Les guérisons miraculeuses
Depuis des siècles, les témoignages de guérisons miraculeuses abondent : certains retrouvent la vue ou leurs capacités locomotrices et d'autres guérissent spontanément de cancers diagnostiqués. Ces guérisons dites miraculeuses sont-elle réellement l'expression de la bonté divine ?
Selon le récit biblique, l'archange Raphaël aurait rendu la vue à Tobie grâce au fiel d'un poisson
Des miracles sous contrôle médical…
Les guérisons miraculeuses qui ont fait la popularité de certains saints sont consignées dans les textes sacrés, elles ont donc une certaine ancienneté. Par exemple dans le livre de Tobie, un récit biblique, l'archange Raphaël guérit Tobie de sa cécité, il lui redonne la vue. Que ce soit au Moyen-âge ou même de nos jours, des guérisons extraordinaires sont encore rapportées. Info ou intox destinées à encourager la foi de fidèles de moins en moins nombreux ?
Le plus célèbre lieu de guérisons miraculeuses est bien sûr Lourdes. En 1854, la Vierge Marie serait apparue à Bernadette Soubirou, une petite bergère du village, et une source d'eau aux vertus curatives aurait jailli à l'endroit de l'apparition. Depuis ce sont des milliers de croyants qui s'y rendent chaque année et parmi eux, des centaines de malades qui espèrent guérir en se baignant dans son eau.
En un siècle le nombre de guérisons est passé de 3500 à 29
Le village, ne voulant pas être considéré comme un lieu de charlatanisme, accueille à partir 1883 un bureau médical des constatations. Ce bureau, ouvert aux médecins, est chargé de déterminer si une guérison est réellement miraculeuse ou naturelle. Avec les progrès de la médecine, le nombre grandissant des contestataires et la rigueur croissante de l'Eglise, cette institution s'est perfectionnée. En 1954, elle opte pour un ton plus international et devient le Comité Médical International de Lourdes (CMIL). L'objectif est le même : examiner de près les guérisons spontanées et déterminer si elles relèvent du surnaturel. Si oui, elles sont ensuite directement rapportées au Vatican qui lui seul peut les déclarer miraculeuses.
Des miracles de moins en moins nombreux
Le contrôle médical est bien réel et a priori sérieux. Pourtant, certaines guérisons restent inexpliquées, même si leur nombre diminue. Entre 1883 et 1947, 3500 guérisons ont été constatées et 38 déclarées miraculeuses. Depuis 1947, seules 29 guérisons dont 19 ont été déclarées miraculeuses. Aujourd'hui, pour qu'une guérison soit déclarée miraculeuse, il faut que le patient n'ait suivi aucun traitement, ce qui est bien sûr très rare.
Cas pratiques
Certains cas surprennent encore : défient-ils réellement les lois naturelles, sont-ils vraiment le résultat d'une intervention divine ? On pourrait être tenté d'avancer que les miracles n'existent pas et que les faits non prouvés par la science mettent davantage en lumière les limites de la science que l'action d'une entité supérieure. Une théorie qui a, par le passé, montré qu'elle n'était pas sans fondement.
Ainsi, des cas rares de guérison spontanée de cancers, considérés comme miraculeux jusqu'en 1921, ont depuis été compris et démontrés par la science comme des faits naturels. Cette aventure débute avec l'observation de cas de guérison de neuroblastomes, des tumeurs malignes para-rénales d'origine embryonnaire. Ces tumeurs sont dues à la persistance d'un gène anormal qui accélère la division cellulaire, laquelle devient irrégulière. Généralement, tout rentre dans l'ordre au cours de la vie fœtale.
Des observations ont permis de montrer que cette petite anomalie génétique a de grandes conséquences, parmi lesquelles l'apparition de cancers. Il a également été prouvé que ces pathologies peuvent disparaître naturellement quelques mois après la naissance. Aujourd'hui nous savons que la régression totale d'un cancer est possible naturellement, même si la science n'est pas toujours en mesure d'en expliquer toutes les causes.
Les stigmates
Les stigmates sont les traces des plaies du Christ consécutives à sa crucifixion, mais aussi aux diverses souffrances vécues : flagellation et coups de lance. Ces marques sont donc présentes au niveau des poignets, des chevilles, des flancs et du dos. L'apparition de stigmates sans mutilation est considérée comme un miracle.
Ces guérisons dites miraculeuses sont-elle réellement l'expression de la bonté divine ?
