Les experts n’excluent pas une flambée historique des prix du pétrole frôlant la barre des 200 dollars!
Une manifestation grève, regroupant quelque 6000 ouvriers, a eu lieu, hier, dans les arsenaux de Port-Saïd, à l’entrée nord du canal de Suez, ainsi que chez plusieurs sociétés privées travaillant sur cet axe stratégique du commerce mondial. Cette contestation, première du genre, depuis le soulèvement des Egyptiens, risque fort bien de conduire sûrement à un blocage du canal de Suez, par lequel transite un million de barils de pétrole par jour, en provenance de la région du Golfe en direction de la Méditerranée. Certes, l’Egypte n’est pas un producteur essentiel de pétrole, mais représente un carrefour important pour son transport. «Si ces itinéraires de transport devaient être interrompus, cela affecterait environ 2 millions de barils par jour», ont expliqué les analystes de Commerzbank.
Une telle situation provoquera certainement une flambée notable des prix du pétrole. Par ailleurs, les affrontements entre les manifestants et la police de Moubarak ont fait, encore hier, 3 morts et une centaine de blessés, selon l’AFP. La police a tiré à balles réelles contre des protestataires dans une ville située au sud du Caire. La foule en colère a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti du président Hosni Moubarak, le Parti national démocrate (PND). Au Caire, les manifestants, se trouvant à la place Tahrir, ne semblent pas vouloir lâcher prise, au 16e jour de révolte et au lendemain d’une mobilisation monstre contre le président Hosni Moubarak. Ils ont même bloqué, hier, l’entrée du bâtiment du Parlement, alors que la réunion du Conseil des ministres a été transférée à un autre endroit. A ses marches géantes viennent s’ajouter plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail. A l’aéroport du Caire également, des mouvements sociaux ont eu lieu dans certaines sociétés de services, ou parmi des employés des services de sécurité. Des fonctionnaires du département des statistiques gouvernementales ont, par ailleurs, manifesté dans la capitale. Des mouvements sociaux ont également été signalés dans des usines de textile de Mahallah, dans le delta du Nil, ou encore dans une société gazière du Fayyoum (sud du Caire), ainsi que dans la grande ville industrielle de Helwan, qui jouxte la capitale. Les concessions de Hosni Moubarak ne semblent pas refroidir les esprits des manifestants. Après avoir formé un nouveau gouvernement et déclaré qu’il ne se présentera pour la prochaine élection présidentielle, le Raïs vient, dans l’espoir d’essouffler et mystifier la révolte du peuple, d’ordonner la constitution d’une Commission nationale, chargée d’apporter les amendements nécessaires à la Constitution égyptienne, conçue, jusqu’ici, sur mesure pour lui et fait de lui une sorte de «pharaon». Pour les millions d’Egyptiens révoltés qui exigent, rien moins que le départ de Hosni Moubarak, ne voient en cette commission que de la poudre aux yeux. Selon eux, le Raïs s’accommode encore à ordonner une batterie de pseudo-réformes, qui ne reflètent pas les revendications du peuple. Affrontant le régime du président, sa police et ses hommes de main, les dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés, hier, place Tahrir au centre du Caire pour marquer le 16e jour du mouvement de contestation. Beaucoup de manifestants portaient des drapeaux égyptiens et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Le peuple veut faire tomber le régime.»
«Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir», scandaient les opposants. C’est dire que l’accélération des événements en Egypte répond à la volonté des Egyptiens à parvenir à un changement démocratique, et qui demeure une revendication sur laquelle les manifestants ne peuvent transiger.
Aux manipulations du pouvoir, la réponse des protestataires sera intransigeante: «Moubarak dégage».
Source L’Expression Kamel Lakhdar-Chaouche
Le Pèlerin