesser l'usage de sonner les cloches pendant les orages ».

Et le Pyrénéen retrouve naturellement ce syncrétisme religieux, paganisme accommodé à la mode chrétienne, lors des rites de protection qui entourent le nouveau-né.

Pour prévenir le tarissement du lait, la mère doit porter une agate et éviter le « mauvais œil », car le bruit court dans les campagnes que non seulement une sorcière mais aussi une mère jalouse peut tarir le lait et faire dépérir l'enfant. Seules, des paroles sacramentelles permettent de lever le sort.

Avant d'être baptisé, l'enfant est déclaré sensible aux influences maléfiques et doit être constamment protégé. Il faut abréger la période dangereuse qui précède le baptême religieux, aussi on le baptise dans les trois jours qui suivent la naissance. Dans les vallées ariégeoises, le nourrisson est veillé jour et nuit avant son baptême et le berceau reste constamment éclairé. Du pain, de l'ail et du sel, réputés pour leurs vertus protectrices, sont disposés à proximité. En vallée d'Aspe, les voisins évitent de rendre visite à la mère avant le baptême. Au retour de l'église, en Ariège, un rite de protection veut qu'une pièce de monnaie soit offerte au premier passant adulte rencontré qui, en l'acceptant, prend en charge.
A quel saint se vouer?

Le pouvoir des saints est mis à contribution :

Saint Galdéric met fin à la sécheresse en Roussillon ; Saint Georges détruit les sauterelles ; Sainte Barbara et Sainte Agathe éloignent la grêle ; Sainte Quiterie écarte les chiens enragés, Saint Roch protège les animaux bénis le 16 août, jour de sa fête ; Saint Sébastien guérit la peste et Saint Blaise le mal de gorge.

On invoque encore Saint Antonin pour un objet perdu tandis que Saint Michel escorte les âmes jusqu'au paradis dont Saint Pierre ouvre les portes.
Des fées et des sorcières

Lorsque les saints sont impuissants, le Pyrénéen a recours aux fées qui ont la réputation de venir à bout des génies malfaisants à condition de combler leurs désirs. Aussi, prépare-t-il, la veille du jour de Tan, pour ces bonnes fées qu'il vénère tout en redoutant leur colère, un repas comportant les mets les plus recherchés.

« Qui ne les a aperçues au moins une fois dans sa vie ?, écrit Alexandre Du Mège, vêtues de blanc, la tête couronnée de fleurs, elles habitent le sommet du mont de Cagire ; elles y font naître les plantes salutaires qui soulagent nos maux. On les entend, la nuit, chanter d'une manière douce et plaintive, à Saint-Bertrand, au bord de la fontaine qui porte leur nom. Quelquefois, elles entrent dans l'intérieur du pic de Bergons et transforment en fil soyeux, en vêtements de prix, le lin qu'on dépose à l'entrée de leur grotte solitaire. Désirez-vous des richesses ? Il faut adresser vos hommages à la fée d'Escout. Là, sous un chêne millénaire, s'ouvre un antre profond. Allez près de cet asile impénétrable. Invoquez la déité qui l'habite, déposez un vase au pied du chêne. À votre retour, dans quelques heures, vous retrouverez ce vase rempli de métaux précieux... Et vous aussi, jeunes filles des hameaux, vos désirs les plus chers seront exaucés : vous le savez, vos pensées les plus secrètes sont connues des Maires, des fées. Heureuses si vos mains ont préparé le lait durci, le pain blanc qu'il faut leur offrir ! Mais que de nombreuses infortunes s'accumuleront sur ceux qui ne leur rendront pas un culte digne d'elles ! Un incendie consumera leurs demeures, les loups dévoreront leurs troupeaux qui paissent sur le mont Sacon, ou dans les prairies d'Izaourt et d'Erechède. » Quant aux êtres que craignent les Pyrénéens, ce sont les « encatadès », sorciers maléfiques des Pays catalans, ou encore les « hantaumas », fantômes difformes redoutables de méchanceté, qui sévissent dans la vallée du Ger.
A chacun son maléfice

L’Univers de la sorcellerie, difficile à pénétrer, présente un monde aux fonctions très spécialisées. Il y a d’abord le sorcier, celui qui fait le mal, effectue les envoutements et jette les sorts. Puis on trouve le devin, contre-sorcier chargé de guérir. Enfin l’armier ou messager des âmes est chargé d’établir des contacts avec l’au-delà.

