Les députées vont-elles légiférer ?
Malgré les efforts en faveur de la protection des droits de la femme, les Algériennes ont encore du chemin à parcourir et des maux à subir dans leur vie sociale. L'agression verbale, physique ou morale fait le quotidien d'une bonne partie des femmes qui subissent les conséquences d'une société en mal-être et frustrée.
A regarder la «stagnation» de certaines mentalités vis-à-vis des femmes dans leur famille, leur milieu de travail, dans la rue ou autres lieux publics, l’on peut déduire que le développement et les avancées des uns sont inévitablement tributaires de celles des autres. C’est dire qu’un homme et une femme devraient, naturellement, avancer ensemble vers le développement en fonction, bien entendu, de leur atmosphère culturelle et socio-économique. Si on regarde bien comment ces deux moitiés avancent dans les différents pays, ayant forcément des politiques et cultures différentes, on peut constater que le regard qu’une société porte sur les questions relatives à une femme peut contribuer grandement à sa régression ou bien au contraire à son émancipation. En Algérie, les avancées socio-économiques et politiques demeurent, bien que réelles, relatives du moment que de l’avis de certains «regards» ces avancées ne sont pas «légitimes» et que les femmes «feraient mieux de prendre soin de leur foyer et rester chez elles»… Pour revenir à la question du rapport de la place que donne la société à une femme et le rôle de cette dernière dans le développement du pays, nous n’avons qu’à faire une petite comparaison entre la vie sociale entre les femmes des pays développés et celles des pays sous-développés. Il est ensuite facile de constater que les femmes des pays développés ont eu depuis longtemps peu d’embûches comparativement aux femmes tiers-mondistes. Lesquelles sont suivies et surveillées de toutes parts et doivent souvent justifier leur choix, voire même ses aller-retour dans une société où la quasi-totalité de la société se permet de bafouer les droits et libertés individuelles lorsque ces dernières se conjuguent au féminin. Pourquoi notre société surveille autant les femmes et que ces dernières font l’objet d’agressions verbales, physiques et du manque de respect? Et pourquoi, encore, ces Algériennes courent tous les risques du monde en sortant ou en rentrant chez elles ? Est-ce l’effet du chômage des jeunes qui, n’ayant rien à faire, surveillent et embêtent autrui, celui de la fermeture touristique quasi-totale et donc l’étroitesse des esprits. S’agit-il des répercussions de la décennie noire ou d’une culture arabo-musulmane voulant assiéger les femmes au nom de la tradition et de la religion ? Quelles que soient les origines, les répercussions sont les mêmes ; les femmes ont du mal à circuler tranquillement et sans risque. Et les félicitations masculines au sujet des acquis de la femme ne sont pas toujours vraies. Autrement dit, les sociétés tiers-mondistes ont tendance à faire régresser la femme bien que des plans et stratégies politiques lui assurent ses droits.
La part des maux…
Loin des questions qui abordent la promotion de la condition féminine dans son plan professionnel et sa visibilité qui ne se limite plus aux anciennes fonctions dans les secteurs publics et malgré les efforts en faveur de la protection des droits de la femme qui ont connu des progrès depuis plusieurs années, les Algériennes ont encore du chemin à parcourir et des maux à subir dans leur vie sociale. Pour preuve, l’agression verbale, physique ou morale fait le quotidien d’une bonne partie de femmes qui subissent les conséquences d’une société en mal-être et frustrée. Entre des regards attaquants et offenseurs et des propos n’ayant pour vocabulaire que la vulgarité, les femmes n’ont d’autres choix que fermer les yeux et se boucher les oreilles pour circuler. Dans la capitale comme dans les grandes villes, la violence contre les femmes s’aggrave. «Plus que de la violence. Moi je considère comme harcèlement les commentaires et attitudes de la rue et des lieux publics vis-à-vis ce qu’ils appellent le sexe faible. Comme si nous devons payer notre liberté de circulation. C’est une question d’éducation et de culture avant tout. Moi en tant que femme non voilée je reçois plusieurs conseils par jour m’appelant à porter le hidjab. En plus, je ne peux pas sortir avec mes parents ou frères du moment qu’on risque d’entendre des fetwas vulgaires en
famille !» raconte Imane, 26 ans. D’autres témoignages soulignent le caractère hypocrite des jeunes algériens qui jouent les gentlemen devant leur famille mais exercent toutes formes de violence une fois loin de leurs quartiers. Par ailleurs, même chez soi on n’est pas toujours à l’abri «en marchant dans mon quartier, je n’étais pas épargnée du danger. Il y avait un jeune qui m’embêtait et qui me forçait à lui parler. Refusant de céder, il me donne un coup de poing dans le visage et s’en va. Voilà où nous en sommes arrivées
maintenant ? On vit dans la terreur même à quelques mètres de chez nous. C’est scandaleux!» conclut Lydia. En fait, contrairement aux pays développées où les gens ne se surveillent pas, car ils ont d’autres choses à faire, et où les femmes sont vues normalement, chez nous, beaucoup de gens, jeunes notamment, s’attaquent au nom des valeurs de la société et de la religion aux femmes, laissant libre cours à leur violence et grossièretés. Si les comportements sexistes et misogynes persistent c’est qu’il y a des silences complices par rapport à cette question à commencer par un vide juridique ainsi que l’application des textes existants.
Source Le Jour d’Algérie Yasmine Ayadi
Le Pèlerin