Equipe de France: Quand les joueurs décrètent la révolution
Les joueurs de l'équipe de France, sur la pelouse d'entraînement de Knysna, refusent de s'entraîner le 20 juin 2010
FOOT - Récit d'un dimanche après-midi surréaliste au sein de l'équipe de France...
«Tous ensemble unis pour un nouveau rêve bleu.» Le message est inscrit en lettres d'imprimerie sur le bus de l'équipe de France. Il fait doucement rire. Depuis dimanche après midi, l'aventure des Bleus en Afrique du sud vire au cauchemar. Au marasme. A la débandade. Cette équipe creuse sa tombe au fil des jours, sans même réaliser que l'enterrement a déjà sonné. Sur leur terrain d'entraînement de Knysna, ce groupe, qui n'en est plus vraiment un, s'est sabordé. Joueurs contre staff. L'ensemble des joueurs n'ont pas digéré l'éviction d'Anelka, la veille, et ils tiennent à le faire savoir. Pour s'élever contre la sanction prise à l'encontre du joueur insultant, la bande à Pat' Evra refuse de s'entraîner sur la pelouse du Field of Dreams, lors d'une séance pourtant ouverte au public. Au final, les 300 spectateurs arrivés en chantant au bord du terrain n'ont pas vu la couleur d'un ballon. Mais bien plus que cela. Sous leurs yeux a d'abord éclaté un esclandre entre Robert Duverne et Patrice Evra. Au milieu du terrain, le préparateur physique des Bleus a tenté d'en venir aux mains avec le capitaine. Avant que Raymond Domenech ne les sépare. Pour quelle raison Duverne a-t-il pété les plombs? D'après Patrice Evra, les joueurs ne lui reprochent pas d'être la «taupe» qui s'est épanchée dans la presse à propos de l'affaire Anelka. Sur RTL, Duverne affirme qu'il regrettait seulement le boycott des joueurs.
Valentin démissionne
Dans une ambiance surréaliste, les joueurs ont alors quitté le terrain pour monter dans leur bus. Sans le staff. Une sorte de grève sans préavis qui a fait sortir de ses gonds Jean-Louis Valentin le directeur délégué de la fédération. L’hiérarque s'est enfui au bord des larmes, à pied sur la colline qui jouxte le terrain du Pezula. Assailli par les caméras, ses premiers mots dont déjà partie de l'histoire: «Je démissionne, c'est un scandale! C'est une honte pour la France. Etre footballeur ne justifie pas tout!» Surtout pas de laisser en carafe des centaines de supporters venus les voir.
A deux jours d'un match (en théorie) capital face aux Bafana, l'obsession des joueurs ne concerne pas le football. Il s'agit pour eux de débusquer le traître qui ferait partie du staff. Ils exigent aussi le retour d'Anelka comme ils l'ont indiqué dans un communiqué, écrit avant la séance d'entraînement, et lu devant la presse par Raymond Domenech. Une scène surréaliste, qu'il a abrégée lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il avait envie de démissionner. Quelques minutes avant ce grand déballage, «cette mutinerie» (dixit Guy Roux), le sélectionneur a tenté de convaincre ses joueurs de revenir sur le terrain, à l'intérieur du bus. Sans résultat. Les joueurs ont décrété la révolution en pleine compétition. Peu importe s'il reste encore un match. Ceux qu'on attendait sur le terrain, ont trouvé une manière beaucoup plus triste de faire parler d'eux.
Zidane le déclencheur ?
Les insultes d'Anelka sont-elles liées à l'ambiance très tendue au sein de l'équipe de France avant la rencontre face au Mexique ? Selon certaines rumeurs dont Libération se fait l'écho, une délégation de quatre joueurs (Evra, Ribéry, Henry et Gallas) serait allée mercredi, veille du match , voir Raymond Domenech pour obtenir un changement de système de jeu pour passer du 4-3-3 au 4-4-2 et la sortie de Gourcuff et Govou remplacés par Henry et Valbuena. Domenech aurait accepté le deal.
Mais le lendemain tout se gâte. Domenech apprend qu'un homme se trouve derrière les quatre émissaires et le changement tactique réclamé. Et pas n'importe qui : Zidane. Le sélectionneur aurait piqué une grosse colère car tout se passe comme si Zidane faisait l'équipe à sa place. Quatre ans après le Mondial-2006 où « Zizou » avait déjà fait la pluie et le beau temps dans l'équipe, ravalant Domenech à un rang de figurant. Dégoûté, le coach rompt l'accord et aligne la même équipe que face à l'Uruguay à l'exception de Gourcuff, remplacé par Malouda.
Source 20minutes.fr Romain Scotto, à Knysna
Le Pèlerin