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  • : Algérie Pyrénées - de Toulouse à Tamanrasset
  • : L'Algérie où je suis né, le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942, je ne l'oublierai jamais. J'ai quitté ce pays en 1962 pour n'y retourner que 42 ans plus tard. Midi-Pyrénées m'a accueilli; j'ai mis du temps pour m'en imprégner...mais j'adore
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De Toulouse à Tamanrasset

 

cirque-de-gavarnie.jpg

Le cirque de Gavarnie

L'Algérie, j'y suis né le jour du débarquement des Américains, le 8 novembre 1942. J'ai quitté ce pays merveilleux en 1962, pour n'y retourner qu'en août 2004, soit 42 ans plus tard...
Midi-Pyrénées m'a accueilli. J'ai mis du temps pour m'imprégner de Toulouse mais j'ai de suite été charmé par ce massif montagneux et ses rivières vagabondes que je parcours avec amour...Ah ces chères Pyrénées, que je m'y trouve bien ...! Vous y trouverez de nombreux articles dédiés à cette magnifique région et la capitale de Midi Pyrénées : Toulouse
L'Algérie, j'y suis revenu dix fois depuis; j'ai apprécié la chaleur de l'accueil, un accueil inégalé de par le monde.......L'espérance d'abord ...Une relative désillusion ensuite...Pourquoi alors que le pays a un potentiel énorme...Les gens sont perdus et ne savent pus que faire....Les jeunes n'en parlons pas, ils ne trouvent leur salut que dans la fuite....Est-il bon de dénoncer cela? Ce n'est pas en se taisant que les choses avanceront.
Il y a un décalage énorme entre la pensée du peuple et des amis que je rencontre régulièrement et les propos tenus dans les divers forums qui reprennent généralement les milieux lobbyistes relayant les consignes gouvernementales...
Les piliers de l'Algérie, à savoir, armée, religion et tenants du pouvoir sont un frein au développement de l'Algérie ....Le Pays est en veilleuse....Les gens reçoivent des ….sucettes...Juste le nécessaire... pour que ....rien nez bouge....
Pourtant des individus valeureux il y en a ....Mais pourquoi garder des élites qui pourraient remettre en cause une situation permettant aux tenants des institutions de profiter des immenses ressources de l'Algérie. Le peuple devenu passif n'a plus qu'un seul espoir : Dieu envers qui il se retourne de plus en plus...Dieu et la famille, cette famille qui revêt une importance capitale en Algérie.

Le vent de la réforme n'est pas passé en Algérie tant les citoyens sont sclérosés dans les habitudes et les traditions relevant des siècles passés....La réforme voire la révolution passera....à l'heure d'Internet, on ne peut bâillonner le peuple indéfiniment...Cela prendra du temps mais cela se ferra...
Pour le moment le tiens à saluer tous les amis que j'ai en Algérie et Dieu sait que j'en ai....C'est pour eux que j'écris ces blogs, quand bien même je choisis souvent mes articles dans la presse algérienne....pour ne pas froisser la susceptibilité à fleur de peau de l'Algérien...

Cordialement,
Le Pèlerin

 

 

 

 

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 03:22

Les Pyrénées autrefois -Se marier : entrer dans la Maison
le-mariage.jpg

 

Une fois le fiancé désigné et si les deux partis sont d'accord, les accordailles sont marquées par la signature d'un contrat qui stipule le montant de la dot qui peut se composer d'argent, de têtes de bétail, de linge ou de bijoux de famille. Ces fiançailles officielles sont suivies d'un repas dans chaque famille au cours duquel la fiancée reçoit une bague et un collier, offre la chemise de noce à son futur époux, un châle à sa belle-mère et un chapeau à son beau-père. La date fixée pour le mariage respectera tous les interdits calendaires : ceux de l'Église, comme l'avent et le carême et ceux que la superstition continue d'imposer, comme le mois de mai, mois des ânes, ou le mois de novembre, mois des morts.

La plupart des mariages sont célébrés lorsque les travaux agricoles le permettent, généralement au printemps, à la fin de l'automne, en hiver et pendant toute la période du carnaval. Les jours fastes du début de semaine présentent l'avantage de pouvoir effectuer les préparatifs le dimanche précédent. On évite le vendredi considéré comme un mauvais jour.

Le jour du mariage, les demoiselles d'honneur passent à la mariée une robe toute neuve, souvent de laine noire, qu'elles recouvrent d'un vaste châle de couleur vive. Ce n'est qu'à partir de 1870 que le costume nuptial se transformera en robe blanche et voile blanc. Il incombe au garçon d'honneur de mettre à la future épouse trois pièces de vêtements : au genou, la jarretière qu'il dérobera au cours du repas, marquant ainsi le droit des Jeunes sur l'épouse ; aux pieds, les souliers achetés par l'époux dans lesquels il glissera une plume blanche pour conjurer le mauvais sort ; à la taille, une ceinture, sorte de longue écharpe que le marié dénouera le soir même, marquant ainsi sa prise de possession.

Le cortège s'ébranle, avec en tête la mariée au bras de son père et, fermant la marche, le marié au bras de sa belle-mère. Il franchira, ainsi le veut la coutume, une barrière symbolique matérialisée par un ruban, placé sur le trajet par la jeunesse du pays qui recevra quelque argent pour aller boire à la santé du nouveau couple.

Au cours de la bénédiction nuptiale, les jeunes filles chantent sur le parvis des églises ariégeoises cette touchante invitation :

Petit époux, petite épouse,

Donnez-vous la petite main

Pour un moment

Vous ne ferez qu'un corps

Et qu'une âme.

Lorsque le marié lui passe l'alliance, la mariée « arrête l'anneau avant la dernière phalange en courbant le doigt », ce qui a le don de lui assurer l'autorité dans le ménage. Une fois mariée, la jeune pyrénéenne adopte la Maison de son époux.

En Béarn, la jeune mariée se dirige vers la cheminée et touche la crémaillère qu'elle embrasse même parfois pour montrer qu'elle adopte le nouveau foyer. En Couserans, elle est accueillie par son beau-père qui lui tend la main tandis que sa belle-mère lui lance quelques grains de blé, symbole de l'abondance qu'elle connaîtra dans sa nouvelle maison et de la fécondité qu'on lui souhaite. Mais ce blé signifie également qu'elle devra travailler la terre en l'absence de son époux parti garder le troupeau.

Source autrefois Les Pyrénées

à suivre

Le Pèlerin

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 03:21

Les fiançailles
Femmes a marier

 

Des fiançailles peu rigoureuses

Les fiançailles durent longtemps dans les Pyrénées mais sont peu rigoureuses moral. Au début, pendant la période dite de « fréquentation », les jeunes gens surveillés discrètement par les parents, lors des promenades amoureuses ou au bal. Les menus faits de la vie quotidienne sont interprétés comme des indices révélateurs de l’éloignement ou de la proximité du mariage. Les lieux de rencontres sont multiples: les veillées, les fêtes, les marchés et les foires. Les époques le sont aussi : le temps des moissons, des vendanges ou de la fête du cochon. Dès que le choix est qu'une promesse est échangée, une grande liberté est laissée aux jeunes fiancés qui n'attendent pas le mariage pour nouer des relations sexuelles. Il est encore admis, au siècle dernier en haute Ariège, que les deux fiancés passent la nuit ensemble dans la maison de la jeune fille. Le jeune homme gagne à respecter l'honneur de sa future mais les « accidents » sont nombreux coutume de « l'année probatoire » qui marque la cohabitation des fiancés est monnaie courante, en particulier à l'ouest de la chaîne où la grossesse précédant le mariage, communément baptisée « Pâques avant les Rameaux », n'est pas considérée comme une faute impardonnable. Bien au contraire, la jeune fille ayant fait la preuve de sa fécondité est volontiers épousée. Quant aux délaissées, elles deviennent d'excellentes nourrices très .recherchées dans la région de Bayonne et de Biarritz. Toutes ces libertés prises avant le mariage sont justifiées par la longueur démesurée des fiançailles, l'âge relativement tardif de l'union - 27 à 28 ans pour les hommes et 23 à 24 ans pour les femmes -, et le désir de trouver le meilleur conjoint possible par des expériences successives.