Les stigmates supposés de l'Italien Antonio Ruffini
Quelques 300 personnes présentant des stigmates
A ce jour, on dénombre environ 300 personnes qui auraient porté des stigmates. Pour eux et les croyants, il s'agit d'une "théopathie" : celui qui les porte est touché par la grâce divine, il connaît et rappelle à sa manière les souffrances du Christ. Le plus célèbre et le plus ancien personnage stigmatisé est François d'Assise. Ces faits remontant à l'année 1224, il est difficile aujourd'hui de les vérifier. Mais d'autres cas de stigmatisations supposées sont intervenus plus tardivement. On peut citer Marthe Robin (XXe siècle). L'exemple le plus célèbre est peut-être celui du Padre Pio.
Padre Pio
Béatifié par le Pape Jean-Paul II, le Padre Pio est un prêtre italien du début du XXe siècle. Alors qu'il prêche dans le Sud de l'Italie, il constate l'apparition de stigmates sur ses chevilles et ses poignets. Connu pour d'autres miracles encore plus étonnants, comme le don d'ubiquité, il devient célèbre à travers le monde. Mais si son extraordinaire souffrance, qui le fera saigner pendant plus de 50 ans, fut authentifiée par le Vatican au terme d'une enquête, elle n'est pas reconnue comme un miracle par les scientifiques. De nombreux doutes furent émis sur le sérieux des stigmates du Padre Pio : ses plaies seraient en fait les traces d'une automutilation à l'acide nitrique. Il s'agit d'un composé chimique très corrosif qui occasionne de graves brûlures lorsqu'il est en contact avec la peau. Il laisse autour des plaies une coloration jaune, résultat d'une simple réaction chimique avec la kératine.
Les statues en pleurs
Des statues, des tableaux ou encore des icônes du Christ ou de la Vierge qui pleurent des vraies larmes ou encore du sang à Pâques, à Noël, ou à la St Joseph : qu'en pensent les scientifiques ?
Une statue de la Vierge Marie pleurant des larmes de sang -Un phénomène remarqué dans le monde entier
Des statues versant des larmes ont été recensées partout dans le monde. Les plus célèbres sont la Vierge de Civitavecchia en Italie, la statue du Christ de Boothwyn en Pennsylvanie aux Etats-Unis qui pleure du sang (sang considéré comme étant celui du Christ), Notre Dame de Guadalupe à Las Vegas qui depuis 1999 pleurerait de vraies larmes. Elles font l'objet d'un véritable commerce, des pèlerinages payants sont organisés pour contempler le miracle. L'humour thaïlandais
En 2002, le jour de la Saint Joseph, une certaine Cathy Powell prie devant une statue de la Sainte Vierge réalisée en fibre de verre et achetée en Thaïlande 7 ans plus tôt. Soudain, elle remarque que la statue verse des larmes. Interpelée, Cathy Powell croit à un miracle. La statue fait alors l'objet de toute l'attention des scientifiques.
La statue a été analysée aux rayons X. Des rapports ont indiqué sa composition : de la fibre de verre, sans trou ni rayure permettant à un liquide de suinter. Les larmes ont aussi été soumises à une analyse, et il s'agit d'une huile parfumée à la rose. Le miracle semble alors se confirmer.
Mais les rapports des experts ont ensuite été complétés par les travaux d'un chimiste de l'Université Murdoch. Contrairement aux autres, il a, à l'aide de l'imagerie médicale, localisé une petite cavité implantée dans la tête de la statue. Cette cache secrète contenait une fiole remplie d'un liquide, de l'huile parfumée. Les vendeurs thaïlandais avaient-ils anticipé que l'on croirait à un miracle ? Mystère...
Le pain ensanglanté
Du sang apparaît sur les hosties en pleine messe, est-ce la manifestation du Christ en personne ? Ces phénomènes sont appelés les miracles eucharistiques.
Les bactéries Serratia marcescens
Le miracle de Bolsena
En 1263, le prêtre de Bolsena dit sa messe comme à l'habitude. Au moment de l'eucharistie, quand les fidèles sont appelés à l'autel pour recevoir l'hostie, qu'ils considèrent comme le corps du Christ, le prêtre aperçoit un liquide rouge sur le pain sacré. Il pense à une manifestation physique du Christ. Averti, le pape Urbain IV qualifie le phénomène de miraculeux et instaure, dès 1264, un jour férié en son honneur, la Fête Dieu. Le phénomène n'est pas nouveau : déjà, en 322 avant Jésus Christ, Alexandre Le Grand et son armée constatent l'apparition de ce qui ressemble à du sang sur du pain. Qu'en dit la science ?
