Le sujet qui fait peur aux députés
Les intervenants étaient unanimes à dire que la lutte contre ce fléau est une affaire qui concerne toute la société et non pas seulement un secteur.
Les députés veulent se rendre utiles. Il s’intéressent à la lutte contre la corruption. Le sujet a fait l’objet d’un débat timide lors d’une réunion organisée au niveau de l’APN. Comment combattre ce fléau? s’interrogeaient à tour de rôle les intervenants sans pour autant parvenir à un plan d’action. Vivement critiqués par l’opinion publique, les députés tentent de se refaire une virginité. Il faut reconnaître qu’avec tous les scandales qui ont défrayé l’actualité nationale, les élus du peuple sont restés spectateurs. Ni débat, ni commission d’enquête, aucune action n’a été menée pour dire basta au détournement de milliers de milliards de dinars. Pire, le Parlement a rejeté la constitution d’une commission d’enquête sur la corruption, proposée par le député Ali Brahimi.
Les élus fustigent ce fléau sans pour autant avoir le courage d’aller au fond du problème. Ce débat a été initié par le réseau des parlementaires africains contre la corruption (Apnac). Hier, la plupart des intervenants ont soulevé des lacunes en matière des textes juridiques et des prérogatives. Voulant sauver la face, les députés ont mis l’accent sur les difficultés et le manque de moyens. «Il faut qu’il y ait des lois qui consacrent la transparence», a affirmé M.Fadhala, un député FLN. Selon lui, il faut revoir l’administration qui est chargée d’appliquer ce processus. Le député Ali Brahimi a également soulevé cette hypothèse. «Il y a des vides juridiques en matière de protection des témoins et des parties qui luttent contre ce fléau», a-t-il relevé. D’autres intervenants se sont penchés sur le rôle des mosquées et des associations. Ces derniers étaient unanimes à dire que la lutte contre la corruption est une affaire qui concerne toute la société et non pas seulement un secteur. Ils ont évoqué toutes les parties concernées sans pour autant parler de leur propre action. Que fait le Parlement? Certes, le combat contre ce fléau exige la mobilisation de toute la société, mais le Parlement, particulièrement, doit jouer un rôle primordial. Exaspéré par ce débat, un député nous confie: «C’est un débat étonnant. Au lieu de parler des vrais problèmes qui empêchent les députés de faire leur travail de contrôle, ils parlent des mosquées et des associations», a-t-il affirmé avant de quitter la salle.
En réponse aux observations des intervenants, le vice-président de l’APN, Messaoud Chihoub a expliqué que l’arsenal juridique ne pose pas problème, c’est l’application qui fait défaut. «Nous avons de très bonnes lois en matière de lutte contre la corruption, mais les mécanismes d’application de ces lois sur le terrain n’existent pas», a-t-il soutenu. Ce juriste n’a pas partagé les arguments avancés par ses collègues concernant le manque de textes juridiques. Tout en admettant qu’il y a des lacunes, M.Chihoub estime que les lois algériennes sont consistantes.
«L’Algérie a été parmi les premiers pays en Afrique à ratifier les conventions internationales sur la lutte contre la corruption», a-t-il affirmé en rappelant les différentes lois adoptées par l’institution parlementaire. Il s’agit entre autres, de la loi portant sur la lutte contre le blanchiment d’argent et la dilapidation des deniers publics.
M.Chihoub reconnaît que le Parlement ne joue pas un rôle consistant dans la lutte contre ce fléau «Il faut activer la mission de contrôle de l’action du gouvernement», a-t-il insisté en précisant que ce rôle reste très faible. La présidente du réseau Apnac, Farida Ilmi, entend donner un nouveau souffle à la mission de contrôle. «Nous allons organiser des auditions pour faire l’évaluation avec les différents organismes et secteurs chargés de la lutte contre la corruption», a-t-elle indiqué.
Source L’Expression Nadia Benakli
Le Pèlerin