Histoire de la Commune de Paris
Gouvernement insurrectionnel principalement ouvrier, la Commune de Paris a dominé la capitale de mars à mai 1871. D’abord née d’un sentiment patriotique parisien issu de la guerre franco-allemande de 1870, elle prend également le visage d’un mouvement social. Mêlant blanquistes, proudhoniens et jacobins, elle aspirait à une république basée sur l’égalité sociale. Toutefois, par manque de consensus, de temps, de moyens mais aussi parce qu’elle doit s’imposer face au gouvernement versaillais...
Gouvernement insurrectionnel principalement ouvrier, la Commune de Paris a dominé la capitale de mars à mai 1871. D’abord née d’un sentiment patriotique parisien issu de la guerre franco-allemande de 1870, elle prend également le visage d’un mouvement social. Mêlant blanquistes, proudhoniens et jacobins, elle aspirait à une république basée sur l’égalité sociale. Toutefois, par manque de consensus, de temps, de moyens mais aussi parce qu’elle doit s’imposer face au gouvernement versaillais d’Adolphe Thiers, elle n’a pas la possibilité d’atteindre ses objectifs. En effet, la Commune est littéralement écrasée dans le sang, une fin terrible qui fait d’elle le mythe du mouvement ouvrier. Qualifiée de guerre civile ou de lutte des classes, comme l’affirme Karl Marx, cette période ouvre la voie à une nouvelle organisation sociale, qui ne serait plus régie par le profit capitaliste.
La guerre de 1870
Assiégée par les Prussiens à partir du 19 septembre, la capitale résiste avec détermination à la faim, aux bombes et au froid glacial. Avec une longue tradition révolutionnaire derrière eux, les Parisiens sont convaincus qu’en levant les masses populaires, ils seront en mesure de vaincre leurs ennemis. Des comités de vigilance sont créés dans les arrondissements et un Comité central, composé de blanquistes, de jacobins et de socialistes de l’Internationale, fédère les bataillons de la Garde nationale. Toutefois, des dissensions apparaissent entre le gouvernement majoritairement bourgeois et la population, qui réclame une guerre à outrance.
Un profond sentiment de trahison
Finalement, l’armistice est signé le 28 janvier. Paris capitule et doit, selon les clauses du traité, organiser l’élection d’une assemblée nationale pour le 8 février. Le résultat des urnes donne alors la victoire à une majorité de royalistes ruraux, partisans de la paix. La nouvelle Assemblée nationale s’installe à Bordeaux et Adolphe Thiers devient chef d’État, à la tête d’un gouvernement provisoire.
Le Paris républicain et populaire se souvient encore du massacre ouvrier de juin 1848 et de la bourgeoisie qui avait amplement tiré profit de la révolution. Aussi, au fur et à mesure que l’Assemblée multiplie les mesures maladroites – défilé des Prussiens dans la capitale, installation de l’Assemblée à Versailles, suppression de la solde de la Garde nationale, fin du moratoire des effets de commerce et des loyers – l’exaspération populaire s’amplifie. Ainsi, depuis l’armistice, un sentiment très fort de trahison et d’humiliation envahit les Parisiens.
La naissance de la Commune
Inquiet par la tournure que prennent les événements, Lecomte, le général chargé de la mission, donne l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. Les soldats s’y refusent. L’événement ravive la haine du peuple, qui capture les généraux Lecomte et Thomas et les fusille malgré l’intervention du maire du XVIIIe arrondissement, Georges Clemenceau. Dans la panique, Thiers, à Paris depuis le 15 mars, fuit aussitôt la capitale avec le gouvernement et s’installe à Versailles.
Désormais sans entrave, les Parisiens prennent possession de l’Hôtel de ville. Le Comité central de la Garde nationale invite la population à se rendre aux urnes pour choisir ses représentants. C’est ainsi que le 26 mars, le Conseil de la Commune est élu. Il se compose principalement de membres de la petite et moyenne bourgeoisie et d’ouvriers. Tous sont issus des mouvements blanquistes, proudhoniens ou jacobins.
L’organisation de la Commune
Les séances de la Commune sont difficiles et se compliquent encore avec l’éclatement des conflits armés contre les versaillais. En effet, les esprits sont accaparés par les stratégies militaires à adopter. Si de grands changements ne sont pas immédiatement entrepris, quelques décisions sont toutefois appliquées : adoption du drapeau rouge et du calendrier révolutionnaire, séparation de l’Église et de l’État, laïcisation, obligation et gratuité de l’enseignement, élection des fonctionnaires, interdiction du travail de nuit dans les boulangeries, récupération des biens du mont-de-piété… Le faible développement de la Commune peut également s’expliquer par le fait qu’elle se refuse à puiser des fonds à la banque de France, contrairement à Thiers, qui n’hésitera pas.
Guerre civile ou guerre des classes
La semaine sanglante
Le 28 mai, les dernières résistances sont étouffées après la tuerie au cimetière du Père-Lachaise
"La proclamation de la Commune fut splendide ; ce n’était pas la fête du pouvoir, mais la pompe du sacrifice : on sentait les élus prêts pour la mort" (Louise Michel). En effet, la Commune se clôt sur un bilan funeste, que certains justifieront par une folie massive. Malgré sa brièveté, elle a profondément marqué l’histoire de France. Ce nouvel épisode révolutionnaire français est notamment interprété par le théoricien allemand Karl Marx comme la première révolte prolétarienne des temps modernes. Mais les circonstances et les actions désordonnées de la Commune donneront lieu à de grands débats : est-elle vraiment née d’une profonde idéologie socialiste ? A-t-elle simplement donné lieu à une guerre civile issue du patriotisme parisien ou à une véritable guerre des classes entre bourgeoisie et petit peuple, comme l’affirmera Marx ? Quoiqu’il en soit, la Commune, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, n’affectera pas la République. Au contraire, celle-ci sortira plus forte de l’insurrection, qui, aux yeux des Bourgeois et des paysans, lui a permis de prouver sa capacité à rétablir l’ordre social.
Source l’Internaute
Le Pèlerin
La folie semble s’être emparée des deux partis : les Parisiens, femmes, enfants, vieillards inclus, ont été littéralement massacrés. On compte plus de 1300 morts du côté des versaillais pour 25 000 du côté des fédérés. Le nombre de prisonniers parisiens s’élève à près de 40 000, dont la plupart passeront devant les conseils de guerre. Bon nombre d’entre eux seront condamnés à la prison ou à la déportation en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie, et quelques centaines à la peine de mort et aux travaux forcés.