Les médecines parallèles

Les Pyrénéens font souvent appel aux guérisseurs, aux rebouteux et même aux charlatans qui savent les mettre en confiance. Ils sont en outre plus nombreux que les médecins, moins chers et plus accessibles.

Suivant la nature du mal, le Pyrénéen consultera un rebouteux ou un guérisseur qui lui administrera des remèdes à base de produits courants comme l'eau-de-vie, le vin, l'huile et le sucre, ou des préparations dont il garde le secret. Quelques observateurs ont percé le secret de certains « médicaments » : l'huile d'araignées est employée pour guérir les fièvres, la fiente de vache vient à bout des rhumatismes et l'huile de lézard mélangée à de la graisse d'ours fait pousser les cheveux.

D'autres pratiques s'apparentent à la magie. Ainsi pour soigner un malade atteint d'un cancer de l'estomac, une « savante bonne femme » d'un village proche de Bagnères-de-Bigorre conseille de « prendre trois crapauds adultes, autant que possible de couleur jaune clair, et de les jeter vivants dans un chaudron où se trouve de l'eau bouillante. Utiliser dans la journée ce bouillon macabre en boisson légèrement sucrée ou en lavements. »

 Et malgré ces divagations, la mode des charlatans va bon train au XIXème siècle, et même au-delà, au détriment de la médecine officielle. « Quelle honte, écrit en 1818 J. M. J. Deville, de voir tant d'ignorants exercer la médecine! Tout, jusqu'à ces misérables gueux qui égorgent les cochons, s'avise de médicamenter les hommes ! »

La peur des revenants est très répandue dans les campagnes pyrénéennes ainsi que la croyance selon laquelle les âmes des morts veulent se venger du manque de messes et de prières dites à leur intention. Une vieille légende veut que, le soir de la Toussaint, les âmes reviennent sur la terre pour faire une procession autour du village où elles ont vécu. D'où la coutume, dans la région de Montségur, de réserver un repas aux morts en laissant sur la table autant de cierges que de couverts.

Source autrefois Les Pyrénées

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 03:24

La vie de couple : Vivre sous le regard des autres

Le charivari : une sanction publique
Funerailles-de-Bertrand-de-Lassus-Montrejeau.JPG
Funérailles de Bertrand de Lassus à Montréjeau

Pour qu'un mariage soit réussi il faut qu'il ait obtenu l'approbation de la communauté et en particulier du groupe des Jeunes. Mais si un mariage est mal assorti, entre un veuf d'un certain âge et une jouvencelle par exemple, le groupe des Jeunes, fort du regard qu'il a sur la formation des couples, organise un charivari. Il agira de même pour éviter le déséquilibre numérique des sexes lorsqu'une fille quitte la communauté pour se marier ailleurs ou lorsqu'un étranger vient s'installer au village.

Le charivari peut être préventif et destiné à dissuader les veufs et les veuves de se remarier. Bon nombre de projets matrimoniaux ont avorté par peur de cet humiliant tintamarre. Chaudrons, poêles, clochettes, sonnettes, cornes sont en effet rassemblés pour faire un vacarme épouvantable qui ameutera toute la communauté. Parfois il prend un tour plus féroce et se termine par de violentes bagarres.

Les victimes supportent assez mal ce genre d'agressions physiques et morales et le harcèlement de jour comme de nuit dont elles font l'objet entame profondément leur vie familiale. Et si un verre de vin suffit parfois à calmer les persécuteurs, une amende est souvent réclamée dont le montant varie en fonction de la fortune des victimes et du degré d'agressivité de la jeunesse à leur égard.