Le Marieur

Lorsque les diverses tentatives de mariage sont restées infructueuses, soit que le prétendant habite une région déshéritée, soit que son pouvoir de séduction s'avère insuffisant, les parents ont recours à un « intermédiaire de mariage » encore appelé « marieur » qui signale les bons partis et se charge des démarches d'approche. Il est certain que l'importance de  la dote et le mariage avec l'héritier jouent un rôle très important dans l'aboutissement de la stratégie matrimoniale.

Cérémonies rituelles

Dans le courant de la semaine qui précède la noce a lieu l'enterrement de lu vie de garçon du futur époux, occasion d'un repas rassemblant tous les jeunes gens du village. La veille et le jour du mariage sont l'occasion de grandes réjouissances, en particulier en Pays basque où le trousseau du futur conjoint est solennellement transporté dans sa nouvelle demeure. En Ariège, c'est le trousseau de la mariée que les jeunes filles charrient dans des corbeilles décorées de guirlandes tandis que les jeunes gens déménagent l'armoire.

Pendant le trajet, les amies de l'épousée l'accompagnent de leurs chansons : « Chantez l'épousée, jeunes filles Votre tour viendra d'être chantées ; Semez le buis à pleines mains, et jonchez de ses rameaux verts Le chemin qu'elle doit parcourir. ». Dans la plupart des régions pyrénéennes se déroule au domicile de la fiancée, la veille du mariage, la cérémonie dite des cadeaux : "Le fiancé, escorté de, ses garçons d'honneur, se présente devant la maison de sa promise, les bras chargés de cadeaux, et la prie de bien vouloir lui ouvrir la porte. Les donzelles placées derrière l'huis demandent au visiteur ce qu'il apporte. Les amis du fiancé énumèrent alors les cadeaux qu'ils viennent offrir en entonnant la "canson de la novia", la chanson de la mariée, supplique interminable dont les couplets évoquent les diverses pièces du vêtement et de la toilette de la mariée en les énumérant tour à tour. Mais la porte reste verrouillée. Ce n'est qu'à l'issue du dernier couplet que la voix du fiancé s'élève enfin pour dire : " Les joyaux d'amour je t'apporte, mariée ! " A ces mots, la porte s'ouvre toute grande et la jeunesse s'engouffre dans la maison à la recherche de la fiancée. Celle-ci, une fois découverte, sert à boire aux visiteurs. »

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 03:20

La famille occupe une place fondamentale dans la société pyrénéenne
La Famille
Ci-dessus la famille traditionnelle
Ci-dessous une famille bethmalaise

Famille bethmalaise
Elle se compose essentiellement du couple du maître de Maison autour duquel gravitent les ascendants, les enfants et souvent même les cadets célibataires. C'est le principe de la « famille-souche » dans laquelle ne peuvent être réunis sous le même toit que deux couples : celui du maître de Maison et celui de son héritier.

« Le nom de la famille-souche, écrit Paul Ourliac, est celui du bien de famille conservé intégralement de génération en génération, qui réunit dans une complète communauté d'existence tous les membres qui n'ont pas voulu s'établir au dehors. Le bien est toujours transmis à l'aîné des enfants, garçon ou fille ; le nom de la maison est donné au gendre qui épouse l'héritière de la Maison. » Même les domestiques, lorsqu'ils ont passé de longues années au service d'une famille, sont appelés par leur prénom suivi du nom de la Maison où ils travaillent.

La Famille – Souche

La conservation du patrimoine

L'objectif majeur de la famille pyrénéenne est de sauvegarder et de conserver à tout prix le patrimoine, c'est à-dire la maison et ses dépendances, qui ne doivent ni se diviser ni se désagréger. Aussi la stratégie matrimoniale se met-elle au service de la Maison et les règles qui président au choix de l'époux sont rigoureuses : le conjoint doit habiter à peu de distance, appartenir au même milieu social, être choisi essentiellement en fonction de l'intérêt de la Maison avec l'accord du père et l'assentiment de la famille.

L'impérieux désir de maintenir intégralement le patrimoine à travers les générations freine le développement de la famille pyrénéenne et favorise des pratiques juridiques axées sur la protection des biens. Seuls les acquêts, biens acquis pendant une génération, sont disponibles et peuvent éventuellement servir à doter un cadet ou un conjoint survivant. Mais les biens propres, possédés successivement par trois générations, bénéficient d'une protection et ne peuvent être aliénés qu'avec l'assentiment de l'héritier qui conserve pendant 41 ans le droit de les racheter au même prix. En définitive, les biens propres sont transmis intégralement à l'aîné dans la plupart des cas.

Bien sûr, les pratiques successorales ne sont pas uniformes sur toute la chaîne des Pyrénées. À l'est, dans les Pyrénées-Orientales, l'Ariège et l'Andorre, le père de famille est libre de désigner l'héritier de son choix. À l'ouest et au centre, du Pays basque à la vallée d'Aure et au Comminges, prévaut le droit d'aînesse, sans distinction de sexe.

Cependant, les traditions modifient dans certaines régions la rigidité de ces pratiques. Ainsi, dans la vallée de Campan, le père de famille peut, par donation ou par testament, « tailler plus grande la part d'un des enfants » pour éviter la division des biens. D'autre part, à l'est de la chaîne, en Pays catalan, domine le principe de masculinité. Ce principe se répandra d'ailleurs, au début du XIXème siècle, sur l'ensemble de la chaîne, à l'exclusion des hautes vallées où subsiste le droit d'aînesse.

Les lois égalitaires sous la révolution

Les lois successorales imposées dont la période révolutionnaire et pénale sont combattues avec la dernière énergie par la majorité des habitants des Pyrénées.

On sait que ces lois du 7 mars 1793 out semé le désarroi dans les régions où régnait le principe de l'héritier unique. On voit des cadets contester la désignation de l'aîné comme héritier et les tribunaux sont submergés de demandes d'annulation de succession. Les aînés, petits propriétaires, sont mis dans l'obligation d'emprunter ou de vendre pour dédommager les cadets.

L'économie s'en ressent dans toutes les régions françaises et plus particulièrement dans les Pyrénées où les usuriers sévissent un peu partout.

Il faut toute la ruse et la ténacité des montagnards pyrénéens pour que les lois égalitaires de la Révolution soient tournées et ne mettent plus en péril l'intégrité de leur domaine, comme l'observe Pierre Lhande dans un ouvrage publié en 1907 : « Les vieux paysans s’arrangent par mille moyens à tourner la loi et à réunir, quand même, le domaine intact sur la tète de l'héritier, quitte à doter par ailleurs les autres enfants. Ils y réussissent presque toujours, grâce à l'appui du clergé, à la tolérance des officiers publics, qui sont souvent originaires du pays ; grâce surtout à l'entente de tous les membres de la famille sur ce qui touche au soin et à la conservation de la demeure ancestrale. Ce spectacle d'une lutte qui dure depuis un siècle entre le Code et une poignée de montagnards présente un étrange intérêt.»

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 03:23

Diverses étapes de la vie familiale
education des jeunes
L'éducation des jeunes 
groupe de jeunes
Groupe de jeunes
Leçon de couture
Leçon de couture

À la recherche de la fécondité

L n'est de pire malheur que l'infécondité d'un couple étant donné que le sort du do­maine familial repose sur les enfants, l'aîné en premier lieu, ses frères et sœurs ensuite en cas de décès du premier. Aussi, lorsque le couple est stérile, la coutume veut qu'il se livre à des pratiques destinées à favoriser la fécondité.

