Algérie - Investissements étrangers - Le gouvernement coupe la poire en deux
Les entreprises déjà en activité avant l’entrée en vigueur de l’instruction du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui fait obligation aux sociétés étrangères d’importation de réserver 30% de leur capital à un partenaire algérien n’est pas rétroactive.
C’est à partir de Washington que le ministre des Finances, Karim Djoudi, l’a signifié dans une déclaration à l’agence officielle APS. On en sait donc un peu plus sur cette instruction qui a fait couler beaucoup d’encre.
La première lecture que l’on peut faire est que le gouvernement n’a pas l’intention d’abandonner cette mesure qui fait grincer des dents les opérateurs étrangers et les chancelleries. Ces derniers peuvent cependant se consoler par les précisions du ministre qui explique que l’instruction en question, appliquée depuis le 1er mars 2009, n’a pas d’effet rétroactif pour les sociétés créées auparavant. Et là, on constate un revirement de la part du gouvernement. Alors qu’une première version de l’instruction exhortait les « sociétés étrangères déjà immatriculées et exerçant dans l’activité des importations » à « se mettre en conformité avec la disposition sus-évoquée dans un délai qui ne saurait excéder le 30 septembre 2009 », il semblerait, du moins si l’on tient compte des propos du premier argentier du pays, que les entités spécifiées n’y soient plus astreintes. Cette instruction avait donné lieu à plusieurs conjectures, les pouvoirs publics s’étant montrés peu loquaces sur ce sujet.
Si pour le gouvernement, cette mesure obéit à une politique qui vise à réduire les importations, de nombreux observateurs estimaient, de leur côté, qu’elle ciblait essentiellement les concessionnaires automobiles. Les importations de véhicules, toutes marques confondues, se sont élevées à près de 3 milliards de dollars. Ayant été rendue publique quelques mois seulement avant l’élection présidentielle, il était difficile de ne pas l’assimiler à une mesure populiste exacerbant le sentiment national et le patriotisme économique en vogue de par le monde du fait de la crise financière et économique internationale. Une fois l’élection passée, le gouvernement a fini par mettre beaucoup d’eau dans son vin. Voilà qui va rassurer les entreprises étrangères concernées. Les importations ont atteint 9,42 milliards de dollars au cours du 1er trimestre 2009, soit une hausse de 10,07% par rapport à la même période en 2008, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS).
La balance commerciale a enregistré un très faible excédent de 1,32 milliard de dollars au 1er trimestre 2009 contre 9,99 milliards de dollars durant la même période 2008. Selon le Centre national du registre du commerce (CNRC), l’Algérie compte 1665 sociétés étrangères exerçant dans l’activité importation-exportation. Le nombre de nationalités des sociétés étrangères installées en Algérie est de 52. Les nationalités des gérants, directeurs ou présidents de conseil d’administration les plus répandues sont : syrienne avec 16,68% (261 unités) des sociétés étrangères installées en Algérie, française 14,53% (242), chinoise 13,21% (220), turque 7,69% (128), tunisienne 7,27% (121) et libanaise 5,95% avec 99 sociétés.
Source El Watan Nora Boudedja
Le Pèlerin