Diverses étapes de la vie familiale

L'éducation des jeunes

Groupe de jeunes

Leçon de couture
À la recherche de la fécondité
L n'est de pire malheur que l'infécondité d'un couple étant donné que le sort du domaine familial repose sur les enfants, l'aîné en premier lieu, ses frères et sœurs ensuite en cas de décès du premier. Aussi, lorsque le couple est stérile, la coutume veut qu'il se livre à des pratiques destinées à favoriser la fécondité.
Ainsi, « suivant le principe magique de la transmission par contact, écrit Daniel Fabre, la femme stérile se couvre la tête d'une/pèau de brebis mère tandis que le mari porte le caleçon d'un père de famille nombreuse qui lui communiquera sa virilité. »
L'Eglise conseille, pour favoriser la conception, soit la bénédiction du lit nuptial, soit les pèlerinages aux sanctuaires de vierges auxquelles sont prêtées des vertus fécondantes.
Un garçon ou une fille ?
Si l'on veut connaître le sexe de l'enfant à naître, il suffit que la future mère laisse glisser une pièce de monnaie erftre ses seins. Si elle tombe à droite, ce sera un mâle. Le garçon est en effet associé à la droite, présage heureux, car il « embellit sa mère ». La fille est associée à la gauche, présage sinistre, car elle « enlaidit sa mère en lui volant sa beauté».
On peut encore interpréter les phases de la lune, rythme naturel comparable au cycle féminin. La lune montante favorise la conception des mâles et la lune descendante celle des filles. '
A la fin du siècle dernier, le progrès aidant, les femmes enceintes ont recours à la radiesthésie. L'opérateur fait tourner au-dessus de leur ventre un pendule formé d'un cheveu noué à l'alliance.
Ce nouveau procédé aboutit, sans aucun doute, au même résultat que les méthodes précédentes ; mais l'essentiel n'est-il pas, pour la future maman, de satisfaire sa curiosité afin qu'elle attende dans la sérénité le grand jour où, une fois sur deux, se verra confirmée la prédiction du hasard.
Naître et grandir dans les Pyrénées
Ci-dessous : Leçon de couture à Amélie-les-Bains
Le couple se doit d'être fécond et la naissance d'un enfant est vécue comme un moment essentiel de la vie de la famille. Ainsi, à l'est de la chaîne, toute la famille assiste à l'accouchement, ce qui donne lieu à une véritable veillée, les hommes jouant aux cartes et les femmes faisant chauffer de l'eau pour procéder au lavage de la mère et de l'enfant et à la lessive de la literie. Plus généralement la jeune mère est assistée par les femmes, parentes ou amies, et par l'accoucheuse, vieille femme qui saura prodiguer les conseils d'usage et, à l'occasion, baptiser le nouveau-né.
Le rite de la « couvade » : une initiative de cadet
En Béarn et au Pays basque, l'accouchement s-accompagne parfois d'une étrange coutume : la « couvade » qui veut que le mari, après l'accouchement de sa femme, prenne sa place au lit avec l'enfant à ses côtés, pour le « couver » en quelque sorte. Le docteur Sacombe, de Carcassonne, écrit au XVIIème siècle dans la Lucinade un poème malicieux consacré à l'art de l'accouchement :
En France même, chez le Venarnien,
Au Pays Navarrois, lorsqu'une femme accouche
L'épouse sort du lit et le mari se couche.
On le met au régime et notre faux malade
Soigné par l'accouchée, en son lit fait couvade.
Un mari dans sa couche au médecin soumis,
Reçoit en cet état parents, voisins, amis
Qui viennent l'exhorter à prendre patience.
Certains sociologues attribuent l'origine de ce rite aux cadets qui, mariés à des héritières et réduits de ce fait à un rôle secondaire au foyer, prennent une sorte de revanche en jouant à leur tour le personnage principal.
Apprendre à grandir
C'est à la mère qu'incombé la responsabilité de la première éducation. Jusqu'à l'âge de deux ans, date du sevrage, l'enfant vit au rythme des travaux domestiques ou agricoles de sa mère.
Celle-ci l'emmène parfois aux champs dans un petit berceau d'osier qu'elle pose sur sa tête. Elle lui apprend à jouer avec ses mains en lui pinçant tour à tour chaque doigt et en disant :
Celui-là va chercher l’eau,
Celui-là le vin,
Celui-là le vinaigre,
Celui-là le sel
Celui-là fait : quiquiriqui...
Elle veille sur son enfant avec une attention toute particulière. Ainsi, les ongles ne doivent pas être coupés avant l'âge d'un an ni les cheveux taillés avant deux ans, car il faut conserver les poux, signe d'une bonne santé. Les premières boucles sont gardées précieusement dans le livre de messe familial. À deux ans, l'allaitement est terminé et l'enfant a droit au même régime alimentaire que ses parents. Sa mère lui inculquera les grands principes moraux et religieux, ciment de la vie de famille. Puis l'enfant s'initiera à la vie en groupe et apprendra à se mesurer aux autres en participant à des jeux où l'adresse et la force tiennent une place importante.
Son passage dans la vie active correspond au passage « initiatique » et religieux de la première communion. A douze ans, le garçon revêt ses pantalons longs, signe de son accession au monde adulte, et peut s'engager comme apprenti ou colporteur tandis que la fille rallonge ses robes et intègre l'univers des femmes. Elle effectue les travaux domestiques habituels, prépare son trousseau de mariage et participe à la vie collective en décorant l'église à l'occasion des fêtes religieuses. Si la jeune fille appartient à une famille pauvre, elle sera placée comme bonne à tout faire ou comme ouvrière temporaire et ne rejoindra la Maison qu'à l'occasion des grands travaux agricoles.
Car l'apprentissage au travail se fait très tôt, et, si l'on excepte le canton de Tarascon où « le montagnard se sert de ses enfants dès qu'ils savent marcher », c'est vers huit ou neuf ans que les garçons et les filles commencent à garder le bétail, à effectuer quelques cueillettes, à glaner ou à vendanger. Mais ce n'est qu'à partir de seize ans que le jeune garçon deviendra berger communal ou d'estive quand il ne travaille pas à l'exploitation familiale ou comme domestique chez quelque propriétaire plus aisé.
Le groupe des Jeunes
Ce groupe comprend essentiellement tous les hommes qui ne sont pas mariés, aussi bien les jeunes que les célibataires les plus endurcis. Leur particularité est de s'opposer à la petite morale traditionnelle dictée par la famille, la société et la religion. Ils fréquentent les bals et se réunissent à l'auberge où ils peuvent boire, discuter et préparer leurs « interventions » : mise à l'index d'un habitant du village, organisation d'un charivari ou d'un tour de ville bruyant, sanction contre le maire ou le curé. Hostiles au clergé, ils désertent les églises et troublent les cérémonies religieuses.
Mais ce groupe assume au sein de la société des fonctions régulatrices qui le mettent à l'abri de toute contestation. Il prépare les fêtes votives, les festivités de carnaval, fait payer une charge aux mariés étrangers à la commune et organise des charivaris lorsque cela est nécessaire : mari bafoué, curé intransigeant, maire dictatorial.
Paradoxalement, ce groupe anticonformiste se veut le défenseur des traditions et de l'honneur de la commune, d'où les expéditions punitives contre les villages voisins. Ainsi le groupe des Jeunes jouit d'un excellent crédit au sein de la communauté villageoise et nul ne conteste son rôle.
Source autrefois Les Pyrénées
A suivre
Le Pèlerin