Ainsi, « suivant le principe magique de la transmission par contact, écrit Daniel Fabre, la femme stérile se couvre la tête d'une/pèau de brebis mère tandis que le mari porte le caleçon d'un père de famille nombreuse qui lui communiquera sa virilité. »

L'Eglise conseille, pour favoriser la conception, soit la bénédiction du lit nuptial, soit les pèlerinages aux sanctuaires de vierges auxquelles sont prêtées des vertus fécondantes.

Un garçon ou une fille ?

Si l'on veut connaître le sexe de l'enfant à naître, il suffit que la future mère laisse glisser une pièce de monnaie erftre ses seins. Si elle tombe à droite, ce sera un mâle. Le garçon est en effet associé à la droite, présage heureux, car il « embellit sa mère ». La fille est associée à la gauche, présage sinistre, car elle « enlaidit sa mère en lui volant sa beauté».

On peut encore interpréter les phases de la lune, rythme naturel comparable au cycle féminin. La lune montante favorise la conception des mâles et la lune descendante celle des filles. '

A la fin du siècle dernier, le progrès aidant, les femmes enceintes ont recours à la radiesthésie. L'opérateur fait tourner au-dessus de leur ventre un pendule formé d'un cheveu noué à l'alliance.

Ce nouveau procédé aboutit, sans aucun doute, au même résultat que les méthodes précédentes ; mais l'essentiel n'est-il pas, pour la future maman, de satisfaire sa curiosité afin qu'elle attende dans la sérénité le grand jour où, une fois sur deux, se verra confirmée la prédiction du hasard.

Naître et grandir dans les Pyrénées

Ci-dessous : Leçon de couture à Amélie-les-Bains

Le couple se doit d'être fécond et la naissance d'un enfant est vécue comme un moment essentiel de la vie de la famille. Ainsi, à l'est de la chaîne, toute la famille assiste à l'accouchement, ce qui donne lieu à une véritable veillée, les hommes jouant aux cartes et les femmes faisant chauffer de l'eau pour procéder au lavage de la mère et de l'enfant et à la lessive de la literie. Plus généralement la jeune mère est assistée par les femmes, parentes ou amies, et par l'accoucheuse, vieille femme qui saura prodiguer les conseils d'usage et, à l'occasion, baptiser le nouveau-né.

Le rite de la « couvade » : une initiative de cadet

En Béarn et au Pays basque, l'accouchement s-accompagne parfois d'une étrange coutume : la « couvade » qui veut que le mari, après l'accouchement de sa femme, prenne sa place au lit avec l'enfant à ses côtés, pour le « couver » en quelque sorte. Le docteur Sacombe, de Carcassonne, écrit au XVIIème siècle dans la Lucinade un poème malicieux consacré à l'art de l'accouchement :

En France même, chez le Venarnien,

Au Pays Navarrois, lorsqu'une femme accouche

L'épouse sort du lit et le mari se couche.

On le met au régime et notre faux malade

Soigné par l'accouchée, en son lit fait couvade.

Un mari dans sa couche au médecin soumis,

Reçoit en cet état parents, voisins, amis

Qui viennent l'exhorter à prendre patience.

Certains sociologues attribuent l'origine de ce rite aux cadets qui, mariés à des héritières et réduits de ce fait à un rôle secondaire au foyer, prennent une sorte de revanche en jouant à leur tour le personnage principal.

Apprendre à grandir

C'est à la mère qu'incombé la responsabilité de la première éducation. Jusqu'à l'âge de deux ans, date du sevrage, l'enfant vit au rythme des travaux domestiques ou agricoles de sa mère.

Celle-ci l'emmène parfois aux champs dans un petit berceau d'osier qu'elle pose sur sa tête. Elle lui apprend à jouer avec ses mains en lui pinçant tour à tour chaque doigt et en disant :

Celui-là va chercher l’eau,

Celui-là le vin,

Celui-là le vinaigre,

Celui-là le sel

Celui-là fait : quiquiriqui...

Elle veille sur son enfant avec une attention toute particulière. Ainsi, les ongles ne doivent pas être coupés avant l'âge d'un an ni les cheveux taillés avant deux ans, car il faut conserver les poux, signe d'une bonne santé. Les premières boucles sont gardées précieusement dans le livre de messe familial. À deux ans, l'allaitement est terminé et l'enfant a droit au même régime alimentaire que ses parents. Sa mère lui inculquera les grands principes moraux et religieux, ciment de la vie de famille. Puis l'enfant s'initiera à la vie en groupe et apprendra à se mesurer aux autres en participant à des jeux où l'adresse et la force tiennent une place importante.  

Son passage dans la vie active correspond au passage « initiatique » et religieux de la première communion. A douze ans, le garçon revêt ses pantalons longs, signe de son accession au monde adulte, et peut s'engager comme apprenti ou colporteur tandis que la fille rallonge ses robes et intègre l'univers des femmes. Elle effectue les travaux domestiques habituels, prépare son trousseau de mariage et participe à la vie collective en décorant l'église à l'occasion des fêtes religieuses. Si la jeune fille appartient à une famille pauvre, elle sera placée comme bonne à tout faire ou comme ouvrière temporaire et ne rejoindra la Maison qu'à l'occasion des grands travaux agricoles.

Car l'apprentissage au travail se fait très tôt, et, si l'on excepte le canton de Tarascon où « le montagnard se sert de ses enfants dès qu'ils savent marcher », c'est vers huit ou neuf ans que les garçons et les filles commencent à garder le bétail, à effectuer quelques cueillettes, à glaner ou à vendanger. Mais ce n'est qu'à partir de seize ans que le jeune garçon deviendra berger communal ou d'estive quand il ne travaille pas à l'exploitation familiale ou comme domestique chez quelque propriétaire plus aisé.

Le groupe des Jeunes

Ce groupe comprend essentiellement tous les hommes qui ne sont pas mariés, aussi bien les jeunes que les célibataires les plus endurcis. Leur particularité est de s'opposer à la petite morale traditionnelle dictée par la famille, la société et la religion. Ils fréquentent les bals et se réunissent à l'auberge où ils peuvent boire, discuter et préparer leurs « interventions » : mise à l'index d'un habitant du village, organisation d'un charivari ou d'un tour de ville bruyant, sanction contre le maire ou le curé. Hostiles au clergé, ils désertent les églises et troublent les cérémonies religieuses.

Mais ce groupe assume au sein de la société des fonctions régulatrices qui le mettent à l'abri de toute contestation. Il prépare les fêtes votives, les festivités de carnaval, fait payer une charge aux mariés étrangers à la commune et organise des charivaris lorsque cela est nécessaire : mari bafoué, curé intransigeant, maire dictatorial.

Paradoxalement, ce groupe anticonformiste se veut le défenseur des traditions et de l'honneur de la commune, d'où les expéditions punitives contre les villages voisins. Ainsi le groupe des Jeunes jouit d'un excellent crédit au sein de la communauté villageoise et nul ne conteste son rôle.

Source autrefois Les Pyrénées

A suivre

Le Pèlerin

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 03:15

La vie quotidienne à la ferme - Les travaux domestiquesCi-dessus - vie à la ferme
Ci-desous l'abbattage du cochon
Ci-dessous la veillée
 La plus grande partie de l'espace domestique est réservée à la femme, notamment la cuisine où elle entretient le feu, prépare les repas et procède à la fabrication de grosses miches de pain de quatre à cinq kilos qui se conservent fraîches pendant plusieurs jours. C'est là également qu'elle confectionne, le soir, les vêtements du ménage avec des étoffes de laine ou de lin.

