Bornage du littoral algérien…. et débordements
Le bornage du littoral algérien sera officiellement amorcé Dimanche à Zéralda. Mieux vaut tard que jamais. A terme, cette opération qui délimitera la zone non constructible de la côte -de 100 à 300 mètres à partir des hautes eaux maritimes-, l’extension longitudinale des agglomérations côtières et les zones naturelles, est censée protéger notre littoral de toutes les agressions et invasions urbanistiques, dans le cadre de la loi pour la protection du littoral.
Adoptée en février 2002, cette loi portant essentiellement sur la délimitation de la bande littorale et la mise en place de mécanismes devant mettre un terme à toutes formes de dégradation du milieu naturel, de pollution ou d’exploitation abusive du foncier délimite le littoral et prescrit les principes fondamentaux de son utilisation, de sa gestion et de sa protection. Ce texte de loi interdit, entre autres, les constructions et occupations côtières liées aux activités économiques, les implantions industrielles sur une bande littorale de moins de trois kilomètres, la réalisation de routes sur les parties supérieures des plages et l’extension longitudinale du périmètre urbanisé des agglomérations côtières au-delà de trois kilomètres. Il réglemente aussi l’implantation de réseaux routiers et de voies carrossables parallèles au rivage dans la limite d’une bande de 800 mètres et de trois kilomètres, à partir des hautes eaux maritimes, pour les routes de transit parallèles au rivage.
Telle que présentée, la loi a tout de l’instrument idéal qui, s’il est bien actionné, protégera le littoral algérien de toute exploitation anarchique et/ou surexploitation préjudiciable. Un Commissariat national du littoral a pour mission de veiller à l’application de cette loi. Mais qu’en sera-t-il dans la réalité, sur le terrain ? Un texte, si bien pensé et élaboré soit-il, n’aura d’impacts et d’effets que ceux que lui donneront ceux qui ont la charge de l’appliquer. On pourrait peut-être voir nos officiels appliquer la loi pour des projets à venir qui menaceraient notre littoral et aller dire à l’entrepreneur peu scrupuleux : «Stop, vous dépassez les bornes.» Mais qu’en sera-t-il de toutes ces réalisations qui ont déjà massacré, enlaidi et pollué nos côtes et nos plages ? Verrons-nous donner l’ordre de détruire ces cancers urbanistiques ? Dans la wilaya d’El Kala, le chemin de wilaya 66 longe et mord sur la plage F’kirina. A l’Ouest, au Centre ou à l’Est, des installations industrielles polluent le littoral et d’autres exemples d’agression peuvent être cités. Quelle sera l’action de la loi «littoral» sur ces agents polluants ?
Une étude de l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (ANAT) préconise l’assainissement des eaux usées et des déchets industriels provenant des agglomérations côtières et qui, via les oueds ou les conduits d’évacuation, finissent tous en mer transformée en tout-à-l’égout. Le nombre de plages interdites à la baignade pour cause de pollution est un bon indicateur du travail qui reste à accomplir pour qu’on ait un littoral propre. Et on ne parle pas là de l’équipement des plages et de la mise à niveau des hôtels et stations balnéaires pour que l’on puisse prétendre développer un tourisme balnéaire digne de ce nom.
Source La Tribune
Le Pèlerin