La carrière de Talc de Trimouns
«Trimouns» doit son nom occitan aux trois monts,Pour l’extraction, on traverse la veine dans sa largeur et c’est parce que le filon de talc s’enfonce dans le sous-sol qu’il faut continuellement le dégager des rochers stériles qui le recouvrent et stabiliser la cavité.
On parle de découverture: il faut 8 tonnes de déblais pour 1 tonne de talc. Après le passage des artificiers qui font imploser la roche en profondeur pour la broyer, c’est une pelle hydraulique géante montée sur chenilles qui évacue 30 tonnes de roches stériles par godets sur d’imposants camions bennes (d’une capacité de 100 tonnes) vers une zone de décharge. qui jadis s’élevaient autour du col où affleurait une roche blanche et douce: le talc.
C’est aujourd’hui une des plus grandes carrières de talc du monde à ciel ouvert avec une superficie de 1 100 hectares qui surplombe à 1800 mètres d’altitude les vallées de l’Ariège.
Dans ce gisement ariégeois, le talc noble représente 3% de la production: on l’utilise essentiellement en pharmacie, en cosmétologie, pour la fabrication des dentifrices, des parfums mais également dans les confiseries, la charcuterie industrielle… ou en chirurgie des poumons pour recoller la plèvre.
Les 97% restants sont constitués par le talc dit industriel qui rentre notamment dans la composition de la pâte à papier (meilleure impression), la céramique, la peinture (meilleure application), le caoutchouc, les explosifs, les matières plastiques…
Une voiture de fabrication récente contient en moyenne 8kg de talc répartis dans les ailes, le pare-choc, le tableau de bord, les pneumatiques, les catalyseurs.
Dès les époques les plus reculées les hommes se servaient déjà de la poudre de talc comme liant rentrant dans la composition des pigments des peintures des grottes.
Mais il faudra attendre le XIXe siècle, après la découverte accidentelle du filon du Trimouns par un berger, pour qu’un ramassage artisanal s’organise: la roche blanche est descendue dans des chariots tirés par des bœufs ou à dos de mulets, elle est ensuite broyée dans des moulins à farine.
La poudre ainsi obtenue est vendue aux droguistes ou apothicaires toulousains, mais elle est surtout utilisée comme support en sulfate de cuivre pour traiter les vignes.
Le développement de la papeterie ariégeoise et l’arrivée du chemin de fer en 1888 à Luzenac déclenchent l’ère industrielle: ainsi entre 1888 et 1905, date à laquelle «la Société Anonyme des Talcs de Luzenac» est fondée, la production passe de 800 tonnes à 20 000 tonnes, puis 75 000 tonnes en 1930.
Enfin en 1988, un évènement important a lieu: Talc de Luzenac France rentre dans le groupe Rio Tinto et sa production est aujourd’hui de 435 000 tonnes, soit un chiffre d’affaires de plus de 85 millions d’euros (ce qui en fait le premier employeur de la Haute Ariège et le troisième du département).C’est en visitant la carrière du Trimouns que l’on se rend véritablement compte de l’ampleur de la production ariégeoise de talc dont on estime la réserve à 50 millions de tonnes… soit encore un siècle d’extraction possible!
L’extraction du minerai exige un tri extrêmement sélectif, des pelles hydrauliques de taille plus modeste travaillent en butte avec un godet étroit permettant un abatage sélectif et assurent un premier tri mécanique.
Ensuite, une grande partie des minerais transite par une station de tri automatique: une caméra haute résolution analyse la couleur et permet de détecter les talcs blancs à l’intérieur des minerais mixtes et de les faire dévier par jet d’air comprimé.
Une fois trié et réduit en morceaux par un concasseur, le minerai est descendu vers l’usine par un téléphérique de 5 kilomètres de long produisant sa propre électricité (1000m de dénivelé en 24 minutes).
Il fonctionne depuis 1976 à une cadence de 180 tonnes/heure et permet d’acheminer 3800 tonnes de talc par jour tout en évitant 15 000 allers-retours de camions sur la route de Trimouns pendant les campagnes d’extractions…
A l’arrivée des minerais à l’usine de Luzenac, ceux-ci sont stockés dans d’immenses hangars d’une superficie équivalente à deux terrains de foot, soit une capacité totale de 300 000 tonnes.
Ainsi en hiver, quand l’activité de la carrière est interrompue par la neige (elle est en activité de mai à octobre exclusivement), l’usine peut continuer de fonctionner.
Le minerai qui contient en moyenne 5% d’eau doit être asséché avant broyage: des fours rotatifs à 80° assèchent 14 tonnes de talc à l’heure.
Enfin, des moulins gigantesques ou «broyeurs pendulaires» réduisent les morceaux de talc en une poudre de finesse standard permettant de répondre à de nouvelles utilisations (1500 tonnes sont expédiées/jour dans des camions ou des wagons citernes).
L’usine de Luzenac offre une gamme de plus de 60 produits finis, adaptés à chaque industrie utilisatrice dans plus de 70 pays différents.
La société Talcs de Luzenac France, soucieuse de préserver la qualité de l’environnement et du cadre naturel, investit chaque année 150 000 euros dans des programmes permettant notamment de réduire l’impact visuel, les émissions de poussière, les fumées, le bruit, pour gérer les déchets et épurer l’eau.
Ils sont chaque année près de 10 000 à visiter ce gigantesque chantier en activité… après les grottes préhistoriques, les châteaux cathares, les randonnées en montagne, c’est une autre manière de découvrir le département de l’Ariège à travers le tourisme industriel.
Visite de la Carrière de Trimouns
Renseignements: Office de Tourisme de Luzenac
05 61 64 68 05 et www.vallees-ax.com
La visite dure 1 heure, elle s’effectue en car dans la limite des places disponibles, avec un guide officiel depuis le parking de la carrière situé à 15km de Luzenac (compter 30 minutes pour y accéder).
Source Annie de l'Office de Tourisme de Luzenac
Le Pèlerin