Les repas sont souvent pauvres, la viande étant réservée aux fêtes et banquets. L'ordinaire consiste en une bouillie préparée à base de farine de millet, de fèves et de pommes de terre écrasées. Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que le régime alimentaire s'améliore sensiblement dans la famille pyrénéenne qui, d'une fa­çon générale, est sous-alimentée ou carencée. Elle se retrouve le matin à huit heures devant une soupe aux choux dans laquelle trempent des morceaux de pain de seigle et de froment et parfois une petite tranche de porc. A midi, le repas se compose d'un ragoût de pommes de terre, d'une bouillie de maïs et de quelques galettes. Le repas du soir est constitué de pain de sarrasin ou de maïs trempé de lait.
La fête du cochon

Un beau matin, la famille est sur pied bien avant l'aube. Elle a choisi un jour de vieille lune pour que la viande se conserve bien et a fait appel au « Seigneur.» du village, ré­puté pour sa dextérité. Tandis que l'eau bout dans le grand chaudron, les hommes maintiennent le porc sur la maie renversée pendant que le spécialiste procède à l'exécution.

Le porc est ensuite raclé dans la maie qui a été remplie d'ea bouillante, puis suspendu à une poutre par les tendons arrière. Il est alors dépecé, le ventre est ouvert, les longes sont dégagées, la vessie est enlevée, soigneusement vidée et nettoyée pour être remplie de saindoux.

Les femmes procéderont ensuite à la préparation des produits tirés de l'animal : saucisse, boudin, graisse, tandis que le maître de maison mettra les jambons à sécher dans le sel et la cendre.

« Si tu veux être heureux huit jours, tue ton cochon », dit le proverbe. Cette cérémonie se nomme diversement suivant les régions : la tuaille, le pèle-porc ou la fête du cochon.

Les grandes lessives

Les grandes lessives se pratiquent deux ou trois fois par an et durent trois jours : le premier jour, on met le linge dans le cuvier et on ajoute des cendres ; le deuxième jour, on le remplit d'eau bouillante ; le troisième jour, le linge est battu.

Les lavandières s'installent au lavoir, à la fontaine ou au bord de la rivière, courbées derrière un banc, les manches retroussées, et frappent le linge jusqu'à ce qu'il soit propre. Après un bon rinçage, elles érendent sur des cordes ou le posent directement sur l’herbe

La veillée

Lorsque le travail est terminé, le Pyrénéen recherche la compagnie. Il aime converser avec les voisins et commenter les deniers échos du village. L'hiver, de la Toussaint à Pâques, on pratique la veillée au cours de laquelle on chante et on bavarde tout en tricotant ou en filant la laine, en fabriquant des paniers d'osier ou des manches d'outils, ou en égrenant du maïs. « Les soirées réservées au dépouillement du maïs, écrit Jean-François Soulet, n'engendraient pas la mélancolie. Un peu plus tard dans la saison, tout le monde se retrouvait pour d'autres longues veillées au cours desquelles les épis étaient égrenés soit en les frottant les uns contre les autres, soit en les frappant avec de gros maillets de bois sur des égrenoirs de fortune.».

Parfois on joue aux cartes ou bien un conteur fait le récit de quelque légende et relate l'histoire du village. Mais on ne se quitte pas sans avoir mangé des châtaignes grillées ou un morceau de millas que l'on fait « descendre » avec un bon verre de vin chaud parfumé aux clous de girofle.

La lecture

La lecture ne constitue pas le passe-temps favori des populations pyrénéennes et l'on connaît l'extraordinaire résistance qu'opposent les Basques et les Catalans à la diffusion du français. Jusqu'au milieu du siècle dernier, les crieurs publics de Perpignan font leurs annonces en catalan. À cette même époque, la plupart des maires des arrondissements de Bayonne et de Mauléon s'expriment en-basque et « ne connaissent pas un mot de français ».

La littérature de colportage est pourtant assez abondante sur toute l'étendue de la chaîne, peut-être parce que la population analphabète se contente d'admirer les images d'Épinal qui illustrent abondamment les diverses publications que les colporteurs acheminent jusque dans les hameaux les plus reculés.

Les journaux

Avec l'apparition en 1873 du Petit Journal, vendu cinq centimes, la presse pénètre dans les campagnes. Mais la lecture d'un journal réclame une bonne aisance du français, ce qui limite considérablement sa diffusion dans les milieux pop pyrénéens. Parmi les journaux locaux paraissant à cette époque, on peut citer le Mémorial des Pyrénées et le Messager de Bayonne dans les Pyrénées-Atlantiques ; La Bigorre d Hautes-Pyrénées ; L'Ariégeois et L'Etoile de l'Ariège ; L'Indépendant, fondé en 1846 d Pyrénées-Orientales ; enfin La Dépêche, journal radical imprimé à Toulouse à partir de 1870

La presse nationale a plus de succès dans les Pyrénées que les journaux régionaux.

« Le courrier arrive régulièrement tous les jours, écrit Jean Fourcassié, portant les journaux de Paris. Ils font passer un moment, excitent les discussions et parfois même colères. Car les âcretés des opinions politiques ne s'arrêtent pas aux pieds des montagnes.

Mais ce sont surtout les notables, les riches propriétaires, les intellectuels et les prêtres qui lisent régulièrement les journaux.
Le braconnage
Le paysan pyrénéen préfère de beaucoup le braconnage à la lecture. Il a longtemps joui de la liberté de poursuivre le gibier dans les bois appartenant aux communautés, privilège dû à l'abondance des animaux nuisibles qui ravageaient les récoltes. Aussi la foret reste pour lui un domaine de choix et tous les moyens sont bons pour s'emparer du gibier.

Certes, le permis de chasse, instauré en 1844, soulève la réprobation générale des Pyrénéens, mais les gardes-chasse sont peu nombreux et les terrains accidentés sont propices au camouflage des braconniers.

En dehors du passage régulier du laitier, de la porteuse de pain ou de l'épicier am­bulant, la famille pyrénéenne reçoit périodiquement la visite de journaliers en quête de travail et de colporteurs, le ballot sur l'épaule.
Le chiffonnier rural, plus communément appelé « peillarot », va de ferme en fer­me à la recherche de vieilles fringues, de chiffons, de peaux de bêtes, de plumes et de duvet. Les marchandages sont longs mais les peaux de lapins finissent toujours par s'entasser dans les grands sacs troués que transporte son âne. Elles serviront à confectionner d'élégants manteaux pour les dames de la ville. Le facteur rural est toujours accueilli avec cordialité, même s'il lui arrive d'apporter quelque « douloureuse » du percepteur. Il est tenu de classer lettres et journaux par ordre de communes et d'écarts de communes;'se­lon l'itinéraire décrit dans son bulletin de marche. Il ne doit ni inter­rompre ni modifier l'ordre de la tournée. Parti de grand matin, il ne re­vient l'hiver qu'à la nuit noire après avoir distribué tous les messages de joie et de peine aux habitants de son secteur qui se feront un devoir de lui accorder quelque étrenne en échange du calendrier des Postes qu'ils ac­crocheront juste au-dessus de celui de l'année qui vient de s'achever.
"Un petit sou s'il vous plait"
L'Ariège est par excellence le pays des mendiants et il n'est pas rare, dans la vallée de Massât ou du Garbet, que l'un d'entre eux aille frapper à la porte d'une ferme pour demander l'aumône. S'il est étranger, espagnol ou bohémien, il sera chassé sans pitié et les chiens le dissuaderont de revenir. S'il est du village, il sera mieux traité surt est connu de la maîtresse de maison.
« Partout les mains se tendent pour demander l'aumône, observe Ardouin-Dumazet. De chaque maison sortent des enfants ; ils courent âprès notre voiture en tendant la main et chantent, sur un rythme exaspérant qui voudrait s'accorder avec les grelots des chevaux : « Un p'tit sou, siou plaît, m'ssius ! Un p'tit sou, siou plaît, m'ssius! ».
« Dans la vallée d'Ossau les mendiants pullulent, écrit Taine, et il en est ainsi dans toutes les Pyrénées. »
Source autrefois les Pyrénées

Le Pèlerin

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 03:15

Le domaine pastoral pyrénéen souce de revenus
Un peuple de bergers

Ci-dessous les estives au plateau de BeilleCi-dessous...un troupeau de porcs au Pays basque

Devant la faiblesse des rendements agricoles, le paysan pyrénéen trouve dans réle­vage les ressources nécessaires à sa subsistance.
Base essentielle de l'économie, l'activité pastorale remonte aux temps les plus reculés et trouve un écho favorable au sein de la famille où la garde des troupeaux est confiée aux enfants non héritiers, le plus souvent aux cadets, qui trouvent là une compensation à leur statut peu enviable, adjoignant au troupeau du maître quelques têtes de bétail qui sont leur bien propre. Ainsi l'élevage, souligne Henri Ça vailles, est « un élément d'équilibre et de concorde dans la vie de la famille et de la société pastorale ».

