Toulouse - Haut lieu de la prostitution - La police en chasse

Toulouse - Prostitution : un réseau de proxénètes africains démantelé

Proxénétisme. Une filière nigériane, avec un passeur, démantelée par la PJ.

A leur départ du Nigéria et à leur arrivée en France, les prostituées étaient maraboutées.

Des bidonvilles du Nigéria aux trottoirs du canal du Midi à Toulouse… Le rêve d'une vie meilleure a vite tourné court pour de jeunes nigérianes prises au piège d'un réseau de prostitution organisé. Un réseau que la Police judiciaire vient de démanteler. Lundi dernier, cinq personnes ont été interpellées à Toulouse : des « mamas », qui hébergeaient et dirigeaient les filles, quelques petites mains qui rendaient de menus services, mais aussi un homme soupçonné d'être le passeur de la filière. Celui qui, sur demande, aller récupérer les filles en Grèce, en Angleterre ou en Espagne, après leur arrivée en Europe, pour les conduire dans la Ville rose.
L'interpellation de ce passeur démontre l'organisation de ce réseau et sonne comme une victoire pour les enquêteurs qui ont pu remonter un maillon supplémentaire d'une filière active. Les Nigérianes constituent en effet l'essentiel de la prostitution africaine à Toulouse. Sur une durée d'un an, les policiers ont observé qu'une dizaine de filles étaient passées par ce réseau. En 2007, ils avaient déjà porté un premier coup à cette organisation en interpellant l'homme chargé de convoyer l'argent jusqu'au pays, via l'Espagne. Un homme, président d'une association nigériane à Toulouse, condamné depuis.

Chez le sorcier

Cette enquête a aussi mis au jour une particularité de la prostitution africaine. Comme chez les filles de l'Est, la violence joue un rôle important pour contraindre les jeunes femmes qui ne savent pas forcément le sort qui leur est réservé en France. Mais les proxénètes s'appuient aussi sur un autre ressort, plus puissant : le « juju », c'est-à-dire le maraboutage. Lors d'une cérémonie organisée avant leur départ, les filles passent entre les mains d'un sorcier : prélèvements de poils pubiens, d'ongles, de cheveux, de sous-vêtements… Un rite similaire est organisé à leur arrivée. Ces croyances ancestrales suscitent la peur d'un sortilège et de représailles d'où une subordination et, devant les policiers, « une omerta complète », observe un enquêteur. C'est aussi ce qui rend ces réseaux difficiles à contrer. Une difficulté à laquelle s'ajoute celle des dialectes rares utilisés par la communauté.

Vendredi, les cinq personnes présentées devant le magistrat instructeur ont été mises en examen. Quatre ont été écrouées. Pour cette enquête, le SRPJ de Toulouse était co saisi avec l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

Moins de filles sur le trottoir

Sur le trottoir toulousain, le paysage de la prostitution a évolué ces derniers temps. Le nombre de filles qui se prostituent sur la voie publique, au bord du canal du Midi principalement, a diminué. Deux autres modes de prostitution ont pris la relève. Il y a le net avec les sites d'escort girls où s'inscrivent des filles de l'Est pour des tournées d'une ville à l'autre. Mais aussi l'implantation de filles dans des appartements. La prostitution n'est pas interdite en France. C'est le proxénétisme qui est pourchassé. Le proxénète qui se cache peut-être derrière une fille qui travaille chez elle est plus difficile à démasquer.

Source La Dépêche du Midi

Le Pèlerin