Le charivari sanctionnera aussi un mari bafoué par sa femme. Dans le couple pyrénéen, l'homme doit dominer la femme et la tradition proverbiale est là pour le rappeler : « Un homme est indigne de l'être Qui de sa femme n'est pas le maître. »

Un mari bafoué s'expose immanquablement aux humiliations de ses voisins et à un charivari devant son domicile, le plus souvent pendant la période carnavalesque. À Saint-Girons, l'usage est de clouer deux cornes à la porte de la maison du couple dont le mari est « réduit au ridicule par son épouse ».

Les manquements aux promesses du mariage

Si des mésententes passagères ou chroniques peuvent survenir entre époux, les séparations sont rares dans les Pyrénées, inférieures même de moitié à la moyenne nationale. Il est vrai que les divorces sont des pratiques coûteuses et mal perçues par l'opinion. Le couple préfère se séparer simplement, chacun « allant de son côté ». Certes, la réunion d'hommes et de femmes chargés de la garde des troupeaux pendant plusieurs semaines sur la montagne donne lieu à un relâchement des mœurs caractérisé par « quelque aventure passagère ».

D'ailleurs amours pastorales ou amours ancillaires sont jugées avec indulgence, surtout lorsqu'elles sont le fait des hommes. Mais l'adultère déclaré, fondé sur des motivations essentiellement sentimentales et sexuelles, est fort réprouvé par l'opinion publique car en totale opposition avec les principes moraux traditionnels. Il est parfois dans les Pyrénées une autre pratique contraire à la morale: la prostitution.

Elle sévit dans les régions urbaines, les villes de garnison comme Tarbes et Bayonne, et les stations thermales où, d'après Eugène Cordier, « on vit à Barèges 45 servantes grosses après la saison. » Mais écoutons le plaidoyer émouvant du poète Frédéric Soutras en faveur de quelques « créatures » de vallées pyrénéennes : « Frémissez en lisant ceci comme je frémis en l'écrivant ! En 1851, la journée de travail d'une jeune fille était rétribuée trois sous dans la vallée de Barousse! Trois sous, oui trois sous ! Étonnez-vous après cela que les jeunes filles fassent si bon marché de la vertu et même de la pudeur ! Pour échapper à la faim, ces infortunées créatures n'ont d'autre refuge que la prostitution. »

Accompagnés dans la mort.

Dès que la mort frappe une famille, toute activité domestique est interrompue. La Maison prend le deuil et informe la communauté de l'événement. Les liens de voisinage se resserrent et il est de tradition sur l'ensemble delà chaîne pyrénéenne que les quatre premiers voisins soient chargés des principales missions : aller chercher le prêtre à n'importe quelle heure, servir de témoin lors de la rédaction du testament, creuser la fosse, porter le corps du défunt, préparer le repas et soigner le Bétail. Les voisines lavent et habillent le mort et participeront avec les parents à la veillée mortuaire. Lors des obsèques, les lamentations des pleureuses professionnelles, bien que condamnées dès le XVIIIème siècle, se font entendre. Puis ce sera le repas funéraire traditionnel : soupe à l'ail et plat de morue de rigueur sur toute la chaîne. Tout le monde se retrouvera pour la neuvaine et le « bout de l'an »

Le deuil

Le deuil est imposé aux veufs et aux veuves pendant tout le temps qu'il leur reste à vivre : les femmes, le visage dissimulé sous un capuchon, portent de longues tuniques blanches et les hommes revêtent de grandes capes de laine noire.

Cet uniforme contraignant est délibérément conçu pour les tenir à l'écart de la communauté et les empêcher de se remarier.

Mais écoutons la triste et émouvante complainte de la jeune veuve dont le mari est mort, le soir de ses noces, dans un petit village basque :

Quand le soleil se leva,

Oui ! Et vêtue de soie,

J'étais mariée.