Si la qualité du troupeau est médiocre, « le gros bétail est dans un tel état de dégradation qu'il n'y a peut-être nulle contrée pastorale où il soit aussi faible », comme le remarque un observateur du XVIIIème siècle, sa composition est diversifiée : sur toute la chaîne on rencontre gros et petit bétail avec une préférence, s'accentuant d'ouest en est, pour les ovins. Les races robustes sont fort prisées : mulets et ânes concurrencent les chevaux de Cerdagne, de Béarn ou de Navarre. Quant à la chèvre, appréciée pour sa sobriété, sa viande et son lait, munie de sonnailles, elle sert à guider les troupeaux. Le troupeau porcin tient une place honorable dans l'économie domestique.

Le domaine pastoral : source de revenus

Le domaine pastoral pyrénéen est très étendu puisqu'il englobe d'importantes forêts dans lesquelles le bétail puise sa nourriture à certaines époques. Il comporte trois zones de pâturages réparties en fonction de l'altitude : la zone restreinte des pâturages inférieurs, vers 800 à 1 000 m, à proximité des villages ; la zone des pâturages intermédiaires, de 1 000 à 1 700 m, ouverte au bétail au printemps et en automne ; la zone des estives, de 1700 à 2 400 m, utilisée sans restriction par tous les habitants pendant les deux ou trois mois d'été.

Afin de maintenir chacune de ces zones dans de bonnes conditions d'utilisation, il est procédé à la fixation de dates d'ouverture et de fermeture de chaque zone ainsi que du nombre de bêtes que chaque propriétaire est autorisé à faire pénétrer sur les pâturages collectifs. Ainsi, chaque famille de la vallée d'Ossau peut envoyer douze ovins ou cent brebis. L'introduction de bétail étranger sur les estives est possible moyennant le versement d'une redevance, source de revenu pour la communauté. D'après Dralet, cent mille ovins étrangers viennent estiver sur les pâturages de l'arrondissement de Foix chaque été. Parfois ce sont les pasteurs français qui vont s'installer sur les estives catalanes ou aragonaises.

Ci-dessous in troupeau à l'abreuvoir en haute montagne

Berger : un métier

Avec ton parapluie bleu et tes brebis sales,

Avec tes vêtements qui sentent le fromage,

Tu t'en vas vers le ciel du coteau, appuyé

Sur ton bâton de houx, de chêne ou de néflier,

Tu suis le chien au poil dur et l'âne portant

Les bidons ternes sur son dos saillant.

Tu passeras devant les forgerons des villages,

Puis tu regagneras la balsamique montagne

Où ton troupeau paîtra comme des buissons blancs....

Francis Jammes

Chaque famille envoie tous les étés un ou plusieurs hommes sur les estives pour assurer la garde des troupeaux et la fabrication du fromage dans la cabane ou Tony qu'elle possède. Qu'ils soient salariés ou propriétaires, les bergers sont responsables à la fois de leur bétail et de celui appartenant aux propriétaires de la plaine qui acceptent de les accueillir pendant l'hiver.

Le berger pyrénéen, chaussé de sabots ferrés, vêtu de peaux de mouton s'il est aragonais ou d'une petite cape d'étoffe grossière s'il est barégeois, s'en va, coiffé d'un ample bonnet de laine qui le protège du froid. Il porte à la ceinture une hache, une poche garnie de sel et le traditionnel sarrau renfermant un couteau, un briquet et un morceau de pain. Il est toujours accompagné d'un de ces fameux chiens des Pyrénées « remarquables par la blancheur de leur robe et le volume de leur voix », toujours prêts à affronter les loups, les lynx et même les ours pour protéger le troupeau.

Le berger doit posséder des qualités morales incontestables : le courage pour défendre ses bêtes contre les animaux sauvages ; l'autorité pour avoir l'ascendant indispensable tant sur ses chiens que sur le bétail ; le sang-froid et la compétence pour aider les brebis à agne-ler et pour pratiquer les opérations de petite chirurgie telles que la castration, l'amputation de la queue et la saignée.

Être à part, à la fois redouté par la société villageoise en raison de son savoir sur les animaux et méprisé à cause de sa pauvreté et de sa vie errante et solitaire, le berger obéit aux lois de sa corporation : chaque lundi de Pâques a lieu un banquet au cours duquel est choi­si le « Majorai » , à qui l'on confie le rôle de chef des pâtres et à qui incombe la responsabilité de la division du travail et de la conduite des bestiaux, ainsi que la tâche primordiale de fabriquer le fromage. En outre, c'est lui qui prend toute initiative en cas de conflit avec d'autres pasteurs, « juge tous les différends et tranche toutes les contestations ».

Beurre et fromage : Une production insuffisante

C'est dans la montagne que sont préparés beurre et fromage. Après la traite du ma­tin et du soir, le berger s'active à la fabrication du fromage : le lait est filtré puis déversé dans un grand récipient de bois contenant de la présure prélevée dans l'estomac d'un agneau. Le récipient est placé au soleil ou à proximité d'un feu. Le contenu est ensuite pressé sur un égouttoir. Le caillé ainsi obtenu est salé et déposé dans un moule que le berger entrepose dans une sorte de cave contiguë à la cabane qui lui sert d'habitation.

Fabrication du beurre

Secret de cette fabrication dans la vallée de Barèges. Procédé encore utilisé à Viella, dans le canton de Luz-Saint-Sauveur.

« Les bergers se servent de peaux de mouton bien cousues, les enflent comme des ballons, y déposent la crème, l'agitent de haut en bas, jusqu'à ce que le beurre en sorte arrondi comme une boule. Le beurre est d'une qualité exquise : il ne laisserait rien à désirer s'il était un peu plus proprement manipulé. » . D'après Jean Dusaulx dans son Voyage à Barèges fait en 1788.

Malgré les efforts consentis, pas un seul fromage n'est exporté et les laitages couvrent à peine la moitié de la consommation. Certes des fruitières, véritables coopératives pay­sannes, sont bien créées vers la fin du siècle dernier, mais la quantité de lait traitée reste insuffisante.

D'autre part, elles se heurtent à la concurrence des entreprises industrielles et à l'hostili­té des éleveurs dont les activités s'orientent plutôt vers la production de viande. La vente des moutons et des agneaux constitue une source de revenus qui n'est pas à né­gliger et qui permet au paysan de se procurer les produits qui lui font défaut.

A suivre

Source autrefois les Pyrénées

Le Pèlerin

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 03:14

Vivre dans la Montagne : Paysans et Bergers

Travailler la terre - Rude nature

Ci-dessous scène de labour
Ci-dessous scène de moissons
Ci-dessus le battage
Dans les Pyrénées, l'agriculture a pris pendant des siècles le pas sur l'élevage, le bétail n'étant considéré que comme une « simple machine à fumer les terres ».
Le paysan pyrénéen ne dispose que d'une surface cultivable morcelée et réduite qu'il exploite souvent mal, sans tenir compte de la nature du sol ou de l'altitude. Ainsi s'entête-t-il à cultiver de la vigne en Andorre, en haute Cerdagne ou dans les hautes vallées laveda-naises en dépit des fortes gelées qui y sévissent. Et jusqu'au XIXème siècle, date où la rotation « blé-maïs-jachère » se généralisera, la terre n'a pas droit au repos. Le paysan pratique une culture intensive avec l'assolement biennal « blé-maïs » sur les bonnes terres et « seigle-pommes de terre » sur les sols les plus élevés. Au manque de « technicité » du paysan pyrénéen, il faut ajouter les conditions extrêmement pénibles, dues au relief hostile, qui compliquent l'exécution des travaux agricoles : labours, fumure, semailles et levées des récoltes. Ainsi, dans certaines vallées pyrénéennes où les prés sont juchés sur des pentes abruptes, le faucheur doit s'attacher au moyen d'une corde et couper l'herbe à la faucille plutôt qu'à la faux. Il met ensuite le foin en bottes et le fait rouler au bas de la pente d'où il sera transporté à dos d'homme jusqu'à la ferme.

