Algérie – Corruption ….Tous coupables… !
La corruption est un délit comme un autre. Lorsque ce délit prend de l’ampleur, il menace la société et peut donc s’assimiler à un crime grave. La façon dont on combat le délit n’est pas la même que celle avec laquelle on combat le crime – même alors, il y a différents niveaux de criminalité. Là, un bon travail de police suffirait, ici c’est une mobilisation et une volonté politiques plus grandes qui sont nécessaires. Si l’on en croit les dernières statistiques de Transparency, le niveau de corruption atteint par notre pays nous situe aux premières loges de la planète. Nous serions donc devant une menace nationale extrême. Avons-nous conscience de cette menace ? Observons que la bureaucratie étatique agit face à cette menace, dont elle est la première source pourtant – puisque c’est dans les bureaux de ceux qui peuvent favoriser des décisions que la corruption se met généralement en scène – avec la logique qui est la sienne en toutes circonstances. Nier sa propre responsabilité, en invoquant textes, statistiques et discours censés la mettre à l’abri de tout reproche. Le bureaucrate ne voit de la réalité que ce qui peut l’affecter ou faire douter de lui : sauver son bureau plutôt que le pays. Si donc le fléau est à ce point important, c’est la faute de qui on veut, mais pas la sienne, jamais. Il a l’appui de ses chefs, bureaucrates comme lui. Le rêve de l’Algérie indépendante se résume, chez certains, à cette bureaucratie proliférante qui survit aux hommes et aux aléas de l’Histoire. Chaque algérien indépendant devrait avoir sa part de bureau. La lutte contre la corruption, comme contre tout danger mortel, exige, pour le moins de l’audace. Sortir des bureaux et affronter l’hydre. Frapper fort et donner des exemples sans craindre les conséquences. Un seul magistrat italien a pu faire plus de mal à la mafia que l’Etat bureaucratique et corrompu d’Italie. Ce ne sont ni décrets, ni commissions, ni propagande qui ont atténué le terrorisme en Algérie, mais la confrontation directe – l’heure de la politique viendra plus tard. Une simple décision, prise il y a quelques petites années par la justice algérienne, d’alourdir les peines des voyous, auteurs de vols de téléphones portables ou de chaînettes en or, a réduit subitement de moitié le phénomène qui sévissait. La sévérité et l’exemplarité sont la seule manière de lutter contre la corruption lorsque celle-ci est devenue une menace nationale. Il existe des politiciens bureaucrates qui se piquent d’analyses sur les «conséquences» politiques que de telles mesures peuvent engendrer. Qui citent les cadres injustement arrêtés et mal jugés à une certaine époque pour ne plus toucher personne. Qui trouvent à redire sur les diagnostics établis à l’étranger. Et qui ont toujours des arguments pour se croiser les bras et laisser aller. Ce sont justement ceux-là les vrais coupables de ce qu’ils font mine de dénoncer.
Source Le Jour d’Algérie B.D.
Le Pèlerin