Quand il était midi sur nos têtes,

J'étais dame de grande maison.

Oui ! Et jeune veuve, jeune veuve,

Quand le soleil se coucha.

Voisins, Voisines

Le groupe des voisins répond à une nécessité économique dans les régions pyrénéennes. Basé sur l'entraide, il est reconnu et respecté par l'ensemble de la communauté villageoise. Il consiste en une assistance, à l'occasion des principaux travaux agricoles, aussi bien en personnel qu'en matériel. Les relations entre familles voisines sont privilégiées et constantes : on s'aide, on se fréquente. On s'invite aux veillées et, à l'occasion des grandes fêtes familiales, on s'offre quelques présents. Des liens d'amitié se créent, on se prodigue des conseils et on se fait des confidences. Et lors d'un décès, les voisins apportent une aide matérielle et affective, efficace et appréciée. En vallée d'Ossau, les voisins portent même le deuil pendant un mois.

Cette aide amicale peut être remise en cause à la suite d'un différend né souvent d'un manque de réciprocité des services ou à l'issue d'une querelle. Et lorsque cessent les règles de bon voisinage, les rapports peuvent prendre des formes violentes. Il est des haines tenaces qui durent pendant plusieurs générations.
Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin 

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 03:22

La loi de la Maison : entre l'aide et la dépendance
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Le sort des cadets

La famille pyrénéenne veille à ce que l'amour règne entre ses divers membres. Elle ne peut se désintéresser du sort de ses enfants qu'elle a le devoir de recueillir à tout moment, même s'ils ont voulu la quitter et si leur tentative a été vouée à l'échec, en particulier ceux qui n'ayant pas eu la chance d'être des héritiers appartiennent à la catégorie des cadets.

Véritables sacrifiés, leur intérêt personnel est subordonné à l’intérêt collectif de la Maison. Qu'ils soient frères ou sœurs de l'héritier, leur destin doit s'aligner sur les besoins impérieux de la Maison. Si la famille souche requiert leur présence pour des raisons dues à l’importance du travail, ils ont le devoir de rester et de renoncer au mariage étant donné que la Maison ne peut abriter plus de deux couples à la fois, celui du maître et celui de l'héritier. Condamnés au célibat, phénomène qui semble avoir été plus sensible à l'ouest de la chaine qu'à l'est, les cadets travaillent en tant qu'ouvriers agricoles ou comme bergers. Ils jouissent généralement de la considération du maître mais ne possèdent aucun droit, les exigences de la Maison l'emportant sur tout sentiment d'égalité.

Le Cadet a parfois la chance, lorsqu'il est pâtre, de posséder quelques brebis qu'il garde avec celles de son maître. Il a aussi la possibilité de se constituer un petit capital susceptible d'intéresser une famille voisine peu prospère qui ne verra pas d'inconvénient à ce qu 'il épouse l'héritière de la Maison. Mais même dans cette éventualité, ni la réussite ni le bonheur ne lui sont garantis, car non content de perdre son nom, il peut devenir un gendre peu écouté, voire exploité, « le premier domestique de sa femme, son berger et au plus son homme d'affaires ».

Si elle vient à décéder il ne bénéficie que de l'usufruit de ses biens, qu’il gère jusqu'à la majorité de ses enfants, fixée à 25 ans. Si le couple n'a pas eu d'enfant, il peut récupérer sa dot mais doit quitter la Maison. Pour éviter cet inconvénient, certaines familles ont recours à la pratique du « double mariage » : un héritier épouse la cadette d'une maison dans laquelle son frère cadet devient gendre. Ainsi, chacune des deux familles constitue un asile pour le cadet ou la cadette dans l'éventualité d'un veuvage.