Le mystère de la polenta
En 1819, le sang coule à nouveau, mais cette fois-ci sur de la polenta entreposée dans un garde-manger. Une analyse est faite et les scientifiques découvrent qu'il ne s'agit pas de sang mais d'une bactérie : la Serratia marcescens, une bactérie à gram négatif appartenant à la famille des entériobactériacées. Sa particularité : elle est rouge comme le sang, grâce à un pigment spécial appelé la prodigiosine. Le miracle de Bolsena serait donc le résultat d'une incubation naturelle d'environ 3 jours des bactéries Serratia marcescens sur les hosties.
le Suaire de Turin
Le suaire de Turin est, pour les fervents chrétiens, la preuve physique de l'existence du Christ. Censé être le linceul ayant transporté le corps de Jésus au sépulcre après sa crucifixion, il donne à voir le corps entier d'un homme et porte même des supposées traces de sang.
Le suaire des croyants
Il s'agit d'un drap de lin de 4,3 mètres sur 1,08 mètres. Ce bout de tissu précieux n'a été présenté publiquement que six fois entre 1931 et 2000. Depuis 1694, il est conservé dans la chapelle royale de la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Turin, en Italie. Les premiers clichés du suaire ont été pris en 1898 et ont ouvert la voie à toutes les interprétations imaginables.
On peut y voir l'image du corps d'un homme entier, faces ventrale et dorsale, ce qui confirme que le tissu recouvrait l'homme à la manière d'un linceul. Des traces interprétées comme du sang sont aussi visibles. Pour les croyants, il ne fait aucun doute : ce sont les marques ensanglantées des stigmates du Christ en personne.
Le linge est rapidement devenu un objet adoré des croyants. Prouver son ancienneté et sa fonction est, pour les croyants, un enjeu à part entière. Un discipline nouvelle, entièrement consacrée au Suaire, a même été créée : la sindonologie (de sindon qui signifie linceul en grec). Pendant des siècles l'authenticité du linceul n'a jamais été remise en cause. Mais aujourd'hui, la science moderne a son mot à dire.
Le suaire de Turin daterait d'entre 1260 et 1390
Que disent les expertises scientifiques ?
Si les analyses scientifiques sont nombreuses, les autorisations d'étude ont toujours été données au compte-goutte par le Vatican, en raison de la fragilité du tissu. De toutes, il faut en retenir deux principales :
- l'analyse élémentaire des tissus et pigments composants le "dessin" ;
- la datation au carbone 14 du linge.
Toutes deux sont issues de l'initiative du Dr Walter McCrone, du McCrone Research Institute, un laboratoire d'analyses spécialisé dans la détection des faux en art.
La méthode utilisée pour déterminer la nature des pigments est le microscope à lumière polarisée. Grâce à cette technique, McCrone a mis en évidence que les pigments sont des oxydes de fer. Il n'y aurait donc pas de trace de sang sur le tissu mais des pigments naturels de couleurs foncées, semblables à ceux utilisés par les hommes préhistoriques pour peindre les grottes. N'allez pas imaginer que le linceul de Turin est une œuvre paléolithique pour autant !
La datation au Carbone 14 a été confiée à trois laboratoires différents afin de pouvoir comparer leurs résultats : Arizona, Oxford et Zurich. Selon eux, le suaire daterait d'entre 1260 et 1390, soit douze siècles après la mort de Jésus.
Le linceul n'en demeure pas moins un objet mystérieux : pourquoi et comment, en plein Moyen-âge, l'empreinte d'un corps y aurait été apposée ? Aujourd'hui, on suppose qu'un artiste a vraisemblablement appliqué la pièce de lin préalablement mouillée sur un corps. Ensuite, il l'a frottée avec des pigments d'oxydes de fer, pour obtenir l'empreinte négative du corps. Un autre mystère en somme, à moins qu'une prochaine datation au Carbone 14 ne vienne finalement replacer le suaire au début de notre ère...
Du sang qui ne coagule pas
Saint Janvier n'est pas le saint le plus connu. Actuel saint patron de la ville italienne de Naples, il est malgré tout très important pour les chrétiens. L'Eglise ne parle pas à son sujet de miracle mais d'événement prodigieux.