 

En outre, la construction de murettes destinées à retenir la terre que la pluie, la neige et les avalanches ont tendance à entraîner vers le fond de la vallée, est rendue nécessaire.

Crues et avalanches

Le 17 décembre 1906, une crue subite du Gave de Cauterets dévaste la vallée d'Argelès. Le petit village d'Ouzous, adossé à 420 m d'altitude au massif du Pibeste, est ravagé et à demi détruit sous un torrent de boue et de pierres. L'Illustration du 29 décembre 1906 signale que « quatre fermes ont été englouties sous une masse de terre et de-gravier de 10 m d'épaisseur ; d'autres habitations ont été démolies et l'une d'elles a été traversée, comme par une flèche, par un chêne déraciné et lancé en avant avec une violence formidable. Des secours ont été envoyés, en grande hâte, d'Argelès et de Tarbes. Mais le travail des soldats a été des plus difficiles. Le spectacle que présentent ces lieux est lamentable et il ne reste plus qu'un entassement de décombres qu'on fouille avec acharnement pour retirer les cadavres. » Le 2 février 1907, une terrible avalanche dévalant les pentes du mont Capet s'abat sur Barèges, occasionnant des dégâts considérables et faisant trois victimes. Dix-huit fermettes occupées par des paysans sont totalement rasées. Le Larousse Mensuel d'avril 1907 précise que « l'hôpital militaire, le plus ancien de France, a subi d'énormes dégâts et que le casino a été complètement détruit ». Barèges n'offre plus qu'un lamentable tableau de ruine et de désolation. Pour opérer le déblaiement, l'administration des Ponts et Chaussées a fait creuser par une équipe de soixante ouvriers une profonde tranchée de dégagement au milieu de la rue principale.

Les travaux des champs : un travail communautaire

Tous les membres de la famille participent aux travaux agricoles. L'homme utilise l'araire sur les sols légers et les terrains escarpés. La femme gratte le sol avec un sar­cloir. Les enfants dépierrent les champs, brisent les mottes de terre, ramassent les feuilles et le fumier dans de grandes corbeilles. Lorsque les hommes sont occupés à la garde des troupeaux ou au commerce du beurre, les femmes les remplacent : elles labourent, sar­clent, transportent le fumier et s'attellent même à des herses.

Une solidarité profonde lie tous les membres d'une communauté et l'entraide entre voi­sins se pratique à l'occasion des grands travaux dont les dates coïncident : on fauche, on moissonne, on dépique et on vendange en priorité là où la récolte est la plus avancée. On donne également la main au voisin pour le teillage du lin ou pour dépouiller le maïs.

La moisson près de Chaum (Haute-Garonne)

Cultures pyrénéennes

Les céréales sont à la base du système agricole. Au seigle - céréale d'automne, - à l'avoine, à l'orge et au millet - céréales de printemps - viennent s'ajouter le sarrasin, « le plus précieux des grains », et le maïs qui sera largement utilisé pour l'alimentation sous forme de pain ou de bouillie.

Le seigle en haute Ariège et en haut Aragon occupe les deux tiers des terres labourables car il s'adapte bien à l'altitude et offre un rendement supérieur au blé. En outre sa paille longue et souple est utilisée pour recouvrir les maisons et lier les gerbes.

Le Pyrénéen cultive aussi les haricots, les pois, les fèves, les lentilles et les pommes de terre, en particulier dans le Couserans et la région de Foix, et ce dès la fin du XVIIIème siècle.

La vigne, établie en hauteur pour la protéger des brouillards et des gelées tardives, est présente surtout à l'est de la chaîne. Elle donne, en dépit des précautions prises, un vin plutôt âpre. Seuls les vignobles de Madiran, Jurançon, Banyuls et Rivesaltes échappent à la médiocrité générale.

Les outils

L’outillage est des plus rudimentaires : la bêche et la fourche sont les instruments de base. L'araire, entièrement construite en bois, est tirée par des ânesses ou des vaches sur les hauteurs, les attelages de bœufs et de mulets étant réservés aux labours en plaine. Plus tard, la charrue sera équipée d'un versoir qui permettra de retourner le sol. Et ce n'est qu'au siècle dernier que la faux se substituera à la faucille. C'est à Toulouse que l'on fabrique les premières faux légères ; critiquées à leur début parce qu'elles obligent le faucheur à se baisser, elles seront vite adoptées car elles font économiser temps et main-d'œuvre.

A suivre

Source autrefois les Pyrénées

Le Pèlerin

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 03:13

Pyrénées - Des vallées et des villages Vèbre - la vallée, le village et ci-dessous le travail aux champs

est comme un monde séparé qui a, par une foule de nuances exclusivement locales, un aspect, une influence qui lui sont particuliers. »
Arbanère.
Tout Pyrénéen revendique hautement son appartenance à sa vallée. Ainsi la diversité des parlers et des costumes qu'affiche chaque vallée pyrénéenne rappelle l'attachement de ses habitants aux pratiques locales : c'est la solidarité dans la différence. Et rien ne vaut - comme en témoigne ici George Sand dans Rosé et Blanche - un jour de marché sur la place Marcadieu de Tarbes pour le réaliser :

« La place était inondée des flots d'un peuple bigarré où l'on pouvait facilement reconnaître les champêtres habitants de ces mille vallées qui ont chacune leur costume, leurs mœurs et leur langue. On les reconnaissait à la couleur et à la forme de leur béret ; ceux de la vallée d'Aure portaient la toque blanche à houppe de laine bleue ; ceux de Gèdre la toque rouge et blanche ; ceux d'Aran une barrette grise, et ceux de Luz un bonnet tombant sur les épaules et qui se rapprochait de la résille espagnole.

Mais, généralement, tous ceux de Bigorre affectaient une propreté simple et un costume uniforme. La même étoffe de laine brune sans teint composait leur veste ronde, leur pantalon large et leur toque plate. Tous ceux qui végétaient, ignorés dans le fond des gorges de la montagne, portaient encore la culotte courte et serrée sur les hanches, le bas blanc ou rayé, et l'espadrille de peau de vache attachée comme un cothurne autour de sa jambe. »

Une seconde famille : Le Village

Pour le pyrénéen, la communauté villageoise, c'est-à-dire l'ensemble des personnes jui habitent le village et participent à sa vie, constitue sa seconde famille. Fier de sa commune, le villageois pyrénéen attache beaucoup d'importance à son rayonnement et le « patriotisme de clocher » provoque parfois querelles et altercations avec les villages voisins.
La communauté villageoise pyrénéenne est soumise à deux grandes autorités : les autorités privées constituées des familles influentes, formant des sortes de clans et intervenant dans les affaires du village, et les autorités publiques représentées par le maire, le conseil municipal, le curé et l'instituteur. Les autorités publiques peuvent parfois se confondre avec les autorités privées lorsque, par exemple, un citoyen soutenu par quelques familles influentes devient maire de la localité.
Parallèlement à ces deux autorités - celle qui intrigue et celle qui dirige- la communauté villageoise dispose de deux éléments régulateurs pouvant jouer un rôle d'arbitre en cas de conflit : le groupe des jeunes et le groupe des voisins.