La maison d’habitation ou l’appartenance à la Maison

Le pyrénéen est très attaché à l'habitation qui symbolise pour lui la permanence du patrimoine foncier, même si elle ne représente qu'une faible part de l'ensemble du domaine familial. La maison d'habitation principale dans laquelle est rassemblée toute la famille est souvent modeste, parfois même exiguë et insalubre. Elle consiste en une grande pièce qui sert à la fois de cuisine et de chambre. Ecoutons Paul Guth, né à Ossun en 1910, décrire sa maison natale : « On faisait cuire les aliments dans l'immense cheminée où aurait pu brûler un tronc d'arbre. Dans l'âtre on installait des chaises sur lesquelles on se chauffait. Au-dessus de la cheminée s'alignaient des boîtes de sel, de poivre, la statue de Notre-Dame de Lourdes, notre voisine, notre cousine presque. Aux poutres du plafond de la cuisine, étaient suspendues des grappes d'épis de maïs, rutilants comme de l'or. La table de la cuisine était puissante comme les tables du temps des paysans de Le Nain. Elle servait aussi de huche à pain. Au fond de la cuisine, s'élevait un monument : le lit, dans lequel je me hissais, dans mon enfance, en grimpant sur une chaise. Il était surmonté d'un édredon rouge sous lequel on étouffait de chaleur l'été et l'on pelait de froid l'hiver. » L'exiguïté des lieux rend habituel le partage des lits, la nuit, entre les personnes du même sexe. Ainsi, dans un cadre familial, le grand-père couche d’ordinaire avec le jeune garçon et la grand-mère avec la petite fille et, si le maître et la maîtresse de Maison partagent souvent le même lit, il arrive parfois, lorsque la famille s'agrandit, qu'ils soient amenés à dormir, lui avec un domestique, elle avec la servante. C'est dans ce lieu de vie qu'est la maison que se nouent entre les membres de la famille des liens de solidarité très étroits et que se forge l'esprit d'entraide, en dépit de la supériorité de l'aîné sur les cadets et d'une certaine autorité des frères sur les sœurs. La famille pyrénéenne forme un bloc très uni où l'obéissance absolue au chef de famille et le caractère sacré du patrimoine familial sont inculqués aux enfants dès leur plus jeune âge, le respect et l'attachement à la religion venant fortifier ces préceptes éducatifs. L'emprise familiale s'exerce donc fortement sur les petits Pyrénéens qui ne s'évadent de la maison que pour suivre les cours d'instruction religieuse approuvés par le chef de famille. Les réticences à la scolarisation des enfants ne s'expliquent pas uniquement par l'utilisation de ces derniers à la garde des troupeaux ou à certains travaux agricoles, mais par l'hostilité profonde des parents à l'alphabétisation et à l'adoption de la langue française ainsi qu'à leur désintérêt total à toute forme de culture.

Les fermes pyrénéennes

Les fermes pyrénéennes font preuve d'une robustesse exceptionnelle. Construites pour durer il n'est pas rare d'en trouver du XVIème ou du XVIIème siècle, leurs murs de pierres sont percés d'ouvertures très étroites pour mieux résister aux intempéries. Le bois est peu utilisé car sa présence est redoutable en cas d'incendie, véritable obsession du paysan. On s'en sert cependant dans les Pyrénées centrales et occidentales, dans la construction de balcons et de galeries extérieures si pratiques pour sécher le linge ou les céréales. Les toits, à forte pente, sont faits de chaume, d'ardoise ou de tuiles. Ils débordent généralement sur la cour pour abriter le passage des gens. On rencontre des fermes aux types très divers. En Couserans et en Béarn, c'est la maison basse, rectangulaire, avec un toit de chaume qui recouvre à la fois l'étable et la salle commune. Au Pays basque et parfois en Ariège, la maison est bâtie en hauteur : l'étage est réservé à l'habitation et le rez-de-chaussée est occupé par le bétail. En Cerdagne et en Aragon, les bêtes sont rassemblées dans des écuries et des étables situées à proximité du bâtiment principal.

Source autrefois Les Pyrénées

à suivre

Le Pèlerin

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