Algérie – La Femme est pourtant l’avenir de l’homme
Drôle de société que celle qui bastonne ses femmes. Le fléau n’est pas nouveau, notamment dans notre pays, mais, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les jeunes générations qui lui ont donné un coup de fouet au point où il s’est amplifié. La violence s’est enracinée dans les mentalités jusqu’à guider le comportement de l’homme qui porte en lui la haine de la femme, qu’il charge de toutes les tares qui ankylosent la structure sociale et à laquelle il attribue tous les maux. Que ce soit au sein de son couple, de sa famille, sur son lieu de travail ou dans la rue, elle est honnie, rencognée, battue. Comme si par les coups qu’il lui assène, l’homme tente de faire sortir le démon qui est en lui. Elle est pourtant la compagne, la sœur, la mère, la fille, en un mot, elle compose la moitié de la société et sans elle il n’y aurait pas de vie. C’est une réalité et les hommes en sont conscients, mais cela ne les empêche pas de maudire celles qui les complètent pour que l’existence puisse se perpétuer. C’est la violence qui est perpétuée au sein de notre société, faite par l’homme et pour l’homme qui abhorre la femme et lui dénie le droit d’exister, même quand il s’agit de son épouse, de sa «moitié» selon le terme consacré. Serait-ce ce terme qui lui confère à ses yeux la liberté de violenter la femme pour laquelle on n’utilise pas ce terme lorsqu’il s’agit de son époux ? Etre à part entière, sa vie passe de main en main, on décide pour elle, qu’elle appartienne au monde rural ou citadin, qu’elle soit analphabète ou intellectuelle. Mineure elle est, mineure elle restera puisqu’il n’existe aucune volonté de changer les textes qui la réduisent à cet état. Il n’existe pas non plus une volonté de durcir les lois en ce qui concerne ceux qui se rendent coupables de coups et blessures entraînant parfois la mort. Des associations de défense des droits des femmes activant dans notre pays ont fait état du décès, l’année dernière et durant une période de 8 mois, de plus de 260 femmes des suites des actes de violence qu’elles ont subies. Ces mêmes associations ont relevé que les actes de violence envers les femmes ont augmenté de 426% durant la même période. Ces chiffres ne sont certainement pas exhaustifs du fait que les femmes ne recourent pas toutes à la justice. Nombreuses sont celles qui subissent en silence par peur des représailles de l’époux ou de la famille, et sur incitation de cette dernière qui conçoit mieux les coups portés sur la femme que le recours de celle-ci à la justice, considéré comme un affront. Quel que soit le travail effectué par le mouvement associatif pour amener l’Etat à revoir ses lois en ce qui concerne la femme, il reste insuffisant. En attendant, la femme apporte chaque jour sa pierre à l’édifice Algérie et contribue à son développement. Le poète (Louis Aragon) n’a-t-il pas déclamé que la femme est l’avenir de l’homme ?
Source La Tribune Rachida Merkouche
Le Pèlerin