Les « seigneurs » des cantons

Les autorités privées sont le fait d'une ou de plusieurs familles dominantes susceptibles de rassembler une majorité d'habitants de la communauté. Ce sont souvent des familles riches, parfois apparentées, occupant de hautes fonctions dans la commune : no­taire, médecin ou magistrat. Certaines familles ou certaines factions détenant des postes clés arrivent à exercer une véritable hégémonie sur le village : elles font nommer ou déplacer à leur gré le curé ou l'instituteur et le moindre emploi de garde-champêtre ou de sacristain donne lieu à de véritables affrontements entre factions rivales, chacune tentant de « placer » l'un des siens.

Cette souveraineté attachée à quelques familles peut se poursuivre, dans certains bourgs, pendant plusieurs générations grâce à une habile stratégie matrimoniale. Ces notables deviennent ainsi les nouveaux seigneurs des cantons et des vallées.

Le maire et le curé

Il n'est pas toujours facile de diriger une commune pyrénéenne. Pour pouvoir exercer sa fonction, le maire doit gagner l'estime de ses administrés. Il faut qu'il soit « du pays », qu'il connaisse et respecte les traditions locales et que sa famille, fixée depuis longtemps dans le village, bénéficie de la sympathie générale. Il est souhaitable enfin qu'il possède quelque fortune car « on ne peut laisser gouverner un homme qui ne possède rien » estiment les villageois. Pris entre une administration qui lui reproche sa trop grande bienveillance envers les populations, et ses administrés qui l'accusent de se conduire en tyran - reproche justifié pour certains d'entre eux- ou en prévaricateur, le maire n'est pas à l'abri, certes, d'une révocation administrative, mais surtout d'exactions « punitives » de ses concitoyens avec dégradation de sa maison, propos injurieux placardés sur sa porte et « charivari » qui se termine par la mise à feu de son effigie sur la place du village. Ces manifestations peuvent se prolonger jusqu'à l'obtention de sa destitution.

Le maire a sous sa responsabilité directe le garde-champêtre, chargé de maintenir l’ordre public, de veiller sur les récoltes et les biens et de réprimer les délits. Il ne bénéficie pas de la sympathie des villageois : certains le craignent mais beaucoup le détestent et il est parfois victime de vengeances personnelles.
Mais tous les villages n'ont pas leur garde champêtre. L'insuffisance des effectifs est liée à la difficulté de la fonction essentiellement répressive et assez mal rétribuée.

Quant au curé, autorité morale recherchée par les villageois - il n'est pas pire offense que la fermeture d'une église nécessitant les services du vicaire d’une paroisse voisine -, il exerce une influence certaine sur ses fidèles, surtout dans le Pays basque. Il fait souvent office de conseiller, d'arbitre et parfois même d’intermédiaire entre deux familles. Cependant, il doit respecter les usages et les coutumes de sa paroisse et ne pas outrepasser ses fonctions. Vivant sous le regard de ses ouailles, sa conduite et sa  vie privée font l'objet d'une surveillance attentive et les paroissiens n’hésitent d'ailleurs pas à lui manifester leur mécontentement ou leur hostilité s'ils le jugent nécessaire.

L'instituteur ou l'accession à la notabilité

Jusqu'au dernier tiers du XIXème siècle, la position de l'instituteur est modeste, ses ressources médiocres et son rôle effacé. Il cherche péniblement sa place dans la communauté villageoise et navigue entre le groupe des puissants auquel sa culture le destine, et celui des dominés auquel la faiblesse de ses revenus le condamne. Souvent pauvre, il est obligé d'exercer des petits métiers s'il n'a pas la chance d'obtenir un poste de secrétaire de mairie.

L'école de la République
Ce n'est que vers 1880, avec les lois Jules Ferry, qu'il va enfin trouver sa place. Chaque village a son école que tous les garçons et une bonne partie des filles fréquentent. L'instituteur est désormais considéré comme un notable et traité comme tel. Il diffuse la culture française et va enfin jouer un rôle important dans la communauté : il devient le détenteur de l'autorité intellectuelle et tout le village l'appelle « monsieur,» Son poste de secrétaire de mairie le fait connaître et lui vaut l'estime générale. Le maire le respec­te et son avis est écouté à la veille des élections.

A suivre

Source autrefois les Pyrénées

Le Pèlerin



« Chaque vallée des Pyrénées, circonscrite par des bornes naturelles,

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 03:12

Le Monde Pyrénéen

Eglise de Vèbre en AriègeLa lessive à l'abreuvoir
La procession des "Cagots"

Les Pyrénées, cette infinité de petits mondes dont la juxtaposition couvre six départements et s'étire sur 430 km de l'Atlantique à la Méditerranée, ont fait l'objet de très nombreuses descriptions : écrits de gens de lettres illustres en villégiature comme Victor Hugo, George Sand, Thiers ou Michelet, ou d'auteurs plus obscurs comme Jean Dusaulx avec Voyage à Barèges et dans les Pyrénées, écrit en 1788, ou encore Etienne Arbanère et son Tableau des Pyrénées françaises, paru en 1828.  

Mais il est aussi des observateurs plus ethnographes comme Ramond qui, dès 1789, publie ses Observations faites sur les Pyrénées, témoignage incomparable sur la société pyrénéenne de l'époque, sans oublier, à partir du XIXème siècle, la parution d'une multitude de guides. Dès 1834, le guide Richard devient le compagnon indispensable d'un touriste curieux. Victor Hugo, qui le qualifie de stupide, le possède dans sa bibliothèque de Guernesey, le consulte et parfois même s'en inspire. Citons enfin les nombreux guides, extrêmement précieux, d'Adolphe et Paul Joanne publiés vers la fin du siècle dernier par la librairie Hachette.

Tous ces écrits, d'une grande rigueur scientifique pour les uns et d'une fantaisie toute folklorique pour les autres, nous invitent à découvrir la spécificité d'un monde pyrénéen tout de richesse et de nuances.

Si les Pyrénées présentent une grande diversité dans la pratique de langues aussi dissemblables que le catalan et le basque, parlés aux deux extrémités de la chaîne, et des différences sensibles dans les costumes, les coutumes et les comportements, ces différences, souvent nuances d'une tradition commune, ne sauraient faire oublier les trois principes fondamentaux qui régissent la vie de tous les habitants de la chaîne : l'amour de la liberté et de l'indépendance, l'attachement aux communautés des vallées, les activités orientées vers la vie agricole et pastorale.

Communautés des Montagnes - Un désir de liberté et d'indépendance

Des petites républiques indépendantes

Plusieurs cantons des Pyrénées ont longtemps vécu comme de véritables républiques indépendantes. Les habitants de la vallée d'Aspe se sont longtemps plu à dire qu'ils n'avaient « ni seigneurs, ni corvées, ni servitudes féodales, ni gênes intérieures » et qu'ils formaient en quelque sorte « une petite république libre et presque indépendante ». Il en est de même pour le val d'Aran, libre de toute emprise féodale jusqu'au XIVème siècle et dont les habitants bénéficieront jusqu'au milieu du XIXème siècle de privilèges considérables : libre possession de leur montagne avec droits de pâturage et d'eau pour l'irrigation, dispense d'impôts et de service militaire, droit de lever leur propre milice. Quant à la vallée de Campan, elle fut pendant longtemps « une véritable république pastorale quasi autonome », libre de choisir ses consuls, et surveillant attentivement l'intégrité de son territoire.

Cet esprit d'indépendance trouve sa meilleure expression dans les actes d'insoumission des Pyrénéens face-aux institutions nationales : le service militaire ou l'école.

