Que faire ?
Un poteau électrique qui tombe par-ci, un véhicule qui s'écrase par-là, et ça tue. Une pénurie de gaz butane, une autre de produits de large consommation, et ça tue aussi. Une épreuve divine, pensent les superstitieux. Une remise en cause des " fondements " de tout le pays, pensent les plus septiques. Une neige d'à peine dix jours, fera autant de peur que de mal. Elle causera des pertes et en vies humaines, et en argent, mais aussi en confiance. L'on parle déjà d'au moins 50 morts ; l'on parle de dégâts matériels, pour le moment, inestimables ; l'on parle aussi d'une perte de sérénité affreuse quant à faire face à ce genre de catastrophes à l'avenir. Mais s'agit-il au moins d'une catastrophe ? N'est-il pas finalement que trop ordinaire qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il fasse un temps de chien… ? Après dix jours de neige, de grêle, de pluies, de mort, de blocage… d'autres questions se placent au devant. Ne sommes-nous faits que pour vivre le printemps ? A voir le nombre d'écoles fermées, d'entreprises et d'institutions, partiellement ou complètement, à l'arrêt, le temps que nous ont pris et que nous prennent les intempéries, paraît-il c'est bien le cas ! Il serait, en effet, aberrant de mettre tout sur le dos de la nature, car nous sommes pour quelque chose dans notre malheur et notre deuil. Nous-mêmes avons -petit à petit c'est vrai- creusé les tombes de ceux que nous avons perdus. Nous-mêmes avons -suite à un long processus- mis le temps que nous devions fructifier, en hypothèque. Nous-mêmes, en un mot, avons causé notre propre perte . Et, comme à chaque perte, la balle des accusations fera le tour du pays. Le ministère de l'Energie et des mines chargera les collectivités locales les accusant de ne pas assurer une meilleure distribution des quelques bombonnes de gaz que son secteur a mises sur le marché. Celui de la Solidarité charge celui des Travaux publics. Celui de l'Intérieur responsabilise le menu citoyen… et la liste est ... Et dans ce tourbillon d'accusations, la mort poursuit sa campagne de moisson. Une épreuve ? C'en est bien une, et ça continue ! La neige dont la beauté est quasi-révolue enverra ses beaux et lourds flocons tourbillonner autour de nous, avant de s'accumuler sur les toitures qu'ils peuvent faire à leur tour chuter, compte tenu de leur poids. Dans les wilayas touchées, les populations sont désarroyées et ne savent plus à quel ange se fier. Ca nous rappelle bien ce jeune qui plaida auprès du roi la cause de sa tribu qui a souffert de trois ans de sécheresse. " Une année a fondu la graisse, une autre a rongé la viande et une autre a pulvérisé les os ", disait le bon orateur. Si les premières chutes ont consommé les réserves et en aliments en gaz et en bois, les prochaines s'attaqueront, Dieu sait à quoi. Que faire donc ?
Source Les Débats Hamid Fekhart
Le Pèlerin