Saint Janvier est le saint patron de Naples. Photo
Un saint qui perd la tête
Saint Janvier est mort en 305. Victime du païen Dragonzio, par foi, il refuse d'embrasser des idoles païennes et est condamné à se faire décapité. Le martyr meurt à trente ans et sa dépouille est enterrée non loin du grand amphithéâtre de Pouzzoles en Italie. Quelques chrétiens choqués par l'histoire voient en lui un futur saint et remplissent deux ampoules de son sang. La légende a été entretenue au fil des siècles et les ampoules conservées intactes pendant 17 siècles. Trois fois par an, les 19 septembre (fête du saint), le premier samedi de mai et le 16 décembre (jour anniversaire de l'irruption du Vésuve de 1631), le "sang" se liquéfie. Un véritable prodige qui confirme à Saint Janvier son rôle de saint patron de Naples.
Du sang un peu spécial
Un sang qui se conserve plus de 17 siècles, c'est possible. Mais le contenu des deux ampoules a été analysé par Margarita Hack. Ses conclusions : il ne s'agit pas de sang.
Le liquide est en réalité un mélange de chlorure de fer, de carbonate de calcium et de chlorure de sodium. Un mélange assez simple à réaliser et aux vertus étonnantes. Quand on ne touche pas au mélange il est solide, en revanche, si on l'agite ou le réchauffe, il se liquéfie.
Les foules de milliers de fidèles qui viennent toucher les deux ampoules saintes sont certainement responsables d'une légère augmentation de la température ambiante ce qui provoque la fusion de la préparation. Lourdes
Lourdes
Impossible de parler des miracles sans évoquer Lourdes. Le petit village situé dans les Hautes-Pyrénées est mondialement connu pour être le lieu de tous les miracles. Et c'est vrai, quand on en fait la liste, on est en droit de se demander si le village ne bénéficie pas d'un état de grâce particulier et permanent.

Pas un mais une série de miracles
Tout commence en 1858 avec Bernadette de Soubirous, plus connue sous le nom de Sainte Bernadette. Entre le 11 février et le 16 juillet, la Vierge Marie lui apparaît dans une petite grotte. La jeune fille n'a que quatorze ans. L'apparition lui demande de creuser le sol de la grotte. A peine le travail entamé que des litres d'eau jaillissent : la fameuse eau bénite de Lourdes. Dès les premiers jours, des guérisons miraculeuses sont constatées.
La basilique de Lourdes.
La science et les miracles de Lourdes
Bernadette voit la Vierge Marie 18 fois en 6 mois. Ces visions se situent deux ans après que le Pape Pie IX a promulgué le dogme de l'Immaculée Conception. Ce dogme affirme que la mère de Jésus était vierge avant et après sa naissance. Cette coïncidence de dates a amené de nombreuses personnes à relativiser la brusque apparition de la Vierge dans une région lointaine des Pyrénées. Il faut cependant noter que Bernadette elle-même n'était certainement pas au courant de la promulgation de ce dogme. Il n'en reste pas moins que la Vierge Marie était, plus que jamais à cette époque, un élément essentiel du culte catholique populaire.
On a souvent dit que le premier des miracles de Lourdes était le jaillissement de la source dans une grotte aride. Cependant il est très probable que le sol de la grotte est moins sec que les habitants du village le pensaient. Le Gave, la rivière locale, passait autrefois à ses pieds. Pendant les phases d'inondations, l'eau rentrait dans la grotte. Aujourd'hui, il est difficile de le vérifier, le site a été remanié et construit pour accueillir les pélerins.
Pour ce qui est des guérisons, la science ne peut pas tout expliquer. Certains cas, notamment au XXe siècle, laissent les médecins perplexes. En revanche, en ce qui concerne les nombreuses guérisons qui ont suivi les apparitions, on ne peut que constater qu'elles ont été déclarées comme telles par le docteur Dozous. Ce médecin athée, venu à Lourdes pour démontrer la fausseté des miracles, s'est converti durant son enquête.
Reste un mystère : le corps de Sainte Bernadette, exposé dans la cathédrale de Nevers, est intact. Du moins il semble l'être. Depuis l'Antiquité, on sait embaumer les corps pour qu'ils paraissent en excellent état de conservation. D'ailleurs, les mains et le visage de la Sainte, soient toutes les parties découvertes, ont été faites en cire.
Source l’Internaute
Le Pèlerin