L'obligation, décrétée en 1798, d'accomplir un service militaire déclenche chez les jeunes Pyrénéens une très vive opposition. Ils essaient par tous les moyens de se faire exempter : plus de 50 % dans les Hautes-Pyrénées au début du XIXème siècle, un peu plus de 40 % en Ariège, 30 % dans les Pyrénées-Atlantiques et les Pyrénées-Orientales. Ils ont recours à l'insoumission et même à la désertion. U « horreur du service militaire » constitue la cause principale de l'émigration des jeunes Basques. Et toute la communauté est complice : les parents « oublient » de déclarer la naissance de leur fils ou falsifient son sexe, « déclarant fille ce qui était garçon », détruisent les registres de naissance ou font enregistrer des décès factices ! Ce n'est que dans le courant du XIXème siècle que ce phénomène perdra de son ampleur sous l'impulsion de préfets menacés de destitution s'ils ne font pas la chasse aux insoumis.

Quant à l'école, instrument essentiel certes d'alphabétisation mais surtout de « francisation » des populations, les Pyrénéens y sont hostiles : le français reste pour la plupart langue étrangère et pour ainsi dire de cérémonie. Il faudra attendre 1914 - et la vigilance de plusieurs générations d'instituteurs réprimant sévèrement, même dans les cours de récréation, l'usage du patois - pour que la lecture et le français pénètrent dans les villages de montagne.

Respect de la liberté

Le souci du respect de la liberté individuelle /\ est attesté dès le Moyen Age. Ainsi en Ara­gon, sur le versant espagnol, la liberté indivi­duelle est aussi bien protégée que par n'importe quelle constitution libérale et les représentants du pays investissent leur chef par cette formule élo­quente :

« Nous qui valons chacun autant que vous et qui, réunis, pouvons plus que vous, nous vous établissons notre sei­gneur à condition que vous respecterez nos droits et privi­lèges ; sinon, non. »

Mais respecter l'autre c'est aussi faire preuve de discrétion à son égard, et le Pyrénéen possède le sens profond de cette hospitalité dis­crète comme nous le rappelle dans, De l'Andorre, ouvrage publié en 1823, son auteur anonyme :

« Les étrangers sont reçus, surtout à l'approche de la nuit, à la table et au foyer ; le maître se montre peu curieux ; son hôte peut passer la nuit, prendre un repas le lendemain sans qu'aucune question même indirecte lui soit adressée sur ses affaires ou sa personne. »

La propriété individuelle est sacrée et le guide Richard nous assure « qu'on trouve rarement des serrures et des clefs aux portes des maisons ».

La liberté individuelle bafouée : l'exclusion des « Cagots »

Les cagots - que le Littré définit à tort comme « une peuplade des Pyrénées affectée /*. d'une sorte de crétinisme » - forment une caste qui, au Moyen Age, vit à part du reste de la population. Dans le sud de la France et le nord de l'Espagne, les cagots encore appe­lés « cacous » ou « agotes » ou « chrestiaas » en Béarn sont, comme les lépreux et les juifs, relégués dans des lieux d'où ils ne peuvent sortir que marqués d'un signe infamant qui les fait reconnaître : « Ils doivent coudre sur leurs vêtements une marque distinctive en for­me de pied d'oie ou de canard. » Dans les campagnes, leurs habitations sont séparées du village par un cours d'eau ou un bosquet. Tout commerce avec les autres habitants leur est

interdit. A l'église, ils sont tenus à l'écart des autres fidèles, un bénitier particulier leur est affecté et le pain béni leur est jeté pour éviter tout contact. Les prêtres refusent parfois de les entendre en confession ou de leur administrer les sacrements. Ils sont ensevelis à part dans un coin du cimetière. L'accès à tous les lieux communautaires leur est refusé : mou­lin, lavoir ou fontaines. Défense leur est faite de danser, de jouer avec les autres, de demander l'aumône et même de labourer. Seul le travail du bois - réputé non conducteur de la lèpre dont on les accuse d'être porteurs - leur est autorisé. Ils sont donc bûcherons ou charpentiers, fabriquent des cercueils et construisent des potences pour l'exécution des criminels. Ils ne peuvent ni ester en justice, ni accéder à la prêtrise et sont jugés indignes de porter les armes.

Les Etats de Navarre leur interdisent de contracter mariage en dehors de leur caste. Eugène Cordier signale cependant que l'on consent à épouser un cagot s'il y a promotion sociale : « On épouse une Cagote si elle est riche à merveille. » D'autre part, un cagot né en 1736 à Navarrenx, Bertrand Dufresne, devient intendant général de la marine et des colonies et obtient le titre de conseiller d'Etat. Élu en 1797 député de Paris, il est même appelé par Bonaparte au poste de directeur du Trésor Public.

Bien que tout symptôme de lèpre ait disparu dès la fin du XVIème siècle, il faudra attendre pas moins de deux siècles pour faire tomber des préjugés si profondément entrés dans les mœurs à l'encontre de cette « race maudite » des cagots dont chansons et proverbes se sont fait l'écho railleur et méprisant. Et l'épithète de « cagot » a longtemps résonné dans les vallées pyrénéennes comme une insulte infamante lancée au visage d'un rival ou d'un ennemi.

A suivre

Source autrefois les Pyrénées

Le Pèlerin

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 03:12

Les Romantiques dans les Pyrénées
 Ci-dessus le Vignemale
Ci-dessous Victor Hugo


C’est à partir du XVIIIEME siècle que les « âmes sensibles » trouvent dans les montagnes une résonance à leurs « émois » et les Pyrénées vont, elles aussi, devenir source d’inspiration littéraire. Au début du XIXème siècle, une véritable vague romantique, séduite par la mode alpestre, déferle sur les Pyrénées qui accueilleront tout ce que le siècle compte de célébrités littéraires : Alfred de Vigny, George Sand, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Charmes Baudelaire, Chateaubriand, Lamartine, Taine. Tout ce monde observe, décrit, témoigne de la vie pyrénéenne qui, par cette alchimie créatrice propre aux romanesque, devient point de départ de romans comme le « Lavinia » dé George Sand, transposition de ses amours pyrénéennes avec un jeune substitut au tribunal de Bordeaux, Aurélien de Sèze, venu tout exprès voir sa fiancée à Cauterets, mais bien vite subjugué par le charme de celle qui s'appelle encore Aurore Dudevant.

Victor Hugo qui a le plus abondamment puisé dans les séjours pyrénéens pour renouveler sa puissante imagination, faisant ample moisson d'images qu'il nous livrera au gré de ses  publications comme Alpes et Pyrénées ou au fil de ses recueils. Dans Toute la lyre, il saisit la brume qui tombe soudain sur les hauteurs proches de Cauterets :

Nous marchons ; il a plu toute la nuit ; le vent

Pleure dans les sapins ; pas de soleil levant ;

Tout frissonne ; le ciel de teinte grise et mate,

Nous verse tristement un jour de casemate.

Tout à coup, au détour d'un sentier recourbé,

Apparaît un nuage entre deux monts tombé.

Il est dans le vallon comme en un vase énorme,

C'est un mur de brouillard, sans couleur et sans forme.

Souvenirs de promenades et d'excursions, car la plupart de ces hommes de lettres n'hésitent pas à emprunter les sentiers escarpés et à affronter les glaciers comme l'écrit George Sand à son ami Emile Régnault :

Allez aux Pyrénées, grimpez huit ou neuf cents toises, passez quatre ou cinq aciers, traversez comme vous pourrez une cinquantaine de torrents, et quand vous aurez perdu de vue les plaines de la France, quand, si haut que vous montiez, vous ne verrez plus que des gorges, des ravins, des lacs et des rochers, alors vous serez dans un pays sauvage qui n'est ni la France ni l'Espagne, dans une contrée qui n'appartient qu'à Dieu et aux chamois... Et puis ayez le bonheur de trouver, dans quelque village perdu dans les montagnes, perché sur quelque pic fourchu ignoré du voyageur et fréquenté seulement des contrebandiers et des pâtres, ayez, dis-je, le bonheur de trouver sous le porche de quelque église gothique taillée dans le roc, une bande de muletiers en halte, ou une famille espagnole en pèlerinage, et alors vous verrez danser, et vous danserez, le boléro, la cachucha, et même le fandango... »

A suivre

Source autrefois Les Pyrénées

Le Pèlerin

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